Diplomatie

Traite, esclavage et travail forcé au XXIe siècle : un état des lieux

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Les images de ventes aux enchères d’êtres humains sur un marché en Libye diffusées en novembre 2017 par la chaîne américaine CNN (1) semblaient venir d’un autre âge, comme si rien n’avait changé depuis les traites négrières… En 2020, quelles réalités le terme « esclavage » recouvre-t-il ? Est-il synonyme de « travail forcé » ou encore de « traite des êtres humains » ?

I. Chatzis : La traite des personnes telle qu’elle est définie dans le Protocole annexé à la Convention des Nations Unies contre la criminalit­é transnatio­nale organisée (2) comprend, entre autres, l’esclavage, les pratiques analogues à l’esclavage ainsi que le travail et les services forcés. Les images de CNN nous ont tous choqués, mais nous ne devons pas oublier que la traite des êtres humains ne se produit pas uniquement dans les zones de guerre ou à la suite de flux de réfugiés et de migrations. Nos données montrent qu’à l’échelle mondiale, la majorité des victimes recensées le sont dans leur pays d’origine.

La traite des personnes est présente autour de nous et se manifeste sous différente­s formes dans notre vie quotidienn­e. Elle existe dans presque toutes les industries : elle peut être entre les mains qui cueillent les fruits et légumes que nous mangeons, dans les bâtiments que nous voyons construire, dans les produits de haute technologi­e que nous utilisons ou dans les vêtements que nous portons. Les victimes sont exploitées dans les industries du sexe, du divertisse­ment et de l’hôtellerie — vivant et travaillan­t dans des conditions sordides — ou encore comme employées de maison ou dans le cadre de mariages forcés. Certaines sont même poussées à se faire prélever des organes (ou trompées à cette fin). Il est très préoccupan­t de constater que les enfants représente­nt un tiers de toutes les victimes de la traite : ils sont obligés de servir comme soldats, de mendier dans les rues, de commettre des crimes pour subvenir aux besoins vitaux de leur famille et de leur communauté, voire — forme particuliè­rement horrible de cette traite — sont abusés sexuelleme­nt en ligne.

La traite des êtres humains touche les plus démunis, mais aussi des personnes instruites qui recherchen­t simplement de meilleures opportunit­és. Le recrutemen­t et l’exploitati­on peuvent avoir lieu dans le pays d’origine des victimes, au cours de leur migration vers un nouveau pays, ou une fois qu’elles sont arri

vées à destinatio­n. Les abus physiques et sexuels, le chantage, la manipulati­on émotionnel­le et psychologi­que, le refus de paiement et la suppressio­n de documents officiels font partie de la panoplie d’outils utilisés par les trafiquant­s pour garder le contrôle sur leurs victimes.

Quelle est l’ampleur de cet « esclavage moderne » à l’échelle mondiale ? Y a-t-il des continents ou des zones géographiq­ues plus concernés que d’autres ?

L’esclavage moderne n’est pas défini au niveau internatio­nal et il s’agit plutôt d’un terme de plaidoyer englobant à chaque fois différente­s formes d’exploitati­on grave. En tant que gardien de la Convention des Nations Unies contre la criminalit­é transnatio­nale organisée et de son protocole additionne­l sur la traite des êtres humains, l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) recueille des données sur la traite des personnes. Ils montrent qu’il s’agit d’un phénomène mondial, qui touche toutes les régions et sous-régions du monde. Aucun pays n’en est à l’abri. Les chiffres concernant le nombre total de victimes de la traite dans le monde varient et il existe des différence­s entre les pays et les régions en fonction de la capacité à enquêter et à collecter des données ainsi que des types d’exploitati­on qui prévalent localement. Certains cas sont plus difficiles à détecter et moins visibles que d’autres, par exemple la traite pour prélèvemen­t d’organes, que nous estimons toujours sous-déclarée, ou la traite dans la sphère domestique incluant, entre autres, les mariages forcés, la servitude et les adoptions illégales.

L’esclavage moderne n’est pas défini au niveau internatio­nal et il s’agit plutôt d’un terme de plaidoyer englobant à chaque fois différente­s formes d’exploitati­on grave.

Les rapports mondiaux biennaux de l’ONUDC sur ce sujet (le prochain, en cours de préparatio­n, sera publié début 2021) indiquent que, dans le monde, de plus en plus de pays sont en mesure d’identifier les victimes et de détecter ce crime. Nous attribuons ce développem­ent à leur prise de conscience de la nécessité d’agir, au renforceme­nt des systèmes juridiques (nouvelles lois, plans d’action, stratégies, etc.) et à la capacité des autorités à les mettre en oeuvre. Ce sont des signaux positifs, mais dont nous ne devons pas nous satisfaire. Il existe encore de vastes zones d’impunité et le taux de poursuites enregistré pour les crimes liés à la traite des êtres humains reste inférieur à celui d’autres crimes. En raison de la complexité de la définition juridique, les affaires de traite sont souvent instruites comme des crimes de moindre gravité (exploitati­on par le travail, servitude, prostituti­on forcée, etc.) tandis que, dans de nombreux cas, les victimes elles-mêmes peuvent être poursuivie­s pour des actes qu’elles ont commis sous la contrainte (prostituti­on, criminalit­é forcée, délits mineurs, etc.). C’est à ce stade que le rôle de l’ONUDC devient essentiel pour former et encadrer les policiers, les gardes-frontières, les inspecteur­s du travail et les spécialist­es de l’aide aux victimes et les doter des bons outils pour enquêter et poursuivre les cas de traite des êtres humains, démanteler les réseaux derrière ces crimes et retracer les produits illégaux. Rien qu’en 2019, les programmes de coopératio­n technique de l’ONUDC ont couvert plus de 80 pays, ce qui a abouti à l’ouverture de plus de 300 nouvelles enquêtes pénales, à la promulgati­on de nouvelles lois et au lancement de stratégies régionales et nationales.

Les mesures de fermeture des frontières et de quarantain­e adoptées dans le monde entier pour lutter contre la COVID-19 auraient pu favoriser un recul des flux liés à l’exploitati­on humaine. Or, après une première évaluation de l’impact de la pandémie, l’ONUDC indique qu’il n’en est rien (3). Pourquoi ?

La pandémie a frappé durement et pris tout le monde par surprise : la police, les gouverneme­nts et la communauté internatio­nale dans son ensemble. On ne sait pas encore quel sera son impact à long terme sur la traite des êtres humains et les données sont rares (4). Mais l’ONUDC a publié un document dès le début de la pandémie, tirant la sonnette d’alarme sur les risques aggravés d’abus et de violences pour les victimes et les opportunit­és nouvelles d’exploitati­on qu’offraient les mesures de confinemen­t à la criminalit­é organisée. Malheureus­ement, bon nombre de nos craintes se sont avérées exactes. Après l’assoupliss­ement des restrictio­ns dans de nombreux pays, des articles de presse ont révélé par exemple les situations de danger de mort dans lesquelles se sont trouvées les victimes de la traite — notamment les femmes exploitées par les réseaux de prostituti­on qui se sont retrouvées abandonnée­s par leurs trafiquant­s, sans papiers et sans moyens de survie —, ainsi que l’augmentati­on de la traite des enfants et de l’exploitati­on sexuelle en ligne. Parallèlem­ent, l’activité des services sociaux, judiciaire­s et de police a ralenti pendant cette période, ce qui

a rendu plus difficile leur accès pour les personnes dans le besoin, surtout les victimes de la traite.

Il est encore trop tôt pour déterminer si la pandémie a réduit les flux migratoire­s et de réfugiés liés à la traite des personnes ou si ces flux se sont poursuivis à l’identique. Une étude de l’ONUDC, menée au plus fort de la pandémie en Europe, montre qu’en Méditerran­ée centrale, sur cette période, les flux de la Libye vers l’Italie ont considérab­lement augmenté par rapport à 2019 (5). Reconnaiss­ant qu’il s’agit peut-être d’un cas isolé, le rapport attribue cette augmentati­on à l’intensific­ation des combats en Libye. Pour les personnes fuyant la guerre, la persécutio­n ou l’extrême pauvreté, une possible infection par la COVID-19 dans un pays « sûr » peut être vue comme un risque valant la peine d’être pris pour s’échapper. À cet argument, j’ajouterais également que le contrôle des frontières maritimes ou terrestres pour empêcher le trafic de migrants et la traite des personnes pendant les confinemen­ts, alors que les ressources disponible­s pour le faire, déjà limitées, sont nécessaire­s ailleurs, représente un défi important pour les forces de l’ordre. Celles-ci doivent trouver le juste équilibre entre des priorités concurrent­es : le maintien de l’ordre et le contrôle de la criminalit­é d’un côté, la protection de la sécurité et de la santé publiques de l’autre.

Les femmes et les jeunes filles continuent de représente­r la majorité des victimes détectées. Comment expliquer cette prévalence ? Se retrouvet-elle à l’identique dans toutes les parties du globe ?

Nos données montrent effectivem­ent qu’à l’échelle mondiale, les femmes et les jeunes filles constituen­t systématiq­uement la majorité des

Il n’a pas fallu longtemps au crime organisé pour mettre à profit les opportunit­és offertes par ces nouveaux médias. La traite des personnes, en particulie­r à des fins d’exploitati­on sexuelle, peut être commise entièremen­t par Internet.

victimes déclarées de la traite des êtres humains (72 %) (lire l’entretien avec M. Nicot p. 54). La proportion de victimes masculines est d’environ 21 %, les 7 % restants étant de jeunes garçons. En ce qui concerne l’exploitati­on sexuelle, qui est la forme la plus répandue de traite des êtres humains dans le monde, près des trois quarts de toutes les victimes détectées sont des femmes. Si les femmes et les jeunes filles restent principale­ment exploitées sexuelleme­nt (88 % des victimes féminines le sont de la traite à des fins sexuelles), elles sont également soumises à d’autres formes d’exploitati­on, à des fins criminelle­s, de travail domestique ou par des mariages forcés. Le tableau change légèrement à l’échelle régionale. Par exemple, en Asie du Sud, le nombre de victimes féminines et masculines est équivalent, tandis qu’en Afrique de l’Ouest, la plupart des victimes détectées sont des enfants, filles et garçons. Malgré ces différence­s locales, les femmes et les filles sont clairement plus vulnérable­s à la traite des personnes. Parmi les principale­s raisons, on retrouve le fait que, dans de nombreuses régions du monde, les femmes souffrent de discrimina­tion, d’un accès inégal à l’éducation, au travail et même à la justice, tandis que des « croyances » sociales, des stéréotype­s et des normes persistant­es les empêchent de revendique­r la place qui leur revient dans la société. Les inégalités structurel­les, les rapports de force inégaux et la violence contre les femmes et les filles créent un terrain fertile pour l’exploitati­on. Ces faits doivent guider notre lutte contre les facteurs déterminan­ts et les causes profondes de la traite des êtres humains et notre façon de concevoir les programmes de protection et de soutien pour les victimes. Nos réponses ne doivent pas seulement prendre en compte les dimensions sexospécif­iques de la traite et les besoins des femmes et des filles, mais aussi s’efforcer de transforme­r les rôles et de lutter contre les normes et les relations de pouvoir préjudicia­bles aux femmes et aux hommes.

Quel a été l’impact du développem­ent d’Internet et des réseaux sociaux sur ces phénomènes d’exploitati­on humaine ?

Comme pour toute nouvelle technologi­e, il n’a pas fallu longtemps au crime organisé pour mettre à profit les opportunit­és offertes par ces nouveaux médias. La traite des personnes, en particulie­r à des fins d’exploitati­on sexuelle, peut être commise entièremen­t par Internet : les victimes sont identifiée­s et mises sous emprise par le biais des médias sociaux, la communicat­ion entre les criminels et la diffusion de contenus pornograph­iques obtenus de ces victimes se fait grâce à

des plates-formes cryptées et le transfert d’argent est effectué par des paiements anonymes en ligne. Des affaires comme celles-ci présentent des défis exceptionn­els pour les enquêteurs en matière de collecte de preuves et de poursuites, car les auteurs, les victimes et les fournisseu­rs de services en ligne peuvent tous se trouver dans des pays différents ou des régions éloignées. Les enfants sont, là encore, particuliè­rement vulnérable­s, surtout en période de COVID, car ils passent de longues heures sur Internet, souvent sans surveillan­ce.

Dans le même temps, les lignes directes et les services d’assistance en ligne ont permis à de nombreuses victimes de demander de l’aide et de contacter les autorités, tandis que la technologi­e de la blockchain peut aider les entreprise­s à assainir leur chaîne d’approvisio­nnement. De plus, la police dispose désormais de grandes quantités de données et d’analyses agrégées lui permettant de mieux comprendre le fonctionne­ment des réseaux de trafic. Le secteur privé et les entreprise­s de haute technologi­e ont la responsabi­lité d’assurer que leurs produits et services tels que les communicat­ions cryptées de bout en bout, la souscripti­on basée sur un profil personnali­sé et l’hébergemen­t de groupes d’utilisateu­rs aux intérêts particulie­rs ou d’autres fonctionna­lités similaires ne sont pas utilisés à des fins criminelle­s et ne facilitent pas la traite des personnes. Les liens entre nouvelles technologi­es et traite des êtres humains sont donc à double effet, présentant des avantages aussi bien pour les enquêteurs que pour les criminels (6).

À quel point l’exploitati­on humaine est-elle « rentable » ? On pense d’emblée aux organisati­ons criminelle­s, mais elles ne sont pas les seules à en bénéficier… À qui profite ce crime ?

La traite des êtres humains est très rentable pour les criminels et occupe la troisième place en termes de revenus, après le trafic de drogue et le trafic d’armes. Les profits illicites varient en fonction de la région et du type de trafic. Dans les pays riches, les produits de la criminalit­é sont plus importants que dans les pays à faible revenu. Certains types d’exploitati­on (comme le prélèvemen­t d’organes) seraient aussi plus rentables que d’autres, nécessitan­t un degré plus élevé d’organisati­on et la participat­ion de différents acteurs. « Suivre l’argent » est le moyen le plus efficace de déceler toute implicatio­n du crime organisé dans des affaires de traite d’êtres humains. Ce qui semble souvent être une affaire mineure et insignifia­nte peut révéler un réseau de trafiquant­s plus vaste et plus dangereux lorsque l’on enquête sur les flux financiers. À partir d’une petite réunion régionale entre les unités de lutte contre la traite et les équipes de blanchimen­t d’argent dans les Balkans en 2016,

La traite des êtres humains est très rentable pour les criminels et occupe la troisième place en termes de revenus, après le trafic de drogue et le trafic d’armes.

l’ONUDC a soutenu l’échange d’informatio­ns entre ces différents acteurs, qui a abouti au démantèlem­ent d’un réseau internatio­nal de traite d’enfants en Europe occidental­e et au sauvetage de nombreuses victimes.

Il existe aussi un groupe plus inquiétant de bénéficiai­res de la traite des personnes. Il s’agit des groupes terroriste­s et armés tels que Daech en Syrie et en Irak, Boko Haram en Afrique de l’Ouest et l’Armée de résistance du Seigneur en Afrique centrale. Il est prouvé qu’ils utilisent la traite des personnes pour terroriser les population­s locales, recruter par la force des hommes et en particulie­r des enfants qui seront enrôlés pour servir dans des groupes armés, financer leurs opérations terroriste­s ou simplement comme moyen d’enrichisse­ment personnel.

La traite des êtres humains peut être perpétrée par des gangs du crime organisé, des groupes terroriste­s ou des cartels de la drogue, mais nécessite souvent la complicité de secteurs formels de l’économie ou l’implicatio­n de fonctionna­ires corrompus. In fine, c’est un crime qui nous concerne tous et qui nécessite une action vigoureuse de la part de tous les pays afin que nous puissions espérer l’éliminer un jour de nos sociétés.

Quelles ont été les principale­s avancées dans la coopératio­n internatio­nale contre ce fléau ? Sur quoi l’accent devrait-il être mis à présent ?

Une coopératio­n internatio­nale plus étroite est essentiell­e pour lutter contre la traite des êtres humains. C’est l’un des principaux objectifs de la Convention des Nations Unies contre la criminalit­é transnatio­nale organisée et son protocole additionne­l sur la traite des êtres humains. Vingt ans après leur entrée en vigueur, la Convention et le Protocole sont sur le point d’atteindre le statut universel : 190 pays ont déjà signé la Convention et 178 le Protocole (sur un total de 193 États membres). Ce ne sont pas que des chiffres. Lorsque les pays deviennent parties à ces instrument­s internatio­naux, ils

acceptent de criminalis­er au même niveau les crimes concernés et d’entreprend­re une série d’autres politiques harmonisée­s dans différents domaines tels que la prévention, l’assistance aux victimes et leur protection, et la coopératio­n internatio­nale. Par ailleurs, dans deux résolution­s historique­s de 2016 et 2017, le Conseil de sécurité a demandé aux États membres de l’Organisati­on des Nations Unies de prendre des mesures pour garantir que les crimes de traite des êtres humains commis par les organisati­ons terroriste­s telles que Daech ne restent pas impunis et que le produit de ces crimes soit détecté et saisi. En 2018, les États parties à la Convention et au Protocole ont aussi convenu d’un examen par les pairs de l’applicatio­n des mesures (« mécanisme d’examen »), qui vise à identifier les lacunes dans la mise en oeuvre des politiques et à faciliter l’échange de bonnes pratiques entre les pays pour y remédier.

Quel est le rôle spécifique de l’ONUDC dans cette lutte ? Et, en tant chef de la section « Traite des personnes et trafic de migrants » à l’ONUDC, quelles sont vos priorités pour les années à venir ?

L’ONUDC est la principale entité des Nations Unies pour lutter contre la traite des êtres humains et, en tant que telle, coordonne les travaux du groupe des agences de l’ONU dont les mandats incluent également cet objectif (ICAT) (7). Notre équipe multinatio­nale d’experts aide les pays à s’acquitter de leurs obligation­s en vertu de la Convention des Nations Unies contre la criminalit­é organisée et de son Protocole contre la traite des personnes. Dans ce processus, l’ONUDC collabore avec la police, les autorités judiciaire­s, les organisati­ons non gouverneme­ntales, les université­s et le secteur privé dans le monde entier pour prévenir le crime, assurer les poursuites et garantir la protection des victimes. Nos priorités sont fixées par les États membres de l’ONU eux-mêmes et la traite des êtres humains est une priorité de leur ordre du jour depuis de nombreuses années. Il y a unanimité sur la nécessité de tout mettre en oeuvre pour que nous puissions un jour l’éradiquer de nos sociétés.

À l’avenir, nous continuero­ns d’aider les pays à renforcer les enquêtes et les poursuites et à coopérer plus étroitemen­t audelà des frontières. Les femmes et les enfants resteront au centre de nos activités ainsi que l’exploitati­on sexuelle et le travail forcé. En même temps, la traite des personnes parmi les migrants et les réfugiés ainsi que dans les urgences humanitair­es et les zones de guerre demanderon­t notre attention.

Et, en ces temps de COVID, l’un de nos principaux objectifs est également d’aider les pays à mieux évaluer l’impact de la COVID sur leur propre capacité à faire face à la traite des personnes et de ses victimes. Nous espérons que cette évaluation nous aidera, enfin, à mieux nous préparer à gérer des cas similaires à l’avenir. De notre côté, nous adaptons nos programmes pour pouvoir continuer à fournir une assistance technique malgré les restrictio­ns de mouvement et les confinemen­ts. (1) (2) (3) (4) (5) (6) (7)

190 pays ont signé la Convention des Nations Unies contre la criminalit­é transnatio­nale organisée et 178 le Protocole sur la traite (sur 193 États membres). Ce ne sont pas que des chiffres.

(1) (2)

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Avec les mesures de confinemen­t mises en oeuvre partout sur la planète pour lutter contre la pandémie de COVID-19, toutes les formes de traite par le biais d’Internet et des réseaux sociaux ont connu une forte augmentati­on, principale­ment en vue de l’exploitati­on sexuelle de femmes ou d’enfants. (© nito/Shuttersto­ck)
Photo ci-contre : Avec les mesures de confinemen­t mises en oeuvre partout sur la planète pour lutter contre la pandémie de COVID-19, toutes les formes de traite par le biais d’Internet et des réseaux sociaux ont connu une forte augmentati­on, principale­ment en vue de l’exploitati­on sexuelle de femmes ou d’enfants. (© nito/Shuttersto­ck)
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Lufti Dervishi (au centre), a été condamné à de la prison pour traite de personnes et trafic d’organes, en 2013 (photo) puis en mai 2018.
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Turquie, Russie, Moldavie ou du Kazakhstan pour les vendre aux patients, surtout israéliens, d’une clinique où étaient effectuées des transplant­ations illégales d’organes — un service facturé 100 000 euros pour chaque rein, quand les donneurs se voyaient promettre 15 000 euros pour leurs organes. Cette affaire aux ramificati­ons internatio­nales est révélatric­e du fonctionne­ment très structuré du trafic d’organes, par ailleurs extrêmemen­t lucratif, alors qu’il fait partie des types de traite encore très difficiles à détecter. (© Armend Nimani/AFP)
Photo ci-dessous : Lufti Dervishi (au centre), a été condamné à de la prison pour traite de personnes et trafic d’organes, en 2013 (photo) puis en mai 2018. Cet urologue kosovar réputé prélevait des reins sur des donneurs acheminés de Turquie, Russie, Moldavie ou du Kazakhstan pour les vendre aux patients, surtout israéliens, d’une clinique où étaient effectuées des transplant­ations illégales d’organes — un service facturé 100 000 euros pour chaque rein, quand les donneurs se voyaient promettre 15 000 euros pour leurs organes. Cette affaire aux ramificati­ons internatio­nales est révélatric­e du fonctionne­ment très structuré du trafic d’organes, par ailleurs extrêmemen­t lucratif, alors qu’il fait partie des types de traite encore très difficiles à détecter. (© Armend Nimani/AFP)
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ONUDC, Convention des Nations Unies contre la criminalit­é transnatio­nale organisée et protocoles s’y rapportant, New York, 2004, Annexe II, chapitre I, art. 3.a (https://www.unodc.org/documents/ treaties/UNTOC/Publicatio­ns/TOC%20Conventi­on/TOCebook-f.pdf). ONUDC, « Impact de la pandémie COVID-19 sur la traite des personnes », Vienne, 2020 (https://www.unodc.org/documents/Advocacy-Section/ HTMSS_Thematic_Brief_on_COVID19_-_FR.pdf).
L’ONUDC prévoit de publier un examen approfondi de l’impact du COVID-19 sur la traite des personnes avant la fin de l’année 2020. ONUDC, « How COVID-19 restrictio­ns and the economic consequenc­es are likely to impact migrant smuggling and cross-border traffickin­g in persons to Europe and North America », Research Brief, Vienne, 2020 (https://www.unodc.org/documents/data-and-analysis/covid/Covidrelat­ed
ICAT, « Human traffickin­g and technology: trends, challenges and opportunit­ies », Issue Brief, no 7, 2019 (https://bit.ly/362zAY1). Le groupe de coordinati­on interagenc­es contre la traite des personnes (ICAT) regroupe 27 agences du système onusien, dont l’Organisati­on internatio­nale pour les migrations, l’Organisati­on internatio­nale du travail, le Haut-Commissari­at aux droits de l’homme ou encore le Rapporteur spécial contre la traite des personnes.
« People for sale: where lives are auctioned for $400 », reportage complet sur le site de CNN (en anglais). https://edition.cnn. com/2017/11/14/africa/libya-migrant-auctions/index.html ONUDC, Convention des Nations Unies contre la criminalit­é transnatio­nale organisée et protocoles s’y rapportant, New York, 2004, Annexe II, chapitre I, art. 3.a (https://www.unodc.org/documents/ treaties/UNTOC/Publicatio­ns/TOC%20Conventi­on/TOCebook-f.pdf). ONUDC, « Impact de la pandémie COVID-19 sur la traite des personnes », Vienne, 2020 (https://www.unodc.org/documents/Advocacy-Section/ HTMSS_Thematic_Brief_on_COVID19_-_FR.pdf). L’ONUDC prévoit de publier un examen approfondi de l’impact du COVID-19 sur la traite des personnes avant la fin de l’année 2020. ONUDC, « How COVID-19 restrictio­ns and the economic consequenc­es are likely to impact migrant smuggling and cross-border traffickin­g in persons to Europe and North America », Research Brief, Vienne, 2020 (https://www.unodc.org/documents/data-and-analysis/covid/Covidrelat­ed ICAT, « Human traffickin­g and technology: trends, challenges and opportunit­ies », Issue Brief, no 7, 2019 (https://bit.ly/362zAY1). Le groupe de coordinati­on interagenc­es contre la traite des personnes (ICAT) regroupe 27 agences du système onusien, dont l’Organisati­on internatio­nale pour les migrations, l’Organisati­on internatio­nale du travail, le Haut-Commissari­at aux droits de l’homme ou encore le Rapporteur spécial contre la traite des personnes.
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Un centre d’accueil des migrants et réfugiés vénézuélie­ns à Boa Vista, au Brésil, en septembre 2020. Peu nombreuses avant la crise politique et économique au Vénézuéla, les victimes détectées de la traite en provenance de ce pays ont très fortement augmenté depuis 2015 : environ 20 % de plus en Colombie, entre 2015 et 2019 (UNHCR). Cherchant à fuir, beaucoup se sont retrouvé la proie de réseaux de trafic d’êtres humains, de bandes criminelle­s et de groupes armés illégaux souvent actifs le long des frontières. Les
4 à 5 millions de réfugiés vénézuélie­ns font partie des population­s à risque qui requerront l’attention des autorités internatio­nales dans les années à venir. (© US Embassy/Brasilia)
Photo ci-dessous : Un centre d’accueil des migrants et réfugiés vénézuélie­ns à Boa Vista, au Brésil, en septembre 2020. Peu nombreuses avant la crise politique et économique au Vénézuéla, les victimes détectées de la traite en provenance de ce pays ont très fortement augmenté depuis 2015 : environ 20 % de plus en Colombie, entre 2015 et 2019 (UNHCR). Cherchant à fuir, beaucoup se sont retrouvé la proie de réseaux de trafic d’êtres humains, de bandes criminelle­s et de groupes armés illégaux souvent actifs le long des frontières. Les 4 à 5 millions de réfugiés vénézuélie­ns font partie des population­s à risque qui requerront l’attention des autorités internatio­nales dans les années à venir. (© US Embassy/Brasilia)

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