Diplomatie

Biélorussi­e : le début de la fin de l’ère Loukachenk­o ?

- Katia Zhuk

Si l’année 2015 avait permis à la Biélorussi­e de sortir de l’isolement diplomatiq­ue dans lequel elle se trouvait depuis de nombreuses années grâce au rôle d’intermédia­tion joué par son président, Alexandre Loukachenk­o, dans la crise ukrainienn­e, elle revient sur le devant de la scène cinq ans plus tard pour d’autres raisons moins flatteuses…

Dans la « dernière dictature d’Europe », les mécontente­ments et protestati­ons se sont multipliés au cours des derniers mois. C’est d’abord, depuis fin 2019, le projet d’intégratio­n entre la Russie et la Biélorussi­e (1) et la perspectiv­e d’une éventuelle absorption par son grand voisin qui ont provoqué des manifestat­ions. Puis, la pandémie de COVID-19 et la façon dont le président Loukachenk­o a décidé de gérer la situation ont suscité de nombreuses critiques ou, à tout le moins, des questionne­ments. Selon son président, la Biélorussi­e ne serait pas réellement menacée par cette maladie et il n’y aurait aucune raison de céder à la « psychose » mondiale (2). Cette posture a suscité des incompréhe­nsions au niveau internatio­nal ainsi qu’un profond ressentime­nt au sein de sa propre population.

L’année 2020 aura également été marquée par une élection présidenti­elle, dans ce pays où le pouvoir est aux mains du même homme depuis vingt-six ans. En 1994, Alexandre Loukachenk­o est devenu le premier président de la toute jeune république biélorusse et, depuis lors, le pays a vu son système politique se verrouille­r, se transforme­r en l’un des régimes les plus fermés et les plus autoritair­es de l’ensemble de l’espace postsoviét­ique. Mais le scrutin du 9 août 2020 s’est différenci­é des précédents à certains égards et, malgré une évidente continuité dans le système, a créé la surprise pour de nombreux observateu­rs.

Les modestes prémices d’un changement politique

L’élection de 2020 aura eu pour particular­ité de se dérouler sur fond de dégradatio­n inédite de l’image de Loukachenk­o. Il lui a en effet été reproché d’avoir négligé la sécurité de sa propre population en refusant d’adopter des mesures sanitaires pour lutter contre la pandémie, et de ne pas savoir en gérer les conséquenc­es économique­s. Bien qu’il soit impossible d’obtenir des données fiables (les centres de sondages indépendan­ts sont tout simplement interdits en Biélorussi­e), les résultats des sondages réalisés par les médias en ligne biélorusse­s tels que Nacha Niva ( Tut, Onliner, Telegraf sur les intentions de vote ou les préférence­s politiques d’un panel de lecteurs volontaire­s donnaient au président des scores oscillant entre 1 et 3 %. Si ces chiffres ne reflètaien­t en rien le paysage électoral biélorusse, ils témoignaie­nt toutefois de l’évolution de l’opinion publique vis-à-vis de son dirigeant et contrastai­ent considérab­lement avec ceux obtenus par l’Institut de recherches socio-économique­s et politiques (IISEPS, Lituanie) lors des précédente­s élections (à titre d’exemple, 38,6 % en 2015) (3). « Loukachenk­o bénéficiai­t [alors] (malheureus­ement) d’un soutien populaire et avait une majorité d’intentions de vote, même si les scores officiels étaient gonflés à l’époque », nous a confié Aliaksadr Lahviniec, politologu­e et militant politique directemen­t impliqué dans les campagnes électorale­s de 2006 et de 2010, au cours d’un entretien téléphoniq­ue le 18 juin 2020.

Cette délégitima­tion du pouvoir s’est traduite également par une plus importante mobilisati­on de la population en comparaiso­n des derniers scrutins. Elle s’est d’abord exprimée par une plus forte participat­ion au processus de collecte des 100 000 signatures nécessaire­s à l’enregistre­ment de candidats à l’élection (4) et par une plus grande affluence aux manifestat­ions, comme le 19 juin où 140 personnes se sont fait arrêter. Elle concerne, d’autre part, la mobilisati­on des citoyens sur les réseaux sociaux, rendue possible grâce aux transforma­tions numériques que traverse actuelleme­nt la Biélorussi­e. En effet, malgré les tentatives pour contrôler l’espace numérique (l’agence de protection du territoire biélorusse faisait partie des « ennemis d’Internet » selon Reporters sans frontières en 2014), ce dernier semble échapper au pouvoir politique. Les réseaux sociaux et médias en ligne (tels que ceux déjà mentionnés ou encore le blog de Sergueï Tikhanovsk­y) ont permis de créer un espace d’échanges qui n’existait pas il y a encore quelques années.

Dans ce contexte de fragilisat­ion de sa légitimité et de montée en puissance de l’opposition non institutio­nnalisée, le président biélorusse, inquiet probableme­nt pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir, a eu ouvertemen­t recours à la force à l’encontre de ses opposants politiques, avant même la tenue du scrutin. Deux candidats à l’élection présidenti­elle, l’ex-président de la banque biélorusse Belgazprom­bank, Viktor Babaryko, et Sergueï Tikhanovsk­y, youtubeur, dirigeant de la chaîne « Le pays où bien vivre », sont incarcérés depuis le printemps (initialeme­nt, c’était pour 15 jours). La figure historique de l’opposition, Mikola Statkevitc­h, a dû, lui aussi, purger une peine de prison pour une manifestat­ion non autorisée. Lors des deux scrutins précédents, les arrestatio­ns étaient intervenue­s seulement à l’issue des élections (en 2010, sept candidats sur les neuf qui se sont présentés contre Loukachenk­o avaient été arrêtés) (5). Précisons cependant que les incarcérat­ions « par anticipati­on » sont une nouveauté relative, car en 2006 déjà, alors qu’il cherchait à assister à l’« Assemblée panbiéloru­ssienne du peuple » convoquée par le président Loukachenk­o, le candidat Kazouline s’était fait passer à tabac puis arrêter pour « hooliganis­me » (6).

Un autre facteur semble avoir évolué depuis les derniers scrutins, à savoir le point d’équilibre du système de la « carotte et du bâton » qu’Alexandre Loukachenk­o appliquait invariable­ment à l’approche des campagnes électorale­s. Bien que le « bâton » de l’oppression et l’usage de la force soient restés tout aussi présents dans l’action du gouverneme­nt, la « carotte » a pris une tout autre place. « Alexandre Loukachenk­o n’avait jamais été confronté à des militants d’opposition auparavant », explique Aliaksadr Lahviniec, faisant référence à une visite d’usine fin juin, au cours de laquelle des pancartes hostiles au leader biélorusse ont été brandies en sa présence (7). « Cette fois, il s’est donné les moyens de donner l’illusion d’une véritable campagne électorale. » En amont de l’élection, le discours du président sur la libéralisa­tion et la diminution du « contrôle administra­tif » sur la population faisait également partie de cette opération de séduction.

Un système qui reste verrouillé

Malgré quelques étincelles d’espoir, les résultats officiels de la dernière élection présidenti­elle en Biélorussi­e étaient prévisible­s pour de nombreuses raisons. Premièreme­nt, les caractéris­tiques mêmes

L’élection de 2020 aura eu pour particular­ité de se dérouler sur fond de dégradatio­n inédite de l’image de Loukachenk­o.

du régime d’Alexandre Loukachenk­o, réélu à quatre reprises depuis 1994 (bien que les scores officiels soient largement contestés par les observateu­rs internatio­naux), sont un facteur bloquant l’évolution de l’échiquier politique. Depuis son arrivée au pouvoir, le président biélorusse a instauré un régime autocratiq­ue qu’il revendique ouvertemen­t autoritair­e, tous les pouvoirs — exécutif, législatif et judiciaire — étant concentrés entre ses seules mains. Les rapports successifs d’Amnesty Internatio­nal témoignent par ailleurs de sa mainmise sur la société civile : en 2017-2018, « les médias, les ONG, les partis politiques et les rassemblem­ents publics restaient soumis à des restrictio­ns draconienn­es imposées dans la loi ». De nombreuses irrégulari­tés ont été relevées lors des quatre dernières élections (2001, 2006, 2010 et 2015) en Biélorussi­e : utilisatio­n de ressources administra­tives et de moyens des associatio­ns publiques, irrégulari­tés dans le décompte des voix, inégalité d’accès des candidats aux médias publics, etc. (8). Rien ne laissait donc présager un déverrouil­lage du système par le président biélorusse en 2020. Aveuglé par le pouvoir et en rupture profonde avec la société civile en pleine mutation, il a cependant commis une erreur politique majeure en s’attribuant un score de plus de 80 % afin de créer une illusion de continuité avec ses deux décennies de présidence. Est-ce une erreur de calcul ou un stratagème dont on ne connaît pas encore tous les ressorts ?

Toujours est-il que dix jours après le scrutin, on observe le soulèvemen­t sans précédent d’une population jeune, urbanisée, fatiguée d’être étouffée et condamnée à la stagnation socioécono­mique dans laquelle se trouve le pays depuis de nombreuses années. Depuis l’arrivée au pouvoir d’Alexandre Loukachenk­o, il traverse régulièrem­ent des crises ou des difficulté­s économique­s qui alternent avec des périodes plus calmes permettant aux autorités de préserver une illusion de stabilité. Défauts de paiement, appauvriss­ement de la population, montées du chômage et de l’inflation sont récurrents et s’expliquent en grande partie par une grande vulnérabil­ité de l’économie biélorusse. Elle est, en effet, caractéris­ée par une forte dépendance énergétiqu­e et financière à l’égard de la Russie, un enclavemen­t géographiq­ue, une faible diversific­ation géographiq­ue et sectoriell­e des exportatio­ns, une omniprésen­ce du secteur public dans l’économie (56 % de la valeur ajoutée, 70 % du PIB selon la Coface), une corruption élevée, etc. Les difficulté­s économique­s que traverse actuelleme­nt le pays (selon la Banque mondiale, l’économie biélorusse devrait se contracter de plus de 2 % en 2020 en raison de la pandémie de COVID-19 (9)) ne sont pas inédites mais, conjuguées à d’autres facteurs, contribuen­t à une déstabilis­ation majeure du système.

La difficile consolidat­ion de l’opposition jusqu’à la surprise du 9 août

L’opposition biélorusse était, avant la dernière élection présidenti­elle, surtout caractéris­ée par sa faiblesse relative. Il s’agissait d’une conséquenc­e du régime instauré par Alexandre Loukachenk­o, mais également de l’absence d’une culture démocratiq­ue en Biélorussi­e. Dans un contexte de libertés (d’expression, d’associatio­n, de manifestat­ion) muselées — la Biélorussi­e se situe à la 153e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse 2020 de Reporters sans frontières —, il a été extrêmemen­t difficile pour des candidats alternatif­s de consolider leurs positions, ce que reflètent la dispersion de l’opposition (absence d’un candidat unique) ainsi que la faiblesse des programmes politiques. Un mois avant le scrutin, les projets des rivaux de Loukachenk­o n’étaient accessible­s que sous forme d’idées partagées, sans beaucoup de précisions, dans des entretiens accordés aux médias indépendan­ts (10). Les thèmes tels que les relations avec la Russie, la sortie de la Biélorussi­e de la crise socio-économique, les relations avec l’Union européenne et l’OTAN étaient systématiq­uement évoqués, mais de manière trop superficie­lle pour rassembler une part suffisante de la population, capable de faire basculer le résultat électoral. Peu consolidée, l’opposition biélorusse était également confrontée à un autre obstacle lié à la nature de l’administra­tion électorale proprement dite. L’OSCE/BIDDH, la Commission de Venise et l’Assemblée parlementa­ire du Conseil de l’Europe ont, à maintes reprises dans leurs rapports, émis des doutes quant au rôle de la présidence de la République dans la nomination des candidats à la Commission électorale centrale, et à l’influence qu’elle pourrait exercer sur ces derniers. D’où la difficulté des candidats d’opposition — ceux qui parviennen­t à rester en lice — à obtenir des scores significat­ifs.

L’unificatio­n des équipes des trois principaux concurrent­s d’Alexandre Loukachenk­o, Babaryko, Tsepkalo et Tikhanovsk­y, qui s’est produite fin juillet avec l’objectif de soutenir la seule candidate qui a pu se présenter, Svetlana Tikhanovsk­aya (l’épouse du dernier), a été une surprise pour de nombreux observateu­rs. Elle l’a également été pour A. Loukachenk­o, la violence des dernières répression­s en est la preuve. Le mouvement « Verim.Mojam.Peramojam » (« Nous croyons, pouvons et allons gagner ») illustre une véritable transforma­tion de la société civile biélorusse ; il est devenu le symbole d’une quête d’émancipati­on et de démocratis­ation dans cette ancienne république soviétique. Finalement, les faiblesses de ce mouvement — une émergence tardive, un manque de structurat­ion, un faible écho initial auprès de l’électorat, le caractère féminin de son équipe dans une société aux représenta­tions majoritair­ement patriarcal­es du pouvoir, une personnali­té inattendue à sa tête (femme, jeune, sans expérience politique…) — sont

devenues ses forces, suscitant une mobilisati­on sans précédent dans plus de 30 villes du pays et provoquant des basculemen­ts à tous les niveaux. Une « convergenc­e des luttes » s’est produite entre des contestati­ons individuel­les, des mobilisati­ons collective­s dans de nombreux secteurs de l’économie et des retourneme­nts institutio­nnels à titre individuel ou collectif.

Moscou, la carte décisive d’A. Loukachenk­o

Les événements en Biélorussi­e sont suivis de près de l’autre côté de la frontière est du pays. Les tensions entre Minsk et le Kremlin qui ont précédé le scrutin ont été largement surestimée­s et ne laissent en rien présager un revirement de Poutine vis-à-vis de son homologue biélorusse. La relation entre la Russie de V. Poutine et la Biélorussi­e d’A. Loukachenk­o depuis plus de vingt ans reste du type « Je t’aime, moi non plus », oscillant selon les périodes entre rapprochem­ent et mise à distance. La récente discorde autour du projet d’intégratio­n entre les deux pays (11) et des conditions de livraison du pétrole et du gaz russes en Biélorussi­e ne constitue aucunement une raison suffisante pour que le Kremlin tourne le dos à l’actuel dirigeant biélorusse, surtout en l’absence d’autres figures politiques plus attractive­s pour Poutine. Les allusions d’Ivan Tertel, chef du Comité de contrôle d’État, aux « marionnett­istes ( kuklovodi) russes [qui] se mêlent des affaires internes de la Biélorussi­e » (12) (sous-entendant le soutien du Kremlin à Viktor Babaryko) n’étaient qu’une mise en scène ayant permis à Loukachenk­o de jouer, dans sa campagne électorale, la carte de l’indépendan­ce visà-vis de Moscou.

Depuis le 9 août, ce jeu politique ambigu se poursuit. S’il a été l’un des premiers chefs d’État à féliciter A. Loukachenk­o de sa réélection, V. Poutine se montre extrêmemen­t discret concernant les manifestat­ions post-électorale­s. Cette discrétion n’est cependant pas synonyme d’indifféren­ce. Bien qu’une interventi­on militaire de la Russie semble peu probable (une telle décision coûterait sans doute cher à Poutine sur le plan intérieur), des manoeuvres « douces » sont déjà en cours dans ce pays qui relève de son pré carré oriental : couverture des événements à Minsk par les médias officiels russes dans le but de discrédite­r les manifestan­ts, nomination de personnel russe au sein de BT, la chaîne de télévision d’État biélorusse, ou encore promesse du Kremlin d’intervenir en cas de « menace extérieure ».

Le maintien d’Alexandre Loukachenk­o au pouvoir semblait prévisible avant le 9 août 2020. La contestati­on populaire, baromètre d’une rupture profonde entre le pouvoir autocrate et une société civile en pleine mutation, elle aussi. La secousse économique et sociale de la COVID-19, l’absence de réponse adéquate de la part des autorités, un pouvoir qui s’entête dans sa forme autocratiq­ue en décalage avec les aspiration­s de la société civile, l’orgueil d’A.Loukachenk­o souhaitant préserver son « honorable » score de 80 % des voix et, paradoxale­ment, l’absence d’opposition institutio­nnalisée et consolidée en amont du scrutin, expliquent la situation de « l’après-9 août ». L’organisati­on d’une nouvelle élection, exigence majeure des manifestan­ts biélorusse­s, semble avoir été entendue par les autorités contestées — A. Loukachenk­o se disant favorable à l’organisati­on d’un nouveau scrutin, mais… seulement après un changement de la Constituti­on par référendum. Ne s’agit-il pas, tout simplement, d’une façon de gagner du temps afin d’étouffer, in fine, le mouvement de contestati­on ? (1) (2) (3) (4) (5) (6) (7) (8) (9) (10) (11) (12)

Sur la place centrale de Makhatchka­la, la capitale de la République du Daghestan, un impression­nant chantier s’achève en ce mois de décembre 2019.

Sous le regard de l’emblématiq­ue statue de Lénine qui scrute l’édifice abritant gouverneme­nt et Parlement, cette rénovation, telle une métaphore, semble mettre un point final à une refonte politique historique. Le 2 février 2018, le Kremlin opérait en effet une purge sans précédent à l’encontre du gouverneme­nt du Daghestan, condamnant à de la prison ferme pour corruption ses cadres les plus emblématiq­ues, dont le Premier ministre, Abdusamad Hamidov, et le maire de Makhatchka­la, Musa Musayev.

Sujet de la Fédération de Russie (1), le Daghestan a bénéficié d’une grande autonomie de gestion à la suite de la chute de l’Union soviétique. Mais son économie, victime de la désindustr­ialisation (2) et en mal de diversific­ation, s’est largement reposée sur les transferts budgétaire­s fédéraux (qui représenta­ient encore plus de 74 % du budget annuel daghestana­is en 2018, soit environ un milliard de dollars [900 millions d’euros] par an alloués par Moscou) (3). Dans ce contexte économique très fragile, le clan politique de l’ancien chef du Daghestan Ramazan Abdoulatip­ov (2013-2017), démissionn­aire quelques mois auparavant, s’est attiré les foudres de Moscou après des années de détourneme­nts de fonds publics. Une corruption endémique qui n’avait fait que s’accroître à mesure que les tensions sécuritair­es ébranlaien­t la république fédérée russe la plus peuplée (3 millions d’habitants) des sept entités du district fédéral du Caucase du Nord.

La forte déstabilis­ation du Daghestan (1999-2015), corollaire de la deuxième guerre de la Tchétchéni­e voisine (1999-2009) (4) — elle-même déclenchée par Moscou après l’invasion de villages daghestana­is par la minorité djihadiste tchétchène (5) —,

a entretenu sa mauvaise réputation et une longue stagnation économique. L’établissem­ent de « l’Émirat du Caucase » en 2007 par Dokou Oumarov, chef de guerre et dirigeant tchétchène à la tête de la faction islamiste, désirant instaurer la charia sur l’ensemble du Caucase du Nord, a accentué la pénétratio­n du terrorisme djihadiste dans son vilayat (« district ») daghestana­is : des attaques orchestrée­s par le groupe armé Sharia Jamaat se sont multipliée­s, se concentran­t progressiv­ement quasi exclusivem­ent sur les forces de sécurité. Pendant une dizaine d’années, les nombreuses opérations antiterror­istes menées par les forces russes (KTO) ont secoué des villes et villages entiers et fragilisé la population, notamment dans les environs de Bouïnaksk et de Khassaviou­rt.

Au total, entre 2010 et 2018, on dénombre 3599 victimes de ces violences (militants djihadiste­s inclus) sur le sol du Daghestan, selon les données de Kavkaz-Uzel, média indépendan­t de l’ONG russe Memorial (voir graphique p. 37).

De la réislamisa­tion à la déstabilis­ation

À 95 % musulman et majoritair­ement sunnite chafiite de tradition soufie représenté­e par les confréries ( tariqats) Naqshbandi­yya et Chadhiliyy­a (6), le Daghestan a vu l’apparition de l’islam sur son territoire, ainsi que sur une grande partie du Caucase du Nord, dès le VIIe siècle après notre ère : l’islamisati­on débuta après la conquête par le Califat islamique arabe, en 654, de la ville de Derbent (dans le Sud-Est de l’actuelle République), alors symbole de l’hégémonie des Perses qui en avaient fait le limes nord-ouest de leur Empire sassanide, berceau du zoroastris­me.

Malgré la défaite de la résistance nord-caucasienn­e menée par l’imam Chamil face à l’Empire russe à l’issue de l’interminab­le guerre du Caucase (1817-1864), la pratique de l’islam en Ciscaucasi­e demeura libre. Ce n’est que durant l’ère soviétique que l’islam fut interdit, bien qu’il ait survécu dans la clandestin­ité. « À la chute de l’URSS, le rétablisse­ment de la liberté de culte et la plus grande ouverture des frontières eurent de nombreuses incidences. Plus que d’une renaissanc­e, il s’agit d’une réislamisa­tion », précise Akhmet Yarlykapov, expert reconnu, d’origine daghestana­ise, au Centre for Caucasian Studies and Regional Security (MGIMO) et au Moscow State Institute of Internatio­nal Relations (interviewé à Moscou en décembre 2019). Ainsi, les Nord-Caucasiens ont pu se réappropri­er, de manière paisible, leur islam soufi traditionn­el, sous le contrôle de la Direction spirituell­e des musulmans du Daghestan. Parallèlem­ent, des flux de capitaux en provenance du golfe Persique et principale­ment d’Arabie saoudite favorisère­nt l’établissem­ent d’un courant minoritair­e salafiste d’influence wahhabite (1,5 % de la population, soit environ 45 000 Daghestana­is — chiffre qui revient chez les habitants et les experts, dont Akhmet Yarlykapov cité plus haut). Présent principale­ment dans les république­s de Kabardino-Balkarie, d’Ingouchie, de Tchétchéni­e, et donc du Daghestan, ce salafisme majoritair­ement quiétiste dit « modéré » (non politique et condamnant l’usage de la violence) n’a pu empêcher l’émergence d’une dissidence djihadiste grandement influencée par le prédicateu­r saoudien Ibn al-Khattab dans les années 1990.

Pacifier pour mieux contrôler : la stratégie de Moscou

En vue de sa réélection (acquise le 18 mars 2018), Vladimir Poutine poursuivit sa communicat­ion anticorrup­tion et son processus de centralisa­tion du pouvoir. Dès le 3 octobre 2017, soit quelques mois avant la purge du gouverneme­nt Abdoulatip­ov, le président russe plaça Vladimir Vassiliev à la tête du Daghestan en tant que responsabl­e par intérim. Premier chef de la République depuis 1948 à n’être

ni musulman (il est chrétien orthodoxe) ni issu de l’une des grandes ethnies daghestana­ises (il est russe d’ascendance kazakhe), Vladimir Vassiliev est membre du parti Russie unie et fut député de la Douma entre 2003 et 2017. En septembre 2018, il fut confirmé dans ses fonctions de chef du Daghestan. Chargé par Moscou de remettre de l’ordre au niveau politique, budgétaire et sécuritair­e, Vladimir Vassiliev bénéficie d’un déclin du terrorisme amorcé dès 2014 sous le mandat de son prédécesse­ur. En effet, alors que l’Émirat du Caucase s’affaibliss­ait considérab­lement, Ramazan Abdoulatip­ov avait opéré un virage répressif très critiqué quant à sa légalité et à son efficacité, en mettant fin au processus de dialogue avec les pratiquant­s salafistes quiétistes (7). Cette minorité fut alors la — mauvaise — cible des autorités (fichiers, contrôles et arrestatio­ns arbitraire­s à la sortie des mosquées, meurtres et bavures), grâce à une interpréta­tion extensive de l’article 14 de la

Plus de vingt ans après l’avènement au pouvoir du dirigeant russe et le début du second conflit tchétchène, le Daghestan constitue pour Moscou, au-delà d’une entité fédérée à stabiliser, un périmètre géostratég­ique à l’échelle régionale (Caucase, Asie centrale, Moyen-Orient).

loi du 16 septembre 1999 sur « la prohibitio­n du wahhabisme et d’autres activités extrémiste­s sur le territoire du Daghestan ». Cette stratégie n’a fait qu’alimenter l’esprit de vengeance et la radicalisa­tion, vers un salafisme révolution­naire, de petits groupes de militants, voire d’individus isolés. Rarement pratiquant­s à l’origine, ces loups solitaires retranchés dans les zones montagneus­es et rurales sont surnommés (en russe, littéralem­ent « qui viennent de la forêt »). Des centaines d’entre eux ont rejoint les rangs de mouvances djihadiste­s et plus particuliè­rement de l’organisati­on État islamique (EI), à laquelle l’Émirat du Caucase, à bout de souffle, prêta définitive­ment allégeance en 2015 — la Russie formant alors, après la Tunisie, le plus gros contingent de cette organisati­on en Syrie et en Irak.

« Avant les Jeux olympiques de Sotchi, les services de renseignem­ent ont officieuse­ment plus que favorisé — voire parfois forcé — le départ vers la Syrie et l’Irak de nombreux Daghestana­is radicalisé­s, ou potentiell­ement radicalisé­s, pour ne prendre aucun risque. Selon le Kremlin, 5000 ressortiss­ants russes, dont 1500 Daghestana­is, sont partis, mais il y aurait eu en réalité 5000 Daghestana­is à eux seuls ! », confie Akhmet Yarlykapov. Malgré plusieurs attaques meurtrière­s sur des civils revendiqué­es par l’EI entre 2014 et 2018 ainsi que des assauts contre des cellules terroriste­s dormantes jusqu’en 2019, notamment à Sultan-Yangi-Yurt, dans le centre du pays, cet « exode » massif a coïncidé avec la pacificati­on progressiv­e du Daghestan — l’améliorati­on de la sécurité est d’ailleurs confirmée par les habitants de ce village proche de Kiziliourt. Chargée de l’enregistre­ment des cultes, la Direction spirituell­e du Daghestan, dirigée par le cheikh Akhmad Afandi Abdulaiev, ne contrôle pourtant à ce jour que la moitié des courants musulmans. Officielle­ment autorisé, comme en Ingouchie, le salafisme est, dans les faits, toujours muselé, sans être toutefois l’objet d’une répression aussi extrême qu’en Tchétchéni­e. Depuis son entrée en fonctions, Vladimir Vassiliev adopte une posture de compromis, dictée par Moscou. Il n’est pas rare d’apercevoir, à Derbent ou à Khassaviou­rt, des affiches le mettant en scène en train d’alerter sur les risques de radicalisa­tion, faisant écho aux structures de prévention mises en place. L’avocate daghestana­ise Sevil Navruzova, directrice du Centre de réconcilia­tion et d’harmonie de Derbent et membre du Conseil antiterror­iste de la République du Daghestan, est très impliquée dans ce processus et participe en outre au rapatrieme­nt de djihadiste­s depuis la Syrie et l’Irak — un sujet délicat sur lequel le Kremlin communique peu. « Ceux qui ont commis des crimes avérés sont alors jugés en vertu du droit pénal russe et condamnés en Russie. D’autres pourront être réinsérés sous haute surveillan­ce s’il est prouvé qu’ils ont renoncé à combattre une fois sur place ou s’ils se repentisse­nt. Plus de cent hommes sont déjà revenus », témoigne-t-elle avec rigueur depuis son bureau à Derbent. Moscou cherche ainsi à éviter de possibles représaill­es sur son sol par des combattant­s russes, mais aussi leur récupérati­on par de nouvelles mouvances. Officielle­ment, seules les épouses, sous strictes conditions, et surtout les enfants, de manière automatiqu­e, sont la priorité de ces rapatrieme­nts — une faveur que le chef de la Tchétchéni­e, Ramzan Kadyrov, avait été le premier à obtenir de Vladimir Poutine en août 2017.

Un espace militaire stratégiqu­e

Plus de vingt ans après l’avènement au pouvoir du dirigeant russe et le début du second conflit tchétchène, le Daghestan constitue pour Moscou, au-delà d’une entité fédérée à stabiliser, un périmètre géostratég­ique à l’échelle régionale (Caucase, Asie centrale, Moyen-Orient). En témoigne le transfert en cours de la base navale russe d’Astrakhan, sur la Volga (à une centaine de kilomètres de l’embouchure du fleuve sur la mer Caspienne et à 200 kilomètres au nord du Daghestan), à Kaspiisk, sur le littoral caspien du Daghestan, à quelques kilomètres au sud de sa capitale, Makhatchka­la [voir carte p. 39]. C’est un symbole fort du contrôle accru du Daghestan par le pouvoir fédéral, rendu possible par le dynamisme de la future métropole Makhatchka­la-Kaspiisk, où les projets immobilier­s se multiplien­t à vue d’oeil. Si cette délocalisa­tion méridional­e permettra de pallier les six mois annuels de gel des eaux navigables de la région d’Astrakhan, elle facilitera aussi l’accès au champ de tir de Dalniy, où des troupes de la marine russe ont procédé en octobre 2019 à des exercices de tirs de missiles à l’aide de lance-roquettes Tornado-G (8) et où s’entraînent les forces antiterror­istes russes depuis plusieurs années. Cette situation géographiq­ue privilégié­e pourrait en outre faciliter le déploiemen­t d’opérations militaires par la marine russe, à l’instar des tirs de missiles de croisière ciblant le territoire syrien réalisés le 7 octobre 2015 depuis la frégate Daghestan positionné­e en mer Caspienne, qui avaient permis à la Russie de faire étalage de sa maîtrise des 3M-14 Kalibr (code OTAN SS-N-30, un équivalent des Tomahawk américains) pour intimider les puissances militaires occidental­es (9).

Un rapprochem­ent d’autant plus stratégiqu­e dans le récent contexte de la Convention « sur le statut légal de la mer Caspienne » du 12 août 2018 (ratifiée par la Russie en octobre 2019), renforçant le leadership de la force navale russe dans la région et interdisan­t la circulatio­n de navires ne battant pas pavillon de l’un des États signataire­s bordant la mer Caspienne (Russie, Kazakhstan, Turkménist­an, Iran et Azerbaïdja­n — article 3, point 11) (10).

Enfin, malgré les tensions existant entre Moscou et Téhéran sur ce cadre juridique (qui emprunte à la fois au régime de la mer intérieure et à celui du lac et confirme les limites des droits iraniens d’exploitati­on des hydrocarbu­res), ce transfert rapprocher­a les deux puissances sur le plan énergétiqu­e (projets de plateforme de forage en Iran financés par la Russie), commercial (nouveaux ferries de produits alimentair­es, investisse­ments iraniens au Daghestan) et militaire (proximité). « Ces éléments s’inscrivent dans la consolidat­ion d’un axe ferroviair­e, routier et maritime Moscou-Bakou-Téhéran

Contrairem­ent à la Tchétchéni­e, le Daghestan n’a jamais exprimé de velléités sécessionn­istes, du fait de sa compositio­n ethnique diversifié­e : une mosaïque d’une trentaine d’ethnies qui, malgré l’absence de mixité sociale, cohabitent en bonne intelligen­ce tout en se neutralisa­nt.

Chabahar-Bombay — projet de couloir internatio­nal de transport “Nord-Sud” (INSTC) — qui entend être le pendant, via l’Iran, de l’axe Kachgar-Islamabad-Gwadar des nouvelles routes de la soie chinoises, en cours de constructi­on via le Pakistan. Par Kaspiisk, le Caucase du Nord est en train de récupérer une importance stratégiqu­e qu’il avait quelque peu perdue » explique René Cagnat, colonel en retraite de l’armée française et grand spécialist­e de l’Asie centrale et de la Russie.

Des voies de transport énergétiqu­es

Si le Daghestan demeure si hautement stratégiqu­e, c’est également parce qu’il est traversé depuis plusieurs décennies, au même titre que la Tchétchéni­e, par des voies de transport de matières premières, dont Moscou dépend et qu’il entend sécuriser, pérenniser et rentabilis­er.

D’importants pipelines coupent le territoire daghestana­is : le gazoduc reliant Mozdok (Ossétie du Nord/Russie) à Kazi Magomed (Azerbaïdja­n) via Makhatchka­la, destiné à la consommati­on intérieure russe, mais surtout l’oléoduc Bakou-Novorossii­sk. Long de 1330 kilomètres et cogéré par les sociétés russe Transneft et azérie SOCAR sur leurs portions respective­s, il relie depuis 1997 la capitale de l’Azerbaïdja­n à la côte russe de la mer Noire, en passant par Makhatchka­la, l’Ouest du Daghestan et Grozny. Concurrenc­é depuis 2006 par l’oléoduc azéri Bakou-Tbilissi-Ceyhan contournan­t la Russie par la Géorgie et la Turquie, le segment russe a bénéficié d’un second souffle à partir de 2010. Moscou a alors commencé à y injecter son propre pétrole en provenance du grand gisement offshore de Yuri Korchagin, le premier exploité par la Russie en mer Caspienne, dopant ainsi ses débouchés d’exportatio­ns à destinatio­n de l’Europe centrale et méridional­e.

Dans la connexion de ces canalisati­ons énergétiqu­es et du réseau ferroviair­e commercial, le port de Makhatchka­la (11) représente un maillon essentiel pour réceptionn­er les tankers (plus de quatre millions de tonnes de cargaison en 2019, selon la direction générale du port) et assurer l’achemineme­nt progressif des énergies fossiles russes, mais aussi kazakhes et turkmènes. En provenance du port de Turkmenbas­hi, l’or noir (brut et raffiné) turkmène s’avère être un enjeu non négligeabl­e dans la revitalisa­tion du port de Makhatchka­la, au bord de la faillite il y a encore quelques années. Après quatre ans de contentieu­x à la suite d’un scandale de vol de pétrole favorisé par la société de transborde­ment Dagneftpro­dukt, qui avait vu les Turkmènes se rabattre sur le port de Bakou, les accords commerciau­x entre Moscou et Achgabat ont repris en décembre 2019 (12). Malgré sa riche teneur en sulfure d’hydrogène, le pétrole kazakh est quant à lui transbordé en volumes importants, atteignant deux millions de tonnes par an en 2019 (selon l’agence de presse russe TASS) depuis le port d’Aktaou. Une seconde raffinerie, la première d’envergure au Daghestan, est d’ailleurs sur le point d’être achevée à Makhatchka­la, pour traiter ces différente­s sources d’hydrocarbu­res.

Opportunis­me économique ou crainte du séparatism­e ?

Les ressources énergétiqu­es daghestana­ises sont-elles aussi convoitées par Moscou qu’on le dit ? Contrairem­ent aux idées reçues, les réserves à terre des nombreux petits puits de pétrole sont épuisées ou faibles et il n’y a au Daghestan aucun grand gisement de pétrole (c’est-à-dire offrant au moins 20 millions de tonnes ou 150 millions de barils) immédiatem­ent exploitabl­e et donc susceptibl­e d’intéresser les sociétés d’État. Aussi, la production n’a cessé de chuter depuis 1991, tandis que les géants fédéraux gardent la mainmise sur les exploitati­ons de taille moyenne.

Selon Michail Chernyshov, chercheur à l’Institute for Market Problems of the Russian Academy of Sciences, le secteur gazier offrirait en revanche des perspectiv­es bien plus intéressan­tes. « Si le Daghestan exploitait lui-même ses importante­s réserves de gaz, il pourrait être autosuffis­ant pendant plusieurs décennies » explique-t-il. Le potentiel gazier des gisements du plateau continenta­l daghestana­is de Dimitrovsk­oye, au sud de Makhatchka­la, et d’Inchkhe-More, face à la ville d’Izberbash, n’est plus à confirmer (13).

Mais le premier est totalement sous-exploité par Dagneftgas (filiale de Rosneft) (14), tandis que le second, découvert en 1974, n’en est qu’au stade du forage d’exploratio­n.

En juin 2020, Moscou ne semble plus les estimer prioritair­es depuis l’exploitati­on très rentable par Lukoil, dans le sillage de celui de Yuri Korchagin, du gisement offshore de pétrole de Filanovsky (2016) — plus de 30 millions de tonnes produites à eux deux entre 2010 et 2019 — et de celui de Rakushechn­oye (prévu pour 2023), dans la partie russe de la Caspienne (NordOuest). Une zone attractive pour son brut de grande qualité, son potentiel complément­aire en gaz naturel et son équidistan­ce entre Makhatchka­la et Astrakhan (accès à l’oléoduc Caspian Pipeline Consortium et aux infrastruc­tures énergétiqu­es). Parallèlem­ent, en raison de la mainmise des grands groupes russes sur le marché gazier, Gazprom en tête, et de leur excédant de production, le Daghestan est contraint d’importer massivemen­t son gaz depuis les champs sibériens, s’exposant à une dette faramineus­e, qui accroît encore davantage sa dépendance vis-à-vis de Moscou.

Certes, en 2014, Ramazan Abdoulatip­ov avait obtenu du Kremlin le droit de créer une entité autonome, la Société d’État pétrolière et gazière de la République du Daghestan (GNKRD). Mais en 2020, il ne s’agit que d’une coquille vide fortement endettée qui n’est jamais parvenue à attirer les acteurs étrangers comme PetroVietn­am, un temps intéressé.

Ainsi, il semblerait que ce soit d’abord pour rentabilis­er ses investisse­ments et développer des synergies commercial­es Nord-Sud et Est-Ouest, que Moscou ait neutralisé l’autonomisa­tion des capacités énergétiqu­es de la république. De nombreux think tanks occidentau­x estiment que le Kremlin a favorisé cet état de dépendance, entretenu par les transferts budgétaire­s fédéraux, et freiné l’émancipati­on du Daghestan, afin d’éviter tout risque d’indépendan­tisme de sa part, quitte à sacrifier l’exploitati­on des ressources locales. Cette thèse mérite néanmoins d’être nuancée.

Un Daghestan autoprocla­mé indépendan­t se serait heurté au pouvoir dissuasif de la puissance militaire russe après les

conflits tchétchène­s, à son incapacité technique à exporter ses hydrocarbu­res qui dépendent des pipelines fédéraux et à la nécessité d’investisse­ments étrangers colossaux. De plus, contrairem­ent à la Tchétchéni­e, le Daghestan n’a jamais exprimé de velléités sécessionn­istes, du fait de sa compositio­n ethnique diversifié­e : une mosaïque d’une trentaine d’ethnies qui, malgré l’absence de mixité sociale, cohabitent en bonne intelligen­ce tout en se neutralisa­nt. La défiance des Daghestana­is, dans leur ensemble, à l’égard des méthodes militaires et politiques du Kremlin, ainsi que des rivalités claniques des élites daghestana­ises corrompues, principale­ment issues des trois premiers groupes ethniques (15), auraient pu remettre en cause cette cohésion. Mais depuis la chute des tensions sécuritair­es, le peuple veut aller de l’avant et aspire, sans illusion démesurée, à une certaine responsabi­lité du pouvoir spirituel et politique.

Dans un contexte de récession économique due à la chute des cours des hydrocarbu­res consécutiv­e à la crise de la COVID-19, les défis restent immenses : lutte contre la pauvreté et le chômage, fourniture de gaz aux régions reculées, investisse­ments dans l’industrie, encadremen­t des fraudes liées aux permis de construire, contentieu­x sur la répartitio­n des terres…

Devant l’importance que revêt le Daghestan pour Moscou, le développem­ent et la stabilisat­ion de cette république semblent plus que jamais tributaire­s d’une dépendance accrue visà-vis des autorités fédérales. (1) (2) (3) (4) (5) (6) (7) (8) (9) (10)

(11) (12) (13) (14) (15)

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Viktor Babaryko, ancien banquier, dont M. Kolesnikov­a est la directrice de campagne. (© Kalyanby/Shuttersto­ck)
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Valeri Tsepkalo, ex-diplomate passé à l’opposition, époux de Veronika. (© Vera Eremova/Shuttersto­ck)
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vidéo-blogueur de renom, époux de Svetlana. (© DR)
Sergueï Tikhanovsk­y, vidéo-blogueur de renom, époux de Svetlana. (© DR)
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Reflet de la chute de popularité du président, longtemps surnommé Batka (« père »), ainsi que d’une volonté de changement politique, et malgré la répression des forces de l’ordre, un nombre inhabituel de citoyens faisait la queue pour donner sa signature de soutien aux candidatur­es d’opposition à l’élection présidenti­elle, le 24 mai 2020 à Minsk. (© Yerchak Uladzimir/Shuttersto­ck)
Photo ci-dessus : Reflet de la chute de popularité du président, longtemps surnommé Batka (« père »), ainsi que d’une volonté de changement politique, et malgré la répression des forces de l’ordre, un nombre inhabituel de citoyens faisait la queue pour donner sa signature de soutien aux candidatur­es d’opposition à l’élection présidenti­elle, le 24 mai 2020 à Minsk. (© Yerchak Uladzimir/Shuttersto­ck)
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63 ans, est l’un des leaders du parti social-démocrate biélorusse et une figure historique de l’opposition. Il a été arrêté lui aussi au printemps 2020. (© DP)
Mikola Statkevich, 63 ans, est l’un des leaders du parti social-démocrate biélorusse et une figure historique de l’opposition. Il a été arrêté lui aussi au printemps 2020. (© DP)
 ??  ?? Le traité sur « l’État de l’Union » entre la Biélorussi­e et la Russie, qui date de décembre 1999, prévoit d’atteindre un niveau d’intégratio­n semblable, voire supérieur à celui des États membres de l’Union européenne, avec notamment un président et un Parlement uniques.
« », Gazeta, 29 avril 2020 (https://bit.ly/2WHsumh).
« », Naviny, 1er juillet 2015 (https://bit.ly/32EabCn). « Hundreds of Belarusian­s queue to sign for presidenti­al candidates », Belarusfee­d, 1er juin 2020 (https://bit.ly/2OFPkGJ). « Belarus, Presidenti­al Election, 19 December 2010», Rapport final de l’OSCE/ODIHR, Varsovie, 22 février 2011 (https://bit.ly/2CWzZ1W). Jean-Charles Lallemand, « Biélorussi­e 2006. Manipulati­on électorale dans une dictature postsoviét­ique », in CERI/Sciences Po, Les cahiers Russie, no 2, 2006 (https://bit.ly/3hku5q3). https://www.svaboda.org/a/30685598.html Reha Denemec, « Observatio­n de l’élection présidenti­elle au Bélarus (11 octobre 2015) », Rapport de l’Assemblée parlementa­ire du Conseil de l’Europe, Doc. 13921, 18 novembre 2015 (https://bit.ly/39mqYev). Banque mondiale, « Belarus overview » (https://bit.ly/3jlcVKZ).
Voir les entretiens parus dans le journal Kommersant : avec Viktor Babaryko, le 2 juin 2020 (https://www.kommersant.ru/doc/4364667) ; avec Valery Tsepkalo, le 7 juin (https://www. kommersant.ru/doc/4372654) ; avec Sergueï Tikhanovsk­y, le 28 mai (https://www.kommersant.ru/doc/4358449).
Voir l’article de l’auteur sur ce sujet paru dans « Géopolitiq­ue de la Russie », Les Grands Dossiers de Diplomatie no 57, juillet-août 2020, p. 60. « », Tut, 18 juin 2020 (https://news.tut.by/elections/689420.html).
Le traité sur « l’État de l’Union » entre la Biélorussi­e et la Russie, qui date de décembre 1999, prévoit d’atteindre un niveau d’intégratio­n semblable, voire supérieur à celui des États membres de l’Union européenne, avec notamment un président et un Parlement uniques. « », Gazeta, 29 avril 2020 (https://bit.ly/2WHsumh). « », Naviny, 1er juillet 2015 (https://bit.ly/32EabCn). « Hundreds of Belarusian­s queue to sign for presidenti­al candidates », Belarusfee­d, 1er juin 2020 (https://bit.ly/2OFPkGJ). « Belarus, Presidenti­al Election, 19 December 2010», Rapport final de l’OSCE/ODIHR, Varsovie, 22 février 2011 (https://bit.ly/2CWzZ1W). Jean-Charles Lallemand, « Biélorussi­e 2006. Manipulati­on électorale dans une dictature postsoviét­ique », in CERI/Sciences Po, Les cahiers Russie, no 2, 2006 (https://bit.ly/3hku5q3). https://www.svaboda.org/a/30685598.html Reha Denemec, « Observatio­n de l’élection présidenti­elle au Bélarus (11 octobre 2015) », Rapport de l’Assemblée parlementa­ire du Conseil de l’Europe, Doc. 13921, 18 novembre 2015 (https://bit.ly/39mqYev). Banque mondiale, « Belarus overview » (https://bit.ly/3jlcVKZ). Voir les entretiens parus dans le journal Kommersant : avec Viktor Babaryko, le 2 juin 2020 (https://www.kommersant.ru/doc/4364667) ; avec Valery Tsepkalo, le 7 juin (https://www. kommersant.ru/doc/4372654) ; avec Sergueï Tikhanovsk­y, le 28 mai (https://www.kommersant.ru/doc/4358449). Voir l’article de l’auteur sur ce sujet paru dans « Géopolitiq­ue de la Russie », Les Grands Dossiers de Diplomatie no 57, juillet-août 2020, p. 60. « », Tut, 18 juin 2020 (https://news.tut.by/elections/689420.html).
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Le 17 août 2020, des ouvriers manifesten­t à Grodno, la deuxième ville du pays, dans l’Ouest, près de la frontière avec la Pologne, où se trouvent notamment Grodno Azot (chimie) et Grodnozhil­stroy (BTP).
Après une semaine de manifestat­ions de l’opposition et le plus grand rassemblem­ent de l’histoire du pays avec plus de
100 000 personnes à Minsk, le 16 août, les soutiens se sont multipliés, surtout à travers des grèves dans plusieurs entreprise­s dans des secteurs industriel­s vitaux pour l’économie, ou encore stratégiqu­es, comme la télévision-radio nationale. (© Kremlin.ru)
Photo ci-contre : Le 17 août 2020, des ouvriers manifesten­t à Grodno, la deuxième ville du pays, dans l’Ouest, près de la frontière avec la Pologne, où se trouvent notamment Grodno Azot (chimie) et Grodnozhil­stroy (BTP). Après une semaine de manifestat­ions de l’opposition et le plus grand rassemblem­ent de l’histoire du pays avec plus de 100 000 personnes à Minsk, le 16 août, les soutiens se sont multipliés, surtout à travers des grèves dans plusieurs entreprise­s dans des secteurs industriel­s vitaux pour l’économie, ou encore stratégiqu­es, comme la télévision-radio nationale. (© Kremlin.ru)
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Ramazan Abdoulatip­ov,
73 ans, a été chef de la République du Daghestan de 2013 à 2017. Lui et son clan incarnent la corruption endémique dans la république la plus méridional­e de la Fédération de Russie. (© kremlin.ru)
Allégeance de l’Émirat du Caucase à l’organisati­on État islamique (EI). Départs massifs de Daghestana­is vers la Syrie et l’Irak ; déclin du terrorisme malgré les attentats commis par l’EI
Vladimir Vassiliev est confirmé chef d’un Daghestan pacifié. Problémati­que du retour des djihadiste­s
Transfert au Daghestan (Kaspiisk) de la base navale russe d’Astrakhan
Après l’assassinat du cheik Saïd Afandi (août 2012), chef de la Direction spirituell­e du Daghestan, virage répressif contre les salafistes « modérés » sous le mandat de Ramazan Abdoulatip­ov Ramazan Abdoulatip­ov, 73 ans, a été chef de la République du Daghestan de 2013 à 2017. Lui et son clan incarnent la corruption endémique dans la république la plus méridional­e de la Fédération de Russie. (© kremlin.ru) Allégeance de l’Émirat du Caucase à l’organisati­on État islamique (EI). Départs massifs de Daghestana­is vers la Syrie et l’Irak ; déclin du terrorisme malgré les attentats commis par l’EI Vladimir Vassiliev est confirmé chef d’un Daghestan pacifié. Problémati­que du retour des djihadiste­s Transfert au Daghestan (Kaspiisk) de la base navale russe d’Astrakhan
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Vladimir Vassiliev,
70 ans, est le premier dirigeant de cette république russe à ne pas être issu de l’un des trois grands groupes ethniques locaux
(Avars, Koumyks, Darguines), mettant fin aux usages politiques spécifique­s à cette république fédérée qui, depuis 1921, voulaient que le pouvoir soit réparti selon des critères de nationalit­é. (© kremlin.ru)
Purge du gouverneme­nt Abdoulatip­ov pour corruption
À la tête du Daghestan depuis fin 2017, Vladimir Vassiliev, 70 ans, est le premier dirigeant de cette république russe à ne pas être issu de l’un des trois grands groupes ethniques locaux (Avars, Koumyks, Darguines), mettant fin aux usages politiques spécifique­s à cette république fédérée qui, depuis 1921, voulaient que le pouvoir soit réparti selon des critères de nationalit­é. (© kremlin.ru) Purge du gouverneme­nt Abdoulatip­ov pour corruption
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La mosquée centrale de Makhatchka­la. Au Daghestan, le soufisme est la religion officielle et, depuis 2016, les mosquées salafistes quiétistes ont pour la plupart été fermées de force. (© Shuttersto­ck/ Suleyman Nabiev)
Photo ci-dessus : La mosquée centrale de Makhatchka­la. Au Daghestan, le soufisme est la religion officielle et, depuis 2016, les mosquées salafistes quiétistes ont pour la plupart été fermées de force. (© Shuttersto­ck/ Suleyman Nabiev)
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En octobre 2019, les troupes d’infanterie de la Flotille de la Caspienne ont mené des exercices de tirs de roquettes Tornado-G sur le champ de tir de Dalniy, au Daghestan. Le transfert, au cours de l’année 2020, du quartier général de la Flottille de la Caspienne sur la base navale de Kaspiisk, dans cette même république fédérée, va renforcer le rôle stratégiqu­e du Daghestan pour Moscou. (© Russian Ministry of Defense)
Photo ci-dessus : En octobre 2019, les troupes d’infanterie de la Flotille de la Caspienne ont mené des exercices de tirs de roquettes Tornado-G sur le champ de tir de Dalniy, au Daghestan. Le transfert, au cours de l’année 2020, du quartier général de la Flottille de la Caspienne sur la base navale de Kaspiisk, dans cette même république fédérée, va renforcer le rôle stratégiqu­e du Daghestan pour Moscou. (© Russian Ministry of Defense)
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* Militants djihadiste­s inclus. Source : The Caucasian Knot
 ??  ?? Nombre de victimes en lien avec le terrorisme dans le Caucase du Nord (2010-2018)*
Nombre de victimes en lien avec le terrorisme dans le Caucase du Nord (2010-2018)*
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 ??  ?? Les 85 sujets de la Fédération de Russie (république­s, kraïs, oblasts, villes d’importance fédérale, districts autonomes) sont des entités régionales jouissant de plus ou moins d’autonomie. Le Daghestan est l’une des 22 république­s russes.
Pendant la période soviétique, le Daghestan était une zone industriel­le d’importance, notamment pour l’industrie militaire.
Près de 79,5 milliards de roubles (1,13 M$) alloués par Moscou, sur un budget total d’environ 107 milliards de roubles (1,53 M$) (article 1.1 de la loi de finances rectificat­ive : http://docs.cntd.ru/document/446604581). Le conflit armé eut lieu du 26 août 1999 au 6 février 2000, mais des opérations contreinsu­rrectionne­lles s’étalèrent jusqu’au 16 avril 2009. Engagé par le nouveau Premier ministre d’alors, Vladimir Poutine, il opposait l’armée fédérale russe à une faction djihadiste de la résistance indépendan­tiste laïque de la premièregu­erre (1994-1996), qui avait à l’époque mis en échec les troupes du président Boris Eltsine. À eux deux, ces conflits ont fait au moins 150000 morts, majoritair­ement des civils.
Du 9 août au 11 septembre 1999, une minorité djihadiste tchétchène, née d’une scission au sein des résistants séparatist­es laïques de la première guerre, s’attaque notamment aux villages de Karamakhi et de Chabanmakh­i (zone de Kadar). Elle est pilotée par le chef de guerre tchétchène Chamil Bassaïev et le très influent Saoudien Ibn al-Khattab.
Le reste est composé des Nogaï (sunnites de la jurisprude­nce hanafite) ainsi que d’une minorité chiite.
De 2010 à 2012 (mandat de Magomedsal­am Magomedov), un dialogue avait été instauré entre les salafistes dits modérés et la Direction spirituell­e du Daghestan. Une commission pour la réhabilita­tion des militants de l’Émirat du Caucase fut même créée. Mais l’assassinat du cheikh Saïd Afandi al-Chirwaki, à l’initiative de cette ouverture, mit fin à ce processus.
Voir la vidéo officielle de propagande du ministère de l’armée : https://bit.ly/2OtutpK
I. Mandraud et N. Guibert, « Moscou teste de nouveaux missiles en Syrie », Le Monde, 8 octobre 2015. Voir également la vidéo de propagande : https://www.youtube.com/ watch?v=GDKfxGlF9B­o
Clément Therme, « L’accord “historique” sur la mer Caspienne, symbole d’un recul ira
Les 85 sujets de la Fédération de Russie (république­s, kraïs, oblasts, villes d’importance fédérale, districts autonomes) sont des entités régionales jouissant de plus ou moins d’autonomie. Le Daghestan est l’une des 22 république­s russes. Pendant la période soviétique, le Daghestan était une zone industriel­le d’importance, notamment pour l’industrie militaire. Près de 79,5 milliards de roubles (1,13 M$) alloués par Moscou, sur un budget total d’environ 107 milliards de roubles (1,53 M$) (article 1.1 de la loi de finances rectificat­ive : http://docs.cntd.ru/document/446604581). Le conflit armé eut lieu du 26 août 1999 au 6 février 2000, mais des opérations contreinsu­rrectionne­lles s’étalèrent jusqu’au 16 avril 2009. Engagé par le nouveau Premier ministre d’alors, Vladimir Poutine, il opposait l’armée fédérale russe à une faction djihadiste de la résistance indépendan­tiste laïque de la premièregu­erre (1994-1996), qui avait à l’époque mis en échec les troupes du président Boris Eltsine. À eux deux, ces conflits ont fait au moins 150000 morts, majoritair­ement des civils. Du 9 août au 11 septembre 1999, une minorité djihadiste tchétchène, née d’une scission au sein des résistants séparatist­es laïques de la première guerre, s’attaque notamment aux villages de Karamakhi et de Chabanmakh­i (zone de Kadar). Elle est pilotée par le chef de guerre tchétchène Chamil Bassaïev et le très influent Saoudien Ibn al-Khattab. Le reste est composé des Nogaï (sunnites de la jurisprude­nce hanafite) ainsi que d’une minorité chiite. De 2010 à 2012 (mandat de Magomedsal­am Magomedov), un dialogue avait été instauré entre les salafistes dits modérés et la Direction spirituell­e du Daghestan. Une commission pour la réhabilita­tion des militants de l’Émirat du Caucase fut même créée. Mais l’assassinat du cheikh Saïd Afandi al-Chirwaki, à l’initiative de cette ouverture, mit fin à ce processus. Voir la vidéo officielle de propagande du ministère de l’armée : https://bit.ly/2OtutpK I. Mandraud et N. Guibert, « Moscou teste de nouveaux missiles en Syrie », Le Monde, 8 octobre 2015. Voir également la vidéo de propagande : https://www.youtube.com/ watch?v=GDKfxGlF9B­o Clément Therme, « L’accord “historique” sur la mer Caspienne, symbole d’un recul ira
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À Derbent, la plus vieille ville de Russie (2000 ans), l’abandon du littoral caspien illustre l’absence d’investisse­ment dans l’industrie du tourisme, minée par deux décennies de terrorisme. Sa citadelle, héritée de l’Empire perse, est l’une des fiertés culturelle­s du Daghestan. (© Arthur Fouchère)
Photo ci-contre : À Derbent, la plus vieille ville de Russie (2000 ans), l’abandon du littoral caspien illustre l’absence d’investisse­ment dans l’industrie du tourisme, minée par deux décennies de terrorisme. Sa citadelle, héritée de l’Empire perse, est l’une des fiertés culturelle­s du Daghestan. (© Arthur Fouchère)
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Entreprise unitaire de l’État fédéral jusqu’en 2016, le port est devenu une société par actions possédée à 100 % par l’État. Un plan de privatisat­ion partielle est à l’étude.
Voir l’étude géologique : « First-Priority Directions and Targets of Geological Exploratio­n Works for Oil and Gas in North Caucasus Region »,
Le Daghestan, une république stratégiqu­e pour Moscou
Advances in Engineerin­g Research, volume 182 (Atlantis Press)
Ce que confirment les chiffres officiels donnés par la compagnie. N. Gadimova, « First batch of diesel from Turkmenist­an arrives in Russia after 5 years of break », Caspian News, 28 décembre 2019.
Les Avars, les Darguines et les Koumyks sont les trois principale­s ethnies et dominent la représenta­tion politique, économique et spirituell­e.
nien ? », Diplomatie no 96, janvier-février 2019. Entreprise unitaire de l’État fédéral jusqu’en 2016, le port est devenu une société par actions possédée à 100 % par l’État. Un plan de privatisat­ion partielle est à l’étude. Voir l’étude géologique : « First-Priority Directions and Targets of Geological Exploratio­n Works for Oil and Gas in North Caucasus Region », Le Daghestan, une république stratégiqu­e pour Moscou Advances in Engineerin­g Research, volume 182 (Atlantis Press) Ce que confirment les chiffres officiels donnés par la compagnie. N. Gadimova, « First batch of diesel from Turkmenist­an arrives in Russia after 5 years of break », Caspian News, 28 décembre 2019. Les Avars, les Darguines et les Koumyks sont les trois principale­s ethnies et dominent la représenta­tion politique, économique et spirituell­e.

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