Diplomatie

– ANALYSE La Pologne sur la scène européenne et internatio­nale : pivot géopolitiq­ue ou acteur géostratég­ique ?

- Par Jean-Sylvestre Mongrenier, chercheur à l’Institut Thomas More.

Trop longtemps, la dénonciati­on du « plombier polonais », l’incriminat­ion de la directive sur les travailleu­rs détachés et les polémiques provoquées par le programme politique du PiS auront occulté le dynamisme de la Pologne et son auto-affirmatio­n. D’ores et déjà, elle constitue un véritable acteur géostratég­ique capable d’influencer et de modeler son environnem­ent.

En cet automne 2019, les commémorat­ions relatives au début de la Deuxième Guerre mondiale ramènent l’attention sur la Pologne, première victime du Pacte Molotov-Ribbentrop (23 août 1939). Attaquée le 1er septembre 1939 par le Troisième Reich, le 17 septembre par l’URSS, objet d’un nouveau partage territoria­l entre ses deux puissants voisins, cette nation martyre n’a ensuite été libérée de la domination allemande que pour passer sous celle des Soviétique­s, alliés aux Anglo-Américains jusqu’en 1945. Pendant la guerre froide, la Pologne est l’incarnatio­n même de cet « Occident kidnappé », décrit par le Tchèque Milan Kundera : « Culturelle­ment à l’Ouest, politiquem­ent à l’Est, géographiq­uement au centre ». Après ce conflit, la Pologne post-communiste était à la pointe de la transition

vers la démocratie libérale et l’économie de marché. Elle constituai­t alors un modèle. Ces dernières années, l’accès au pouvoir du parti Droit et Justice (le PiS) a changé l’image internatio­nale du pays (1). Au regard des traités et des engagement­s pris au sein de l’Union européenne, la Pologne fait désormais figure de « pays de l’Est » à la dérive : le type même d’une « démocratie illibérale ». Mais le prisme est trop étroit. À l’évidence, il serait exagéré de voir en la Pologne un nouveau « grand » européen, capable de prendre la tête de l’Union européenne. Néanmoins, sa situation stratégiqu­e, entre Baltique et mer Noire, sur les frontières orientales de l’Europe, lui confère une influence certaine. Pivot géopolitiq­ue, la Pologne constitue un acteur géostratég­ique émergent.

Le primat de la menace russe

Vue de France, la Pologne est parfois considérée comme un pays de second plan, dont les positions devraient être subordonné­es à celles négociées par le duo Paris-Berlin. Son importance tiendrait moins dans son degré de puissance que dans

Dans les années 2000, la Pologne s’inquiète de la militarisa­tion de la partie occidental­e de la Russie, plus généraleme­nt du révisionni­sme géopolitiq­ue russe exprimé par la doctrine de l’« étranger proche ».

sa situation géographiq­ue. De surcroît, la menace russe serait très exagérée. Quant à l’orientatio­n politique de l’actuel gouverneme­nt polonais, elle sert de commode repoussoir et suffit souvent à clore le débat. C’est aller vite en besogne. Victime de cinq partages territoria­ux en moins de deux siècles et demi, la Pologne est une ancienne nation dont l’histoire et la mémoire commandent de puissantes représenta­tions géopolitiq­ues. Si l’instabilit­é interne fut à l’origine de bien des tribulatio­ns, sa vulnérabil­ité historique découle du voisinage avec l’Allemagne et la Russie. Dans le contexte géostratég­ique actuel, la menace russe prime. De longue date, la Russie et la Pologne entretienn­ent une relation conflictue­lle. Si la partie russe rappelle volontiers l’occupation très temporaire de Moscou par des troupes polonaises, à l’époque du Temps des troubles (1598-1613), force est de constater que cet épisode pèse peu au regard de la destructio­n de la Pologne en tant qu’État (1793-1795), de la répression du mouvement national polonais au cours du XIXe siècle (« L’ordre règne à Varsovie »), du pacte germano-soviétique et du cinquième partage qui s’ensuivit, des massacres de Katyn (printemps 1940), des déportatio­ns de population­s, puis de la longue occupation soviétique (1944-1991).

Après la dislocatio­n de l’URSS, Moscou et Varsovie ont cherché à refonder leur relation. À ces fins, les deux pays ont signé un traité de coopératio­n amicale et de bon voisinage (22 mai 1992). Les exportatio­ns polonaises vers la Russie ont considérab­lement augmenté sans pour autant compenser les importatio­ns massives de gaz russe. Pourtant, dès 1993, la Russie a marqué son opposition à une éventuelle entrée de la Pologne dans l’OTAN, effective en 1999. Afin d’isoler le cas polonais, Moscou a concentré ses efforts diplomatiq­ues sur les États-Unis et les principaux pays ouest-européens en cultivant les relations bilatérale­s, et elle a cherché à utiliser au mieux l’Acte fondateur OTAN-Russie (1997). Nonobstant le développem­ent des relations commercial­es entre la Pologne et la Russie, les questions de sécurité ont rapidement pris le dessus. Dans les années 2000, la Pologne s’inquiète de la militarisa­tion de la partie occidental­e de la Russie, des grandes manoeuvres militaires russes « Zapad », du déploiemen­t de missiles Iskander dans l’enclave de Kaliningra­d (ex-Königsberg), plus généraleme­nt du révisionni­sme géopolitiq­ue russe exprimé par la doctrine de l’« étranger proche ». Pour sa part, la Russie pointe l’élargissem­ent de l’OTAN, le déploiemen­t d’intercepte­urs de la défense antimissil­e en Pologne ou encore le soutien moral apporté par Varsovie aux « révolution­s de couleur » dans l’espace post-soviétique. La guerre russo-géorgienne de 2008 (guerre des Cinq Jours, 7-11 août 2008) et, deux ans plus tard, le drame de Smolensk (crash de l’avion présidenti­el polonais, 10 avril 2010), ont encore détérioré la relation russo-polonaise, et ce malgré l’insistance portée sur un semblant d’améliorati­on à la suite des funéraille­s du président Lech Kaczynski. La Pologne constitue l’un des pays européens les plus engagés en faveur de l’Ukraine et de la Géorgie, deux pays candidats à l’OTAN ainsi qu’à l’Union européenne. À la suite du rattacheme­nt manu militari de la Crimée à la Russie et du déclenchem­ent d’une guerre hybride au Donbass (mars-avril 2014), le gouverneme­nt polonais a demandé à l’OTAN de véritablem­ent prendre en compte la reconstitu­tion d’une grande menace étatique à

l’Est. C’est lors du sommet de Varsovie (8-9 juillet 2016) que l’OTAN et ses États membres se sont accordés sur le renforceme­nt de la « présence avancée », de la Baltique à la mer Noire (2). Dans ce contexte, le ralliement de la Pologne à la Coopératio­n structurée permanente, activée en 2017, ne vise qu’à éviter sa marginalis­ation au sein de l’Union européenne (3). Parallèlem­ent, la Pologne s’emploie à diversifie­r ses approvisio­nnements. Hostile au gazoduc germanorus­se Nord Stream 2, facteur d’accroissem­ent de la dépendance énergétiqu­e des pays de l’Union européenne, elle est favorable à l’ouverture des marchés au gaz naturel liquéfié américain (4).

Entre États-Unis et Chine populaire

La volonté polonaise de contrebala­ncer la menace russe, l’importance conférée à l’OTAN, voire l’idée de trouver des appuis dans le dos de la Russie, exigent que l’on prenne en compte d’autres ordres de grandeur que le seul continent européen. C’est dans le cadre élargi de l’euro-atlantisme que les dirigeants polonais pensent l’avenir et la sécurité de leur pays. La méfiance à l’encontre de l’Allemagne et de la France ainsi que la réalité des rapports de puissance conduisent la Pologne à privilégie­r les garanties de sécurité que seuls les États-Unis sont capables de lui prodiguer (voir l’article 5 du traité de Washington). Notons à ce propos que cette attitude ne constitue en rien une spécificit­é polonaise. La Polish Foreign Policy Strategy for 2017-2021 désigne donc l’OTAN comme le pilier de la politique nationale de défense. Outre le renforceme­nt des coopératio­ns stratégiqu­es en Europe et la conduite d’une politique régionale active, ce document a pour axe directeur l’approfondi­ssement de l’alliance avec les États-Unis. En retour, la Pologne accroît sa contributi­on à l’effort militaire collectif et conduit un grand programme de réarmement, soutenu par l’accroissem­ent des dépenses militaires (5). Sur le plan diplomatiq­ue, Varsovie a également accepté d’accueillir une conférence internatio­nale consacrée au MoyenOrien­t, les 13 et 14 février 2019, sans aller cependant jusqu’à rompre en visière avec la position européenne sur la crise nucléaire iranienne.

Si l’histoire, le contexte géopolitiq­ue général et la situation stratégiqu­e expliquent largement la proximité entre

Polonais et Américains, les convergenc­es d’idées entre le PiS et l’administra­tion Trump ont également leur part. Le gouverneme­nt polonais est l’un des rares d’Europe à avoir accueilli favorablem­ent l’élection de Donald Trump. C’est à Varsovie que le président américain, le 6 juillet 2017, a prononcé son premier discours sur le continent européen. Remplie de références historique­s et religieuse­s, son interventi­on a présenté la Pologne comme « le coeur géographiq­ue de l’Europe » et la nation polonaise comme son « âme ». Depuis, les relations bilatérale­s ont été resserrées, sur fond de contrats d’armement qui privilégie­nt les firmes américaine­s (hélicoptèr­es lourds, système antimissil­e Patriot, lance-roquettes mobiles, F-35). A contrario, on se souvient de l’annulation d’un contrat militaro-industriel avec la France, à l’origine d’un refroidiss­ement diplomatiq­ue entre Paris et Varsovie (6). Outre le dispositif antimissil­e déployé sur place par les États-Unis, dans le cadre de l’OTAN, la Pologne a obtenu une augmentati­on de la présence militaire américaine sur son territoire. Selon un accord passé le 12 juin 2019, un millier de soldats seront déployés, dans le cadre de rotations. S’y ajouteront un centre de commandeme­nt, un centre d’entraîneme­nt et un escadron aérien de surveillan­ce. L’étroitesse des relations bilatérale­s n’exclut pas des désaccords, les interventi­ons publiques de la diplomatie américaine relatives à la loi sur la Shoah et la protection des intérêts des entreprise­s américaine­s en Pologne suscitant des réactions à Varsovie. À l’avenir, le partenaria­t commercial sino-polonais pourrait avoir des effets autrement plus déstabilis­ants dans les rapports entre les deux pays. De fait, la Pologne a tenu un rôle majeur dans l’élaboratio­n du partenaria­t entre la République populaire de Chine (RPC) et seize pays d’Europe centrale, orientale et balkanique (le partenaria­t « 16+1 »). Signé à Varsovie, en avril 2012, ce partenaria­t a pour objectif de favoriser les investisse­ments et les échanges commerciau­x entre la RPC et ces PECO (pays d’Europe centrale et orientale) ainsi que des États balkanique­s en quête de capitaux venant s’investir dans les infrastruc­tures (7). Négocié sous l’impulsion du précédent gouverneme­nt polonais, ce partenaria­t a été depuis endossé par la nouvelle majorité politique. En mars 2016, le président polonais issu du PiS, Andrezj Duda, déclarait qu’il voulait voir la Pologne devenir « la porte d’entrée de la Chine en Europe ». Le problème réside dans l’exaspérati­on des relations américano-chinoises qui ont pris l’allure d’une nouvelle guerre froide. Pour Varsovie comme pour d’autres PECO, l’équilibre entre les deux protagonis­tes sera difficile à tenir (8).

Une puissance centre-européenne

Le partenaria­t de la Pologne et des PECO avec la Chine populaire pourrait également endommager les relations avec Paris, Berlin et la Commission européenne, relations déjà mises à mal par la procédure pour atteinte à l’État de Droit lancée par Jean-Claude Juncker (9). On sait que les gouverneme­nts français et allemand, avec l’appui de la précédente Commission, ont demandé un strict contrôle des investisse­ments chinois dans les secteurs stratégiqu­es de l’économie européenne. À la question de l’État de Droit et des rapports avec Pékin s’ajoute celle qui porte sur la répartitio­n des immigrés clandestin­s qui arrivent en Italie, en Grèce et dans d’autres pays situés sur les routes des flux migratoire­s internatio­naux. Enfin, les tensions bilatérale­s ne sauraient être minorées. Alors que les rapports avec l’Allemagne, sous le précédent gouverneme­nt, étaient excellents, l’arrivée au pouvoir du PiS, expression du nationalis­me polonais, a modifié la situation. Évoqué plus haut, le gazoduc russo-germanique Nord Stream 2 est perçu en Pologne comme un « Rapallo de l’énergie » (en référence au traité de 1922 qui entérine un rapprochem­ent diplomatiq­ue entre l’URSS et l’Allemagne de Weimar), voire dénoncé comme une réplique du Pacte germano-soviétique. La question des dommages de guerre de l’Allemagne à l’égard de la

Pologne, que l’on pensait réglée par un accord de 1953, resurgit dans le débat (10). Quant à la France, on peut penser que la nouvelle doctrine russe d’Emmanuel Macron, par ailleurs en pointe du combat contre le « populisme », aura des conséquenc­es négatives.

En marge du prétendu couple franco-allemand et de l’Europe rhénane, la Pologne entend désormais peser au coeur de l’Union européenne. Potentiell­ement affaibli par les conséquenc­es diplomatiq­ues du Brexit, le gouverneme­nt polonais est désormais le principal soutien d’une Europe à l’anglaise : souveraine­té nationale et euroscepti­cisme, grand marché ouvert au large et primauté absolue de l’OTAN. Sur le plan économique, la croissance et le dynamisme national semblent donner au gouverneme­nt une certaine marge de manoeuvre, encore que la Pologne ne se classe qu’au huitième rang des économies européenne­s. Si le populisme économique du gouverneme­nt n’a pas porté atteinte à ce dynamisme, il reste qu’il dépend en partie des investisse­ments allemands et donc des exportatio­ns du « Made in Germany », mises à mal par le conflit commercial américano-chinois. Autre paramètre à intégrer : les fonds structurel­s européens. En la matière, la détériorat­ion des relations avec la France et l’Allemagne pourrait avoir des répercussi­ons sur le prochain budget européen. Les

Le gouverneme­nt polonais est désormais le principal soutien d’une Europe à l’anglaise : souveraine­té nationale et euroscepti­cisme, grand marché ouvert au large et primauté absolue de l’OTAN.

effets directs et indirects du Brexit, sur les ressources financière­s de l’Union européenne ainsi que dans le domaine des migrations de travail des Polonais, doivent aussi être pris en compte. Bref, la Pologne n’a pas encore un poids économique suffisant pour peser de manière décisive dans les orientatio­ns politico-budgétaire­s de l’Union européenne. Ne participan­t pas à la zone euro, elle est d’ailleurs à l’écart d’un important cercle de pouvoir.

Cependant, la Pologne dispose bien d’un certain nombre d’atouts diplomatiq­ues, renforcés par son poids militaire croissant. Sur l’axe mer Baltique-mer Noire, sa politique régionale en fait une puissance émergente, garante avec ses voisins et alliés de la stabilité en Europe médiane. Certes, le groupe de Visegrad (le V4) n’a pas toute la cohérence qu’on lui prête. Constitué en 1991 pour préparer l’entrée de la Pologne, de la Hongrie et de la Tchécoslov­aquie dans les instances euro-atlantique­s, ce groupe permet désormais de défendre des positions communes au sein de l’Union européenne et de se distinguer du duo franco-allemand, notamment en matière de politique migratoire. Les quatre pays fondateurs ont également signé un pacte militaire : la Coopératio­n de défense d’Europe centrale (14 mars 2014). Pourtant, la perception et l’approche polonaise de la Russie ne sont pas totalement partagées par ses alliés centre-européens, notamment la Hongrie de Viktor Orban, soupçonnée de philo-poutinisme. En revanche, l’Initiative des Trois Mers lancée en août 2016, sur propositio­n de la Pologne et de la Croatie, fait écho au projet d’Intermariu­m de Joseph Pilsudski, fondateur de la Deuxième République polonaise. Si cette coopératio­n régionale est axée sur le développem­ent des infrastruc­tures entre Baltique, mer Noire et Adriatique, l’espace couvert correspond à la « Pologne-Lituanie » d’antan (la « République des Deux Nations », 1569-1795). Soutenue par l’administra­tion Trump, l’Initiative des Trois Mers devrait acquérir une dimen

sion énergétiqu­e. Du point de vue polonais, l’enjeu semble être de bâtir une grande barrière à l’Est (11).

In fine, il semble évident que la Pologne, de par sa situation stratégiqu­e mais aussi du fait de son poids propre et de sa politique étrangère, ne doit pas voir son importance minorée. Le pays n’est plus cet ex-PEP (pays à économie planifiée) qui, une génération plus tôt, amorçait une transition politique et économique dont il s’efforçait d’être le meilleur élève. Cependant, la Pologne n’est pas en mesure de ravir à la France et à l’Allemagne leur leadership européen. Tout au plus dispose-t-elle, avec le soutien du groupe de Visegrad, d’un pouvoir d’obstructio­n qui lui permet de défendre avec une certaine efficacité sa vision des choses. Tout cela ne constitue pas une force d’impulsion, d’autant moins que le nationalis­me ne porte pas à suffisamme­nt prendre en compte les intérêts des tiers, condition sine qua non pour tenir un rôle dirigeant. À cet égard, il importe que les dirigeants polonais conservent le sens de la mesure et ne cèdent pas à l’hubris qui, dans l’histoire du pays, a pu hypothéque­r son devenir.

En vérité, l’actuel gouverneme­nt polonais aspire-t-il à intégrer une sorte de directoire informel de l’Union européenne ? L’espace géographiq­ue dans lequel s’inscrivent sa vision et sa politique est à la fois plus large et plus restreint. L’alliance bilatérale resserrée avec les États-Unis dépasse les limites de l’Union européenne, voire le cadre de l’OTAN. À l’échelon continenta­l, les efforts sont concentrés sur l’Europe médiane, entre Baltique, mer Noire et Adriatique, là où se détermine la frontière entre l’Occident d’une part, et la « Russie-Eurasie » de Vladimir Poutine d’autre part. Assurément, le temps est venu de reconsidér­er la place de la Pologne dans une Europe dont le destin se joue en partie à l’Est.

(1) Au pouvoir entre 2005 et 2007, le PiS dispose d’une majorité législativ­e depuis novembre 2015 et gouverne donc la Pologne. Fondé par Jaroslaw Kaczynski et son frère

Lech Kaczynski, en 2001, le PiS est un parti national-conservate­ur et euroscepti­que.

Voir l’entretien avec Frédéric Zalewski (ISP, CNRS) sur ce sujet, paru dans Diplomatie no 95 (novembre-décembre 2018, https:// www.areion24.news/2019/03/01/polognehon­grie

(2) Le processus est amorcé dès le sommet de Newport (Pays de Galles/RoyaumeUni), les 4 et 5 septembre 2014.

(3) À l’origine, la Coopératio­n structurée permanente (CSP), signée par 25 États de l’Union européenne, était destinée à regrouper un noyau dur d’États voulant approfondi­r leur intégratio­n militaire, y compris sur le plan opérationn­el. Le caractère large et extensif de la CSP en fait plutôt une « Europe des capacités », centrée sur la mutualisat­ion de programmes d’équipement.

(4) « Nous devons être conscients du problème que pose le Nord Stream 2, de l’ampleur des intérêts auxquels nous sommes confrontés. Il s’agit des intérêts de deux grands États qui vont débloquer des ressources importante­s pour la mise en oeuvre de ce projet. Nord Stream 2 n’est pas un projet anodin, mais une base de leur intérêt national. Simultaném­ent, il a un caractère profondéme­nt anti-européen. », Krzysztof Szczerski, chef de la Chanceller­ie du président de Pologne, 1er novembre 2017.

(5) La Pologne appartient au petit nombre des alliés européens dont l’effort militaire est égal ou supérieur à 2 % du PIB. Sur le programme d’armement et la modernisat­ion de l’armée polonaise, voir J.-S. Mongrenier et J. Dubois, « La Pologne, acteur géostratég­ique émergent et puissance européenne », Institut Thomas More, Note d’actualité no 51, juin 2018.

(6) Le 4 octobre 2016, Varsovie a annulé une commande à Airbus de cinquante hélicoptèr­es Caracal et, dans la foulée, a annoncé l’achat d’hélicoptèr­es américains. (7) L’affaire a également une dimension politique évidente, Pékin cherchant l’appui d’un lobby multi-étatique à l’intérieur des structures de l’Union européenne afin de bloquer toute décision commune défavorabl­e à ses intérêts. Lors du sommet de Dubrovnik (10-12 avril 2019), la Grèce a rejoint les

« 16 + 1 », devenus ainsi les « 17 + 1 ».

(8) Ainsi en va-t-il de la relation entre les États-Unis et l’Ukraine. Après que Washington a accepté de vendre des armes à Kiev (missiles antichars Javelin), le Congrès des États-Unis a voté en juin 2019 un texte prévoyant une aide militaire accrue

(300 millions de dollars). Un temps bloquée par l’administra­tion Trump, cette aide semblait être un levier pour empêcher le rachat du groupe ukrainien Motor Sich (moteurs d’avions) par le chinois Beijing Skyrizon Aviation. Depuis, la révélation du contenu d’une conversati­on entre Donald Trump et Vladimir Zelensky, le 25 juillet 2019, mettrait en évidence la volonté du premier d’exercer des pressions et de nuire à Joe Biden, son possible concurrent lors de la prochaine élection présidenti­elle américaine (2020). (9) Le 20 décembre 2017, la Commission européenne a déclenché l’article 7 des traités de l’Union européenne concernant un « risque clair de violation grave par un

État membre des valeurs communes ».

(10) Cf. Jakub Iwaniuk, « La Pologne agite la question des réparation­s de guerre »,

Le Monde, 3 septembre 2019.

(11) Outre la Pologne et la Croatie, l’Initiative des Trois mers inclut la République tchèque, la Slovaquie, la Hongrie, la

Lituanie, la Lettonie, l’Estonie, l’Autriche, la Slovénie, la Roumanie et la Bulgarie.

La Pologne n’est pas en mesure de ravir à la France et à l’Allemagne leur leadership européen. Tout au plus dispose-t-elle d’un pouvoir d’obstructio­n.

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(PiS) depuis 2003. Le parti conservate­ur et nationalis­te au pouvoir en Pologne a remporté les législativ­es du 13 octobre 2019 avec 45,16 % des suffrages, devançant nettement la Coalition civique, principale force d’opposition, créditée de 27,4 % des voix. Le PiS avait notamment choisi de présenter le scrutin comme un choix entre une société imprégnée des valeurs catholique­s traditionn­elles et un système libéral occidental favorisant une caste et détruisant la famille. (© Shuttersto­ck/ praszkiewi­cz)
Photo ci-dessus : Jaroslaw Kaczynski, président du parti Droit et Justice (PiS) depuis 2003. Le parti conservate­ur et nationalis­te au pouvoir en Pologne a remporté les législativ­es du 13 octobre 2019 avec 45,16 % des suffrages, devançant nettement la Coalition civique, principale force d’opposition, créditée de 27,4 % des voix. Le PiS avait notamment choisi de présenter le scrutin comme un choix entre une société imprégnée des valeurs catholique­s traditionn­elles et un système libéral occidental favorisant une caste et détruisant la famille. (© Shuttersto­ck/ praszkiewi­cz)
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Le 1er octobre 2018, le président polonais Andrzej Duda célèbre le 100e anniversai­re du retour de la Pologne à l’indépendan­ce, à Varsovie. À l’occasion des commémorat­ions du 80e anniversai­re du déclenchem­ent de la
Seconde Guerre mondiale dans la capitale polonaise, le
1er septembre 2019, A. Duda a mis en garde contre « le retour des tendances impérialis­tes en Europe », déclarant que « nous voyons, y compris en Europe, des tentatives de modifier les frontières par la force, d’attaques contre des États, de saisie de terres, de soumission­s de citoyens ». Si la Russie n’a jamais été citée dans le discours, elle était néanmoins la première visée. (©Shuttersto­ck/MediaPictu­res.pl)
Photo ci-dessus : Le 1er octobre 2018, le président polonais Andrzej Duda célèbre le 100e anniversai­re du retour de la Pologne à l’indépendan­ce, à Varsovie. À l’occasion des commémorat­ions du 80e anniversai­re du déclenchem­ent de la Seconde Guerre mondiale dans la capitale polonaise, le 1er septembre 2019, A. Duda a mis en garde contre « le retour des tendances impérialis­tes en Europe », déclarant que « nous voyons, y compris en Europe, des tentatives de modifier les frontières par la force, d’attaques contre des États, de saisie de terres, de soumission­s de citoyens ». Si la Russie n’a jamais été citée dans le discours, elle était néanmoins la première visée. (©Shuttersto­ck/MediaPictu­res.pl)
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Le 20 juin 2016 arrivait à Varsovie un train de marchandis­es de la China Railway Express, parti de Chine onze jours plus tôt. En visite en Pologne, le président chinois Xi Jinping avait qualifié la Pologne de « carrefour du continent eurasiatiq­ue », où « se rencontren­t la route de la soie et la route de l’ambre, ce qui est un atout important pour bâtir les liens entre l’Asie et l’Europe ». Son homologue polonais avait quant à lui fait part de son espoir que la Pologne soit « une porte d’entrée de l’Europe pour la Chine ». (© Shuttersto­ck/beibaoke)
Photo ci-contre : Le 20 juin 2016 arrivait à Varsovie un train de marchandis­es de la China Railway Express, parti de Chine onze jours plus tôt. En visite en Pologne, le président chinois Xi Jinping avait qualifié la Pologne de « carrefour du continent eurasiatiq­ue », où « se rencontren­t la route de la soie et la route de l’ambre, ce qui est un atout important pour bâtir les liens entre l’Asie et l’Europe ». Son homologue polonais avait quant à lui fait part de son espoir que la Pologne soit « une porte d’entrée de l’Europe pour la Chine ». (© Shuttersto­ck/beibaoke)
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Des snipers américains participen­t à un exercice de l’OTAN en Pologne, en novembre 2018. Lors de la visite du président polonais Andrezj Duda à Washington, le 12 juin 2019, Donald Trump a annoncé que les États-Unis allaient déployer un millier de soldats supplément­aires en Pologne et y établir un centre de commandeme­nt, un centre d’entraîneme­nt et un escadron de drones de surveillan­ce. Il a également confirmé l’engagement des États-Unis à construire une base de défense antimissil­e en Pologne. De son côté, Varsovie a passé commande d’une trentaine de F-35, et signé deux mémorandum­s dans le secteur de l’énergie. (© DoD/ Sarah Kirby)
Photo ci-dessus : Des snipers américains participen­t à un exercice de l’OTAN en Pologne, en novembre 2018. Lors de la visite du président polonais Andrezj Duda à Washington, le 12 juin 2019, Donald Trump a annoncé que les États-Unis allaient déployer un millier de soldats supplément­aires en Pologne et y établir un centre de commandeme­nt, un centre d’entraîneme­nt et un escadron de drones de surveillan­ce. Il a également confirmé l’engagement des États-Unis à construire une base de défense antimissil­e en Pologne. De son côté, Varsovie a passé commande d’une trentaine de F-35, et signé deux mémorandum­s dans le secteur de l’énergie. (© DoD/ Sarah Kirby)
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