– PORTFOLIO La route de la soie numérique tend sa Toile au Maghreb
L’Afrique du Nord, dont tous les pays ont souscrit à la Belt and Road Initiative (BRI) chinoise, doit accueillir d’importants projets d’infrastructures, mais aussi des projets liés aux nouvelles technologies, dans le cadre de la route de la soie numérique (en anglais Digital Silk Road ou DSR) — un aspect souvent sous-estimé de la BRI qui créera, à terme, une vaste architecture réseau transnationale sino-centrée. Conformément aux objectifs fixés par le livre blanc chinois de 2015 et aux annonces du président Xi Jinping en mai 2017, il s’agit ainsi, pour Pékin, de fournir aux pays participant à la BRI une infrastructure informatique avancée : réseaux haut débit, centres de commerce électronique et villes intelligentes, grâce à l’implication des géants technologiques chinois, notamment Huawei et ZTE.
Tin Hinane El Kadi, experte de la Chatham House, explique, dans son article « The Promise and Peril of the Digital Silk
Road », comment ces derniers sont par exemple devenus des acteurs clés du secteur numérique en Afrique du Nord : Huawei a ouvert son premier centre de cloud computing (utilisation de serveurs informatiques distants pour stocker des données ou les exploiter via un réseau, généralement internet) en Égypte et a signé un contrat pour la construction d’un centre de données pour l’agence des douanes algérienne. Tanger Tech, la ville intelligente marocaine, devrait accueillir 200 entreprises chinoises, dont beaucoup du secteur de la high-tech. En Tunisie, les firmes technologiques chinoises prennent une part active à la mise en oeuvre de la stratégie nationale « Tunisie numérique 2020 ». Les perspectives de développement offertes semblent tout à fait stimulantes, et encore bien plus si elles s’accompagnent de transferts de technologies et de créations d’emplois à destination des nationaux. Cependant, Mme El Kadi craint, avec d’autres observateurs, que ces architectures numériques chinoises ne soient utilisées à des fins de surveillance accrue des populations dans certains pays. Alors que le Maroc et, surtout, l’Égypte, ont déjà adopté des lois très restrictives en matière de cybersécurité, visiblement inspirées des lois chinoises, la vigilance est de mise.