La Turquie et ses nouveaux « alliés »
Jean Marcou (dir.), Orientsstratégiques, no 9, Paris, L’Harmattan, juillet 2019, 200 p.
Le dernier opus de la revue Orients stratégiques — qui propose une approche des questions stratégiques dans les « Orients », au pluriel, Proche et MoyenOrient, mais aussi Asie orientale et AsiePacifique — s’intéresse à la diplomatie de la Turquie, qu’elle analyse à travers ses nouveaux partenaires, que l’on peine souvent à appeler des « alliés ». Jean Marcou, référence universitaire de la question turque en France, a réuni jeunes chercheurs et spécialistes confirmés pour décortiquer la complexité de cette diplomatie souvent changeante, du fait même de son pragmatisme. Au-delà d’apparentes incohérences — entre Riyad et Doha, entre Ouïghours et Chinois —, les mutations en cours dans les alliances turques, caractéristiques d’une puissance émergente, se traduisent par un « grand écart » périlleux entre la Russie avec qui elle a construit une relation dense dans de nombreux domaines, et les pays de l’OTAN, dont elle est membre, mais aussi une diplomatie « à la carte », selon les sujets (tels le terrorisme) et les régions concernées. Nouvelles « alliances » ou « mésalliances » s’observent également dans les aires d’expansion de la diplomatie turque, notamment dans les Balkans, dans le Caucase et en Asie centrale, en Extrême-Orient ou en Afrique. Une source d’analyse que vient compléter une fort utile chronologie de l’histoire de la diplomatie turque, de 1948 (création de l’Organisation européenne de coopération économique) à nos jours.