Géopolitique des données numériques. Pouvoir et conflits à l’heure du Big Data
Amaël Cattaruzza, Paris, Le Cavalier Bleu, mars 2019, 176 p.
Du temps des exaoctets (1018 octets) à celui des zettaoctets (1021 octets), voire à celui des yottaoctets (1024 octets), la production des données numériques a connu une croissance sans précédent au cours de la dernière décennie, transformant les relations entre États, mais aussi entreprises privées (GAFAM) et autres acteurs (hackers, cybercriminels, etc.). Ces dynamiques conduisent à s’interroger sur les nouvelles formes de rivalités territoriales dans ce contexte ouvert et réticulaire où la localisation physique des données peut ne pas correspondre à leur localisation logique ou juridique. Or le traitement de ces masses de données disparates nécessite aujourd’hui l’utilisation de nouveaux outils (Big Data, intelligence artificielle) qui sont devenus des instruments de pouvoir sur la scène internationale et dont l’usage influe plus généralement sur les modes de gouvernement politique de nos sociétés. Dans cet ouvrage dense et très complet, Amaël Cattaruzza montre comment les données numériques ont doublement modifié la géopolitique. D’une part, en redéfinissant les notions de frontière et de puissance entre États et acteurs non étatiques et, de l’autre, en refaçonnant son propre champ d’études. Docteur en géographie, maître de conférences à l’ESM Saint-Cyr et au Centre de recherche des écoles de SaintCyr Coëtquidan (CREC), et membre du centre de recherche et de formation « Géopolitique de la datasphère » (GEODE), l’auteur a reçu plusieurs prix pour ce travail, notamment celui de la Société de géographie en 2019.