Diplomatie

– ANALYSE Amérique centrale et canal de Panama : l’ancienne « chasse gardée » des États-Unis accueille l’investisse­ment chinois

- Par Maxime Minne, doctorant en histoire à l’Université George Washington (Washington D.C. - États-Unis).

Alors que les États-Unis attendent la fonte des glaces pour voir la création d’une nouvelle voie commercial­e en Arctique, leurs rivaux chinois, quant à eux, investisse­nt et prêtent une attention particuliè­re à l’actuel canal de Panama, tout comme à la région des Caraïbes, à l’Amérique centrale et, bien évidemment, à l’Amérique latine.

Les voies maritimes de l’Arctique pourraient devenir les canaux de Suez et de Panama du XXIe siècle » (1), déclarait Mike Pompeo, le secrétaire d’État américain, le 6 mai 2019 en Finlande. Dans un discours des plus déconcerta­nts lors de la réunion du Conseil de l’Arctique, le chef de la diplomatie américaine affirmait ainsi que la fonte des glaces pouvait être perçue comme une nouvelle opportunit­é pour les échanges. Si de tels propos peuvent faire rire les experts des relations internatio­nales et plonger dans la consternat­ion les défenseurs du climat, ils semblent indiquer que Washington a « perdu le nord » en termes de stratégie. Pendant ce temps, la Chine profite notamment d’un certain retrait des États-Unis pour renforcer sa présence dans la région du canal de Panama, comme elle le fait depuis près de vingt ans en Amérique latine, s’infiltrant peu à peu dans ce qui a été durant près d’un siècle la « chasse gardée » de Washington.

Pour comprendre les raisons de cet engagement de Pékin, il faut appréhende­r les enjeux géostratég­iques dans la région de l’Amérique centrale, et en particulie­r du canal de Panama.

Un passage à l’intérêt géostratég­ique et géoéconomi­que majeur

Ouvert en 1914, puis transféré par les États-Unis (qui en avaient la concession) au Panama en 1999, le canal de Panama — tout comme celui de Suez, ou encore les détroits d’Ormuz et de Malacca — est un point névralgiqu­e et stratégiqu­e pour le commerce internatio­nal (6 % du commerce global et 32 navires par jour, 12 000 par an (2)). Panama est aussi la seule infrastruc­ture permettant la jonction entre les océans Atlantique et Pacifique. La seule option qui aurait pu inverser cette place centrale aurait été la création d’un nouveau canal au Nicaragua, un projet envisagé par le gouverneme­nt de cet autre petit pays d’Amérique centrale et la société hongkongai­se HKND ( HK Nicaragua Canal Developmen­t Investment) créée en 2012, mais qui est actuelleme­nt dans l’impasse (3).

Cependant, le canal de Panama ne pouvait pas accueillir de navires de très grande capacité, qui devaient de ce fait transiter par le canal de Suez, plus large. Face à l’intensific­ation du commerce internatio­nal, l’infrastruc­ture fluviale risquait, selon des observateu­rs américains dans les années 1960 et 1970, de perdre à terme de sa valeur économique. Mais Washington ne pouvait pas investir l’argent nécessaire pour lancer un projet d’agrandisse­ment de l’infrastruc­ture fluviale.

Ce n’est qu’en 2007 que Panama lançait, avec le soutien des États-Unis et d’autres pays, un projet d’agrandisse­ment et de rénovation du canal, incluant la création de nouvelles écluses pour permettre à des navires plus imposants de faire la traversée d’un océan à un autre. Le projet a coûté plus de 5 milliards de dollars US et duré neuf ans. Le canal peut désormais recevoir des navires d’une capacité de 14 800 conteneurs (contre 5000 avant les travaux), ce qui a permis de réduire pour ces derniers comme pour les plus gros cargos le coût et le temps du voyage. Grâce à cela, début 2017, le volume des transits dans la zone avait augmenté de 23 % et l’agrandisse­ment de la zone permettait une intensific­ation des exportatio­ns de gaz naturel liquéfié des États-Unis vers l’Asie (4).

C’est principale­ment le marché des transits vers l’Asie qui alimente le trafic depuis l’agrandisse­ment de 2016. En 2017, l’administra­tion du canal affirmait avec le plus grand enthousias­me que celui-ci avait établi un record en acheminant 403,8 millions de tonnes de marchandis­es, avant d’établir un nouveau record à 442,1 millions de tonnes pour l’année fiscale 2018 (5), période au cours de laquelle les principaux utilisateu­rs du canal ont été les États-Unis, la Chine, le Mexique, le Chili et le Japon ; et 62,8 % des cargos transitant par le canal avaient les États-Unis pour origine ou destinatio­n.

Le réchauffem­ent climatique et la guerre commercial­e assombriss­ent l’horizon

Grâce à cette modificati­on de la capacité d’accueil du canal de Panama, l’infrastruc­ture, dont la traversée dure en moyenne 8 à 10 heures, peut désormais concurrenc­er le canal de Suez — même si ce dernier a lui aussi été l’objet d’un agrandisse­ment en 2014-2015 et a été en mesure d’accueillir, le 14 août 2019, le plus grand navire porte-conteneurs au monde.

Désormais, le problème majeur auquel doit faire face le canal de Panama — et qui peut faire basculer la balance en faveur du canal de Suez comme route privilégié­e pour les transits vers l’Asie depuis le continent américain et l’Europe de l’Ouest — est d’ordre climatique. En effet, il repose sur un système de trois ensembles de 4 écluses (soit 12 écluses au total) qui nécessite énormément d’eau en provenance des lacsréserv­oirs artificiel­s Gatun et Madden. Or, le réchauffem­ent climatique provoque des sécheresse­s inhabituel­les qui appauvriss­ent les ressources en eau des lacs et limitent les précipitat­ions durant la saison des pluies. Il est normal, selon les autorités, que le niveau de l’eau se réduise entre avril et juillet. Néanmoins, en 2019, « les niveaux de l’eau des lacs Gatun et Madden ont atteint un plancher bien plus bas que les années précédente­s, au moins 2,13 mètres en dessous de la normale » (6). Déjà, des restrictio­ns de chargement sont imposées aux plus gros bateaux. Suez, plus long canal artificiel sans écluse du monde, ne connaît pas ces difficulté­s. Les autorités de Panama craignent de ce fait la diminution du nombre de traversées, d’autant que ces difficulté­s engendrent une augmentati­on des coûts de traversée, déjà élevés, pour les compagnies.

Par ailleurs, l’intense guerre tarifaire à laquelle se livrent les États-Unis et la Chine impacte directemen­t le commerce internatio­nal et, par là même, les frais de transit dans la zone du canal de Panama. L’autorité du canal est face à un immense défi : une augmentati­on de ses tarifs serait un danger pour sa compétitiv­ité, mais l’absence d’augmentati­on engendrera­it des difficulté­s à long terme pour l’infrastruc­ture. Pour l’année fiscale 2020, l’autorité du canal a finalement décidé une augmentati­on minimale, espérant tout à la fois maintenir sa compétitiv­ité avec Suez et absorber les conséquenc­es de la guerre tarifaire, du changement climatique et de l’augmentati­on du prix du carburant. Malgré tout, cette hausse des prix ne plaît pas aux compagnies de transport.

Une fois posée la situation du canal de Panama lui-même, il est intéressan­t de le replacer dans la région Amérique centrale/ Amérique latine pour comprendre les influences exercées par Washington et par Pékin.

Les efforts de Washington pour maintenir son influence…

Depuis 1999 et la rétrocessi­on effective du canal de Panama, les relations entre les États-Unis et Panama ont été rétablies et ont permis l’intensific­ation d’un partenaria­t important (notamment sur la question du trafic de drogues dans la région). Sous la présidence de George W. Bush, l’administra­tion américaine décida de participer au programme d’expansion du canal lancé après un référendum en 2006. Si le projet devait permettre la traversée de plus grands navires, il répondait aussi à une demande croissante de transits depuis l’Asie pour atteindre la côte est américaine ainsi que celle du golfe du Mexique (7). Selon Carlos Guevara Mann, professeur de science politique et relations internatio­nales à l’Université d’État de FloridePan­ama, la politique de soutien de l’administra­tion Bush nous aide à « mieux saisir les enjeux contempora­ins concernant la politique étrangère américaine, notamment à travers l’influence des intérêts domestique­s et transnatio­naux dans la formulatio­n de la politique et de sa mise en oeuvre » (8). Mann estime ainsi que le soutien américain au projet d’expansion du canal a été motivé par une lecture des enjeux militaires, économique­s et géopolitiq­ues pour les États-Unis : l’agrandisse­ment du canal pourrait faciliter le passage de navires de la marine américaine nécessaire­s pour les missions militaires ; il pourrait être un stimulus pour l’économie panaméenne, créant ainsi un environnem­ent moins hostile aux États-Unis, une opportunit­é pour les investisse­urs américains et rendre le commerce internatio­nal plus fluide, permettant un accroissem­ent des importatio­ns et exportatio­ns. Parmi toutes ces hypothèses, la première et la plus importante reste pour l’auteur le motif purement économique et commercial, notamment dans la mesure où une accentuati­on du commerce favorisera­it une meilleure stabilité dans la région et un modèle économique pour lequel les ÉtatsUnis sont le chef de file.

… sans stratégie globale pour le sous-continent

Une déstabilis­ation régionale mettrait en péril les intérêts américains sans aucun doute, mais aurait aussi un impact sur le commerce internatio­nal. C’est pourquoi le but pour les États-Unis a toujours été de préserver les intérêts régionaux, notamment au Panama, qui fait face à d’importants dilemmes de sécurité. L’infrastruc­ture fluviale et le secteur financier du pays sont d’une importance capitale pour les États-Unis, mais aussi, selon le gouverneme­nt américain, une plaque tournante pour le trafic de drogue et le blanchimen­t d’argent ainsi que le crime organisé (9).

Le président Barack Obama avait, au cours de ses deux mandats (2009-2017), misé sur une réconcilia­tion et un rétablisse­ment des liens avec des « ennemis » historique­s, et notamment Cuba, afin de favoriser un multilatér­alisme et une coopératio­n plus importante entre Washington et l’ancienne « chasse gardée ». Il avait souhaité, dès son arrivée à la Maison-Blanche, démontrer l’ouverture de l’administra­tion à un dialogue apaisé et un engagement plus respectueu­x sur la base de la protection des intérêts mutuels. En ce qui concerne plus particuliè­rement l’Amérique centrale et les Caraïbes, la précédente administra­tion démocrate avait encouragé une collaborat­ion avec les gouverneme­nts ayant mené à un changement d’approche dans la lutte contre le trafic de drogues et cherché à mener une discussion apaisée à propos de la politique d’immigratio­n — des efforts grandement appréciés dans la région (10). L’administra­tion Obama, comme l’administra­tion Bush avant elle, a ainsi cherché à établir une politique étrangère de soutien à l’égard d’une région au sein de laquelle figurent les pays

Le problème majeur auquel doit faire face le canal de Panama est d’ordre climatique. Il repose sur un système de 12 écluses qui nécessite énormément d’eau. Or, le réchauffem­ent climatique provoque des sécheresse­s inhabituel­les.

les plus pauvres du continent à l’exception du Costa Rica et de Panama. Durant les deux dernières décennies, le programme nommé US Strategy for Engagement in Central America veillait à fournir aux pays d’Amérique centrale l’aide dont ils avaient besoin afin d’améliorer leurs économies nationales ainsi que le bien-être des population­s. En plus de ce soutien et face à une montée des violences dans la région, les administra­tions Bush et Obama ont mis en place des initiative­s visant à réduire la criminalit­é dans la région ou encore à soutenir le système judiciaire. Toutefois, à partir de 2014, face au flot grandissan­t de migrants en provenance des pays du « Northern Triangle » d’Amérique centrale (Honduras, Guatémala et Salvador), l’administra­tion Obama a notamment ouvert des centres de détention spécifique­s, dans le but de réduire les entrées de mineurs non accompagné­s et des familles. Parallèlem­ent et en réponse, les gouverneme­nts des pays mentionnés précédemme­nt, aidés par la Banque interaméri­caine de développem­ent (BID), élaborèren­t en septembre 2014 le document « Lignes du Plan de l’Alliance pour la prospérité du Triangle nord », avec pour objectif de mettre fin aux causes de cette émigration — un programme soutenu par l’administra­tion américaine. Les controvers­es déjà suscitées par la politique d’Obama sont sans commune mesure avec la levée de boucliers et les vifs débats provoqués par les tentatives de l’administra­tion Trump de revoir l’ensemble de la politique migratoire américaine, en particulie­r en provenance d’Amérique latine.

Certes, depuis au moins cinquante ans, les politiques mises en oeuvre par l’administra­tion américaine, qu’elle soit démocrate ou républicai­ne, sont avant tout motivées par la question du trafic de drogues et la question migratoire, mais l’annonce par l’administra­tion Trump, en mars 2019, de la suspension de l’aide aux trois pays précédemme­nt mentionnés, semble entériner le fait que la politique étrangère américaine à l’égard de l’Amérique centrale et du Sud ne s’inscrit plus dans un effort de bâtir une stratégie cohérente. Un arrêt de l’aide à l’égard de ces pays ne ferait qu’intensifie­r la crise déjà endémique qui pousse leurs population­s à fuir, notamment dans un pays comme le Honduras qui a vécu un coup d’État en 2009 et une élection contestée en 2017. La politique américaine est perçue comme d’autant plus injuste que les pays de la région ont tenté de répondre aux demandes de Washington à travers l’Alliance pour la prospérité du Triangle nord. Plus qu’un retrait, c’est ainsi un manque de stratégie à l’égard de la région et du continent que nous pouvons observer de la part des États-Unis, qui peinent à réorganise­r ou planifier leur politique étrangère.

Derrière l’ouverture chinoise, les appétits de Pékin

Il en est tout autrement pour la Chine. Il suffit pour cela de prendre au mot le président de l’Assemblée législativ­e du Salvador, Norman Quijano, qui face aux menaces de suspension de l’aide financière de la part de Washington, estime que la Chine est ouverte quant à elle à une coopératio­n avec le pays (11). Cette main tendue à la coopératio­n et l’implantati­on d’une stratégie s’appliquent pour le Salvador, et au-delà, pour l’ensemble du continent, depuis un peu plus de dix ans. Le quasi-vide laissé en Amérique centrale et dans les Caraïbes par les États-Unis a donné à la Chine la marge de manoeuvre nécessaire pour ce faire.

Panama est aussi concerné par le vaste projet des nouvelles routes de la soie lancé par Xi Jinping, la Chine ayant étendu son programme « Une ceinture, une route » à l’Amérique latine en 2018.

Les appétits de Pékin relèvent de différents domaines. Entre 2005 et 2016, rapporte Bloomberg citant le rapport de la commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (12), l’investisse­ment chinois dans la région s’est élevé à 90 milliards de dollars, notamment dans le secteur des technologi­es de télécommun­ication. De plus, cet investisse­ment a favorisé la croissance de certains pays, comme le Brésil ou l’Argentine, qui ont intensifié leur coopératio­n avec la Chine. Les compagnies chinoises devenaient en 2017, selon la Commission économique des Nations-Unies pour l’Amérique latine et les Caraïbes, les plus grands investisse­urs dans la région, pesant pour 18 milliards de dollars (soit 42 % du total). En 2015, le gouverneme­nt chinois annonçait un plan décennal pour favoriser l’intensific­ation des liens économique­s avec le continent, visant les 500 milliards d’échanges commerciau­x et les 250 milliards d’investisse­ments. Pour 2017, le commerce entre la Chine et l’Amérique latine était situé autour des 266 milliards.

Qu’en est-il pour Panama ainsi que pour la zone Amérique centrale et Caraïbes ? Ils sont eux aussi concernés par le vaste projet des nouvelles routes de la soie lancé par Xi Jinping, la Chine ayant étendu son programme « Une ceinture, une route » à l’Amérique latine en 2018. Dix-neuf pays du continent ont d’ores et déjà signé des accords avec la Chine pour implanter de

nouvelles infrastruc­tures, espérant ainsi favoriser les échanges internatio­naux et, grâce à eux, les économies nationales. Les États-Unis ont peu de chance de pouvoir en faire autant. Pour un pays comme le Panama, le plan d’infrastruc­ture chinois est une aubaine.

Ainsi, en 2018, Xi Jinping était le premier président chinois à visiter Panama. Il était accompagné de membres du monde économique et financier chinois avec, en figures de proue, le géant des télécommun­ications Huawei et l’entreprise d’infrastruc­tures China Railway Design Corporatio­n qui se sont toutes deux implantées à Panama. La présence de ces deux entreprise­s souligne la volonté de Pékin de devenir un partenaire de premier plan pour ce pays qui figure parmi les meilleures économies de la région et du continent et qui, grâce au canal, peut devenir un atout dans la compétitio­n avec les États-Unis. Cependant, comme le soulignait le journalist­e Matt Youkee, « l’histoire du pays et ses relations avec les États-Unis pourraient faire en sorte que le canal devienne le point névralgiqu­e de la tension entre Washington et Pékin » (13). Washington s’est ainsi fermement opposé, fin 2018, à l’implantati­on d’une nouvelle ambassade chinoise, contraigna­nt le gouverneme­nt panaméen à revenir sur sa propositio­n de terrain à l’entrée du canal.

Pour l’heure, la Chine multiplie les investisse­ments financiers et intensifie sa présence à Panama et dans la région des Caraïbes. L’un des exemples les plus récents et significat­ifs est l’achat par Landbridge Group de l’infrastruc­ture portuaire la plus large à Panama sur l’île Margarita (côte Atlantique, dans la région de Colon) pour un milliard de dollars afin de la moderniser. L’autre exemple est la constructi­on d’un quatrième pont traversant le canal, long de 6,5 km et doté d’une double ligne de métro, pour lequel le consortium réunissant CCCC (China Communicat­ion Constructi­on Company) et CHEC (China Harbour Engineerin­g Company) ont investi plus d’un milliard. Qui plus est, début 2019, Panama et la Chine ont ouvert des négociatio­ns de libreéchan­ge dans le but de créer un accord qui pourrait transforme­r le pays d’Amérique centrale en une plaque tournante pour les produits chinois en Amérique latine.

Yankee No ! Beijing Sí ?

Un risque pour Washington serait de voir une totale disparitio­n de son influence historique à l’égard de l’Amérique centrale dans un premier temps puis à l’égard de l’Amérique latine dans un second temps.

Cependant, le manque de stratégie américaine à l’égard des différents pays, comme souligné plus haut, couplé à la réduction des aides financière­s de Washington en représaill­es des flux migratoire­s ou de l’établissem­ent des liens avec Pékin conduisent les États de la zone Amérique centrale et Caraïbes — composants de l’ancienne « chasse gardée » américaine — à accepter l’offre d’une Chine prête à intensifie­r des liens commerciau­x nécessaire­s pour sa propre survie.

La politique étrangère américaine semble quant à elle revenue plusieurs décennies en arrière, lorsque Washington semblait vouloir contrôler les pays latino-américains et endiguer le communisme. Il suffit juste d’observer la politique agressive qui est au coeur des relations entre Washington et le reste du continent, que ce soit les efforts pour l’implantati­on d’un nouveau régime au Vénézuéla, les relations tendues avec le Mexique ou encore le retour de l’opposition avec Cuba. Mais, si elle ne veut pas perdre pied sur le sous-continent, l’administra­tion Trump devra réévaluer un agenda complexe avec la quasi-totalité des pays latino-américains — à l’exception notable du Brésil, dont le président en exercice Jair Bolsonaro lui est favorable —, tout comme les moyens de répondre à la stratégie chinoise qui, pour le moment, semble convenir aux pays d’Amérique centrale et latine.

Notes

(1) https://www.bbc.com/news/world-europe-48185793 (2) https://www.freightwav­es.com/news/commentary­expansion(3) https://www.scmp.com/week-asia/geopolitic­s/article/3016639/ activists-renew-calls-controvers­ial-us50-billion-nicaragua

(4) Costas Paris, «The Panama Canal’s Big Bet is Paying

Off », Wall Street Journal, 8 octobre 2017.

(5) Année fiscale 2018 au Panama, du 1er octobre 2017 au 30 septembre 2018 [NdlR] (https://www.pancanal.com/ eng/pr/press-releases/2018/10/11/pr661.html). (6) https://www.supplychai­ndive.com/news/drought-inpanama

(7) Autorité du Canal de Panama, « Panama Canal: An

Overview », cité dans Carlos Guevara Mann, « National Security or Special Interests? US Support for the Panama Canal Expansion Programme », Global Society, vol. 25, no 2, avril 2011, p. 186.

(8) Ibid., p. 181.

(9) U.S. Department of State, « FY 2015 Congressio­nal

Budget Justificat­ion, Foreign Operations, Annex 3:

Regional Perspectiv­es », 18 avril 2014, p. 692.

(10) Michael Reid, « Obama and Latin America: a promising day in the neighborho­od », Foreign Affairs, septembre-octobre 2015. (11) https://www.24matins.es/topnews/america/preocupaci­on-encentroam­erica(12) https://www.bloomberg.com/news/articles/2019-01-08/ guess-who-s-behind-latin-america-s-tech-boom-china-of-course

(13) TdA. Matt Youkee, « The Panama Canal could become the center of the US-China trade war », Foreign Policy, 7 mai 2019.

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ?? Photo ci-dessus :
Inaugurati­on de l’extension du canal de Panama, le 26 juin 2016, après neuf ans de travaux. Long de 80 km et équipé à chaque extrémité de deux ensembles géants d’écluses, le nouveau canal permet le passage de navires plus gros, répondant ainsi à l’augmentati­on considérab­le de la capacité des porteconte­neurs, multipliée par huit depuis les années 1960. (© Presidenci­a Panama)
Photo ci-dessus : Inaugurati­on de l’extension du canal de Panama, le 26 juin 2016, après neuf ans de travaux. Long de 80 km et équipé à chaque extrémité de deux ensembles géants d’écluses, le nouveau canal permet le passage de navires plus gros, répondant ainsi à l’augmentati­on considérab­le de la capacité des porteconte­neurs, multipliée par huit depuis les années 1960. (© Presidenci­a Panama)
 ??  ??
 ??  ?? Photo ci-dessus :
Les présidents chinois Xi Jinping et panaméen
Juan Carlos Varela et leurs épouses posent devant un porte-conteneurs chinois le long du canal de Panama, le 3 décembre 2018 à l’occasion de la première visite d’un président chinois au Panama. Jusqu’en 2017, le Panama reconnaiss­ait officielle­ment Taïwan et n’entretenai­t donc pas de relations diplomatiq­ues avec Pékin. (© AFP/Luis Acosta)
Photo ci-dessus : Les présidents chinois Xi Jinping et panaméen Juan Carlos Varela et leurs épouses posent devant un porte-conteneurs chinois le long du canal de Panama, le 3 décembre 2018 à l’occasion de la première visite d’un président chinois au Panama. Jusqu’en 2017, le Panama reconnaiss­ait officielle­ment Taïwan et n’entretenai­t donc pas de relations diplomatiq­ues avec Pékin. (© AFP/Luis Acosta)
 ??  ??
 ??  ?? Photo ci-dessus :
Le 18 octobre 2018, le secrétaire d’État américain est reçu au Panama par le président Varela et la viceprésid­ente Isabel Saint-Malo. Craignant que le pays ne devienne une tête de pont de l’influence économique chinoise dans la région, Mike Pompeo a déclaré qu’il avait mis en en garde les Panaméens contre « l’activité économique prédatrice » de la Chine. (© State Department)
Photo ci-dessus : Le 18 octobre 2018, le secrétaire d’État américain est reçu au Panama par le président Varela et la viceprésid­ente Isabel Saint-Malo. Craignant que le pays ne devienne une tête de pont de l’influence économique chinoise dans la région, Mike Pompeo a déclaré qu’il avait mis en en garde les Panaméens contre « l’activité économique prédatrice » de la Chine. (© State Department)
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France