Dimanche Ouest France (Vendee)
Véhicules polluants : des restrictions minimalistes
Face à la pollution automobile, les élus de la métropole nantaise (Loire-Atlantique) ont validé la création d’une Zone à faibles émissions qui concernera finalement très peu de véhicules.
Contraints par la loi Climat et résilience d’instaurer une Zone à faibles émissions (ZFE) avant le 1er janvier 2025, les élus de la Métropole de Nantes ( Loire- Atlantique) ont voté, jeudi, le principe d’une ZFE peu contraignante, dite de « vigilance ». Cela signifie que seuls les véhicules les plus anciens, immatriculés avant le 31 décembre 1996, seront bientôt interdits de circuler à l’intérieur des limites du périphérique nantais aux heures de pointe (entre 7 h et 9 h et entre 16 h et 19 h, du lundi au vendredi).
Si elle s’appliquera aussi aux automobilistes venant de l’extérieur, la mesure concernera à peine 0,7 % du parc privé recensé dans le territoire métropolitain, soit 2 600 véhicules. Elle entrera en vigueur par arrêté dans le courant de l’année 2024, dans la foulée d’une phase de concertation prévue au printemps prochain.
Dérogation pour les agglos respectant les normes
Jeudi, les élus de Nantes métropole se sont dits soulagés de pouvoir opter pour cette restriction a minima. Ils craignaient de devoir imposer une réglementation englobant davantage de véhicules, sur le seul critère de leur ancienneté, celui du poids n’entrant pas en compte dans les vignettes Crit’air (classées de 1 à 5).
« Une absurdité » , selon Tristan Riom, vice- président de la collectivité en charge de la pollution. Une ZFE plus élargie risquait ainsi de « faire peser la contrainte sur les populations les plus défavorisées économiquement » .
Seules les agglomérations respectant les valeurs limites européennes en termes de qualité de l’air peuvent faire le choix de cette ZFE de vigilance, sorte de dérogation créée en juillet, par un comité interministériel.
C’est le cas de la métropole nantaise qui, à la faveur d’un climat plus venteux du fait de sa proximité de l’océan, bénéficie d’une qualité de l’air certes encore qualifiée de « moyenne » , mais bien meilleure que celle des villes comme Lyon ou Grenoble.
« Intérêt très limité »
En juin dernier, une étude menée par Air Pays de la Loire – qui sera publiée en janvier 2024 – avait ainsi conclu à « l’intérêt très limité » d’une ZFE, souligne Tristan Riom. « On aurait gagné quelques pourcents pour un dispositif très lourd et coûteux àmettre en place. »
La métropole nantaise estime que son plan de déplacement urbain
( PDU), qui vise notamment à faire baisser l’usage de la voiture solo de 43 % à 27 % d’ici 2030 (vélo, covoiturage, transports en commun…), sera « beaucoup plus efficace » pour faire reculer encore la pollution.
La part de la population soumise à des concentrations en dioxyde d’azote conformes aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) doit passer de 40 % en 2025 à 98 % en 2030.
Quant au choix de ne pas inclure le
périphérique lui- même dans le périmètre de la ZFE, Tristan Riom justifie : « Il est compliqué d’interdire une voie de contournement. Et cela permettra de ne pas empêcher l’accès à nos parkings- relais qui sont situés à proximité. C’est plus cohérent avec notre PDU, tout en respectant l’obligation d’un territoire couvrant au moins 50 % de la population de l’agglomération. »