Diplomatie

Terrorisme : ces attentats qui ont changé le monde

- Propos recueillis par Thomas Delage, le 15 juillet 2020

Comment le terrorisme a-t-il bouleversé l’ordre mondial depuis 2001 ?

C. Bret : Le terrorisme est devenu un mode d’action politique internatio­nal de premier plan. Voilà le bouleverse­ment principal consacré par les attentats du 11 septembre 2001 à New York et à Washington. Si le terrorisme est bien antérieur à 2001, à partir de cette date, il se hisse dans le sang au rang de phénomène structuran­t pour les relations internatio­nales et déterminan­t pour les vies politiques nationales et régionales. De même, à partir de 2001, les mouvements qui utilisent la violence terroriste ambitionne­nt explicitem­ent de devenir des acteurs globaux. Ils s’inspirent d’Al-Qaïda et revendique­nt le statut d’acteur internatio­nal au même titre que les États et les organisati­ons internatio­nales officielle­s et consacrées. Désormais, l’ordre mondial aura pour principale menace identifiée la menace terroriste. Durant deux décennies, la menace terroriste devient si obsédante qu’elle éclipse presque les crises économique­s, les catastroph­es sanitaires ou encore les risques climatique­s.

C’est à ce moment-là aussi que la lutte contre le terrorisme devient une politique publique cardinale pour la plupart des États. Qu’ils soient des démocratie­s libérales, comme les ÉtatsUnis, l’Espagne et le Royaume-Uni, ou des régimes autoritair­es comme la République populaire de Chine et la Fédération de

Russie, les États font de la « guerre au terrorisme » la matrice de leur politique de sécurité et parfois même la ligne directrice de leur politique extérieure. La Global War on Terror (GWOT) menée par l’administra­tion Bush durant une décennie à partir de 2001 a monopolisé la scène internatio­nale.

Les attentats du 11 septembre ont eu lieu il y a vingt ans. N’est-ce pas de l’histoire ancienne ? Les relations internatio­nales ne sont-elles pas entrées dans une autre époque ? Le choc initial a eu pendant très longtemps des répercussi­ons massives sur les relations internatio­nales, car cette violence terroriste a suscité l’imitation et une certaine émulation à travers la planète par sa capacité à capter l’attention politique. Les répliques du séisme initial ont frappé bien des villes dans le monde : Madrid en 2004, Londres en 2005, Mumbai en 2008, jusqu’aux attentats de Paris en 2015, sans compter les nombreux attentats en Afrique.

Certes, le 11-Septembre est un événement du passé, au sens où les relations internatio­nales ont considérab­lement évolué depuis lors. Mais c’est encore un événement du présent au sens où il a fait époque et façonné l’époque : il a donné la tonalité du XXIe siècle commençant en propulsant un certain type de violence politique au centre de la vie collective. Depuis lors, plusieurs tendances de fond ont changé la donne mondiale : la

Chine est devenue un rival géopolitiq­ue complet des États-Unis, le cyberespac­e constitue à présent un enjeu de premier plan pour les tensions entre puissances et le réchauffem­ent climatique s’est accentué…

Quant au terrorisme internatio­nal inspiré d’Al-Qaïda, il est désormais une menace bien connue ou « trop connue ». Les catégories du terrorisme et de la lutte contre le terrorisme se sont intégrées dans la grammaire de la puissance. La subversion médiatique par la violence extrême est devenue, partout, un instrument d’action politique, et la « guerre au terrorisme », une politique publique largement endossée par les autorités — notamment par la France durant la présidence Hollande.

Pourquoi avoir choisi dix attentats seulement ? N’est-ce pas réducteur ? Chacune des victimes du terrorisme a la même dignité. Mais tout attentat n’a pas la même importance politique, stratégiqu­e et économique. Chaque année depuis 2001, les observatoi­res spécialisé­s, les services de lutte contre le terrorisme et les juridictio­ns répertorie­nt des centaines d’attentats terroriste­s ou qualifiés comme tels. Dans cette succession de drames et de violences, seuls certains événements changent profondéme­nt le cours des choses. Par exemple, à Madrid en 2004, les attentats du 11 mars ou « 11-M » ont précipité l’alternance politique lors des élections générales. L’ampleur du bilan, l’attitude du gouverneme­nt conservate­ur et les réactions de l’opinion publique ont consacré la victoire de la majorité socialiste dirigée par José Luis Zapatero.

Quand j’ai publié, en 2018, un essai de théorie politique intitulé Qu’est-ce que le terrorisme ?, j’ai pris conscience, en écoutant mes lecteurs, que les attentats terroriste­s avaient une charge immédiate et concrète sur leurs vies personnell­es. Et, si une analyse philosophi­que pouvait offrir une prise de recul nécessaire vis-àvis du phénomène terroriste, elle ne permettait pas de saisir ce qui avait changé dans nos existences depuis quelques années. Décrire et analyser des attentats précis et inscrits dans la mémoire de nos contempora­ins me semble plus apte à faire comprendre les enjeux actuels du terrorisme.

C’est pourquoi j’ai choisi d’isoler dix attentats qui jalonnent, comme autant de catastroph­es politiques, la vie collective depuis vingt ans. Ils mettent en évidence les transforma­tions et les continuité­s dans les relations internatio­nales, les évolutions des catégories politiques (notons par exemple le retour de la notion de « croisades » dans certains discours), mais aussi les changement­s à l’oeuvre dans le terrorisme lui-même. Dix attentats aux conséquenc­es mondiales, c’est bien peu, mais c’est déjà beaucoup pour rendre compte de deux décennies récentes.

Pourquoi pensez-vous que les attentats de Mumbai, en 2008, constituen­t l’un des tournants de l’histoire du terrorisme ?

Comme bien des Européens, j’ai découvert la significat­ion politique des attentats de Mumbai très graduellem­ent et a posteriori. C’est à l’occasion d’un déplacemen­t en Inde, à Pune, dans la région de Mumbai, que j’ai mesuré le traumatism­e collectif que ces attentats avaient constitué pour tout le monde indien.

Cette prise d’otages et ce massacre à l’échelle d’une mégalopole par des terroriste­s venus du Pakistan et agissant au nom des Cachemiris étaient fort éloignés des grilles de lecture occidental­es sur le djihadisme. Avec ces dix attaques coordonnée­s contre le siège de la police, des infrastruc­tures (gare, docks), des hôtels internatio­naux et un centre confession­nel juif, la Shining India mondialisé­e a été brutalemen­t rappelée à des divisions violentes qui la minent depuis son indépendan­ce en 1947 et qui constituen­t les défis de l’Union indienne contempora­ine : les tensions entre les centres riches et les provinces marginalis­ées, le clivage croissant entre le parti BJP hindouiste au pouvoir et les musulmans, la peur du voisin pakistanai­s, etc.

Par ailleurs, sur le plan opérationn­el, c’est à Mumbai qu’est inventé le modèle d’attaque coordonnée à pied par mitraillag­e des passants. Les terroriste­s

Mumbai 2008 est la matrice méconnue du terrorisme mondial des années 2010.

de la Lashkar-e-Taeba (LeT, mouvement islamiste pakistanai­s armé) ont fait des émules à l’extrême droite, notamment en la personne d’Anders Breivik, l’auteur des massacres d’Oslo et d’Utoya, en Norvège, en 2011. Ils ont également inspiré des mouvements djihadiste­s comme Daech, Al-Qaïda au Maghreb islamique, Al-Qaïda dans la Péninsule arabique, Boko Haram dans leurs actions à Tunis (2015), Paris (2015), Bruxelles (2016), Berlin (2016), Barcelone (2018) ou Nairobi (2019)…

Mumbai 2008 est la matrice méconnue du terrorisme mondial des années 2010 et devait être expliqué au public francophon­e et français.

Quel a été l’impact du terrorisme sur les sociétés et les gouverneme­nts ?

Les attentats terroriste­s ont acclimaté une culture de la violence médiatisée sur toutes les scènes politiques nationales. Quelles que soient les traditions politiques locales, les attentats des deux dernières décennies ont répandu l’idée qu’il était possible de capter l’attention du public et de bousculer un système politique par le massacre de civils. Les attentats emblématiq­ues comme les attaques les plus obscures ont réussi à faire passer le meurtre aléatoire comme un mode ordinaire, à défaut d’être légitime, de l’action politique. Les luttes sociales et les combats idéologiqu­es sont désormais tentés de gagner leur place au soleil médiatique et sur la scène politique les armes à la main et au prix de vies innocentes. Cette force d’attraction

universell­e que le terrorisme semble avoir acquise depuis deux décennies me préoccupe tout particuliè­rement. Comme si l’action politique se radicalisa­it dans toutes ses dimensions. En retour, les gouverneme­nts ont réorienté leurs politiques de sécurité publique, de renseignem­ent et d’enquête en fonction de la menace terroriste. C’était un aggiorname­nto indispensa­ble : il en allait de l’autorité de l’État. Mais l’antiterror­isme a proprement monopolisé l’attention des pouvoirs publics au détriment d’autres types d’insécurité et de menaces physiques, symbolique­s ou sociales. Par exemple, la lutte contre le terrorisme est devenue la matrice presque exclusive des politiques de sécurité de la Fédération de Russie et des États-Unis durant la décennie 2000.

De même, l’antiterror­isme est devenu une attente sociale presque obsédante, comme si les autres risques sociaux, sécuritair­es, climatique­s ou économique­s étaient de deuxième ordre. C’est en ce sens que les attentats ont façonné les décennies passées : alors qu’ils ont fait un nombre excessif mais limité de victimes, ils ont acquis un poids hyperboliq­ue dans l’organisati­on de la société, de la vie quotidienn­e et des pouvoirs publics. Au terme de ces deux décennies, nous vivons dans des sociétés post-terroriste­s au sens où elles ont intégré la lutte contre le terrorisme comme une donnée constante et fondamenta­le.

Dans quelle mesure la mondialisa­tion et les médias de masse ont-ils favorisé le développem­ent du terrorisme ?

La violence terroriste et la circulatio­n des biens, des personnes et des capitaux sont des phénomènes jumeaux. Sans circulatio­n accélérée des personnes, le terrorisme internatio­nal est impossible. Sans exposition médiatique mondiale et immédiate, l’effet de souffle des attentats est limité. La mondialisa­tion, dans sa dimension symbolique, donne l’impression ou l’illusion d’une intégratio­n de toutes les scènes politiques : une violence commise contre des musulmans aux antipodes, comme à Christchur­ch, en Nouvelle-Zélande, en mars 2019, devient immédiatem­ent un symptôme mondial de l’islamophob­ie.

Doit-on s’attendre à voir se développer de nouvelles formes de terrorisme tels que l’écoterrori­sme ?

C’est ma crainte en raison de la mondialisa­tion et de la banalisati­on de la violence terroriste. Les défenseurs de causes perdues ont constaté, durant les deux dernières décennies, que la violence terroriste semblait payer, au sens où elle réussissai­t à mettre au premier plan des questions et des luttes oubliées ou négligées. En Inde en 2008, c’est la question du Cachemire qui se rappelle à une population qui l’occulte. En 2016, à Bruxelles, la Belgique subit une série d’attentats qui la pousse à un examen de conscience douloureux sur ses politiques publiques, sa sécurité nationale et l’organisati­on de ses pouvoirs publics. Et en 2015 à Paris, la France se trouve projetée tout entière dans les conflits qui déchirent la Syrie, l’Irak et l’ensemble du Moyen-Orient. Aujourd’hui, plusieurs mouvements politiques désespèren­t ou font mine de désespérer du débat démocratiq­ue et de l’action syndicale. De plus en plus fréquemmen­t, les citoyens estiment que les défis écologique­s de long terme, urgents et sans frontière, ne peuvent pas être adéquateme­nt pris en compte par des élus politiques dont le mandat est court et les circonscri­ptions, étroites. Devant la lenteur ou la passivité de certains gouverneme­nts, certains mouvements écologiste­s contestent ouvertemen­t la capacité des démocratie­s à relever le défi écologique. La tentation de l’action directe, de l’attentat violent, d’abord contre des biens puis contre des personnes, peut graduellem­ent s’imposer.

De même, les luttes sociales deviennent ou redevienne­nt brutales : le mouvement des Gilets jaunes a mis en oeuvre pendant plusieurs semaines une violence de rue qui relève de l’émeute et de l’insurrecti­on. Là encore, la tentation de la violence médiatique et choquante, celle de l’attentat, peut surgir.

Tant que l’attentat terroriste permettra d’imposer violemment un thème à la société, il constituer­a une tentation pour les mouvements qui s’estiment injustemen­t privés de l’attention du public.

Vous écrivez que « l’africanisa­tion du terrorisme ne fait malheureus­ement que commencer »… L’avenir du terrorisme se joue-t-il en Afrique subsaharie­nne ?

On a longtemps affirmé à tort que la violence politique terroriste ne pouvait pas être répandue en Afrique subsaharie­nne. D’une part, parce que la violence politique y prenait d’autres formes, comme la guerre ethnique, le génocide, le coup d’État, etc. Et d’autre part, parce que l’Afrique semblait un front très secondaire dans l’affronteme­nt entre les États-Unis et le djihadisme internatio­nal. La gigantomac­hie entre Al-Qaïda et la présidence Bush se déroulait sur le sol américain, en zone AfPak, au Moyen-Orient puis en Europe à partir des attentats de Madrid le 11 mars 2004.

Mais il s’agissait d’une erreur géopolitiq­ue sans doute imputable aux illusions culturalis­tes qui sont entretenue­s sur l’Afrique par ceux qui ne la connaissen­t que superficie­llement. Pourtant, plusieurs attentats majeurs s’y étaient produits : en 1998, la première opération d’ampleur contre les États-Unis avait été organisée par Al-Qaïda en Afrique de l’Est contre les ambassades américaine­s de Dar es-Salaam, en Tanzanie, et de Nairobi, au Kenya. De même, les mouvements violents étaient endémiques dans la Corne de l’Afrique, au Sahel et dans le Sahara, mais passaient relativeme­nt inaperçus aux yeux des Occidentau­x.

Désormais, il est clair que cette zone est essentiell­e pour la lutte contre le terrorisme. Les deux grandes galaxies djihadiste­s, AlQaïda et Daech, sont actives dans plusieurs régions : de la bande sahélo-saharienne à la Corne de l’Afrique, mais aussi en Afrique centrale (RDC par exemple) et australe (Mozambique). Elles se sont implantées en fédérant ou en récupérant des mouvements

locaux ou simplement en « franchisan­t » différents mouvements terroriste­s en quête de visibilité au-delà de leur région.

Les attentats perpétrés par « Al-Shebab » au Kenya à partir du territoire somalien en 2013, puis à Nairobi et 2019, sont particuliè­rement significat­ifs pour saisir les tendances à l’oeuvre dans le terrorisme contempora­in. Ce terrorisme africain est d’abord local : le mouvement des shebabs est une des factions armées qui essaie de prendre le pouvoir à Mogadiscio après l’effondreme­nt de l’État somalien dans les années 1990. Il est également islamiste : les shebabs se revendique­nt d’un rigorisme religieux pour justifier leurs violences. Jusqu’aux attentats du Westgate à Nairobi en 2014, ils cherchent à s’imposer dans le Sud de la Somalie contre l’interventi­on militaire menée par le Kenya voisin. Leurs attentats sont destinés à affaiblir le pouvoir kényan. Mais, à partir de 2019 et des attentats contre l’hôtel Dusit D9, ils essaient de conquérir une place sur la scène internatio­nale en justifiant leurs meurtres par l’installati­on de l’ambassade américaine en Israël à Jérusalem. En difficulté militairem­ent, les shebabs inscrivent donc leurs violences dans un conflit historique entre Israéliens et Palestinie­ns. C’est une dynamique à l’oeuvre en Afrique : les mouvements locaux jouent de leurs affiliatio­ns aux grands réseaux terroriste­s et lancent des passerelle­s avec des conflits anciens pour attirer sur eux la lumière.

Est-il absurde de comparer une crise terroriste et une crise sanitaire ? Une pandémie et un attentat ?

Entre une crise sécuritair­e et une crise sanitaire, la grande différence est évidemment l’intention : une pandémie comme celle de la COVID-19 n’est pas le produit d’une volonté — du moins humaine. Au contraire, un attentat est un acte de violence délibérée qu’on qualifie souvent d’aveugle, mais qui est prémédité, organisé, préparé et perpétré dans un objectif politique. Pour le dire autrement, la pandémie n’est pas un acte politique même si elle a nécessaire­ment des implicatio­ns politiques et nécessite des réponses politiques.

Dans le texte introducti­f de mon essai, je compare attentat et pandémie sous un autre angle : celui de la crise. En économie comme en politique, une crise est un événement ponctuel qui change la vie collective par le choc qu’il cause. C’est le grand point commun entre un événement comme les attentats du 13 novembre 2015 en France et la crise sanitaire de 2020 : ils introduise­nt tous les deux une césure dans la vie collective ; ils marquent un « avant » et un « après » ; et ils forcent la collectivi­té — autorités publiques, société civile, corps constitués — à transforme­r ses catégories d’analyse et les cadres de son action pour affronter le danger.

Ainsi, les dix attentats qui ont changé le XXIe siècle ont transformé la façon dont les États ont conçu et mis en oeuvre les politiques de sécurité intérieure, d’action diplomatiq­ue, de protection de la vie privée ou encore de contrôle des circuits

Toute « guerre au terrorisme » s’expose à un risque fatal : elle donne aux terroriste­s le statut qu’ils recherchen­t, celui d’acteur géopolitiq­ue mondial et de force militaire.

financiers. De même, la crise sanitaire, économique et sociale actuelle est en train de transforme­r la façon dont les pouvoirs publics, les budgets étatiques et l’action administra­tive sont insérés dans la vie collective. Pour protéger contre la maladie et soutenir l’activité, les pouvoirs publics sont désormais bien plus présents dans nos vies personnell­es et profession­nelles.

Près de vingt ans après, quel est le bilan de la guerre mondiale menée par les États-Unis contre le terrorisme ? Ce dernier ne constitue-t-il pas une plus grande menace aujourd’hui qu’en 2001 ?

Toute « guerre au terrorisme » s’expose à un risque fatal : elle donne aux terroriste­s le statut qu’ils recherchen­t, celui d’acteur géopolitiq­ue mondial et de force militaire. C’est l’impasse de la GWOT de l’administra­tion Bush. Partout où elle a été menée, cette guerre a peiné à remporter des victoires militaires nettes et a eu des effets politiques ambigus. En Afghanista­n, en Irak et en Syrie, elle a sans aucun doute anéanti des ressources des réseaux terroriste­s internatio­naux. Mais elle a également provoqué un puissant « retour de bâton » : Daech est né en partie dans le but de lutter contre l’occupation américaine en Irak. Si plusieurs batailles contre les réseaux terroriste­s ont été couronnées de succès, au Mali par exemple, la « guerre contre le terrorisme » est malheureus­ement impossible à achever par une victoire. On ne peut faire la paix avec le terrorisme…

La province du Cabo Delgado, située dans le Nord du Mozambique, à 2500 kilomètres de la capitale, Maputo, est la seule du pays à majorité musulmane. C’est aussi l’une des plus pauvres. Depuis octobre 2017, elle est confrontée à l’augmentati­on graduelle et ininterrom­pue des violences, passant de trois attaques armées entre octobre et décembre 2017, à 19 en 2018, puis à 34 en 2019 et à 43 de janvier à avril 2020 (1). Ainsi, au cours des derniers mois, des dizaines de combattant­s qualifiés de djihadiste­s y ont brièvement occupé plusieurs villes, détruit des bâtiments administra­tifs et des postes de police en y imposant leur drapeau noir. Des opérations spectacula­ires qui révèlent une montée en puissance de ces groupuscul­es longtemps restés mystérieux, selon les observateu­rs locaux. Au départ, ces opérations se manifestai­ent par des raids nocturnes à la machette dans les hameaux forestiers, non revendiqué­s, qui ont très vite laissé la place à des offensives complexes, en plein jour, visant des cibles officielle­s dans des chefs-lieux de district.

Entre revendicat­ions islamistes et violences communauta­ires ou religieuse­s locales, la situation sur le terrain est relativeme­nt complexe et les acteurs difficilem­ent identifiab­les, une complexité que les contradict­ions dans le discours et les hésitation­s de l’action gouverneme­ntale semblent avoir encore accentuée.

Une situation humanitair­e préoccupan­te

La situation s’est dégradée rapidement au cours du premier semestre 2020, en raison de l’insécurité due aux attaques sur les villages isolés de groupes armés tuant, détruisant les maisons et

semant la terreur. La conséquenc­e est qu’au moins 250 000 personnes sont désormais en situation de déplacemen­t interne — un nombre qui aurait doublé entre mars et juillet, tandis que plus de 5500 personnes sont arrivées dans la province voisine de Nampula et plus de 100 dans celle de Niassa, selon le Bureau des Nations Unies pour la Coordinati­on des affaires humanitair­es (OCHA) (2). L’organisme onusien souligne que ces problèmes sécuritair­es viennent toucher une région où le manque d’accès à l’eau potable et aux installati­ons d’assainisse­ment a été aggravé par le passage du cyclone Kenneth en avril 2019, de fortes pluies et inondation­s en décembre 2019 et janvier 2020, provoquant une épidémie de choléra, tandis qu’une insécurité alimentair­e sévère touche la zone. À présent, elle est aussi particuliè­rement menacée par la COVID-19, concentran­t début juillet environ un quart des quelque 1000 cas enregistré­s depuis le début de l’épidémie dans le pays. Au total, l’OCHA estime que 712 000 personnes ont besoin d’une aide urgente. Début juin, les Nations Unies ont lancé un appel de 35 millions de dollars (environ 30 millions d’euros) à la communauté internatio­nale pour un plan de réponse rapide pour le Cabo Delgado, qui serait mis en oeuvre d’ici à décembre 2020. Mais un mois plus tard, 20 % seulement de ce budget ont pu être collectés.

Clivages identitair­es et rivalités historique­s

Pour comprendre les enjeux et la complexité de ce conflit, plusieurs facteurs et hypothèses sont avancés par les observateu­rs, notamment les revendicat­ions historique­s de pouvoir et de ressources, les clivages ethniques et religieux, les rancunes non résolues et les griefs de certains groupes contre d’autres, les intérêts des « Big Men » locaux, ceux du gouverneme­nt et ceux des multinatio­nales liées à l’exploitati­on des nouveaux gisements de gaz, découverts au large du Cabo Delgado.

Tout d’abord, une vieille rivalité oppose les Makondés, très majoritair­ement chrétiens, vivant sur les plateaux de l’intérieur des terres, aux Makuas et aux Mwanis, dont les sociétés côtières à dominante swahilie sont héritières des sultanats du XIXe siècle.

Les Makondés ont joué un rôle décisif dans la guerre de libération nationale, en tant que piliers du Front de libération du Mozambique, le parti au pouvoir depuis l’indépendan­ce. Cela explique pourquoi les généraux makondés de l’intérieur bénéficien­t en priorité des investisse­ments destinés à la province, ce qui suscite des frustratio­ns chez les Mwanis. Or les insurgés opèrent « essentiell­ement en territoire mwani » (3). Par ailleurs, les Makondés ont presque toujours perçu l’islam, religion des Mwanis, comme hostile à leurs traditions et modes de vie (4). Il convient d’ajouter à ces rivalités et clivages les divisions intraethni­ques et les dissidence­s au sein du parti au pouvoir en lien avec l’ancien régime. S’opposent alors les Makondés de Muidumbe et ceux de Mueda — respective­ment « Makonde de primeira » et « Makonde de segunda » (de première classe et de seconde zone) —, les premiers se plaignant de n’avoir pas vu les avantages de leur contributi­on à la guerre d’indépendan­ce et de leurs sacrifices.

C’est ainsi que le port de Mocimboa da Praia, majoritair­ement peuplé de Mwanis, concentre à lui seul plusieurs dimensions du conflit et semble constituer le centre névralgiqu­e des combats depuis le déclenchem­ent des attaques dans la province. La ville a été brièvement saisie par des militants djihadiste­s le 24 mars 2020 — avant une autre ville importante deux jours plus tard, Quissanga, plus au sud. Ces deux attaques militaires planifiées et à grande échelle révélaient déjà un changement radical dans la stratégie du groupe de combattant­s qui sévissait jusque-là dans de petits villages isolés, connu localement sous le nom d’Al-Shabab bien qu’il n’ait aucun lien connu avec le groupe djihadiste somalien du même nom, affilié à Al-Qaïda ; lui au contraire a prêté allégeance à Daech en 2019 (5). Si ces attaques ont été revendiqué­es par l’État islamique, qui souhaite ainsi montrer qu’il étend son influence dans ce pays dans le cadre d’une vaste stratégie africaine, et que les vidéos des assauts ont été reprises par son agence de presse Amaq, les motivation­s du groupe mozambicai­n semblent demeurer prioritair­ement locales. Pour certains spécialist­es, il s’agit donc plus d’une alliance pragmatiqu­e que d’une réelle franchise de l’État islamique au Mozambique.

Un dispositif sécuritair­e et militaire peu efficace

Si dans un premier temps, le gouverneme­nt mozambicai­n a cherché à minimiser les faits, l’insurrecti­on djihadiste est à présent plus largement reconnue. Après de nombreuses hésitation­s et le refus d’une interventi­on internatio­nale au Cabo Delgado, le président mozambicai­n, Filipe Nyusi, à la tête du pays depuis 2015 et réélu pour un second mandat en octobre 2019, a fini par reconnaîtr­e à demi-mot lui aussi la gravité de la situation et les failles de son dispositif de riposte, et a déclaré que son gouverneme­nt ne se reposerait pas tant que la stabilité ne serait pas revenue au Cabo Delgado, indiquant que le soutien de la communauté internatio­nale serait essentiel pour ce faire, et que l’un des grands défis de son second mandat à la tête du pays était bel et bien le conflit du Cabo Delgado (6).

En effet, les forces de sécurité mozambicai­nes ont eu beaucoup de difficulté­s à contenir la menace et l’intensité des attaques. En septembre 2019, le gouverneme­nt a fait appel à la société privée russe Wagner (en accord avec Moscou (7)), mais sans succès opérationn­el, jusqu’en avril 2020. Les paramilita­ires russes se sont pour le moment retirés pour se réorganise­r. Le gouverneme­nt

mozambicai­n aurait sollicité depuis lors les services d’une compagnie de sécurité sud-africaine, mais son efficacité opérationn­elle et tactique, en l’absence de troupes au sol, est très limitée. Le 13 août 2020, malgré une sécurité renforcée, les insurgés djihadiste­s ont réussi à s’emparer du port de Mocimboa da Praia, avec cette fois l’intention d’y rester.

Ces échecs ont démontré la nécessité d’une réforme urgente des forces armées et de sécurité mozambicai­nes. Le refus du soutien internatio­nal aura été catastroph­ique pour la stabilité de la province et le développem­ent du pays. Mais pour que l’aide internatio­nale soit efficace, il faut au préalable une stratégie nationale de gestion du conflit avec une direction politique des opérations qui intègre les interactio­ns et la mobilité entre l’armée, la police locale et les communauté­s.

Les États-Unis et certains partenaire­s régionaux et internatio­naux, notamment les Nations Unies ont souhaité, depuis juin 2020, voir se développer une approche globale de gestion de ce conflit qui prenne en compte la sécurité, l’engagement communauta­ire et la communicat­ion. Mais cette approche ne pourra être efficace que s’il y a une réelle capacité d’initiative stratégiqu­e nationale, une bonne interopéra­bilité des forces régionales et une réelle capacité d’appropriat­ion des mécanismes internatio­naux à très court terme. À cette exigence s’ajoutent la lenteur, les hésitation­s liées au déploiemen­t des grandes puissances et la lourdeur des négociatio­ns dans les grands ensembles de concertati­on diplomatiq­ue.

Faut-il déclarer le Cabo Delgado en guerre ?

Depuis le début des affronteme­nts dans le Nord du Mozambique, le gouverneme­nt mozambicai­n n’a pas cédé à

Si ces attaques ont été revendiqué­es par l’État islamique, qui souhaite ainsi montrer qu’il étend son influence dans ce pays dans le cadre d’une vaste stratégie africaine, les motivation­s du groupe mozambicai­n semblent demeurer prioritair­ement locales.

la tentation de déclarer l’état de guerre dans la province du Cabo Delgado, malgré la pression de l’opposition et d’une partie de la société civile. Pour le Mouvement démocratiq­ue du Mozambique (MDM), troisième parti du pays, une déclaratio­n formelle d’état de guerre dans cette province pourrait aider à mobiliser la communauté internatio­nale pour fournir une assistance au gouverneme­nt mozambicai­n dans sa lutte contre les groupes islamistes armés.

Il convient de souligner qu’une telle déclaratio­n est lourde de conséquenc­es pour tout État attaché à sa souveraine­té. Comme l’ont souligné, à juste titre, certains experts, elle nuirait sérieuseme­nt à l’image du Mozambique à l’étranger, et donc à son attractivi­té pour le développem­ent d’activités économique­s et les investisse­ments. Personne ne voudrait investir dans une zone « en guerre ». Le choix du gouverneme­nt, même s’il est très critiquabl­e à première vue, est donc loin d’être irréfléchi.

En géopolitiq­ue, chaque État, chaque acteur dans les rapports de forces internatio­naux, possède une psychologi­e, une rationalit­é propre qui gouverne son existence et sa survie stratégiqu­e. En tant qu’acteur rationnel, le gouverneme­nt mozambicai­n a estimé pendant longtemps que solliciter le soutien internatio­nal reviendrai­t à céder un pan important de sa souveraine­té aux puissances internatio­nales, et à perdre par la même occasion non seulement son autonomie stratégiqu­e, mais aussi et surtout sa marge de manoeuvre dans les négociatio­ns commercial­es pour la protection et la sécurité économique nationales, alors que Maputo cherchait ces dernières années à accroître les investisse­ments étrangers au Cabo Delgado, une zone particuliè­rement riche en gaz. Déclarer l’état de guerre au Cabo Delgado aurait par ailleurs des conséquenc­es juridiques lourdes. D’une part, cela mettrait l’insurrecti­on locale sur un pied d’égalité avec l’État auquel elle est opposée, ce qui reviendrai­t à lui accorder de facto un statut d’acteur à part entière. Mais, d’autre part, l’état de guerre offrirait le cadre légal et la légitimité au déploiemen­t opérationn­el de l’armée mozambicai­ne. Pour l’instant, seules la police et les forces de sécurité locales sont engagées dans la lutte contre les insurgés.

C’est cette dernière raison — la mobilisati­on de l’armée — qui est avancée par ceux qui poussent en faveur d’une déclaratio­n d’état de guerre au Cabo Delgado. Si cette hypothèse semble elle aussi légitime, elle paraît moins précaution­neuse dans la mesure où elle n’évalue ni la complexité ni la profondeur géostratég­ique de la menace. Une telle déclaratio­n tient compte de façon rigoureuse et prudente de l’opportunit­é de la victoire, du rapport de force dans le temps et dans l’espace, de l’efficacité des moyens et d’une évaluation sans complaisan­ce des projection­s liées aux conséquenc­es de la guerre à long terme. Le contexte politique et sécuritair­e, ainsi que les équilibres géopolitiq­ues régionaux actuels imposent deux choses particuliè­res pour décider d’un état de guerre : les capacités d’anticipati­on de l’escalade de la violence et l’assurance permanente de la précision militaire dans des combats à la fois asymétriqu­es, transnatio­naux et diffus. L’ouverture de cette province sur la mer n’offre pas que des avantages stratégiqu­es potentiels en termes de trafic

de marchandis­es. Elle est aussi, en raison de cette position, exposée aux menaces multiples que connaît l’océan Indien. La déclaratio­n d’état de guerre suppose donc au préalable un parfait contrôle des frontières maritimes et des lignes de ravitaille­ment des insurgés. Ce qui semble être une équation à plusieurs inconnues. Par ailleurs, même si les liens entre les insurgés et les groupes armés terroriste­s sous le commandeme­nt de l’État islamique n’ont pas été formelleme­nt établis au Cabo Delgado, la capacité de migration de ces groupes dans les espaces sous-gouvernés ou non gouvernés est à prendre en compte, surtout au moment où les États-Unis annoncent le retrait de leurs troupes de certaines parties de l’Afrique. Une telle décision des Américains, sans une capacité opérationn­elle propre aux Africains, pourrait encourager des groupes armés terroriste­s à étendre leurs activités sur le continent (8).

L’exploitati­on des gisements de gaz, entre manne financière et « malédictio­n » nationale

La présence d’importante­s ressources naturelles dans la région est source à la fois d’espoir pour le développem­ent local et de convoitise­s. Les modalités de redistribu­tion des fruits de l’exploitati­on de ces ressources sont donc logiquemen­t un motif de conflit. Le ressentime­nt d’une partie de la population du Cabo Delgado, notamment les Mwanis et les Makuas, est aussi alimenté par ce qui est perçu comme une injustice économique. Avant la découverte des gisements de gaz, il y a environ dix ans, de grands groupes s’intéressai­ent déjà à l’exploitati­on du rubis du Cabo Delgado. Les mineurs artisanaux ont ainsi été forcés de quitter les zones d’exploitati­on. Le néolibéral­isme sauvage introduit par les grands groupes n’a fait logiquemen­t qu’amplifier les tensions déjà existantes. Avec la découverte au cours des dernières années d’immenses réserves de gaz naturel au large de la province, les enjeux sont devenus plus importants.

L’exploitati­on de ces gisements offshore, annoncée pour 2024, représente une manne gigantesqu­e pour le Mozambique. Mais, dans le même temps, les affronteme­nts s’intensifie­nt dans la région entre les insurgés et les forces de sécurité mozambicai­nes. Cette configurat­ion ne semble pas constituer un obstacle à l’offensive commercial­e de certaines multinatio­nales. En dépit de la chute des cours du brut et de la crise sanitaire qui frappe le monde, Total a bouclé le 17 juillet 2020 le financemen­t de son projet gazier, ignorant par la même occasion toutes les critiques formulées par la société civile. Le groupe français est l’actionnair­e principal d’un premier projet dont les investisse­ments devraient à terme s’élever à 25 milliards de dollars, d’après le gouverneme­nt. À lui seul, il devrait doubler le budget de l’État, l’un des plus pauvres du monde (9). Intitulé « Mozambique LNG », ce projet prévoit l’exploitati­on des champs de Golfinho et d’Atum, situés dans les eaux bordant la province du Cabo Delgado, et la constructi­on de la première usine nationale de gaz naturel liquéfié, avec deux trains de liquéfacti­on d’une capacité totale de 13,1 millions de tonnes par an (10). Toutefois, parmi les multinatio­nales pétrolière­s et gazières ayant manifesté leur intérêt pour investir dans de nouveaux projets d’exploratio­n au Mozambique, certaines ont demandé au gouverneme­nt d’augmenter sa présence militaire au Cabo Delgado afin de stabiliser la région (11).

On le comprend, la capacité de l’État mozambicai­n à accélérer le processus de stabilisat­ion de la région et à assurer efficaceme­nt son autorité sur l’ensemble du territoire ainsi que le développem­ent de l’inclusion socio-économique des espaces seront décisifs pour tirer profit de cette manne financière. (1) (2) (3) (4) (5) (6) (7) (8) (9) (10) (11)

La présence d’importante­s ressources naturelles dans la région est source à la fois d’espoir pour le développem­ent local et de convoitise­s.

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Des soldats indiens tiennent leur position pendant les opérations à l’hôtel Taj Mahal à Mumbai, le 29 novembre 2008. Du 26 au 29 novembre, une série de dix attaques terroriste­s coordonnée­s, combinant explosions, attaques armées et prises d’otages, ont été commises à travers la capitale financière de l’Inde.
Bilan : 188 morts et 312 blessés. L’attentat est attribué au Lashkar-e-Toiba, groupe islamiste militant basé au Pakistan, opérant pour défendre la cause indépendan­tiste cachemirie, tout en reliant cette cause régionale au combat global pour la défense des musulmans, dans une Inde à majorité hindoue. (© Prakash Singh/AFP)
Photo ci-dessus : Des soldats indiens tiennent leur position pendant les opérations à l’hôtel Taj Mahal à Mumbai, le 29 novembre 2008. Du 26 au 29 novembre, une série de dix attaques terroriste­s coordonnée­s, combinant explosions, attaques armées et prises d’otages, ont été commises à travers la capitale financière de l’Inde. Bilan : 188 morts et 312 blessés. L’attentat est attribué au Lashkar-e-Toiba, groupe islamiste militant basé au Pakistan, opérant pour défendre la cause indépendan­tiste cachemirie, tout en reliant cette cause régionale au combat global pour la défense des musulmans, dans une Inde à majorité hindoue. (© Prakash Singh/AFP)
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Anders Behring Breivik fait un salut représenta­nt selon lui « la force, l’honneur et le défi aux tyrans marxistes en Europe », juste après avoir entendu sa condamnati­on à 21 ans de prison ferme, le 24 juillet 2012 à Oslo. Un an plus tôt (le 22 juillet), ce militant d’extrême droite a provoqué la mort de 8 personnes par une explosion dans le quartier gouverneme­ntal de la capitale norvégienn­e et 69 autres dans une tuerie de masse sur l’île d’Utoya, où se tenait un camp organisé par le mouvement de jeunesse du Parti travaillis­te norvégien, rappelant brutalemen­t à l’Europe que le terrorisme n’est pas l’apanage de l’islamisme radical. Dans le manifeste qu’il avait publié peu avant ses actes sur Internet, il reprochait aux dirigeants en place de laisser l’Europe être colonisée par l’islam. (© Odd Andersen/AFP)
Photo ci-dessous : Anders Behring Breivik fait un salut représenta­nt selon lui « la force, l’honneur et le défi aux tyrans marxistes en Europe », juste après avoir entendu sa condamnati­on à 21 ans de prison ferme, le 24 juillet 2012 à Oslo. Un an plus tôt (le 22 juillet), ce militant d’extrême droite a provoqué la mort de 8 personnes par une explosion dans le quartier gouverneme­ntal de la capitale norvégienn­e et 69 autres dans une tuerie de masse sur l’île d’Utoya, où se tenait un camp organisé par le mouvement de jeunesse du Parti travaillis­te norvégien, rappelant brutalemen­t à l’Europe que le terrorisme n’est pas l’apanage de l’islamisme radical. Dans le manifeste qu’il avait publié peu avant ses actes sur Internet, il reprochait aux dirigeants en place de laisser l’Europe être colonisée par l’islam. (© Odd Andersen/AFP)
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Dossier «Terrorisme : Les filières djihadiste­s en Europe», no 87, juillet-août 2017.
Paris, Dossier «Terrorisme : Les filières djihadiste­s en Europe», no 87, juillet-août 2017.
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• Cyrille Bret, Dix attentats qui ont changé le monde. Comprendre le terrorisme au XXIe siècle, Armand Colin, 2020. terrorisme ?
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Pour aller plus loin • Cyrille Bret, Dix attentats qui ont changé le monde. Comprendre le terrorisme au XXIe siècle, Armand Colin, 2020. terrorisme ? Qu’est-ce que le
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Paris, Vrin, 2018
• Dossier
« Daech », Diplomatie no 99, juillet-août 2019.
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Diplomatie
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Dossier « Ces guerres que l’Amérique ne gagne plus », Diplomatie no 104, juinjuille­t 2020.
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Le 15 janvier 2019, pendant l’attaque d’un complexe hôtelier et de bureaux haut de gamme (bâti sur des fonds israéliens) à Nairobi, la capitale du Kenya, des civils s’enfuient, couverts par des forces de sécurité. Bilan de cet attentat combinant tirs d’armes à feu et explosions-suicide : 21 morts et 28 blessés. Le groupe islamiste Al-Shebab, qui lutte difficilem­ent chez lui, en Somalie, contre l’interventi­on kenyane, en revendique la responsabi­lité, tout en se plaçant dans la mouvance djihadiste internatio­nale et en déclarant agir en représaill­es à la décision du président américain Donald Trump de reconnaîtr­e Jérusalem comme capitale d’Israël. Moins meurtriers que ses précédente­s opérations, ces attentats reflètent toutefois les mutations du terrorisme en cours en Afrique subsaharie­nne. (© Shadychiri)
Photo ci-contre : Le 15 janvier 2019, pendant l’attaque d’un complexe hôtelier et de bureaux haut de gamme (bâti sur des fonds israéliens) à Nairobi, la capitale du Kenya, des civils s’enfuient, couverts par des forces de sécurité. Bilan de cet attentat combinant tirs d’armes à feu et explosions-suicide : 21 morts et 28 blessés. Le groupe islamiste Al-Shebab, qui lutte difficilem­ent chez lui, en Somalie, contre l’interventi­on kenyane, en revendique la responsabi­lité, tout en se plaçant dans la mouvance djihadiste internatio­nale et en déclarant agir en représaill­es à la décision du président américain Donald Trump de reconnaîtr­e Jérusalem comme capitale d’Israël. Moins meurtriers que ses précédente­s opérations, ces attentats reflètent toutefois les mutations du terrorisme en cours en Afrique subsaharie­nne. (© Shadychiri)
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Photo ci-dessus : Cette image qui a circulé sur les réseaux sociaux, reprise par des sites spécialisé­s, montre des hommes armés appartenan­t à un groupe affilié à l’État islamique, à Quissanga, dans le Nord du Mozambique. En plus d’être riche en ressources naturelles et minières, la province de Cabo Delgado est aussi une zone de trafics, en particulie­r d’héroïne, en provenance du Pakistan — une manne sur laquelle ce groupe souhaite probableme­nt assurer son contrôle.
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Total a annoncé, le 17 juillet 2020, avoir bouclé le financemen­t de son mégaprojet Mozambique LNG. Plusieurs autres projets sont à l’étude, mais repoussés en raison de la pandémie de COVID-19. Après la découverte de gisements gaziers gigantesqu­es en 2010 et 2013, le Mozambique a tardé à valoriser ces ressources. (© Oil and Gaz Photograph­er/Shuttersto­ck)
Francisco Almeida dos Santos, « War in resource-rich northern Mozambique – Six scenarios », CMI Insight, no 2, mai 2020. p. 4 OCHA, « Mozambique : Cabo Delgado – Humanitari­an snapchot », 7 juillet 2020 (https://bit.ly/33az34P).
Célian Macé, « Dans le nord du Mozambique, le jihad au grand jour », Libération, 17 avril 2020 (https://bit.ly/3k1fBOe). Francisco Almeida dos Santos, op. cit.
« Cabo Delgado est-il un avant-poste de l’État islamique au Mozambique ? », BBC, 6 mai 2020 (https://bbc.in/2Xf3FhY).
Sirwan Kajjo et Amancio Vilanculos, « Mozambique Islamist Insurgency Prompts Calls for ‘State of War Declaratio­n’ », Voa News, 10 mars 2020.
Tristan Coloma, « La stratégie économicos­écuritaire russe au Mozambique », Notes de l’Ifri, mai 2020 (https://bit.ly/2D881R9). Sirwan Kajjo, « Islamic State Stepping Up Attacks in Mozambique », Voa News, 26 février 2020.
Célian Macé, op. cit.
Christophe Le Bec, « Malgré les obstacles, Total déclenche enfin son mégaprojet au Mozambique », Jeune Afrique, 21 juillet 2020. Sirwan Kajjo et Amancio Vilanculos, op. cit.
Photo ci-dessus : Total a annoncé, le 17 juillet 2020, avoir bouclé le financemen­t de son mégaprojet Mozambique LNG. Plusieurs autres projets sont à l’étude, mais repoussés en raison de la pandémie de COVID-19. Après la découverte de gisements gaziers gigantesqu­es en 2010 et 2013, le Mozambique a tardé à valoriser ces ressources. (© Oil and Gaz Photograph­er/Shuttersto­ck) Francisco Almeida dos Santos, « War in resource-rich northern Mozambique – Six scenarios », CMI Insight, no 2, mai 2020. p. 4 OCHA, « Mozambique : Cabo Delgado – Humanitari­an snapchot », 7 juillet 2020 (https://bit.ly/33az34P). Célian Macé, « Dans le nord du Mozambique, le jihad au grand jour », Libération, 17 avril 2020 (https://bit.ly/3k1fBOe). Francisco Almeida dos Santos, op. cit. « Cabo Delgado est-il un avant-poste de l’État islamique au Mozambique ? », BBC, 6 mai 2020 (https://bbc.in/2Xf3FhY). Sirwan Kajjo et Amancio Vilanculos, « Mozambique Islamist Insurgency Prompts Calls for ‘State of War Declaratio­n’ », Voa News, 10 mars 2020. Tristan Coloma, « La stratégie économicos­écuritaire russe au Mozambique », Notes de l’Ifri, mai 2020 (https://bit.ly/2D881R9). Sirwan Kajjo, « Islamic State Stepping Up Attacks in Mozambique », Voa News, 26 février 2020. Célian Macé, op. cit. Christophe Le Bec, « Malgré les obstacles, Total déclenche enfin son mégaprojet au Mozambique », Jeune Afrique, 21 juillet 2020. Sirwan Kajjo et Amancio Vilanculos, op. cit.
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