El Narco-Amauta Comment la Bolivie de l’ère Morales est (re)devenue un narco-État
Jean-François Barbieri, Nîmes, Nombre 7 éditions, février 2020, 290 p.
Jean-François Barbieri, ex-policier antidrogue à Marseille, n’a pas peur des mots. Passionné par la Bolivie après avoir occupé pendant quatre ans les fonctions d’attaché de sécurité intérieure à l’ambassade de France de La Paz, il démontre dans son ouvrage comment la Bolivie est (re)devenue, selon lui, un narco-État, pendant les 14 années de la présidence d’Evo Morales (2006-2019), au profit d’une partie des producteurs de la petite « feuille sacrée », ceux de la région du Chapare, dont ce dernier a longtemps été le leader syndical et qui constituent sa base électorale. Commençant par donner à son lecteur les bases essentielles sur la problématique de la coca en Bolivie (chapitre I), des traditions locales à l’évolution des législations et des politiques, il décrit ensuite l’ampleur du trafic et l’emprise progressive de l’État bolivien sur les institutions de contrôle et de répression (chapitre II). Dans ce contexte, la corruption du régime (qui n’est pas propre à l’ère Morales, mais qui semble y avoir vécu « de belles heures ») et son durcissement progressif ont peu à peu mis en péril la démocratie (chapitre III). Sa démonstration, enrichie de ses constatations et de sa connaissance du terrain, laisse peu de doute sur l’imbrication du politique et du narcotrafic dans ce pays, l’un des trois seuls producteurs de coca au monde, avec la Colombie et le Pérou — l’auteur ne niant pas, par ailleurs, les avancées économiques et sociales réelles durant cette période ni la part de responsabilité des blessures laissées par la lutte antidrogue américaine (avant 2006). Une lecture plus qu’utile pour comprendre un fait structurant majeur de la société bolivienne, à l’approche de nouvelles élections qui s’annoncent électriques, fin 2020.