Dimanche Ouest France (Vendee)

En Vendée, les pompiers à la rescousse des animaux

Après un incendie impliquant le secours de sept animaux, dont un varan et un boa, à Luçon, Marvin Massé explique le rôle de l’équipe des pompiers de Vendée spécialisé­e dans les risques animaliers.

- Recueilli par Nicolas BINOUX.

Entretien

Lieutenant Marvin Massé, responsabl­e de l’ équipe spécialisé e dans les risques animaliers des pompiers de Vendée.

Mercredi, sept animaux, dont un boa et un varan, ont été secourus par les pompiers à Luçon (Vendée), après l’incendie d’un appartemen­t. Comment s’est déroulée l’interventi­on ?

L’équipe des risques animaliers a été sollicitée par les sapeurs- pompiers déjà sur place. L’occupante du logement avait pu faire sortir avec elle deux chiens et un lapin. Les flammes ont été rapidement éteintes et l’incendie n’a concerné que 10 des 40 m² du logement. Mais il restait deux chats, un boa et un varan à l’intérieur.

L’animalier – comme on appelle le pompier spécialisé qui intervient dans ces cas- là – est allé les récupérer. Ils étaient apeurés et s’étaient cachés dans l’appartemen­t. Le collègue a passé plus d’une heure à les chercher. Il lui a fallu un peu moins de temps pour les sortir et conclure l’opération.

Les chiens et le lapin sont gardés dans une fourrière, le temps que leur propriétai­re puisse se retourner. Les reptiles et les chats sont restés avec elle.

Combien d’interventi­ons impliquant l’équipe des risques animaliers se déroulent-elles chaque année en Vendée ?

En 2023, il y en a eu 242. Et depuis le début de l’année 2024, 84. Ces chiffres ne cessent d’augmenter avec le temps : à la création de l’équipe, en 2013, on en comptait 43.

Pour quels risques intervenez-vous ?

Ça peut être autant pour des risques causés par des animaux domestique­s que des animaux sauvages. Les interventi­ons se répartisse­nt équitablem­ent entre les deux. Dans le cas des animaux de compagnies, ceux- ci font peser des risques de morsure par exemple. L’an dernier, nous avons dû capturer un macaque de Barbarie à Réaumur, qui s’était échappé du domicile de son propriétai­re.

Pour les animaux sauvages, ils peuvent occasionne­r un accident de la route. En Vendée, on a beaucoup affaire à des chevreuils. Si on se retrouve nez à nez avec, on peut prendre un coup de sabot par exemple. Ce sont comme des lames de rasoir.

Mais on intervient aussi lorsque les animaux sont en danger. Ces derniers jours, on a eu des tortues marines échouées sur des plages. On les a prises en charge, en attendant qu’elles soient récupérées par le Centre d’études et de soins pour les tortues marines de La Rochelle (Charente- Maritime). Nous n’agissons que rarement dans les exploitati­ons agricoles et jamais dans les zoos.

Les pompiers courent-ils un danger particulie­r ?

Non. Les interventi­ons se terminent bien pour nous, comme pour l’animal. Nous avons du matériel de capture spécial : des lassos, des pinces à chat ou à reptile ; du matériel de transport, comme des cages, ou de contention, comme une couverture pour maintenir l’animal en place et lui éviter une blessure. Nous avons des casques et des gants, ainsi que des combinaiso­ns en papier pour nous protéger des maladies.

Aucune interventi­on ne se déroule comme une autre. Chaque animal a sa particular­ité, son comporteme­nt. Ils ne mordront qu’en dernier recours et chercheron­t à fuir avant tout.

Pourquoi y a-t-il eu besoin de créer une équipe spécialisé­e et comment fonctionne-t-elle ?

En 2013, un pompier vendéen a reçu l’appel de l’une de ses connaissan­ces, complèteme­nt démunie face à son chien qui devenait violent. C’est parti de là et une équipe s’est montée.

Aujourd’hui, 40 pompiers sont formés en Vendée. Ils sont tous répartis dans les centres de secours du départemen­t et assurent en priorité du service à la personne.

C’est quand une situation avec un animal se présente qu’ils sont appelés. Un animalier, voire deux en cas de besoin, est alors envoyé. L’équipe n’existe pas à plein temps, elle se met en place en fonction des besoins.

La Vendée a été précurseur­e dans le domaine. Dans les Pays de la Loire, on la retrouve en Loire- Atlantique et dans la Sarthe. C’est une spécialité qui se développe en France.

Pour faire partie de l’équipe, une formation de quatre jours est nécessaire. Beaucoup de pompiers veulent la rejoindre, intéressés par la relation humain- animal. On doit même refuser du monde ! Moi- même, j’ai une certaine curiosité pour les animaux et quand j’ai pris la tête de l’équipe, en 2023, j’étais motivé par l’envie de développer mes connaissan­ces.

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| PHOTO : OUEST-FRANCE Marvin Massé, responsabl­e de l’équipe spécialisé­e dans les risques animaliers des pompiers de Vendée, et le serpent des blés gardé dans le vivarium de la caserne de La Roche-sur-Yon.

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