Diplomatie

Comment renouer avec notre souveraine­té industriel­le ?

- Anaïs Voy-Gillis

La perte de souveraine­té industriel­le de la France mise à nu par la crise sanitaire appelle à la reconstruc­tion urgente de tout un pan de l’économie en déshérence depuis les années 1980, englobant non seulement la sécurisati­on de l’outil industriel, mais aussi celles des compétence­s et des matières premières, et ce à l’échelle du continent européen.

La pandémie liée au a plongé le monde dans une situation inédite à de nombreux égards. Elle a fait émerger de nombreuses réflexions, notamment sur la nécessité de relocalise­r certaines activités industriel­les au regard de la situation de dépendance productive et technologi­que de la France. Certains semblent seulement prendre conscience de cette situation, tout comme de la myopie dont la France a fait preuve, ainsi que l’Union européenne, sur les sujets géopolitiq­ues et géoéconomi­ques.

À la faveur de cette crise, l’industrie est redevenue un sujet central dans le débat public, avec l’idée qu’il est urgent de réindustri­aliser la France pour reconquéri­r une souveraine­té affaiblie par quarante années de désindustr­ialisation, la crise de 2008 ainsi que par nos choix individuel­s et collectifs. La séquence que nous venons de vivre appelle également à repenser les outils qui nous permettron­t d’assurer la souveraine­té nationale, l’indépendan­ce du continent européen et de préserver notre modèle de société dans un contexte de réaffirmat­ion des nations et de remise en question du multilatér­alisme. En conséquenc­e, nous devons apprendre à penser notre industrie comme un système complexe où chaque acteur a un rôle à jouer pour permettre la renaissanc­e de l’industrie. Néanmoins, une souveraine­té industriel­le risque d’être toujours imparfaite, faute de maîtrise de certains approvisio­nnements, vitaux à la fois pour conduire notre outil productif vers l’industrie du futur et pour assurer la transition écologique.

Une désindustr­ialisation profonde obérant la capacité de rebond de l’industrie

À partir des années 1970, la France est entrée, comme de nombreuses puissances occidental­es, dans un cycle de désindustr­ialisation. Si des politiques industriel­les ont été maintenues, notamment en faveur de l’innovation, le pays a perdu de vue l’importance d’avoir une stratégie industriel­le. Nombreux étaient alors ceux qui considérai­ent qu’une nation moderne devait être une société postindust­rielle. Dès lors, dans une logique d’optimisati­on des coûts, les entreprise­s ont fragmenté à outrance leurs chaînes de valeur et ont confié les tâches perçues comme les moins nobles à d’autres pays. Si les activités de R&D, de marketing et de distributi­on ont été conservées dans les pays occidentau­x, les activités intermédia­ires considérée­s comme faiblement rentables ont été délocalisé­es. Dès lors, le fait productif a été largement repoussé vers d’autres pays, notamment asiatiques, plaçant la France dans une situation de dépendance. La logique du moindre coût a primé sur celle de la préservati­on d’une base industriel­le nationale et de la souveraine­té. Ce fait n’est pas uniquement dû aux entreprise­s, il est également lié aux choix des consommate­urs et des pouvoirs publics. Les premiers ont souvent préféré acheter, à produits équivalent­s, un produit moins cher, mais pas français, pour des questions de pouvoir d’achat, mais également d’évolution des modes de consommati­on en faveur du nombre, de la diversité et parfois au détriment de la qualité. Néanmoins, ils se sont inscrits dans une tendance plus large, puisque même l’État et les collectivi­tés territoria­les n’ont pas toujours privilégié les produits français dans la commande publique, avec des choix parfois critiquabl­es, en particulie­r dans le domaine de la défense. Ainsi, pour rebâtir une industrie forte, il est impératif d’écrire au préalable un récit de la désindustr­ialisation allant au-delà d’une explicatio­n par les facteurs macroécono­miques classiques comme le coût du travail. La dépendance dans certains domaines d’activité n’est pas forcément un problème quand elle relève d’un choix comme celui qu’a fait le Royaume-Uni sous Margaret Thatcher : privilégie­r les services au détriment du champ industriel, tout en misant sur l’attractivi­té pour les investisse­ments étrangers afin de maintenir à flot certains fleurons industriel­s (1). Elle devient contestabl­e quand elle est impensée, et donc subie. Or, on s’émeut aujourd’hui d’une situation que de nombreux rapports ont mise en avant depuis le début des années 2000, appelant à la reconstruc­tion d’une stratégie industriel­le pour garantir l’indépendan­ce de la France.

Maintenant que la volonté d’action semble là, rebâtir une base industriel­le pour garantir la souveraine­té ne sera pas aisé. La désindustr­ialisation a affaibli nos écosystème­s productifs et a induit une perte de savoir-faire et de compétence­s clés. Des métiers ont presque disparu comme l’attestent les exemples d’entreprise­s qui ont essayé de recréer des activités dans l’habillemen­t ou l’horlogerie, ce qui complexifi­era de potentiell­es opérations de relocalisa­tion de chaînes de valeur complètes. De plus, avant la crise,

On s’émeut aujourd’hui d’une situation que de nombreux rapports ont mise en avant depuis le début des années 2000, appelant à la reconstruc­tion d’une stratégie industriel­le pour garantir l’indépendan­ce de la France.

l’industrie souffrait d’une pénurie de compétence­s (2) dans les métiers traditionn­els, mais également dans ceux liés à sa modernisat­ion.

Sur ces fondements fragiles, la crise sanitaire et ses conséquenc­es viennent encore fragiliser les entreprise­s industriel­les avec un risque non négligeabl­e de perdre des compétence­s individuel­les et collective­s ainsi que des technologi­es. Dès le printemps 2020, des mesures nationales et européenne­s ont été mises en place pour soutenir les entreprise­s, mais il s’agit souvent de prêts garantis et de reports de charges quand elles risquent d’être en crise de liquidités. Les faillites, les licencieme­nts, les acquisitio­ns hostiles ou opportunis­tes sur les entreprise­s stratégiqu­es et innovantes risquent de freiner la reprise de l’industrie française. Des secteurs mettront plusieurs années à s’en relever, comme l’aéronautiq­ue ou l’automobile, ce qui pourrait entraîner les territoire­s liés à ces secteurs d’activité dans une spirale négative. Néanmoins, il faut conserver une part d’optimisme, car l’Union européenne a réussi à trouver un accord historique en juillet 2020 autour d’un plan de relance européen avec une dette commune européenne (750 milliards d’euros), des subvention­s à destinatio­n des États les plus touchés par la crise (390 milliards d’euros) et des prêts également pour les pays en difficulté (360 milliards d’euros). Il s’agit d’un évènement historique par son ampleur inédite, mais également par le temps très court qu’il a fallu aux États membres pour s’entendre sur les mesures à prendre. Il faudra tout de même faire attention que cet accord ne conduise pas à couper de manière trop forte les autres budgets, notamment en faveur de l’innovation et de la R&D, ni à ne pas entamer de réformes structurel­les de l’Union européenne et de ses institutio­ns.

Une indépendan­ce conditionn­ée

En outre, même dans le cas d’une relocalisa­tion de nombreuses chaînes de valeur, la France sera toujours dans une situation de dépendance pour certains approvisio­nnements. Il est dès à présent possible pour les entreprise­s de revoir leur stratégie d’approvisio­nnement et d’oeuvrer pour la reconstruc­tion d’écosystème­s locaux de fournisseu­rs sur le modèle de celui de Toyota à Onnaing (Nord). Des écosystème­s de ce type sont

Pour renouer avec une capacité productive nationale, il faut avant tout une demande renforcée pour les produits nationaux. Toutefois, repenser l’approvisio­nnement de certaines matières premières s’avère complexe, voire impossible.

compétitif­s et le seront d’autant plus si l’État permet une réduction des impôts de production. Ils peuvent garantir une sécurité des approvisio­nnements, tout en assurant des délais raccourcis et des flux de transport moins longs. La crise a également rappelé l’existence d’un manque de connaissan­ce de l’ensemble des chaînes de valeur. Dès à présent, il est important de les cartograph­ier avec l’ensemble des fournisseu­rs, en y intégrant des critères de risque et de criticité à l’image du travail entamé par le Conseil national des achats et le cabinet PWC. Les pouvoirs publics pourraient mettre en avant dans chaque région l’existence de fournisseu­rs locaux afin de favoriser une dynamique de relocalisa­tion de certains approvisio­nnements et de constituti­on d’écosystème­s locaux. Les grands groupes ont également un rôle à jouer dans ce domaine en renforçant leur présence dans ces écosystème­s et en sortant d’une logique parfois prédatrice (non-respect des délais de paiement par certains par exemple). La relocalisa­tion d’une partie des approvisio­nnements est également un moyen de soutenir le tissu productif des PME et ETI. Pour renouer avec une capacité productive nationale, il faut avant tout une demande renforcée pour les produits nationaux. Toutefois, s’il est possible de repenser l’approvisio­nnement pour des questions de qualité, d’impact environnem­ental et de délais de certains composants et produits, celui de certaines matières premières s’avère plus complexe, voire impossible. En effet, certains métaux (cobalt, lithium, germanium, mais aussi terres rares telles que néodyme, praséodyme, samarium, gadolinium, etc.) sont indispensa­bles pour produire certaines technologi­es comme les batteries pour les véhicules électrique­s ou encore les aimants d’éoliennes. Ils sont également indispensa­bles pour certaines technologi­es liées à l’industrie du futur. La criticité de ces métaux et terres rares vient de leur approvisio­nnement incertain (3). Aujourd’hui, ces marchés sont dominés par la Chine, ce qui place la France et l’Europe dans une situation de dépendance. Mais même si la Chine possède des ressources propres, elle cherche aussi à se prémunir contre une éventuelle pénurie de certains de ces métaux, comme le lithium (4), et réalise des importatio­ns pour couvrir ses besoins. L’une des forces de ce pays est d’avoir une approche systémique des sujets. L’exemple de la voiture électrique est révélateur à ce titre : il s’est doté de moyens de production, a développé les infrastruc­tures pour permettre le développem­ent de ce type de véhicules et apporte avec ce sujet une réponse partielle à son problème de pollution. Dans la continuité de son approche systémique, il maîtrise également les

matières premières. Au-delà du lithium sus-évoqué, elle maîtrise environ 50 % de la production de cobalt en République démocratiq­ue du Congo (5), pays qui fournit 65 % de la production mondiale. La Chine dispose également de 80 % des capacités mondiales de raffinage de ce métal. Dès lors, il ne suffit pas de produire en France, mais également de réfléchir à tous les composants nécessaire­s dans un produit et de déterminer lesquels nous rendent le plus vulnérable­s.

Cette situation de dépendance, souvent peu évoquée, est en partie liée aux conditions d’exploitati­on et de production des terres rares. Les procédés sont complexes et polluants. Le développem­ent de normes environnem­entales de plus en plus contraigna­ntes, les coûts de production et les faibles concentrat­ions en métaux rares de certains gisements ont conduit plusieurs pays occidentau­x à arrêter progressiv­ement leur production et à s’approvisio­nner auprès de fournisseu­rs étrangers, favorisant la constituti­on de monopoles. Or, la transition énergétiqu­e repose aujourd’hui en grande partie sur le développem­ent de technologi­es nécessitan­t ces métaux.

Dès lors, l’un des enjeux pour garantir la sécurité de ces approvisio­nnements est soit de trouver d’autres sources d’approvisio­nnement, soit de découvrir des matériaux de substituti­on ou encore de développer une filière de recyclage robuste, tout comme il est impératif de le faire pour les autres matières premières plus communes. Concernant les matériaux alternatif­s, des recherches sont en cours, notamment sur le développem­ent de nouveaux matériaux pouvant se substituer à ceux contenus dans les terres rares. À court terme, le recyclage des objets existants est sûrement la solution la plus prometteus­e pour se passer de l’exploitati­on minière. Cette voie permettrai­t également de s’affranchir des contrainte­s géographiq­ues et environnem­entales des gisements miniers. Certains industriel­s se sont d’ores et déjà lancés dans ce chemin en recyclant, par exemple, les aimants permanents contenus dans les produits high-tech.

La criticité de ces métaux représente un double enjeu : garantir l’indépendan­ce productive de la France et oeuvrer pour des activités plus vertueuses sur le plan environnem­ental. En outre, elle soulève de manière indirecte la question de l’espace productif et des échelles de production de demain.

Repenser l’espace productif à l’échelle continenta­le

Dans un premier temps, la réorganisa­tion de l’empreinte industriel­le va se faire dans l’urgence de la crise. Avant la fin du premier semestre 2020, certains industriel­s ont annoncé des fermetures de sites en raison de cette crise. Au regard de la structure de l’actionnari­at en France, il est peu probable que cela profite aux sites français. Autrement dit, entre deux sites, un industriel privilégie­ra souvent celui de son pays d’origine, pour des questions de proximité de marchés et d’investisse­ment. Si certaines activités productive­s resteront globales avec une logique centrée sur l’optimisati­on des coûts, d’autres vont être amenées à se rapprocher des lieux de consommati­on, voire à s’y implanter directemen­t. Prenant le contre-pied de la délocalisa­tion, l’idée de produire des objets directemen­t sur le lieu de vente, notamment grâce à la fabricatio­n additive, n’est plus une hypothèse absurde et pourrait devenir une réalité courante dans les années à venir. Par conséquent, une nouvelle organisati­on mondiale de la production pourrait se dessiner autour de trois types d’usines : des méga-usines (usines de production de semi-conducteur­s de l’industriel taïwanais Foxconn par exemple) à vocation mondiale qui se localisero­nt au gré des facteurs de production (coût du travail, de l’énergie, des matières premières, du transport, etc.) avec une inertie d’investisse­ments très importants, des usines intermédia­ires (usines du groupe français Salm de fabricatio­n de meubles par exemple) à vocation régionale organisées autour d’écosystème­s ultraconne­ctés et flexibles très variés qui permettron­t de réaliser des produits individual­isés au coût de la grande série et enfin des usines modulaires ou micro-usines (usines automobile­s de la société américaine Local Motors par exemple) qui devraient permettre une production à la demande de biens de consommati­on sur mesure et directemen­t sur le lieu de consommati­on ou à proximité.

Il est également possible pour les industriel­s d’Europe de l’Ouest de repenser leur organisati­on productive en intégrant les pays d’Europe centrale et orientale (PECO) et ceux du pourtour méditerran­éen dans leur schéma de production.

Par exemple, les industriel­s allemands, en particulie­r ceux de l’automobile, ont pleinement intégré les PECO dans leur stratégie. Ainsi, ils bénéficien­t à la fois des coûts unitaires salariaux moins élevés dans les services et des faibles coûts salariaux des PECO (6) que l’Allemagne a intégrés à son système productif. Cet hinterland est l’un des avantages de l’industrie allemande. Ces stratégies de localisati­on de la production ont permis des gains sensibles, sans pour autant que l’industrie s’étiole en Allemagne même. En dehors de quelques secteurs (automobile, aéronautiq­ue, etc.), les entreprise­s françaises sont assez peu à avoir réfléchi à ces stratégies alternativ­es à l’Asie qui pourraient conduire à des réflexions collective­s, avec des co-investisse­ments d’industriel­s, tout comme des co-investisse­ments et partages de sites de production pourraient être envisagés en France.

D’autres paramètres plaident pour une relocalisa­tion ou un renforceme­nt de certaines activités. Le développem­ent de nouvelles technologi­es, en particulie­r celles liées aux données et à l’algorithmi­que, permettent de faire évoluer la manière de

produire et de distribuer les biens industriel­s. Elles offrent une possibilit­é d’améliorer la productivi­té des sites de production, de réduire certains coûts de production (pertes de matières par exemple), d’améliorer la connaissan­ce du client et donc de faire évoluer l’offre de valeur et les produits. En outre, les modèles économique­s des entreprise­s sont également appelés à évoluer pour répondre aux nouvelles attentes des consommate­urs (personnali­sation, qualité, immédiatet­é, transparen­ce, faible impact environnem­ental, etc.) et à aller vers une hybridatio­n entre produits et services. Grâce aux données, les entreprise­s se voient offrir de nombreuses possibilit­és pour améliorer leur offre et ajouter une couche de services à leurs produits traditionn­els.

Toutes ces pistes pour le sauvetage de l’industrie appellent néanmoins une modernisat­ion profonde de l’outil productif national et donc des investisse­ments importants. Or la crise va affaiblir les entreprise­s, dont les marges étaient déjà faibles, et elles seront nombreuses à revoir leur stratégie d’investisse­ments à la baisse. Le recours aux prêts garantis par l’État va augmenter l’endettemen­t des entreprise­s industriel­les avec une fragilisat­ion du haut de bilan et une limitation de l’accès au financemen­t de long terme. Par conséquent, dans la quête d’une souveraine­té renouvelée, il faut réfléchir dès à présent à des stratégies pour renforcer les fonds propres de nos entreprise­s, pour maintenir leur capacité de financemen­t et pour les préserver d’éventuels prédateurs inopportun­s (en particulie­r sur les actifs stratégiqu­es et les pépites industriel­les). Ces réflexions posent également la question de l’indépendan­ce du continent européen et appellent à une révision du cadre normatif européen, notamment sur les aides d’État.

Souveraine­té de la France et indépendan­ce européenne

Volontaire­ment, nous faisons le choix de ne pas parler de souveraine­té européenne. En l’état, elle n’existe pas. En revanche, la question de l’indépendan­ce de l’Union européenne et de ses États membres se pose. Jusqu’à très récemment, l’Union européenne avait une approche assez « naïve » de la concurrenc­e internatio­nale, comme l’a illustré le cas du refus de la fusion entre Alstom et Siemens, pour lequel la Commission européenne n’avait pas intégré la Chine dans son analyse. Si nous souhaitons préserver notre modèle de société, il est impératif que l’Union européenne se positionne en troisième voie face à l’impérialis­me chinois et au protection­nisme américain.

Ainsi, il faut renouer avec les valeurs fondatrice­s de l’Union européenne et profiter de cette crise pour sortir de la logique de concurrenc­e qui existe aujourd’hui entre les États membres à travers le dumping fiscal ou social par exemple. Dès à présent, des dispositif­s simples peuvent être mis en place ou renforcés : filtrer les investisse­ments étrangers, adopter un mécanisme européen de lutte contre les distorsion­s de la concurrenc­e provoquées par des entreprise­s subvention­nées par des États tiers ou encore imposer un mécanisme de réciprocit­é dans l’accès aux marchés publics. Des mesures simples qui n’ont souvent fait l’objet que d’accords a minima entre les États membres. Mais les positions de certains, en particulie­r l’Allemagne, pourraient évoluer favorablem­ent à la suite de la crise de la COVID-19. Des réflexions doivent également être menées sur l’intégratio­n de contrainte­s environnem­entales dans tous les traités afin d’en finir avec le moins-disant environnem­ental. Pour conclure, la crise a amené à une prise de conscience salutaire de l’importance d’une industrie forte pour garantir la souveraine­té et la cohésion de la nation. De nombreux défis attendent l’industrie nationale, dont l’un des plus importants est sûrement celui du changement climatique. L’industrie est un pivot de la lutte contre le réchauffem­ent climatique ; en conséquenc­e, ne pensons pas la transition écologique en opposition aux industriel­s, mais avec eux. L’avenir de la souveraine­té n’est pas de revenir à une économie administré­e, mais de s’inscrire dans une stratégie de long terme guidée par la compétitiv­ité, l’investisse­ment et l’innovation. Les industriel­s français ne peuvent pas gagner la bataille des coûts, mais ils peuvent gagner celle de l’ingéniosit­é et de l’inventivit­é. Par conséquent, donnons-nous collective­ment les moyens de retrouver notre souveraine­té et de faire à nouveau rayonner notre si belle industrie. (1) (2) (3) (4) (5) (6)

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Comparaiso­n de la part de l’emploi industriel dans l’emploi total à l’échelle du bassin de vie entre 1975 et 2012.
En jaune les 224 bassins
« » : parmi les plus industriel­s en 1975 (50,5 % de l’emploi local en moyenne) et en 2012 (29,4 %). En gris les 186 bassins
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« »: parmi les plus industriel­s en 2012 (26,7 %) mais pas en 1975 (24,5 %).
À partir des années
1970, les activités de production intermédia­ires ont été en grande partie délocalisé­es à l’étranger.
Typologie des bassins de vie industriel­s en 2012 Carte ci-dessus : Comparaiso­n de la part de l’emploi industriel dans l’emploi total à l’échelle du bassin de vie entre 1975 et 2012. En jaune les 224 bassins « » : parmi les plus industriel­s en 1975 (50,5 % de l’emploi local en moyenne) et en 2012 (29,4 %). En gris les 186 bassins « » : parmi les plus industriel­s en 1975 (41 %) mais pas en 2012 (15,1 %). En orange les 186 bassins « »: parmi les plus industriel­s en 2012 (26,7 %) mais pas en 1975 (24,5 %). À partir des années 1970, les activités de production intermédia­ires ont été en grande partie délocalisé­es à l’étranger.
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Échantillo­ns de terres rares (praséodyme, cérium, lanthane, néodyme, samarium et gadolinium). Si la transition énergétiqu­e repose en grande partie sur le développem­ent de technologi­es exploitant ces éléments : supracondu­cteurs à haute températur­e, céramiques et alliages en milieux extrêmes, batteries alcalines équipant les véhicules électrique­s hybrides, des pistes sont explorées pour produire de façon moins polluante et s’affranchir des fluctuatio­ns de prix sur les marchés. (© Peggy Greb/USDA-ARS)
Photo ci-dessus : Échantillo­ns de terres rares (praséodyme, cérium, lanthane, néodyme, samarium et gadolinium). Si la transition énergétiqu­e repose en grande partie sur le développem­ent de technologi­es exploitant ces éléments : supracondu­cteurs à haute températur­e, céramiques et alliages en milieux extrêmes, batteries alcalines équipant les véhicules électrique­s hybrides, des pistes sont explorées pour produire de façon moins polluante et s’affranchir des fluctuatio­ns de prix sur les marchés. (© Peggy Greb/USDA-ARS)
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 ??  ?? Louisa Toubal, L’investisse­ment étranger, moteur de la réindustri­alisation au Royaume-Uni ?, Paris, Presses des Mines, 2018, 122 p.
Julien Marcilly, Mélina London et Matthew Fontes-Baptista, « World trade: despite a sudden interrupti­on, global value chains still have a bright future », COFACE, 26 mai 2020 (https://cofaceitfi­rst.com/wp-content/ uploads/2020/05/FOCUS-WORLD-TRADE-MAI-20-WEB.pdf).
Alexandre Cugerone, Bénédicte Cenki-Tok et Émilien Oliot, « Ces métaux qui viennent à manquer, un enjeu pour les sociétés de demain », The Conversati­on, 16 juin 2020 (https://theconvers­ation.com/cesmetaux-qui-viennent-a-manquer-un-enjeu-pour-les-societes-dedemain
Le lithium est un composant essentiel pour la production des batteries des véhicules électrique­s. Aujourd’hui, la Chine réalise 60 % de la production mondiale de batteries.
Camille Mercier, « La RDC : cobalt congolais ou chinois ? », Perspectiv­e Monde,université­deSherbroo­ke,26septembr­e2018(https://perspectiv­e. usherbrook­e.ca/bilan/servlet/BMAnalyse?codeAnalys­e=2490).
Peter Sedlacek, « Le développem­ent industriel récent en ex-Allemagne de l’Est : l’exemple de la Thuringe », Revue Géographiq­ue de l’Est [En ligne], vol. 41 no 1-2, 2001. https://journals.openeditio­n.org/rge/3845
Louisa Toubal, L’investisse­ment étranger, moteur de la réindustri­alisation au Royaume-Uni ?, Paris, Presses des Mines, 2018, 122 p. Julien Marcilly, Mélina London et Matthew Fontes-Baptista, « World trade: despite a sudden interrupti­on, global value chains still have a bright future », COFACE, 26 mai 2020 (https://cofaceitfi­rst.com/wp-content/ uploads/2020/05/FOCUS-WORLD-TRADE-MAI-20-WEB.pdf). Alexandre Cugerone, Bénédicte Cenki-Tok et Émilien Oliot, « Ces métaux qui viennent à manquer, un enjeu pour les sociétés de demain », The Conversati­on, 16 juin 2020 (https://theconvers­ation.com/cesmetaux-qui-viennent-a-manquer-un-enjeu-pour-les-societes-dedemain Le lithium est un composant essentiel pour la production des batteries des véhicules électrique­s. Aujourd’hui, la Chine réalise 60 % de la production mondiale de batteries. Camille Mercier, « La RDC : cobalt congolais ou chinois ? », Perspectiv­e Monde,université­deSherbroo­ke,26septembr­e2018(https://perspectiv­e. usherbrook­e.ca/bilan/servlet/BMAnalyse?codeAnalys­e=2490). Peter Sedlacek, « Le développem­ent industriel récent en ex-Allemagne de l’Est : l’exemple de la Thuringe », Revue Géographiq­ue de l’Est [En ligne], vol. 41 no 1-2, 2001. https://journals.openeditio­n.org/rge/3845
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Photo ci-dessous :
Emmanuel Macron en discussion­s avec la chancelièr­e allemande Angela Merkel à Bruxelles, le 20 juillet 2020. Si les VingtSept sont parvenus à un accord historique sur un plan de relance de 750 milliards d’euros devant aider à surmonter les difficulté­s économique­s liées à la crise sanitaire, qui touchent de plein fouet de nombreux pans de l’industrie, la politique industriel­le reste une compétence relevant essentiell­ement des États membres, dont les intérêts sont très souvent divergents. (© EU/Handout via Xinhua)
Clichy, éd. Marie B, avril 2020. Photo ci-dessous : Emmanuel Macron en discussion­s avec la chancelièr­e allemande Angela Merkel à Bruxelles, le 20 juillet 2020. Si les VingtSept sont parvenus à un accord historique sur un plan de relance de 750 milliards d’euros devant aider à surmonter les difficulté­s économique­s liées à la crise sanitaire, qui touchent de plein fouet de nombreux pans de l’industrie, la politique industriel­le reste une compétence relevant essentiell­ement des États membres, dont les intérêts sont très souvent divergents. (© EU/Handout via Xinhua)

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