Djibouti : la diplomatie de géant d’un petit État
Sonia Le Gouriellec, Villeneuve d’Ascq,
Presses Universitaires du Septentrion, février 2020, 224 p.
La notoriété internationale du hub stratégique qu’est Djibouti va grandissant, à la faveur des bases militaires étrangères qui s’y multiplient et de l’intérêt de la Chine pour ce port idéalement placé sur ses nouvelles routes de la soie. Connaît-on mieux, pour autant, ce petit État de la Corne de l’Afrique ? Rien n’est moins sûr. Aussi Sonia Le Gouriellec, maîtresse de conférences en sciences politiques à l’Université catholique de Lille, se propose-t-elle de nous faire découvrir ce pays de 23 200 km2 et moins d’un million d’habitants qui, avec peu d’expérience diplomatique, est parvenu en quelques années à négocier avec les plus grands. Après avoir montré, dans les deux premiers chapitres, comment l’État djiboutien a survécu, à la fois grâce et à cause de son environnement régional particulièrement conflictuel et menaçant, en rappelant les débats qui ont précédé son indépendance (en 1977), elle décrit, dans un troisième chapitre, la politique étrangère qu’il a développée, avant d’aborder dans un quatrième chapitre ses relations avec la Chine — le tout dans un style très didactique qui n’enlève rien à la rigueur de l’étude. Résultat d’une enquête de terrain invitant à délaisser une vision trop « occidentalo-centrée » (un travail dont la chercheuse fait aussi partager les modalités et les difficultés), cet ouvrage met en exergue les leviers spécifiques de la diplomatie asymétrique forgée et mise en oeuvre par Djibouti, tout en replaçant celle-ci dans le cadre plus large de la politique étrangère des petits États.