Dix attentats qui ont changé le monde. Comprendre le terrorisme au XXIe siècle
Cyrille Bret, Paris, Armand Colin, septembre 2020 (à paraître), 208 p.
« Dépasser et l’obsession, et l’oubli. » Tel est le but de cet ouvrage de Cyrille Bret, géopoliticien et philosophe. À bientôt vingt ans des attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis qui ont ouvert ce siècle, et après un essai plus conceptuel ( Qu’est-ce que le terrorisme ?, Vrin, 2018), l’auteur s’attelle ici à un travail de « mémoire politique » sur les « effets de terreur » de ces crises, à partir des dix attentats selon lui les plus marquants de cette période, en ce qu’ils ont façonné la vie collective et transformé les cultures politiques : New York et Paris bien sûr, mais aussi Madrid, Mumbai, Beslan, Tunis, Bruxelles et Nairobi, sans omettre le terrorisme d’État en Syrie, ni le terrorisme d’extrême droite à Oslo et à Utoya. Pour chacun, un rappel salutaire des faits (inconnus ou trop vite oubliés) et du contexte politique de chaque pays au moment de l’évènement, avant de passer à l’analyse de sa portée. S’ils ont bouleversé, de façon bien distincte, les scènes politiques nationales, les sociétés civiles, les équilibres régionaux et même les grands équilibres internationaux, faisant des groupes terroristes de véritables acteurs de la géopolitique mondiale, ces actes barbares ont avant tout un point commun sur lequel l’auteur alerte au fil des pages : leur omniprésence a grandement participé à la brutalisation de la vie politique. Menace permanente pour les populations, moyen d’expression ultime pour les causes désespérées, le terrorisme a aussi provoqué un tournant sécuritaire et, partout, une limitation (volontaire) des libertés individuelles — jusque-là impensable dans les démocraties occidentales. Cette lecture apparaît d’autant plus utile au citoyen désireux de comprendre son époque plutôt que de la subir que la pandémie de COVID-19 apporte elle aussi, désormais, ses « effets de terreur » et autres bouleversements.