Dimanche Ouest France (Vendee)

« Playmobil va se recentrer sur sonADNhist­orique »

Attentes pour Noël, nouveautés pour 2024, innovation­s matérielle­s… Le directeur général France, Bruno Bérard, dévoile comment son groupe, en difficulté à la veille de ses 50 ans, veut rebondir.

- Propos recueillis par Baptiste LEGRAND et Cyril PETIT.

Comment s’annonce Noël pour les jouets et pour Playmobil ?

Fin octobre, le chiffre d’affaires du marché du jouet en France est en baisse de 6 % par rapport à l’an passé. Playmobil est dans cette tendance. Du fait de l’inflation, les consommate­urs font encore des arbitrages en faveur de l’alimentair­e. Mais cette année, et comme en 2017, Noël tombera un lundi, donc le week- end juste avant sera décisif avec des achats de dernière minute.

Quels Playmobil vont séduire ?

Il y a un recentrage sur les thèmes classiques, notamment la ferme. Pour les plus jeunes, on a lancé des petites boîtes en début d’année, par exemple l’apiculteur ou encore la jument et son poulain ; on sait que ça générera des achats de ferme complète. De même pour le secouriste qui créera de la demande pour l’ambulance. Parmi les autres succès à prévoir : le commissari­at de police, le camion de pompiers, le château de la princesse… Ce sont nos succès historique­s sur lesquels nous allons nous recentrer.

Et pour les plus âgés ?

C’est notre deuxième cible : les « Kidultes », avec un croisement entre les thèmes enfants et adultes. La collection Astérix, par exemple, fonctionne très bien, et la Hutte d’Ordralfabé­tix sera une propositio­n forte. De même pour Naruto avec le restaurant Ramen Ichiraku. Pour les adultes, la Citroën 2 CV est l’une des meilleures ventes de l’année. Comme la Ferrari 308 GTS de Magnum.

À quelles nouvelles licences peut-on s’attendre ?

On prépare des surprises pour 2024 par exemple avec Miraculous. Et on va continuer Astérix et celles sur l’automobile car ça plaît aux plus âgés.

Né en Allemagne en 1974, Playmobil fêtera ses 50 ans. Que préparezvo­us ?

Je dois garder quelques surprises…

Mais, nous renforcero­ns notre offre d’oeufs de Pâques- jouets, sur lesquels on est leader. Nous en proposeron­s six au lieu de quatre. Et nous allons relancer des produits nostalgie inspirés des Playmobil iconiques. Il y aura par exemple un chevalier collector.

Quel a été le plus grand succès de Playmobil durant ces cinquante ans ? Et le personnage ?

La gamme la plus vendue, c’est la ferme. Qui plaît aux garçons et aux filles. Pour le personnage, la première place se joue entre le chevalier et le policier.

Combien de produits lancez-vous chaque année ?

Nous lançons environ 200 nouveautés chaque année. Nous vendons 9 millions de boîtes en France et 45 millions dans le monde.

Début octobre, Playmobil a annoncé un plan social de 17% de ses effectifs dans le monde, soit 694 postes. À quel niveau la France est-elle touchée ?

La filiale française compte une soixantain­e de salariés, concentrés sur la distributi­on. Elle apporte environ

20% du chiffre d’affaires. La contributi­on de la France à cette réorganisa­tion sociale a été d’environ 1 %. À l’échelle du groupe, c’est très limité.

Le chiffre d’affaires du groupe est en recul ces dernières années. Comment l’expliquez-vous ?

Clairement, l’offre que nous avons présentée ces derniers temps n’était pas notre meilleure historique­ment. Oui, nos thèmes classiques fonctionne­nt. Mais sur la totalité des thèmes proposés, certains n’ont pas rencontré leur public.

Par exemple ?

Deux thèmes sont significat­ifs de ce moindre intérêt : Ayuma, un univers autour des fées, et Dino Rise autour des dinosaures. Peut- être avons- nous voulu viser des cibles plus âgées que notre coeur historique, les 4- 8 ans.

Votre stratégie consiste donc désormais à vous recentrer sur vos fondamenta­ux historique­s ?

Absolument. Ces dernières années ont donné lieu à une diversific­ation importante, probableme­nt trop pour être suivie par nos clients. Aujourd’hui, nous voulons mettre nos ressources en innovation au service de nos thèmes phares. 90% de notre travail, c’est de nous recentrer sur les thèmes traditionn­els de Playmobil. Et 10 % d’apporter de nouveaux thèmes. Ce recentrage, c’est un retour à notre ADN.

Sentez-vous que les consommate­urs rechignent à acheter des jouets en plastique du fait de la prise de conscience environnem­entale ?

Attention, la critique légitime sur le plastique porte d’abord sur ceux à usage unique. Vous savez très bien que les Playmobil se transmette­nt de génération en génération. Personne n’en jette à la poubelle. Nous sommes très présents sur le marché de la deuxième main.

Où en êtes-vous sur la production de jouets en plastique recyclé ?

En 2022, nous avons lancé de nouvelles gammes à base de matières premières recyclées ou biosourcée­s. Elles sont plus coûteuses que le traditionn­el ABS, mais ça participe au fait que Playmobil veut être climatique­ment neutre en 2027. En 2023, 10 % de nos jouets sont produits avec. On va accélérer.

La durabilité des Playmobil que vous évoquez et le marché de secondemai­n freinent-elles les ventes ?

Non, car la seconde main est aussi une façon de recruter de nouveaux clients. Si un enfant reçoit une moto de police venue d’un vide- greniers, peut- être demandera- t- il ensuite le commissari­at neuf.

Pourquoi ça fait si mal de marcher, en pleine nuit, sur un Playmobil qui traîne ?

Pour deux raisons. La première, c’est qu’on croit l’avoir cassé. La seconde, c’est parce qu’en réalité, ce n’est pas le Playmobil qui souffre, c’est le pied. Il y a une douleur psychologi­que, et une vraie douleur physique, due à la résistance du produit.

 ?? | PHOTO : STÉPHANE GEUFROI, OUEST-FRANCE ?? Bruno Bérard, le directeur général de Playmobil France, au siège français du groupe situé à Lisses, dans l’Essonne.
| PHOTO : STÉPHANE GEUFROI, OUEST-FRANCE Bruno Bérard, le directeur général de Playmobil France, au siège français du groupe situé à Lisses, dans l’Essonne.

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