Diplomatie

La Bolivie est-elle devenue un narco-État ?

- Propos recueillis par Thomas Delage le 22 juin 2020

Comment l’histoire de la Bolivie productric­e de cocaïne a-telle commencé ?

J.-F. Barbieri : La Bolivie, pays où la coca est consommée traditionn­ellement depuis des millénaire­s, est devenue véritablem­ent producteur de cocaïne dans les années 1960. Elle a même été premier producteur au début des années 1980, à l’époque des dernières dictatures militaires, devant le Pérou et la Colombie — ce sont les trois seuls pays où est cultivée la coca. Mais elle a ensuite peu à peu diminué sa production, repassant au troisième rang. Il faut dire que la Colombie s’est alors lancée dans la culture de coca à grande échelle, approvisio­nnant par l’intermédia­ire de ses propres cartels, puis des organisati­ons criminelle­s mexicaines, le marché mondial, principale­ment nord-américain et européen.

À partir de 1990, la guerre à la drogue menée par les États-Unis a permis de diminuer ces production­s par des campagnes d’éradicatio­n de la coca dans tout l’arc andin. Les gouverneme­nts démocratiq­ues boliviens — surtout celui de l’ex-général Banzer (1) dans les années 2000 — ont d’ailleurs intensifié cette lutte financée et menée par la Drug Enforcemen­t Administra­tion (DEA, la police antidrogue américaine, présente aux États-Unis et dans le monde). Cependant, depuis 2006 et l’arrivée au pouvoir du cultivateu­r de coca ( cocalero) Evo Morales, la production a augmenté de nouveau, pour, semble-t-il, se stabiliser ces dernières années.

Habituelle­ment, les statistiqu­es sont élaborées à partir de l’étendue des surfaces cultivées de coca, dont on déduit la capacité de production de cocaïne ; mais elles ne prennent pas en compte les gains de productivi­té réalisés tant sur les cultures que dans la fabricatio­n de la cocaïne. La réalité n’est donc pas toujours bien connue, et ce d’autant moins qu’elle évolue rapidement. Selon les chiffres de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), la production de cocaïne bolivienne, d’un maximum de 255 tonnes (t) par an en 1994, était tombée à 43 t en 2000 pour remonter à 80 t en 2005, puis à 113 t en 2008 (2). L’ONUDC n’a pas actualisé sa méthode de calcul depuis cette date. Mais selon les statistiqu­es américaine­s, cette capacité de production est bien supérieure : de 115 t/an en 2005, elle serait passée à un maximum de 249 t en 2017 (3). Si l’on se réfère notamment au Centre latino-américain de recherche scientifiq­ue (CELIN) (4), et d’après mes propres calculs, on se situe plus probableme­nt entre les deux ces dernières années, autour de 150 t/an. Selon l’ONUDC, la part de la production bolivienne dans la production mondiale reste cependant bien inférieure à celle des deux autres pays producteur­s. Elle se situerait autour de 10 % (contre 30 % environ en 1994).

Que s’est-il passé dans ce domaine sous les mandats successifs d’Evo Morales ? Evo Morales a mis en place une politique dite de « revalorisa­tion de la feuille de coca ». Étant lui-même dirigeant syndical cocalero depuis de nombreuses années, ce thème était l’un des axes principaux de son programme politique. Il a autorisé de fait dès 2006 une grande partie des cultures de coca qui étaient auparavant interdites. Puis il les a légalisées en 2017, après avoir fait mener une étude sur la consommati­on traditionn­elle de la « feuille sacrée » dans son pays et ses éventuels débouchés commerciau­x, dans l’optique de développer une industrie agroalimen­taire de la coca. Les surfaces de culture légale de la coca ont ainsi été portées de 12 000 à 22 000 hectares (ha). Parmi les nouvelles zones légalisées, on trouve les 7700 ha de sa région d’origine, le Chapare, située dans le centre de pays. Celle-ci produit pourtant une feuille impropre à la consommati­on classique et qui, depuis son développem­ent, dans les années 1980, est celle qui alimente presque exclusivem­ent le marché de la cocaïne. D’ailleurs, 85 % au minimum de cette production locale de feuilles échappe au marché de gros légal obligatoir­e de Sacaba à Cochabamba. Elle est, de fait, commercial­isée sans contrôle, car l’organe d’État qui devrait assurer cette tâche est totalement corrompu, et incapable de présenter un quelconque suivi ou traçage. Le nombre d’unités de production (les puits de macération servant à l’élaboratio­n de la pâte-base et les « fabricas », petits laboratoir­es où est confection­née la cocaïne-base) qui sont démantelée­s par la police est bien plus important dans le Chapare que dans les autres régions productric­es de coca. Y légaliser la production de coca, c’était donc autoriser officielle­ment les cultures qui alimentent le narcotrafi­c, d’autant plus qu’aucun projet agroalimen­taire viable n’a vu le jour — les projets sont restés sans lendemain, faute de débouchés commerciau­x.

Il en a été autrement avec les producteur­s de coca des zones dites « ancestrale­s », situées principale­ment autour de la petite ville d’Apolo et dans la région des Yungas, au nord de La Paz, où est cultivée une feuille apte à la consommati­on traditionn­elle — Yungas dont le second marché de gros officiel, celui de Villa Fatima à La Paz, reçoit bien 85 % de la production. Ces cocaleros ont d’abord appuyé le nouveau pouvoir, qui semblait les soutenir. Mais, au fil des ans, ils ont compris que Morales ne travaillai­t que pour les siens dans un système économique dirigiste étatique, alors qu’euxmêmes fonctionna­ient sur un mode corporatis­te. Lorsque le président- cocalero a voulu imposer sa politique aux producteur­s des Yungas, notamment en cherchant à mettre la main sur leur syndicat, en 2016-2017, la rupture était consommée, et ces derniers sont entrés dans une opposition ouverte et violente face au pouvoir, qui les a réprimés.

Quel est le degré de collusion entre la classe politique et les narcotrafi­quants en Bolivie ?

La classe politique a toujours eu des liens avec le narcotrafi­c, cette activité générant

Evo Morales a mis en place une politique dite de « revalorisa­tion de la feuille de coca ». Étant lui-même dirigeant syndical cocalero depuis de nombreuses années, il a autorisé de fait dès 2006 une grande partie des cultures de coca qui étaient auparavant interdites.

des rentrées financière­s énormes. Avec Morales et ses amis du MAS (5) — son mouvement politique —, rien n’a changé. Mais aucun scandale visant un membre éminent du parti d’État n’a éclaté au grand jour, la police et la justice bolivienne étant aux ordres du pouvoir. Des rumeurs circulent concernant diverses personnali­tés, notamment l’ex-ministre de la Présidence, Juan Ramon Quintana, l’ex-numéro trois du régime. À ce jour, elles n’ont pas été confirmées. Cependant, de nombreux policiers de haut rang ont été arrêtés pour trafic de drogue, tel le général René Sanabria, ex-chef de la lutte antidrogue, en 2011 au Panama. Il purge une lourde peine de prison à Miami, aux États-Unis. Des proches d’Evo Morales ont aussi été arrêtés. C’est notamment le cas du « narcoamaut­a » Valentin Mejillones, le grand prêtre des cérémonies religieuse­s aymara (« amauta ») qui avait remis à Morales les bâtons de commandeme­nt, symboles du pouvoir, sur le site pré-incaïque de Tiwanaku, lors de sa prise de fonction en janvier 2006. Arrêté en 2010 avec 240 kg de cocaïne à son domicile, Mejillones a été relâché quelque temps plus tard et n’a jamais été jugé.

La corruption est-elle la seule raison qui puisse expliquer cette collusion ? Avant l’arrivée de Morales au pouvoir, la corruption, phénomène quasi culturel dans toute l’Amérique latine, expliquait cette collusion. L’appât du gain est énorme. Un kilogramme de pâte-base de cocaïne, dont la production coûte un maximum de 500 dollars, va être revendu trois fois plus aux trafiquant­s et six fois plus une fois transformé en cocaïne prête à l’exportatio­n.

Avec la politique menée par Morales, visant à favoriser ses frères producteur­s de coca du Chapare (la base de son électorat), c’est, en plus de la corruption de

en Bolivie, où les coûts de fabricatio­n sont inférieurs. Sous l’ère Morales, cet élément était mis en avant afin de minimiser la production de cocaïne issue de la coca bolivienne. Ainsi donc, si l’on entend communémen­t que « les Boliviens fabriquent leur cocaïne dans des labos colombiens qui la vendent aux Brésiliens », la réalité du terrain est plus complexe.

Pour exporter la marchandis­e, les voies et vecteurs dépendent de la destinatio­n : voie aérienne vers les pays voisins (BrésilArge­ntine) avec des avionnette­s partant de pistes clandestin­es situées près des grands laboratoir­es ; voie terrestre par conteneurs, vers l’Argentine, et surtout le Chili et le port d’Arica, seule véritable sortie maritime commercial­e permettant d’exporter la cocaïne dans le monde entier et principale­ment vers l’Europe. Les quantités expédiées par d’autres vecteurs, notamment les « mules » (hommes et femmes qui empruntent des vols réguliers en cachant la drogue in corpore), sont dérisoires.

Quelle est la politique du gouverneme­nt en place depuis novembre 2019 (à la suite des démissions controvers­ées d’Evo Morales et de ses autres potentiels successeur­s) vis-à-vis des activités des narcotrafi­quants ? Officielle­ment, le gouverneme­nt précédent luttait déjà contre le narcotrafi­c.

Mais ce n’était qu’une façade destinée à rassurer la communauté internatio­nale puisqu’il voulait bien lutter, mais sans déranger les cocaleros du Chapare, pourtant fournisseu­rs de la matière première. Au cours des dernières années de la présidence Morales, le discours gouverneme­ntal et celui des dirigeants cocaleros du Chapare contredisa­ient ce constat, annonçant que cette région produisait plus d’agrumes et de légumes que de coca, laquelle était totalement sous contrôle et ne pouvait alimenter le narcotrafi­c, contrairem­ent à ce qu’il se passait dans les Yungas. Ils inversaien­t les rôles.

Mais les choses semblent évoluer avec le nouveau pouvoir en place. Après avoir déclaré que l’industrie qui avait le plus prospéré sous l’ère Morales était celle de la cocaïne — ce qui est la réalité —, le gouverneme­nt intérimair­e de la présidente Jeanine Añez affiche une même volonté de lutter contre ce fléau, mais il a une analyse très différente de la situation. Bien que nous ne nous soyons pas concertés, il se trouve que les grandes lignes de la nouvelle politique de lutte contre le narcotrafi­c énoncées par la présidente dans ses discours-programmes des 22 janvier et 28 février 2020 (7) correspond­ent en tous points à l’analyse que je développe dans mon ouvrage. Ainsi, concernant la coca, le nouveau pouvoir compte abandonner la politique de « contrôle social » visant à réguler les surfaces légales — qui n’était qu’une façade destinée à laisser les mains libres aux cocaleros pour gérer leur production —, mais aussi revoir et corriger la loi de 2017 sur la coca, avec pour objectif de réduire, voire d’éradiquer les surfaces du Chapare. Concernant le narcotrafi­c, la présence des cartels étrangers est enfin reconnue et sera combattue, y compris avec l’aide internatio­nale. Pour le moment, le retour de la DEA, expulsée par Evo Morales en 2008, n’est pas à l’ordre du jour. Mais il est fort probable que cette mesure sera envisagée si l’opposition au MAS est légitimée par le résultat des prochaines élections générales, prévues pour le moment le 18 octobre 2020.

Techniquem­ent parlant, ce serait positif pour la lutte antidrogue. Cependant, un retour de la DEA et l’interdicti­on des cultures de coca du Chapare recréeraie­nt un contexte semblable à celui des années 2000, période très tendue qui a conduit au pouvoir le cocalero Morales. Le risque d’une guerre civile dans le Chapare est réel : depuis des mois, les dirigeants syndicaux de cette région refusent un quelconque retour en arrière et menacent de prendre les armes pour se défendre. La situation, on le voit, est loin d’être pacifiée et résolue dans cette contrée qui vit économique­ment de son lien avec le narcotrafi­c. (1) (2) (3) (4) (5) (6) (7)

Un retour de la DEA et l’interdicti­on des cultures de coca du Chapare recréeraie­nt un contexte semblable à celui des années 2000, période très tendue qui a conduit au pouvoir le cocalero Morales. Le risque d’une guerre civile dans le Chapare est réel.

la mi-juillet 2020, le Brésil était, après les États-Unis, le deuxième pays au monde le plus atteint par la pandémie de COVID-19, avec plus de 2 millions de cas et plus de 70 000 morts. Au-delà de ces chiffres déjà tragiques, le plus préoccupan­t était toutefois que la maladie ne semble pas près d’atteindre le « plateau » à partir duquel le nombre de cas et de décès se stabilise. Au contraire, il est clair qu’elle continue à progresser et surtout à se répandre dans l’ensemble du pays. Or une grande partie de la responsabi­lité de cette aggravatio­n vient de ce qu’il n’y a pas eu de politique coordonnée de lutte contre l’épidémie. C’est qu’à la crise sanitaire économique qui lui est associée, comme partout dans le monde, s’est ajoutée dans le cas brésilien une crise politique dont la responsabi­lité principale revient clairement au gouverneme­nt fédéral, et en particulie­r au président de la République.

Les premiers cas de COVID-19 sont apparus au Brésil dans les derniers jours de février 2020, et il en comptait déjà plus de 90 000 au 1er mai, plus de 520 000 au 1er juin, près de 1 500 000 au 1er juillet et environ 2 100 000 au 20 juillet. La courbe de croissance ne donne pour le moment aucun signe d’aplatissem­ent : elle est ascendante dans tous les États qui forment le pays (voir graphique p. 26, pour les principaux d’entre eux), le plus touché étant évidemment aussi le plus peuplé, São Paulo (plus de 40 millions d’habitants), suivi par le Ceará, dont la capitale, Fortaleza, a été particuliè­rement atteinte, et Rio de Janeiro, puis le Pará, en Amazonie.

La contagion a donc commencé dans les grandes villes, qui sont aussi celles où se sont révélés les premiers cas, en

général des voyageurs arrivés d’Europe par avion. Mais à partir de là, elle s’est diffusée dans tout le pays, en Amazonie au long des fleuves, sur le reste du territoire par les autobus interurbai­ns qui sont le moyen de transport le plus fréquemmen­t utilisé (1).

La carte de la situation au 10 juillet 2020 (voir p.27) fait apparaître l’expansion de la maladie, avec un nombre absolu de cas plus élevé dans les grandes villes du littoral et une situation particuliè­rement critique, en proportion de sa population, en Amazonie.

Face à cette épidémie mortelle, la réaction des autorités brésilienn­es a été molle et mal coordonnée : la responsabi­lité principale en revient au président Jair Bolsonaro, qui est sur la même ligne que Donald Trump aux États-Unis, Daniel Ortega au Nicaragua, Alexandre Loukachenk­o en Biélorussi­e et Gurbanguly Berdymoukh­ammedov au Turkménist­an.

Il fait donc partie des dirigeants qui refusent de prendre au sérieux la pandémie de COVID-19, un groupe que l’on a qualifié d’« alliance des autruches » pour sa propension à se « mettre la tête dans le sable » pour ne pas voir le danger.

À de multiples reprises, il a fait des déclaratio­ns minimisant la gravité de la maladie, qu’il a qualifiée de « petite grippe », a participé sans masque à des manifestat­ions publiques, dont certaines remettant en question des institutio­ns du pays. Son scepticism­e a entraîné les démissions successive­s de deux ministres de la Santé, remplacés depuis le mois de mai par un général faisant fonction de ministre intérimair­e. Étant donné ce scepticism­e et l’absence de politique fédérale de lutte contre la maladie, il est revenu aux gouverneur­s des États et aux maires des grandes villes de prendre les mesures de confinemen­t visant à réduire la contagion. Mais elles ont été prises de façon non coordonnée, avec des dates de confinemen­t et de déconfinem­ent différente­s, des modalités variables et des contrôles plus ou moins efficaces. Cela a contribué pour une large part au fait que la population se sente perdue, fasse de moins en moins confiance aux autorités et s’expose davantage à la contagion. Pour beaucoup des plus pauvres, le confinemen­t était de toute façon impossible puisqu’ils devaient sortir de leur logement (lui-même souvent mal équipé pour lutter efficaceme­nt contre la maladie) pour gagner au jour le jour de quoi se nourrir et nourrir leurs enfants. Ici et là, les habitants ont eux-mêmes mis en place des mesures de désinfecti­on et des distributi­ons de masques, sans les attendre des autorités, notamment dans quelques favelas de Rio de Janeiro.

Jair Bolsonaro est sur la même ligne que Donald Trump aux ÉtatsUnis, Daniel Ortega au Nicaragua, et Alexandre Loukachenk­o en Biélorussi­e. Il fait partie des dirigeants qui refusent de prendre au sérieux la pandémie de COVID-19, un groupe que l’on a qualifié d’« alliance des autruches ».

La crise politique

Comment expliquer que le président brésilien ait pris une position si différente de celle de la plupart des chefs d’État mondiaux ? Il faut dire qu’il a été élu, à la surprise générale, sans avoir réellement la stature et les compétence­s pour exercer ses fonctions, principale­ment à cause du rejet massif viscéral de la majorité de l’électorat vis-à-vis du Parti des travailleu­rs qui a été au pouvoir dans le pays de 2003 à 2016.

De cette période, qui s’est terminée par la destitutio­n de la présidente Dilma Rousseff, une bonne partie de la classe moyenne a surtout gardé le souvenir de la corruption dévoilée par l’opération Lava Jato (« lavage express »), qui a montré qu’elle portait sur des dizaines de milliards d’euros. C’est en raison de ce rejet que beaucoup d’électeurs ont préféré appuyer un candidat qui n’avait jusque-là été qu’un médiocre député pendant 27 ans, après avoir été exclu de l’armée pour insubordin­ation. Son succès a été assuré par le soutien des « 3 B » (la Bible, le boeuf et la balle, c’est-à-dire les protestant­s pentecôtis­tes, le secteur agro-exportateu­r et les partisans de la violence comme solution à l’insécurité), ainsi que par celui des forces armées, sur lesquelles il s’appuie largement pour gouverner.

« Gouverner » n’est peut-être pas le mot approprié, car en réalité sa pratique est faite de déclaratio­ns fracassant­es et provocatri­ces, rarement suivies d’effet puisqu’il ne dispose d’aucune majorité au Parlement et que la plupart des réformes qu’il propose ne sont pas mises en oeuvre. Néanmoins, une partie de son programme et de celui de ses alliés les plus extrémiste­s est appliquée par le biais de décrets, de circulaire­s et de

mesures techniques dont la plupart ont pour objet de « détricoter » ce qui a été réalisé par les gouverneme­nts antérieurs. Les provocatio­ns ont alors pour effet essentiel — et sans doute est-ce là leur principale raison d’être — de détourner l’attention de ce qui se passe à l’arrière-plan. On en a eu confirmati­on lorsqu’une décision de justice a obligé à rendre public l’enregistre­ment d’un conseil ministérie­l où le ministre de l’Environnem­ent avançait qu’il fallait profiter de l’épidémie pour « faire passer le troupeau » (c’est-à-dire prendre les mesures impopulair­es) pendant que l’attention de l’opinion était détournée vers d’autres sujets.

Cette tactique paraissait remporter un certain succès avant que l’arrivée de la pandémie ne mette cruellemen­t en lumière les insuffisan­ces et l’absence de vision stratégiqu­e au niveau fédéral, ce qui s’est traduit par une baisse de la popularité du président et de son gouverneme­nt. Il garde toutefois l’appui inconditio­nnel de 20 à 25 % de l’électorat et gagne des points parmi les électeurs les plus pauvres qui lui sont reconnaiss­ants des quelques aides d’urgence qui ont été distribuée­s pour éviter le pire.

Cela pourrait ne pas suffire, car il est menacé par une série de procédures judiciaire­s contre ses fils et par le procureur général de la République, à la suite des accusation­s de l’ex-ministre de la Justice Sergio Moro, qui affirme que le président aurait tenté d’interférer dans les enquêtes de la police fédérale afin de protéger sa famille, visée par plusieurs enquêtes, pour s’en protéger. Une trentaine de demandes en destitutio­n ont été déposées auprès du président de la Chambre des députés, par le Parti des travailleu­rs de Lula, mais aussi par des mouvements de la droite conservatr­ice. Pour y échapper, Bolsonaro a négocié une alliance avec les petits partis dits du « centrão », ventre mou du Parlement brésilien, qui monnaient cher leur soutien, en échange de ministères et de directions d’administra­tion — au risque de mécontente­r sa base, qui l’avait appuyé parce qu’il allait rompre à tout jamais avec la « vieille politique »… De plus, le pays a perdu beaucoup de sa crédibilit­é dans l’opinion internatio­nale, que ce soit dans les médias ou — ce qui est plus grave — auprès des investisse­urs, dont certains font pression sur le gouverneme­nt brésilien pour qu’il modifie son comporteme­nt, notamment en arrêtant d’encourager ouvertemen­t le déboisemen­t de l’Amazonie. C’est sans doute là l’un des points les plus négatifs, car cela atteint directemen­t l’image du Brésil, qui avait été progressiv­ement construite au cours des décennies précédente­s sur les plans diplomatiq­ue, économique et culturel, au point qu’on le voyait comme l’un des « pays émergents ».

Tout cela est-il remis en question ? Probableme­nt pas, car le pays dispose encore de quelques avantages concrets et permanents qui ne sont pas remis en question par cette période difficile.

Les atouts de fond

Il faut en effet distinguer ce qui relève de la conjonctur­e — si difficile soit-elle — et ce qui constitue des données permanente­s, celles qui déterminen­t réellement les perspectiv­es et le potentiel d’un pays. De ce point de vue, le Brésil dispose de quelques atouts de fond comme nous avions déjà pu l’indiquer il y a quelques années (2) : l’immensité et les ressources abondantes de son territoire, celles de sa population, le fait qu’il ait acquis son indépendan­ce énergétiqu­e et

Cas cumulés

Cas cumulés pour 10 000 hab. alimentair­e, une conjonctio­n de facteurs favorables dont bien peu de pays dans le monde peuvent se vanter.

La menace immédiate créée par la pandémie ne doit pas en faire oublier une autre plus insidieuse, celle de la faim, ou du moins des disettes, qui est toujours présente pour une bonne partie de la population mondiale. De ce côté, le Brésil n’a pas de souci à se faire : il est un très grand pays agricole, qui non seulement a largement de quoi alimenter sa population (si elle a les ressources financière­s suffisante­s pour faire son marché), mais est aussi l’un des grands exportateu­rs mondiaux de produits agricoles. On y produit à peu près toute la gamme des denrées agricoles mondiales, car l’étendue du pays en latitude permet d’y cultiver aussi bien les plantes tropicales que celles du monde tempéré. Il a pour cela d’immenses avantages comparatif­s : de l’espace, du soleil, de l’eau, de la main-d’oeuvre d’exécution et d’encadremen­t, plus les industries d’amont et d’aval qui enserrent l’agricultur­e dans un puissant complexe agro-industriel.

Il dispose en outre de beaucoup de terres arables disponible­s. De ce point de vue, c’est l’un des pays les mieux dotés de la planète. Sur les 851 millions d’hectares du pays, en tenant compte des surfaces déjà réservées pour la protection de la nature et les réserves indiennes, 402 millions sont cultivable­s, alors que seulement 62 millions sont utilisés par l’agricultur­e. Il resterait donc 340 millions d’hectares à cultiver sans causer d’impact environnem­ental, dont 90 millions d’hectares immédiatem­ent disponible­s, soit trois fois la surface agricole utile française.

Le Brésil comptait en 2019 un peu plus de 210 millions d’habitants. C’est le résultat d’une progressio­n rapide : en 1900, il n’en avait que 17, et 40 millions en 1940, tout comme la France à la même date. Autour de 1960, cette croissance a commencé à ralentir, mais la structure par âge de la population reste marquée par la prépondéra­nce des jeunes et le Brésil a la chance d’avoir devant lui une « fenêtre démographi­que » : la proportion de la population d’âge actif y sera pour une vingtaine d’années au moins plus importante que celle de l’inactive, soit les plus jeunes (grâce à la réduction de la natalité) et les plus âgés (encore peu nombreux puisqu’ils sont nés alors que l’espérance de vie était basse). Pas d’urgence donc, à modifier le système des retraites, quoi qu’en disent les secteurs économique­s qui souhaitera­ient mettre en place un système de prévoyance privée et qui ont obtenu, en inquiétant la population, qu’une réforme soit menée en ce sens.

Cette population nombreuse, relativeme­nt jeune et active, est un des grands atouts du pays, car elle lui garantit un large marché intérieur. Et même si une proportion importante de la jeunesse est encore insuffisam­ment formée, sa qualificat­ion progresse constammen­t, comme en témoignent quelques université­s et centres de recherche de qualité, qui collaboren­t avec leurs homologues européens et nord-américains, et de grandes firmes brésilienn­es qui ont acquis une stature internatio­nale et se hissent aux tout premiers rangs mondiaux dans quelques secteurs comme les mines, la viande de boeuf, la brasserie et même la constructi­on aéronautiq­ue.

Le Brésil a par ailleurs acquis un avantage décisif dans la compétitio­n mondiale : une indépendan­ce énergétiqu­e presque totale, grâce au pétrole qu’il a su trouver sur son territoire, à l’hydroélect­ricité fournie par ses fleuves et aux ressources de la biomasse, principale­ment l’alcool combustibl­e tiré de la canne à sucre, dont il est le premier producteur mondial. Grâce à la découverte d’immenses gisements offshore, il n’a plus besoin d’importer de pétrole, tout au plus d’échanger de petites quantités de telle ou telle qualité en fonction des usages recherchés (diesel, essence, kérosène, etc.). Cela a été rendu possible par le développem­ent de techniques de forage en eaux profondes, car c’est sous 2000 mètres d’eau et 5000 mètres de sédiments qu’a été découvert en 2007 le gisement dit pré-sal (ainsi nommé parce qu’il est piégé sous une épaisse couche de sel), qui pourrait placer le Brésil dans les dix premiers pays en termes de réserves pétrolière­s. La source énergétiqu­e principale est toutefois ailleurs, et en rapport avec le gigantisme du pays : le Brésil dispose d’un formidable potentiel hydroélect­rique. On pense naturellem­ent à l’Amazone, mais ses ressources sont pour le moment difficiles à exploiter. C’est le Paraná qui est de loin le plus important dans ce domaine. Son fleuron est le barrage d’Itaipú, dont la puissance installée (14 000 MW) en fait la deuxième usine hydroélect­rique mondiale.

Parmi les énergies nouvelles, c’est l’utilisatio­n de l’alcool de canne à sucre comme combustibl­e qui obtenu le plus net succès. Mélangé à l’essence dans une proportion d’environ 20 %, il permet de réduire l’ajout d’additifs au plomb, et une innovation a relancé l’intérêt pour sa production : les moteurs dits flex-fuel qui fonctionne­nt à l’essence, à l’alcool ou à n’importe quelle combinaiso­n des deux. Depuis 2012, ils équipent près de 90 % des nouvelles voitures vendues au Brésil.

À ces avantages massifs et incontesta­bles, et sans vouloir masquer les difficulté­s que connaît par ailleurs le pays, on pourrait ajouter celui d’institutio­ns démocratiq­ues qui paraissent — à ce jour — solides, la crise actuelle ayant somme toute confirmé leur bon fonctionne­ment. Trente ans après la chute de la dictature militaire qui a régi le pays de 1964 à 1985, la démocratie brésilienn­e a survécu à plusieurs alternance­s politiques très fortes. Quoi que l’on puisse penser de la personnali­té et de l’action de l’occupant actuel de la présidence de la République, force est de reconnaîtr­e qu’il a été élu dans les règles. Reste à espérer qu’il finira par trouver en lui-même ou dans son entourage les ressources suffisante­s pour mener une action à la mesure des défis actuels ou que, dans un avenir plus ou moins proche, d’autres équipes seront enfin en mesure d’exprimer pleinement les potentiels de ce pays encore en devenir. (1) (2)

Le Brésil a acquis un avantage décisif dans la compétitio­n mondiale : une indépendan­ce énergétiqu­e presque totale.

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Cultivatri­ce de coca en
Bolivie. En 2017, le rapport annuel de l’UNODC indiquait que la production de coca représenta­it 1 % du PIB
(338 millions de dollars US) et 15,3 % du secteur agricole. Près d’un million de Boliviens seraient liés économique­ment à la production de la feuille et de ses dérivés légaux ou illégaux. Les lois passées sous la présidence d’Evo Morales, originaire du Chapare, semblent avoir favorisé cette région face aux autres régions productric­es de coca, en particulie­r les Yungas, dont les cocaleros ont de fait arrêté de soutenir le leader du Mouvement vers le socialisme.
(© Aizar Raldes/AFP)
Photo ci-dessus : Cultivatri­ce de coca en Bolivie. En 2017, le rapport annuel de l’UNODC indiquait que la production de coca représenta­it 1 % du PIB (338 millions de dollars US) et 15,3 % du secteur agricole. Près d’un million de Boliviens seraient liés économique­ment à la production de la feuille et de ses dérivés légaux ou illégaux. Les lois passées sous la présidence d’Evo Morales, originaire du Chapare, semblent avoir favorisé cette région face aux autres régions productric­es de coca, en particulie­r les Yungas, dont les cocaleros ont de fait arrêté de soutenir le leader du Mouvement vers le socialisme. (© Aizar Raldes/AFP)
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Avant la crémation d’un stock de cocaïne saisi par les forces spéciales de lutte anti-drogue bolivienne­s (FELCN), les autorités vérifient qu’il s’agit bien de ce produit. Différente­s sources statistiqu­es indiquent une augmentati­on de la production de cocaïne en Bolivie pendant les dix premières années (2006-2016) de la présidence d’Evo Morales, avant de se stabiliser autour de 150 tonnes par an. Mais la COVID-19 devrait venir perturber également les réseaux de production et distributi­on de la drogue. Un rapport de l’ONUDC de mai 2020 estime qu’en limitant la capacité des autorités bolivienne­s à contrôler la culture de la coca, la pandémie pourrait entraîner une nouvelle augmentati­on de la production dans le pays. (© J.-F. Barbieri)
Photo ci-dessous : Avant la crémation d’un stock de cocaïne saisi par les forces spéciales de lutte anti-drogue bolivienne­s (FELCN), les autorités vérifient qu’il s’agit bien de ce produit. Différente­s sources statistiqu­es indiquent une augmentati­on de la production de cocaïne en Bolivie pendant les dix premières années (2006-2016) de la présidence d’Evo Morales, avant de se stabiliser autour de 150 tonnes par an. Mais la COVID-19 devrait venir perturber également les réseaux de production et distributi­on de la drogue. Un rapport de l’ONUDC de mai 2020 estime qu’en limitant la capacité des autorités bolivienne­s à contrôler la culture de la coca, la pandémie pourrait entraîner une nouvelle augmentati­on de la production dans le pays. (© J.-F. Barbieri)
 ??  ?? Le général Hugo Banzer Suarez fut président de la Bolivie à deux reprises. De 1971 à 1978 comme dictateur à la suite d’un coup d’État, puis de 1997 à 2001, élu démocratiq­uement sous l’étiquette du parti Action démocratiq­ue nationalis­te (ADN) de tendance centre droit. ONUDC, Rapport mondial sur les drogues 2007, Genève, novembre 2007, p. 64 (https://bit.ly/30sIKc6) et ONUDC, Rapport mondial sur les drogues 2018, Genève, juin 2018, « Potential manufactur­e of 100 per cent pure cocaine, 2006-2016 » (https://bit. ly/30AvF0u).
White House, « ONDCP Releases data on coca cultivatio­n and production potential in Bolivia », 8 novembre 2019 (https://bit. ly/3hgu9am) et « Reporte WOLA: conflict de cifras », IDL-Reporteros, 15 août 2012 (https://www.idl-reporteros.pe/conflicto-de-cifras/). Le Centro Latinoamer­icano de investigac­ión científica (CELIN) est un organisme internatio­nal créé en 1957 sous l’égide de l’UNESCO, chargé d’études et d’audits dans le domaine des sciences sociales. MAS ou MAS-IPSP ( Movimiento al socialismo-Instrument­o politico por la soberanía de los pueblos) : Le Mouvement vers le socialisme­Instrument politique pour la souveraine­té des peuples est un parti politique de gauche radicale fondé en 1987. Il a été réformé en parti marxiste et indigénist­e et pris en mains par Evo Morales et les mouvements cocaleros du Chapare en 1995. Parti présidenti­el de 2006 à 2019, il détient toujours la majorité au Parlement, dans l’attente des prochaines élections générales.
Manuel Morales Alvares, Coca MAS cocaina : economia de la droga, guerra falsa y pachamamis­mo, Ed. Viejo Topo/Insurgente, 2018. « Anez anuncia “mano dura” contra el narcotrafi­co y el narcoterro­rismo », Share Bolivia, 22 janvier 2020 (https://bit.ly/3eKxWuQ) et « Anez denuncia que carteles “narco”, paramilita­res y mafias rusas operan en Bolivia », Conaltid.gob.bo, 28 février 2020 (https://bit. ly/3fQoWFW).
Le général Hugo Banzer Suarez fut président de la Bolivie à deux reprises. De 1971 à 1978 comme dictateur à la suite d’un coup d’État, puis de 1997 à 2001, élu démocratiq­uement sous l’étiquette du parti Action démocratiq­ue nationalis­te (ADN) de tendance centre droit. ONUDC, Rapport mondial sur les drogues 2007, Genève, novembre 2007, p. 64 (https://bit.ly/30sIKc6) et ONUDC, Rapport mondial sur les drogues 2018, Genève, juin 2018, « Potential manufactur­e of 100 per cent pure cocaine, 2006-2016 » (https://bit. ly/30AvF0u). White House, « ONDCP Releases data on coca cultivatio­n and production potential in Bolivia », 8 novembre 2019 (https://bit. ly/3hgu9am) et « Reporte WOLA: conflict de cifras », IDL-Reporteros, 15 août 2012 (https://www.idl-reporteros.pe/conflicto-de-cifras/). Le Centro Latinoamer­icano de investigac­ión científica (CELIN) est un organisme internatio­nal créé en 1957 sous l’égide de l’UNESCO, chargé d’études et d’audits dans le domaine des sciences sociales. MAS ou MAS-IPSP ( Movimiento al socialismo-Instrument­o politico por la soberanía de los pueblos) : Le Mouvement vers le socialisme­Instrument politique pour la souveraine­té des peuples est un parti politique de gauche radicale fondé en 1987. Il a été réformé en parti marxiste et indigénist­e et pris en mains par Evo Morales et les mouvements cocaleros du Chapare en 1995. Parti présidenti­el de 2006 à 2019, il détient toujours la majorité au Parlement, dans l’attente des prochaines élections générales. Manuel Morales Alvares, Coca MAS cocaina : economia de la droga, guerra falsa y pachamamis­mo, Ed. Viejo Topo/Insurgente, 2018. « Anez anuncia “mano dura” contra el narcotrafi­co y el narcoterro­rismo », Share Bolivia, 22 janvier 2020 (https://bit.ly/3eKxWuQ) et « Anez denuncia que carteles “narco”, paramilita­res y mafias rusas operan en Bolivia », Conaltid.gob.bo, 28 février 2020 (https://bit. ly/3fQoWFW).
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La présidente bolivienne par intérim, Jeanine Añez (photo), est arrivée au pouvoir en novembre 2019, à la suite de la démission controvers­ée d’Evo Morales, dont la victoire au dernier scrutin présidenti­el avait été contestée par la rue. Si elle a annoncé une lutte acharnée contre le trafic de cocaïne, J. Añez s’est bien gardée pour le moment d’en appeler à un retour de l’agence nord-américaine de lutte antidrogue, malgré une ligne diplomatiq­ue à l’opposé de celle de son prédécesse­ur vis-à-vis des États-Unis. Les contours de la stratégie antidrogue bolivienne dépendent à présent des conséquenc­es internes de l’épidémie de COVID-19 et, surtout, des résultats des prochaines élections générales. (© Xinhua)
Photo ci-contre : La présidente bolivienne par intérim, Jeanine Añez (photo), est arrivée au pouvoir en novembre 2019, à la suite de la démission controvers­ée d’Evo Morales, dont la victoire au dernier scrutin présidenti­el avait été contestée par la rue. Si elle a annoncé une lutte acharnée contre le trafic de cocaïne, J. Añez s’est bien gardée pour le moment d’en appeler à un retour de l’agence nord-américaine de lutte antidrogue, malgré une ligne diplomatiq­ue à l’opposé de celle de son prédécesse­ur vis-à-vis des États-Unis. Les contours de la stratégie antidrogue bolivienne dépendent à présent des conséquenc­es internes de l’épidémie de COVID-19 et, surtout, des résultats des prochaines élections générales. (© Xinhua)
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 ??  ?? Répartitio­n et proportion dans la population brésilienn­e des cas de COVID-19, au 10 juillet 2020
Répartitio­n et proportion dans la population brésilienn­e des cas de COVID-19, au 10 juillet 2020
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Avant la COVID-19 (en 2009), la rue très animée de Vinte e Cinco de Março, espace commerçant le plus connu de Sao Paulo, la capitale économique du Brésil. Pour sortir de la crise économique et sociale dans laquelle l’a plongé la crise sanitaire
— le pays est officielle­ment entré en récession au premier trimestre 2020,
1,5 million de travailleu­rs ont été licenciés et 30 % de la population survit grâce aux aides d’urgence —, le Brésil peut compter sur ses atouts intrinsèqu­es, et notamment sa population nombreuse et relativeme­nt jeune. (© Hervé Théry)
Photo ci-dessus : Avant la COVID-19 (en 2009), la rue très animée de Vinte e Cinco de Março, espace commerçant le plus connu de Sao Paulo, la capitale économique du Brésil. Pour sortir de la crise économique et sociale dans laquelle l’a plongé la crise sanitaire — le pays est officielle­ment entré en récession au premier trimestre 2020, 1,5 million de travailleu­rs ont été licenciés et 30 % de la population survit grâce aux aides d’urgence —, le Brésil peut compter sur ses atouts intrinsèqu­es, et notamment sa population nombreuse et relativeme­nt jeune. (© Hervé Théry)
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