– ANALYSE La Turquie, entre mutations politiques intérieures et changement d’axe stratégique
La Turquie connaît depuis plusieurs années une rigidification constante de son système politique qui s’accompagne d’une transformation de sa politique étrangère, illustrée notamment par son rapprochement spectaculaire avec la Russie. Un processus qui reste cependant fragile, sur le plan interne comme à l’international.
Àla suite de sa victoire aux élections présidentielles et législatives de juin 2018, Recep Tayyip Erdogan et son parti, l’AKP, semblaient avoir fait l’essentiel pour pérenniser le régime présidentiel autoritaire, issu de la réforme constitutionnelle adoptée par référendum, en avril 2017. Alors que le pays sortait enfin de l’état d’urgence décrété après la tentative de coup d’État manqué de juillet 2016, les milieux officiels annonçaient une période de stabilité politique que l’économie turque allait pouvoir mettre à profit pour rétablir ses fondamentaux, avant de prochaines échéances électorales nationales, coïncidant avec les festivités du centième anniversaire de la République, en 2023. C’était sans compter avec les derniers espaces de liberté et les facultés de contestation que les réformes et les purges répétées conduites par le régime, au cours des dernières années, ne sont pas parvenues à annihiler.
Camouflet à Istanbul pour Recep Tayyip Erdogan
Survenant en embuscade moins d’un an après, les élections municipales du 31 mars 2019 ont réservé une mauvaise surprise à Recep Tayyip Erdogan. Certes, l’Alliance populaire unissant l’AKP aux ultra-nationalistes du MHP a obtenu 51,62 % des suffrages. Mais l’analyse des résultats de la mouvance au pouvoir