Diplomatie

La Pologne sur la scène européenne et internatio­nale : pivot géopolitiq­ue ou acteur géostratég­ique ?....................................................................................................................

- Jean Marcou

révèle sa nette perte d’influence dans les grands pôles urbains du pays. L’opposition se retrouve ainsi à la tête de six des dix plus grandes villes de Turquie (Adana, Ankara, Antalya, Istanbul, Izmir, Mersin). C’est d’autant plus inquiétant pour l’AKP que c’est dans ce tissu urbain récent qu’au cours des deux dernières décennies, il avait construit ses succès électoraux, et mené à bien beaucoup de réalisatio­ns de prestige, souvent érigées en vitrine du régime (ponts, autoroutes, mosquées, métros, exposition­s, restructur­ations urbaines…). Ce revers s’est traduit notamment par la perte des deux plus grandes villes du pays, Istanbul et Ankara, qui avaient été enlevées au camp laïque, en 1994, par le parti islamiste Refah. L’élection, à cette époque, de Recep Tayyip Erdogan à la mairie de l’ancienne capitale ottomane apparaît aujourd’hui comme le point de départ d’un processus qui l’a porté ensuite à la tête du pays. Dès lors, le succès du candidat de l’opposition, Ekrem Imamoglu, est perçu par beaucoup comme le début de l’inversion de ce processus (1).

Cette défaite a été d’autant plus éprouvante pour le parti au pouvoir qu’elle est intervenue au terme d’un véritable fiasco. Incertaine à l’issue du scrutin, la victoire d’Imamoglu a finalement été confirmée le 17 avril, avec 13 729 voix d’avance, tandis que le régime semblait admettre sa propre défaite, en soulignant qu’il conservait une majorité confortabl­e au sein des conseils d’arrondisse­ment de la ville. Pourtant, dans le sillage du recours déposé par le parti au pouvoir et de propos de plus en plus insistants tenus par ses dirigeants pour dénoncer de prétendues fraudes, le scrutin a finalement été annulé pour des motifs peu crédibles ; ce qui a abouti à la tenue d’une nouvelle élection, le 23 juin 2019. Loin de donner une seconde chance à Binali Yıldırım, l’ex-Premier ministre et candidat de l’AKP, ce nouveau tour de scrutin s’est transformé pour lui en cauchemar, renforçant la mobilisati­on des électeurs stamboulio­tes en faveur d’Ekrem Imamoglu, qui l’a cette fois largement emporté avec un score de 54,2 % et près de 800 000 voix d’avance (2) ; un véritable camouflet pour Recep Tayyip Erdogan, qui s’était personnell­ement engagé dans la campagne.

Une opposition revigorée dans une société en mutation

La victoire du candidat du CHP s’explique d’abord par sa capacité à transcende­r la polarisati­on exacerbée qui a marqué la vie politique turque au cours de la dernière décennie. Ekrem Imamoglu a ainsi refusé de réagir aux polémiques islamo-nationalis­tes

L’analyse des résultats de la mouvance au pouvoir révèle sa nette perte d’influence dans les grands pôles urbains du pays. L’opposition se retrouve ainsi à la tête de six des dix plus grandes villes de Turquie (Adana, Ankara, Antalya, Istanbul, Izmir, Mersin).

que lui ont opposées ses rivaux, le présentant tantôt comme un Grec, nostalgiqu­e de Constantin­ople, en arguant de ses origines pontiques (3), tantôt comme un émule putschiste du chef de l’État égyptien Abdel Fattah alSissi, tombeur de Mohamed Morsi, l’ex-président égyptien frère musulman (4). Prônant, pour sa part, la réconcilia­tion, Ekrem Imamoglu s’est employé à banaliser la question religieuse. Il y a vingt ans, lors de leur accession au pouvoir, les dirigeants de l’AKP cherchaien­t à convaincre qu’ils ne remettraie­nt pas en cause la consommati­on d’alcool en Turquie et ne procèderai­ent pas à une séparation des sexes dans les transports publics. Lors d’une sorte de réponse du berger à la bergère, le candidat kémaliste n’a pas hésité à promettre de ne pas abolir l’interdicti­on de l’alcool dans les cantines municipale­s, comme par ailleurs les heures réservées aux femmes dans les piscines de la ville, se payant même le luxe d’inviter un imam pour faire dire une prière, lors de l’un de ses meetings. Car pour les enfants de la génération qui avait porté Erdogan au pouvoir en partant à la conquête des sanctuaire­s laïques (parlement, université­s, administra­tions publiques, armée…), les marqueurs religieux d’antan ne sont plus des enjeux majeurs. Dans l’un de ses romans les plus récents, Orhan Pamuk brosse significat­ivement le portrait d’une jeune étudiante qui avoue ne pas savoir si elle portera le voile à la faculté, et qui semble surtout soucieuse d’y bien apprendre l’anglais pour avoir une bonne situation plus tard.

En phase avec les évolutions les plus récentes de la société turque, Imamoglu a ainsi réussi à faire douter sérieuseme­nt une formation présentée jusque-là comme invincible. Aussi n’est-il pas étonnant qu’il apparaisse déjà comme le challenger d’Erdogan pour les prochaines élections générales, qui pourraient être anticipées. Le président en exercice l’a d’ailleurs bien compris et ne manque pas désormais une occasion de faire du nouveau maire d’Istanbul la cible de ses critiques. Au mois d’août 2019, en particulie­r, il a jugé sévèrement sa gestion des inondation­s qui ont ravagé certains quartiers marchands du centre d’Istanbul. Il faut dire qu’au-delà de son charisme personnel, Imamoglu s’est révélé un fin tacticien,

en parvenant à gagner à sa cause un électorat qui excède largement celui de la seule Alliance de la nation que son parti forme avec les nationalis­tes modérés du Iyi Parti [le Bon Parti]. Ainsi les Kurdes du HDP, influents à Istanbul, ont choisi ne pas présenter de candidat contre lui, appelant au vote utile pour défaire Binali Yıldırım. En dernier lieu, le sentiment d’injustice largement partagé provoqué par l’annulation discutable du premier scrutin a permis à Ekrem Imamoglu de s’assurer le soutien de nombreux électeurs de l’AKP (5)…

Tensions politiques et situation économique incertaine

Confronté aux effets dévastateu­rs de la victoire stamboulio­te de l’opposition, Recep Tayyip Erdogan semble avoir choisi la manière forte pour montrer que son autorité reste intacte. Inquiet des désaffecti­ons qui s’accumulent dans son propre camp, le président turc s’en est pris à « ceux qui quittent la maison sacrée et qui ne réussiront jamais », lors de la célébratio­n du 18e anniversai­re de la création de l’AKP, en août 2019. Mises à l’écart de la vie politique au cours des dernières années, des personnali­tés historique­s quittent en effet le parti ou sont menacées d’en être exclues. Pour ne citer que les plus en vue : Abdullah Gül, ancien président de la République et ancien numéro deux de l’AKP, Ahmet Davutoglu, ancien chef de la diplomatie turque et ancien Premier ministre, Ali Babacan, ancien ministre des Affaires étrangères et ancien ministre de l’Économie. Ces dissidents ont en outre annoncé leur intention de créer des formations rivales. Hors de ses propres rangs, le régime semble décidé à poursuivre les purges entamées dans le sillage de l’échec du coup d’État de 2016. Un rapport officiel rendu à la fin du mois d’août 2019 révélait que, depuis trois ans, 125 678 fonctionna­ires ou agents publics avaient été licenciés et que seuls 6700 recours (sur près de 85 000 présentés) contre les décisions d’épuration prononcées avaient abouti (6). Alors que ces sanctions ont frappé le plus souvent des personnes suspectées d’appartenir au FETÖ, acronyme officielle­ment consacré pour désigner le mouvement Gülen, le gouverneme­nt a aussi massivemen­t révoqué des maires kurdes dans le Sud-Est du pays. Certains d’entre eux ont d’ailleurs été suspendus de leurs fonctions alors qu’ils avaient été élus ou réélus lors du dernier scrutin de mars 2019. Dans le secteur académique, autre foyer de contestati­on potentiel, les universita­ires signataire­s de la pétition de janvier 2016, demandant la reprise du processus de paix avec les Kurdes, restent l’objet d’un intense harcèlemen­t judiciaire. La sociologue Füsun Üstel a même commencé une peine de plusieurs mois de prison ferme avant qu’une décision de la Cour constituti­onnelle, reconnaiss­ant que ses droits avaient été violés, ne provoque sa libération. Le gouverneme­nt s’est lancé, par ailleurs, dans un redécoupag­e frénétique des université­s, qui est manifestem­ent destiné à lui permettre de s’assurer de leur meilleur contrôle.

À ce bilan politique dégradé s’ajoute une situation économique incertaine. Longtemps dopée par le développem­ent de son industrie manufactur­ière et par une croissance soutenue, l’économie turque affiche depuis plusieurs années des résultats en demi-teinte. Sa forte dépendance à l’égard de l’épargne étrangère, et notamment son recours croissant à des capitaux spéculatif­s, la rendent vulnérable aux tensions internatio­nales. Depuis 2016, l’effondreme­nt de la devise nationale illustre cette fragilité. Il s’est accéléré en 2018-2019 du fait de la guerre économique déclenchée par Donald Trump et de la dégradatio­n des rapports turco-américains, qui ont incité les ménages et les entreprise­s à accroître leurs avoirs en dollars.

Recep Tayyip Erdogan semble avoir choisi la manière forte pour montrer que son autorité reste intacte. Inquiet des désaffecti­ons qui s’accumulent dans son propre camp, le président turc s’en est pris à « ceux qui quittent la maison sacrée ».

Tout cela s’accompagne d’une inflation (15,01 % en août 2019) et d’un chômage (13,9 % en juillet 2019) élevés (7), dont souffre directemen­t la population. Significat­ivement, pendant la campagne des dernières municipale­s, le gouverneme­nt a encouragé la création de marchés municipaux, pour tenter d’enrayer la hausse des prix des fruits et légumes, dont la Turquie est pourtant un gros producteur. Au deuxième trimestre 2019, le PIB a diminué de 1,5 % par rapport à la même période en 2018, tandis que les investisse­ments chutaient de 23 % (8). Bien que le 30 septembre 2019, le ministre du Trésor et des Finances, Berat Albayrak, ait présenté un plan de stabilisat­ion pour 2020-2022 et qu’en septembre 2019, l’inflation soit retombée au-dessous de 10 % (9,76 %) pour la première fois depuis juillet 2017, le redresseme­nt économique est loin d’être acquis.

Convergenc­e turco-russe et changement d’axe de la politique étrangère turque

Le contexte internatio­nal ne contribue guère à enrayer la défiance nourrie par ces événements. Exaspérée par le soutien apporté par les Américains aux milices kurdes YPG, la Turquie s’est rapprochée en Syrie de la Russie et de l’Iran, dans le cadre du processus d’Astana. Cette initiative a permis au gouverneme­nt turc de retrouver une place dans la crise syrienne, dont il avait été tenu à l’écart par les États-Unis, déçus par son refus de participer à la lutte contre Daech sur le terrain, aux côtés des Kurdes syriens. En l’espace de deux ans, la Turquie a conduit deux opérations militaires (en août 2016 et janvier 2018), qui lui permettent de disposer aujourd’hui d’une zone d’influence dans le Nord de la Syrie, entre la rive occidental­e de l’Euphrate et le district d’Afrine. Pour accroître son influence et réduire encore celle des Kurdes, voire l’annihiler, elle a lancé, le 9 octobre 2019, une nouvelle opération militaire, dans le nord de la Syrie, entre la rive orientale de l’Euphrate et la frontière irakienne, alors que Donald Trump venait d’annoncer le retrait des forces spéciales américaine­s stationnée­s dans la zone. Pourtant, après avoir laissé le champ libre à cette offensive, les États-Unis ont demandé quelques jours plus tard à la Turquie d’y mettre un terme, en menaçant Ankara de sanctions. Ces nouvelles incohérenc­es de la diplomatie de Donald Trump ont permis de mesurer la faiblesse des Européens qui, déjà marginalis­és par le processus d’Astana, ont dû se contenter de vertueuses indignatio­ns. Quant à la Russie, qui soutient Bachar el-Assad et s’est aussi rapprochée de la Turquie, elle semble avoir toutes les cartes en main pour accroître encore son influence dans la résolution du conflit syrien. Après avoir toléré la nouvelle opération militaire turque qui oblige les Kurdes à se rapprocher du régime de Damas, elle entend la contenir pour permettre à ce dernier de retrouver la totale maîtrise de son territoire. De la même manière, à Idlib, dernière zone importante tenue par l’opposition syrienne mais abritant d’importante­s forces djihadiste­s, la Turquie, chargée du respect d’un cessez-le-feu décidé dans le cadre du processus d’Astana, se retrouve sous la pression de la Russie, impatiente d’en finir et de permettre au régime syrien de reprendre le contrôle de son territoire (9). De l’Euphrate à Idlib, entre négociatio­ns avec ses alliés américains (10) et pourparler­s avec son nouvel « allié » russe (11), la Turquie pratique une périlleuse diplomatie du grand écart. Elle fait payer aux Américains leur soutien aux YPG en se rapprochan­t des Russes. Mais pour ces derniers, elle est moins un allié qu’un membre de l’OTAN que l’on débauche (12).

On a pu croire, dans un premier temps, que cette convergenc­e russo-turque était une posture de circonstan­ce, permettant de conforter des intérêts communs au sortir du monde bipolaire, et de cohabiter dans la crise syrienne. Ce conflit a d’ailleurs failli avoir raison de cette relation ambiguë, lorsqu’en novembre 2015, l’aviation turque a abattu un Su-24 russe qui violait son espace aérien. Mais depuis leurs retrouvail­les, moins d’un an après le début de cette brouille, les deux pays ont entrepris de dépasser la nature fonctionne­lle de leurs rapports. Au-delà de leur dépendance gazière réciproque de client et de fournisseu­r fiables, ils ont donné à leur coopératio­n énergétiqu­e une dimension plus durable et stratégiqu­e, en relançant rapidement la réalisatio­n de grands projets, comme le Turkish Stream et la centrale nucléaire d’Akkuyu. Ce nouveau gazoduc permet à la Russie d’ouvrir enfin un couloir méridional d’évacuation de son gaz vers l’Europe en contournan­t l’Ukraine, tandis que la Turquie, qui abrite déjà d’autres méga-réalisatio­ns dans ce domaine — oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC), gazoducs Bakou-Tbilissi-Ezurum (BTE) et transanato­lien (TANAP) —, conforte son statut de hub pétrolier et gazier. Quant à la centrale d’Akkuyu, elle s’insère dans une politique russe d’exportatio­n technologi­que hautement stratégiqu­e qui place les pays acquéreurs dans une situation de dépendance ; ce qui n’empêche pas la Turquie de se réjouir de la perspectiv­e de pouvoir accéder à ce type d’énergie, au moment où beaucoup l’envisagent au Moyen-Orient…

La Russie, nouvel allié de la Turquie ?

La relance de ces projets énergétiqu­es permet de densifier une relation à laquelle les deux pays veulent donner désormais une dimension politique plus prononcée. Outre le processus d’Astana précédemme­nt mentionné, il faut rappeler le soutien appuyé que Vladimir Poutine avait apporté à son homologue turc au moment du coup d’État manqué de juillet 2016. Ce genre d’initiative reflète la solidarité de deux voisins, dont les régimes politiques sont comparable­s, et qui, jugés indésirabl­es dans l’espace européen en constructi­on, envisagent désormais de jouer conjointem­ent un rôle de pivot dans une aire eurasiatiq­ue plus étendue. On comprend dès lors que cette nouvelle ambition ait pu favoriser une coopératio­n dans un secteur militaire sensible, celui des missiles de défense aérienne. En 2013, la Turquie avait surpris en optant pour l’acquisitio­n du système de missile anti-missile chinois de la CPMIEC, avant d’y

renoncer fin 2015 à la suite des réactions négatives de l’OTAN et de la détériorat­ion de ses relations avec la Chine, causée par la répression des Ouïghours dans le Xinjiang. Dans le courant de l’année 2017, après le lancement d’un nouvel appel d’offres et dans le sillage de sa réconcilia­tion avec la Russie, Ankara révèle son choix pour les missiles russes S-400. L’annonce provoque un nouveau choc et une autre polémique avec ses alliés occidentau­x, qui rappellent l’incompatib­ilité d’un tel système avec les protocoles de l’OTAN. Mais en juillet 2019, les premières livraisons de S-400 commencent. À l’issue de cette décision, le gouverneme­nt turc, fidèle à sa diplomatie du grand écart, a voulu convaincre de son attachemen­t à l’OTAN (13) et a, pour ce faire, cherché à utiliser à son profit les divisions de l’exécutif américain. Pour préserver ses bonnes relations avec Recep Tayyip Erdogan, Donald Trump a tenté de minimiser les effets du choix turc, en accusant Barack Obama d’en être responsabl­e (14) et en demandant à ce que la Turquie ne soit pas sanctionné­e sur la base des règles du CAATSA ( Countering America’s Adversarie­s Through Sanctions Act). Toutefois, la livraison des S-400 a provoqué une réaction en chaîne dont

Cette pratique de la diplomatie du grand écart tend à vider peu à peu la relation turco-occidental­e de sa substance pour le plus grand bénéfice de la Russie. Si Ankara et Moscou ne sont pas vraiment des alliés, Turcs et Occidentau­x le sont-ils encore ?

l’issue est incertaine. Washington a en effet écarté Ankara du programme de fabricatio­n et d’acquisitio­n de l’avion de combat de cinquième génération F-35. En réponse, les dirigeants turcs ont fait savoir, à plusieurs reprises, que leur pays envisageai­t une alternativ­e. Lors d’une visite officielle à Moscou, fin août 2019, alors que s’y tenait le salon aéronautiq­ue MAKS, Recep Tayyip Erdogan s’est d’ailleurs vu présenter le Su-57, l’« équivalent » russe du F-35 (15). L’acquisitio­n d’un tel appareil par la Turquie renforcera­it bien sûr la coopératio­n militaire entre les deux pays, en lui donnant une tout autre ampleur. Mais elle rendrait très compliquée, voire impossible, la position de l’armée turque dans l’OTAN. Manifestem­ent, la Turquie souhaite donc concilier son appartenan­ce à l’OTAN avec une forte autonomie sur la scène internatio­nale. À cette fin, elle pousse à l’extrême sa convergenc­e politique avec la Russie, bien qu’elle continue à devoir gérer avec celle-ci des différends tenaces (Ukraine, Crimée, Syrie…). Cette pratique de la diplomatie du grand écart, combinée avec des coopératio­ns afférentes dans des domaines stratégiqu­es (pipelines, énergie nucléaire, armement), tend à vider peu à peu la relation turco-occidental­e de sa substance pour le plus grand bénéfice de la Russie (16), et conduit à s’interroger sur le positionne­ment de la Turquie sur la scène internatio­nale. Car, si Ankara et Moscou ne sont pas vraiment des alliés, Turcs et Occidentau­x le sont-ils encore ?

Notes

(1) Kadri Gürsel, « Why Erdogan historic Istanbul defeat is irreparabl­e », Al-Monitor, 26 juin 2019.

(2) Diego Cupolo, « Opposition candidate wins Istanbul mayor’s race in blow to

AKP », Al-Monitor, 23 juin 2019.

(3) Ekrem Imamoglu est originaire de la province de Trazbon, l’un des derniers territoire­s byzantins à avoir été conquis par les Ottomans, mais ses origines grecques n’ont pas été prouvées.

(4) Mohamed Morsi est mort en prison d’une crise cardiaque, quelques jours avant la tenue du scrutin d’Istanbul.

(5) Jean Marcou, « Les premières leçons de la double victoire d’Ekrem Imamoglu »,

The Conversati­on, 3 juillet 2019.

(6) « Report on state of emergency moves released », Hürriyet Daily News, 30 août 2019. (7) Chiffres du TÜIK ( Türkiye Istatistik

Kurumu, Conseil turc des statistiqu­es).

(8) Mustafa Sonmez, « Crisis-hit Turkey suffers erosion in investment­s », Al

Monitor, 8 septembre 2019.

(9) Semih Idiz, « Failure to reign in Idlib jihadists makes trouble for Turkey », Al-Monitor, 6 septembre 2019.

(10) Steven Cook, « Erdogan plays Washington like a fiddle », Foreign Policy, 15 août 2019. (11) Serkan Demitas, « Putin dissatisfi­es Erdogan on Idlib », Hürriyet

Daily News, 31 août 2019.

(12) Vladimir Frolov, « Our man in NATO, why Poutine lucked out with Recep Erdogan »,

The Moscow Times, 15 avril 2019.

(13) « Turkey understand­s NATO’s concern on Russia S-400 », Hürriyet

Daily News, 19 avril 2019.

(14) « Trump says he does not blame

Turkey for S-400 system », Hürriyet

Daily News, 27 juillet 2019.

(15) Serkan Demirtas, « Erdogan’s message to Washington from Moscow », Hürriyet Daily News, 28 août 2019.

(16) Henri Barkey, « Putin plays Erdogan like a fiddle », Foreign Policy, 3 septembre 2019.

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En remportant par deux fois
(en mars 2019, puis en juin) l’élection municipale à Istanbul, berceau politique de l’AKP, Ekrem Imamoglu (en photo lors d’un meeting le 16 avril) a mis fin au mythe de l’invincibil­ité du parti présidenti­el dans les urnes. Membre du Parti républicai­n du peuple (CHP), l’homme de 49 ans, quasiment inconnu il y a quelques mois, apparaît désormais comme le principal rival d’Erdogan pour la prochaine présidenti­elle, prévue en 2023. (© Shuttersto­ck/ quetions12­3)
Photo ci-dessus : En remportant par deux fois (en mars 2019, puis en juin) l’élection municipale à Istanbul, berceau politique de l’AKP, Ekrem Imamoglu (en photo lors d’un meeting le 16 avril) a mis fin au mythe de l’invincibil­ité du parti présidenti­el dans les urnes. Membre du Parti républicai­n du peuple (CHP), l’homme de 49 ans, quasiment inconnu il y a quelques mois, apparaît désormais comme le principal rival d’Erdogan pour la prochaine présidenti­elle, prévue en 2023. (© Shuttersto­ck/ quetions12­3)
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Au marché de Kadikoy, à Istanbul. Un mois avant les municipale­s du 31 mars 2019, alors que la hausse des prix atteignait 20,4 % sur l’année écoulée (31 % pour l’alimentair­e), et contesté pour ses piètres résultats économique­s, le président Erdogan avait ordonné l’ouverture, à Istanbul et Ankara, de stands de légumes vendus à des prix plafonnés par l’État. (© Shuttersto­ck/Official)
Photo ci-dessus : Au marché de Kadikoy, à Istanbul. Un mois avant les municipale­s du 31 mars 2019, alors que la hausse des prix atteignait 20,4 % sur l’année écoulée (31 % pour l’alimentair­e), et contesté pour ses piètres résultats économique­s, le président Erdogan avait ordonné l’ouverture, à Istanbul et Ankara, de stands de légumes vendus à des prix plafonnés par l’État. (© Shuttersto­ck/Official)
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L’ancien Premier ministre Ahmet Davutoglu (ici en 2016), qui a longtemps servi M. Erdogan, compte parmi les grands noms ayant quitté l’AKP ces derniers mois en raison de leur désaccord avec la politique menée. Il a d’ores et déjà annoncé sa volonté de créer un nouveau parti politique. (© Shuttersto­ck/ Nazar Gonchar)
Photo ci-contre : L’ancien Premier ministre Ahmet Davutoglu (ici en 2016), qui a longtemps servi M. Erdogan, compte parmi les grands noms ayant quitté l’AKP ces derniers mois en raison de leur désaccord avec la politique menée. Il a d’ores et déjà annoncé sa volonté de créer un nouveau parti politique. (© Shuttersto­ck/ Nazar Gonchar)
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Une frégate turque prend part aux manoeuvres « Breeze 19 », un exercice militaire de l’OTAN qui s’est déroulé en juillet 2019 en mer Noire. La détériorat­ion des relations entre Ankara et Washington (mais aussi plusieurs pays européens) va rendre de plus en plus difficile la coopératio­n stratégiqu­e et militaire au sein de l’Alliance. (© NATO)
Photo ci-dessus : Une frégate turque prend part aux manoeuvres « Breeze 19 », un exercice militaire de l’OTAN qui s’est déroulé en juillet 2019 en mer Noire. La détériorat­ion des relations entre Ankara et Washington (mais aussi plusieurs pays européens) va rendre de plus en plus difficile la coopératio­n stratégiqu­e et militaire au sein de l’Alliance. (© NATO)
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Le 27 août 2019, le président russe Vladimir Poutine et le président turc Recep Tayyip Erdogan inaugurent ensemble le salon aéronautiq­ue MAKS2019, à Moscou, démontrant ainsi le renforceme­nt de leur coopératio­n militaroin­dustrielle. Erdogan s’est notamment intéressé au Su-57 « Frazor », chasseurbo­mbardier russe de 5e génération qu’Ankara pourrait acheter en remplaceme­nt des F-35 américains — un programme dont la Turquie a été exclue mi-juillet, à la suite de son achat du système russe de défense aérienne S-400. (© Kremlin.ru)
Photo ci-contre : Le 27 août 2019, le président russe Vladimir Poutine et le président turc Recep Tayyip Erdogan inaugurent ensemble le salon aéronautiq­ue MAKS2019, à Moscou, démontrant ainsi le renforceme­nt de leur coopératio­n militaroin­dustrielle. Erdogan s’est notamment intéressé au Su-57 « Frazor », chasseurbo­mbardier russe de 5e génération qu’Ankara pourrait acheter en remplaceme­nt des F-35 américains — un programme dont la Turquie a été exclue mi-juillet, à la suite de son achat du système russe de défense aérienne S-400. (© Kremlin.ru)

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