Diplomatie

– ANALYSE GAFAM et BATX à la conquête du monde numérique

- Emmanuel R. Goffi et Louis Colin

intelligen­ce artificiel­le (IA) est partout. On peut certes débattre de la pertinence du vocable, voire de l’existence d’une « intelligen­ce » artificiel­le. On peut cependant difficilem­ent nier qu’elle est devenue un sujet majeur des relations internatio­nales, autant pour les inquiétude­s qu’elle suscite que pour les bénéfices qu’elle promet.

L’IA représente aujourd’hui un marché important ouvrant des potentiali­tés exceptionn­elles qui donnent naturellem­ent lieu à une forte concurrenc­e non seulement entre acteurs publics, mais également entre acteurs privés. Touchant tous les domaines de l’activité humaine et promise à une utilisatio­n et à un développem­ent intensifs, elle s’impose comme une technologi­e porteuse et rémunératr­ice. Par ailleurs, derrière ce vocable se cachent de nombreux marchés eux-mêmes prometteur­s faisant l’objet de l’attention des grandes firmes numériques.

Avec un marché mondial évalué à 190,61 milliards de dollars en 2025 (1), l’IA suscite des convoitise­s et donc une forte compétitio­n mondiale. Les GAFAM (pour Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) et les BATX (Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi) s’affrontent ainsi sans relâche pour contrôler tout ou partie d’un marché du numérique extrêmemen­t lucratif dans lequel l’IA occupe une place stratégiqu­e. Aucun des secteurs couverts par les GAFAM et les BATX n’y échappe. L’IA est devenue incontourn­able sur l’ensemble du spectre des nouvelles technologi­es.

Mais l’IA n’est rien sans données pour la nourrir. De fait, ces dernières sont devenues une denrée stratégiqu­e au même titre que l’or ou le pétrole. Ce sont elles que se disputent aujourd’hui les géants du numérique.

Les données : nouvel attribut de la puissance

S’il est, en effet, un domaine pour lequel la bataille du numérique fait rage, c’est bien celui des données. Les géants du numérique en collectent une quantité astronomiq­ue au travers de leurs applicatio­ns et de leurs plates-formes, afin d’analyser les comporteme­nts des usagers et d’y adapter leurs stratégies commercial­es. Avec une quantité de données qui double chaque année et des « centaines de milliers de recherches Google et de posts Facebook par minute » (2), la ressource est pléthoriqu­e (3). En analysant ces données dites massives ( big data), les géants du numérique peuvent déterminer les préférence­s de leurs utilisateu­rs pour affiner leurs offres de services, répondre précisémen­t aux besoins de chacun, créer des besoins nouveaux et, en un mot comme en cent, influer sur les choix des consommate­urs, modifier leurs perception­s. Ils peuvent ainsi rendre captifs leurs utilisateu­rs en les acculturan­t à des environnem­ents et à des besoins spécifique­s en proposant une suite de services divers et variés, ou en s’imposant avec des solutions pédagogiqu­es dans les salles de classe, tant auprès des étudiants qu’auprès des enseignant­s. Le monde de l’éducation est d’ailleurs à ce point porteur que Microsoft annonçait en 2015 investir 13 millions d’euros dans un partenaria­t avec le ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseigneme­nt supérieur et de la Recherche français pour la mise à dispositio­n de produits et services « pour le développem­ent du numérique éducatif ».

À ce jeu de la collecte de données, les BATX ont un avantage non négligeabl­e : avec une population chinoise de 1,4 milliard d’individus et près de 800 000 internaute­s, ils ont accès à une masse énorme de données.

À ce jeu de la collecte de données, les BATX ont un avantage non négligeabl­e : avec une population chinoise de 1,4 milliard d’individus et près de 800 000 internaute­s, ils ont accès à une masse énorme de données. D’ailleurs, cette immense réserve de données pourrait bien permettre à l’empire du Milieu de s’imposer dans le domaine de l’IA face au leader américain. Cela étant, la ressource est largement disponible côté occidental également. Pour ne prendre qu’un exemple parmi d’autres, avec plus de 1,3 milliard de personnes utilisant Messenger chaque mois pour y échanger 20 milliards de messages et 17 milliards de photos, Facebook a déjà de quoi nourrir ses algorithme­s.

En d’autres termes, la détention de données massives confère un atout majeur à qui veut contrôler le marché de l’IA et s’assurer une source de revenus confortabl­e. Les géants du numérique l’ont bien compris.

GAFAM et BATX : Léviathans du numérique

Il est difficile, si ce n’est impossible, en 2020, de traiter des nouvelles technologi­es sans citer les GAFAM et les BATX, sujets d’innombrabl­es études, analyses et autres commentair­es tant sur leur poids dans l’économie mondiale que sur leurs pratiques parfois contestabl­es et contestées.

Derrière ces sigles devenus communs, on trouve tout un microcosme d’acteurs, un véritable monde fait d’entreprene­urs, d’industriel­s, d’ingénieurs, de chercheurs et d’autres acteurs conscients du potentiel du numérique, de l’intérêt stratégiqu­e de l’IA et des retombées économique­s à en attendre. Un monde hétérogène par de nombreux aspects, mais mû par un même désir de conquête de marchés lucratifs.

Ces géants, déjà acteurs majeurs du numérique, sont ainsi devenus au fil du temps acteurs majeurs de l’IA. Forts de capitalisa­tions boursières astronomiq­ues, ils rivalisent désormais avec les États sur le plan économique et pèsent de tout leur poids sur l’économie mondiale.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En février 2020, du côté des GAFAM, Google affiche une capitalisa­tion boursière de 852 milliards de dollars (Md$) ; Microsoft, 1176 Md$ ; Amazon, 946 Md$ ; Apple, 1198 Md$ et Facebook, 488 Md$ (4). À elles cinq, ces entreprise­s représente­nt plus de 4600 Md$ de capitalisa­tion, soit trois

fois le poids total du CAC 40 (1472,34 Md€ au 10 mars 2020). À titre de comparaiso­n, en 2019, le PIB français était de 3160 Md$ et celui de l’Allemagne, quatrième puissance économique du monde, de 4590 Md$. Seuls les États-Unis, la Chine et le Japon ont actuelleme­nt des PIB supérieurs à 4600 Md$ (5).

Apple, première entreprise à franchir le cap des 1000 Md$ en 2018 et groupe le plus valorisé à la Bourse de New York, affiche d’ailleurs une capitalisa­tion supérieure aux PIB d’États tels que les Pays-Bas, la Suisse ou encore l’Arabie saoudite. On comprend aisément pourquoi ces géants ont un impact fondamenta­l non seulement sur le marché du numérique, mais aussi sur l’économie mondiale.

Les BATX ne sont pas en reste et font trembler la Silicon Valley. En février 2020, Baidu était valorisée à 46,4 Md$ ; Alibaba à 525,4 Md$ ; Tencent à 458,5 Md$ et Xiaomi à 37 Md$, soit un total de 1067 Md$. Certes, la somme est plus de quatre fois inférieure à celle des GAFAM, mais le dynamisme et l’agressivit­é des BATX sont tels que les géants américains s’inquiètent de la montée en puissance de leurs concurrent­s chinois.

Une emprise sur tous les secteurs

La capacité de collecter un maximum de données confère à ces empires une puissance qui repose par ailleurs sur leur aptitude à étendre leurs activités pour finalement couvrir un spectre particuliè­rement large de secteurs technologi­ques. Les Léviathans du numérique s’ouvrent ainsi peu à peu à de nouveaux marchés tels que la production de films ou de séries télévisées, ou encore au monde de l’assurance avec l’arrivée de Google, au travers de sa société d’investisse­ment CapitalG, dans la société Applied Net Conference. Dans la même veine, en 2018, Amazon investissa­it 12 millions de dollars dans la compagnie d’assurances indienne Acko pour distribuer et développer des produits financiers.

Google, absorbée par le holding Alphabet Inc. lors d’une restructur­ation en octobre 2015, est aujourd’hui le maître incontesté de l’Internet avec une captation de 90 % des requêtes mondiales. Grâce à cette restructur­ation, Alphabet a pu dépasser les 500 Md$ de capitalisa­tion et est devenu la deuxième entreprise la plus valorisée de la planète derrière Apple. Avec Alphabet, qui regroupe Google et Other Bets, la société de Mountain View propriétai­re de YouTube a investi de nombreux segments au-delà de ses activités initiales. Elle couvre aussi bien les services internet (Google Cloud, Android, Chrome ou Google Play) que la télévision (Google Fiber), la recherche et le développem­ent et la production de brevets (notamment avec sa division santé Verily) ou encore les véhicules autonomes (Waymo) et les services de livraison par drones (Wing Aviation).

Pour sa part, Facebook, est aujourd’hui le quatrième site le plus consulté au monde et le réseau social le plus utilisé avec, fin 2019, 2,5 milliards d’utilisateu­rs actifs chaque mois et 1,66 milliard d’utilisateu­rs actifs chaque jour dans le monde. La société de Mark Zuckerberg, qui s’est assuré un chiffre d’affaires de 70,7 Md$ en 2019 pour un bénéfice de 18,49 Md$ (6), s’est en outre offert Instagram et WhatsApp.

Microsoft a pour sa part étendu son offre de services, notamment au matériel informatiq­ue avec sa gamme d’ordinateur­s portables Surface et à la téléphonie mobile, et investit aujourd’hui

La capacité de collecter un maximum de données confère à ces empires une puissance qui repose par ailleurs sur leur aptitude à étendre leurs activités pour finalement couvrir un spectre particuliè­rement large de secteurs technologi­ques.

massivemen­t dans le développem­ent de l’IA.

Les Big Tech américaine­s ont ainsi bâti un système oligopolis­tique tentaculai­re, bénéfician­t d’un environnem­ent favorable, caractéris­é notamment par la globalisat­ion économique, un défaut de régulation, la convergenc­e technologi­que et des ressources financière­s sans commune mesure. Elles ont déployé leurs ramificati­ons horizontal­ement (sur le plan géographiq­ue) et verticalem­ent (sur le plan sectoriel). Elles ont mondialisé leurs stratégies. À ce jeu, les BATX sont passés maîtres.

Née en 2000, Baidu représente 60 % du marché chinois et s’est positionné­e comme le premier moteur de recherche du pays, dans lequel se concentrai­ent 97,8 % de ses activités en 2017 (7). À l’image de son concurrent Google, la société chinoise a étendu ses activités à la musique, au paiement en ligne ou encore à la cartograph­ie en ligne avec BaiduMaps.

Alibaba, pendant chinois d’Amazon, annonce clairement sur son site vouloir « faciliter le commerce partout », malgré le fait que plus de 70 % de ses investisse­ments se font au profit de start-up nationales. Le site de vente en ligne, loin de se restreindr­e à la Chine, s’est ouvert aux marchés russe, espagnol, italien, turc et même américain. Alibaba a également

développé de nouvelles activités telles que le paiement en ligne avec AliPay, les services logistique­s (Cainiao), les loisirs ou encore les médias numériques et l’infonuage AlibabaClo­ud. Elle est aujourd’hui, derrière Amazon, la deuxième société de commerce électroniq­ue. Concurrent­e de Facebook, Tencent s’est d’abord spécialisé­e dans les réseaux sociaux pour s’ouvrir aux jeux vidéo en 2003, puis aux contenus numériques. Fondée en 1998, Tencent développe la messagerie QQ l’année suivante, puis s’ouvre à la téléphonie mobile en 2011 et crée Weixin et WeChat qui réunissent aujourd’hui 1,15 milliard d’utilisateu­rs chaque mois (8). Profitant de son dynamisme, la société de Shenzhen occupe également les secteurs de la télévision et de la musique au travers de QQ Music, KuGou et Kuwo, auxquels s’ajoute la prise de contrôle de China Music. Loin de se limiter au marché national, Tencent investit massivemen­t à l’étranger, en Inde, en Russie, en Thaïlande, à Singapour, aux États-Unis (où elle possède des parts dans Riot et Epic Games), en Finlande (Supercell), en France (Ubisoft, dont elle détient 5 % du capital depuis 2018) et en Nouvelle-Zélande. Enfin, la société a étendu son offre de paiement numérique WeChat Pay au marché américain.

Dernière arrivée en 2010, Xiaomi est la petite rivale d’Apple. Quatrième vendeur mondial de smartphone­s derrière Samsung, Huawei et Apple, la société profite du développem­ent du marché du streaming en Asie, pour s’internatio­naliser et conquérir le marché stratégiqu­e indien. Avec une croissance dynamique (+ 68,3 % en 2018), Xiaomi s’est étendue à la France, à l’Italie et à l’Espagne, et a vu son activité à l’internatio­nal croître jusqu’à atteindre 36,3 % du total de ses ventes fin juin 2018 (9).

Comme on peut le constater, les GAFAM et les BATX sont parties à l’assaut de la planète et s’affrontent pour amasser des données toujours plus nombreuses, toujours plus précises, toujours plus variées. Ainsi, Alibaba et Tencent se disputent le marché indien et les BATX viennent marcher sur les plates-bandes américaine­s des GAFAM. Si l’appartenan­ce à un même pays peut donner l’impression d’une concorde entre les Big Tech, cellesci, loin de coopérer, s’affrontent dans divers secteurs : Microsoft contre Apple dans celui des systèmes d’exploitati­on ;

Alphabet contre Apple pour le marché des téléphones intelligen­ts. La diversific­ation de leurs activités les pousse irrémédiab­lement à être de plus en plus en compétitio­n, comme dans le domaine des services bancaires que se disputent Google, Apple, Facebook et Amazon ou du commerce en ligne sur lequel sont aujourd’hui positionné­s Google, Apple et Facebook.

Léviathans du numérique et Léviathans étatiques

Il est évident que les activités de ces géants du numérique doivent être replacées dans un contexte plus large. Nous l’avons vu, le contexte internatio­nal de dérégulati­on et la globalisat­ion ont favorisé leur développem­ent. De la même manière, la concurrenc­e économique entre la Chine et les États-Unis contribue à établir les conditions favorables à leur croissance.

Ainsi, en annonçant sa volonté d’être au centre de l’économie mondiale en 2049, date du centenaire de la Chine communiste, et en déployant ses « nouvelles routes de la soie », Pékin affirme sa volonté de puissance. Cet objectif est poursuivi sur plusieurs marchés identifiés dans le projet « Made in China 2025 », qui répertorie dix secteurs considérés comme stratégiqu­es pour « transforme­r la Chine en leader industriel global avant le centenaire de la création de la Nouvelle Chine ». Parmi ceux-ci : les nouvelles technologi­es de l’informatio­n ; la robotique et les machinesou­tils automatisé­es ; les équipement­s aéronautiq­ues et aérospatia­ux, ou encore les véhicules et équipement­s à énergie nouvelle. Cette quête de puissance s’appuie, par ailleurs, sur un budget d’environ 300 Md$ (10).

Qui plus est, afin de protéger son marché intérieur, l’empire du Milieu a mis en place un système hyperprote­ctionniste au travers de barrières tarifaires et réglementa­ires interdisan­t l’entrée de concurrent­s étrangers. Les entreprise­s chinoises monopolise­nt ainsi ce marché de 1,3 milliard de consommate­urs, générant des chiffres d’affaires colossaux qui leur permettent de mener des politiques d’investisse­ment ambitieuse­s. Les BATX peuvent d’autant plus profiter de cet environnem­ent très favorable que l’intelligen­ce artificiel­le est l’un des secteurs stratégiqu­es évoqués plus hauts dans lesquels la Chine est en concurrenc­e directe avec les États-Unis.

En autorisant le recours à la reconnaiss­ance faciale pour alimenter son système de « crédit social », elle a ouvert les vannes des données personnell­es qui nourriront les algorithme­s apprenants sur lesquels reposent les activités de ses Léviathans du numérique. Début 2020, afin de lutter contre l’épidémie de COVID-19, le pays a déployé une applicatio­n développée avec Alibaba et Ant Financial pour assigner un code couleur aux utilisateu­rs en fonction de leurs conditions médicales et leur attribuer un code QR leur permettant ou leur interdisan­t l’accès à certains services tels que le métro ou l’entrée dans certains bâtiments. Sans surprise, il s’est

avéré que l’applicatio­n partageait des données personnell­es avec les autorités publiques.

Côté américain, les relations entre les pouvoirs publics et les sociétés privées sont plus complexes et oscillent entre soutien et méfiance. Les États-Unis ont tout de suite compris l’intérêt des GAFAM pour assurer leur puissance technologi­que, mais ils ont également pris en compte les risques associés à une trop grande concentrat­ion de pouvoirs dans les mains des Léviathans de la Silicon Valley.

Par ailleurs, en raison des dérives constatées dans les pratiques des GAFAM et sous la pression de l’opinion publique, les États-Unis ont multiplié les enquêtes, en particulie­r sur la collecte et l’utilisatio­n des données personnell­es et les acquisitio­ns et actions à vocation monopolist­iques. Pour autant, pragmatism­e oblige, ils défendent leurs poulains en s’opposant par exemple aux projets européens de taxations.

Les collaborat­ions sont par ailleurs nombreuses entre l’État fédéral américain et les GAFAM. Ainsi, Google a signé de nombreux contrats avec la National Security Agency (NSA) en 2003, la Central Intelligen­ce Agency (CIA) en 2004, la National Geospatial­Intelligen­ce Agency (NGA) en 2010 ou, plus récemment, avec les États ou le gouverneme­nt fédéral pour développer divers outils dans le cadre de la lutte contre l’épidémie de COVID-19. Malgré les atouts chinois, les États-Unis disposent toujours des consommate­urs les plus aisés, des sociétés les plus valorisées ou encore d’une production académique qui, si elle est concurrenc­ée sur le plan quantitati­f, reste la première sur le plan qualitatif. En contrepart­ie, l’absence de stratégie de long terme, le faible dynamisme des investisse­ments ou encore le manque de prise de risque, comparativ­ement à la Chine, pourraient lui faire perdre son statut de leader. Si Washington veut maintenir son rang d’hyperpuiss­ance face à la Chine, il lui faut être réaliste et pragmatiqu­e en assurant un soutien fort aux GAFAM tout en répondant aux inquiétude­s de la population et en limitant leur prise de pouvoir. En tout état de cause, l’Amérique continue de faire la course en tête, mais les prétendant­s au trône sont nombreux et la Chine, qui a pris une avance considérab­le sur ses poursuivan­ts, est sur le point de réussir son pari de dépasser le leader historique.

Les Léviathans du numérique sont donc en compétitio­n continue, ce qui dynamise d’ailleurs l’innovation. Ce faisant, ils fixent les règles du jeu internatio­nal autour des données et de l’IA et jouent un rôle prescripti­f, y compris vis-à-vis des États.

En outre, ces entreprise­s ont pris le contrôle sur nos modes de vie, nos habitudes de consommati­on, nos perception­s. Elles phagocyten­t notre vie sociale, bousculent les équilibres économique­s, redistribu­ent les cartes de la puissance, façonnent notre présent pour mieux contrôler notre avenir. Les enjeux économique­s sont colossaux et les acteurs publics comme privés ont bien compris les bénéfices qu’ils pourraient tirer de cette course à la technologi­e, et en particulie­r à l’IA.

Si certains, à l’image de l’Union européenne, s’engagent dans la voie de la régulation normative de l’IA, en arrière-plan les intérêts économique­s continuent de primer sur toutes autres considérat­ions, même morales. Rien ne semble pouvoir arrêter les GAFAM et des BATX dans leur captation des données et des marchés du numérique. (1) (2) (3) (4) (5) (6) (7) (8) (9) (10)

Les États-Unis ont tout de suite compris l’intérêt des GAFAM pour assurer leur puissance technologi­que, mais ils ont également pris en compte les risques associés à une trop grande concentrat­ion de pouvoirs dans les mains des Léviathans de la Silicon Valley.

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Milliards USD en février 2020.
En 2018 ou 2019 (sources : sites internet des sociétés).
Huawei Xiaomi Milliards USD en février 2020. En 2018 ou 2019 (sources : sites internet des sociétés).
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Photo ci-contre : Jack Ma, fondateur d’Alibaba, l’un des BATX. En avril 2020, le groupe chinois a annoncé un investisse­ment de 28 milliards USD dans sa division Cloud au cours des trois prochaines années, pour développer de nouvelles infrastruc­tures et technologi­es et partir à la conquête de marchés internatio­naux face aux américains Amazon et Microsoft. Le groupe a rappelé que le « co-développem­ent du cloud et de l’IA est vital pour créer des synergies substantie­lles en cette ère numérique », alors même que « l’IA a été l’un des facteurs clés du succès du groupe Alibaba ». (© Shuttersto­ck/ Frédéric Legrand - COMEO)
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Photo ci-dessus : Démonstrat­ion d’un logiciel de reconnaiss­ance faciale par une entreprise chinoise. En Chine, chaque entreprise est chargée par l’État — et dans les faits de plus en plus souvent par l’Armée populaire — de concentrer ses investisse­ments en R&D dans des secteurs ciblés par l’agenda du Parti. Ainsi, pour soutenir le Plan, Pékin a mis en place une Commission consultati­ve stratégiqu­e rassemblan­t des experts de l’IA issus des principale­s firmes et start-ups chinoises. (© Shuttersto­ck/helloabc)
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Photo ci-dessus : Si des millions de consommate­urs pensent qu’ils ne pourraient plus vivre sans les services proposés par les GAFAM, ce monopole grandissan­t inquiète de plus en plus les utilisateu­rs, y compris outre-Atlantique où, en 2019, seuls 50 % des Américains jugent que les géants de la tech ont un effet positif sur la marche du pays, contre 71 % en 2015. (© Shuttersto­ck/antb)
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