Dimanche Ouest France (Vendee)
Un fonds de photos de l’île de Noirmoutier sauvé
De 1900 aux années 1970, Anaïs et Aimée Gausson ont photographié des lieux et des événements sur l’île. Ce fonds exceptionnel, sauvé par Yves Aubry, sera bientôt aux Archives départementales.
À ses débuts, au XIXe siècle, la photographie est considérée comme de l’artisanat et non comme un art. C’est un loisir que les femmes peuvent pratiquer. Sur l’île de Noirmoutier, Zoé Couillon installera son studio près du château et on lui doit une des plus grosses productions de cartes postales.
La famille Gausson, d’origine nantaise, marquera fortement l’essor de la photographie sur l’île et le fonds Gausson, sauvé par Yves Aubry et conservé par sa fille Églantine, contient 7 000 plaques de verre, dont 6 000 exploitables. Sans parler de 30 000 à 40 000 clichés papier ou négatifs souples que l’on doit à Anaïs et Aimée Gausson, mais aussi des clichés d’amateurs qui n’ont pas été récupérés.
Qui était la famille Gausson ?
Louis, le père, était illustrateur, peintre, dessinateur et photographe. «À l’époque, la photo était un accessoire et Louis, comme tous les peintres de l’époque, la pratique. Mais c’est sa femmeAnaïs qui se met véritablement à la photo lorsqu’ils installent leur atelier au Bois de la Chaise, près de l’hôtel Saint Paul », explique Églantine. La fille d’Yves Aubry poursuit : « Anaïs initiera sa fille, Aimée. C’est pourquoi les photos seront signées Atelier Gausson sans que l’on puisse les attribuer à l’une ou l’autre. »
Si elles réalisaient beaucoup de clichés dans leur studio, elles n’hésitaient pas à transporter leur matériel, très lourd et volumineux, à l’extérieur. « Matériel qui était transporté à dos d’âne puis à bicyclette. Il ne faut pas oublier les vêtements portés par les femmes à l’époque qui rendent les conditions de travail difficiles. »
C’est ainsi qu’elles immortaliseront les paysages, tempêtes, carnaval, fêtes des écoles, naissances, baptêmes, mariages, gisants… Lorsque la rue du Rosaire, en centre- ville de Noirmoutier, sera percée, les Gausson y ouvriront un second studio et une boutique.
Et la famille Aubry ?
Yves Aubry était historien de la photographie et du cinéma, journaliste, professeur d’histoire de la photo à l’École nationale supérieure Louis- Lumière à Noisy- le- Grand ( Seine- Saint- Denis), secrétaire de rédaction au magazine Zoom, commissaire d’exposition et ami avec Aimée Gausson.
Cet amour de l’image et cette amitié lui permettront en 1979, à la mort d’Aimée, de mettre à l’abri le formidable héritage photographique laissé par ces deux femmes photographes. Un héritage bien encombrant, puisqu’il occupe une pièce entière de sa maison noirmoutrine.
Collectionneur infatigable, Yves Aubry se contentera, mis à part deux expositions et un livret, de conserver ce trésor. Aujourd’hui, sa fille Églantine est bien décidée à valoriser ce fonds et à le mettre à la disposition du public. Il faut dire que sa formation et ses expériences professionnelles la conduisent tout naturellement vers cette tâche. « Je suis tombée dans la photo quand j’étais petite, s’amuse Églantine : École des Gobelins section photo (à Paris), assistante photographe, photographe de presse et puis surtout j’ai participé au sauvetage des archives de l’Orient- Express et de la Compagnie des Wagons- Lits, ce qui m’emmène presque naturellement à m’occuper du Fonds Gausson. »