Les fantômes de l’Europe. Les migrants face aux politiques migratoires
Olivier Peyroux, Paris, Non Lieu, septembre 2020, 234 p.
Pendant plus de cinq ans, Olivier Peyroux, sociologue, a mené auprès de ceux que l’on appelle les « migrants » un important travail de terrain dont cet ouvrage destiné à tout citoyen, voire décideur, prêt à se départir des clichés rend compte. À travers de nombreux témoignages recueillis à Calais, en Grèce, au Niger, au Mali, au Liban ou encore sur la route des Balkans, et l’étude de différentes filières, il montre la réalité des migrations irrégulières vers l’Europe — bien moins importantes que ne l’affirment les discours politiques —, mais aussi et surtout une autre réalité extrêmement choquante : celle de l’accroissement, de la modification et de la diversification des phénomènes de traite des êtres humains au Moyen-Orient, en Afrique et en Europe. Si Olivier Peyroux se refuse à tout fatalisme, préconisant notamment de renforcer la protection des victimes, mais aussi d’avoir une approche qui parte du terrain pour éviter des solutions trop généralistes souvent inefficaces, il appelle avant toute chose à sortir de ce qu’il considère comme une « impasse » : le refus de la migration. La montée de l’extrême droite dans les pays européens a rendu les gouvernements, toutes couleurs politiques confondues, très frileux quant à l’amélioration de l’accueil des migrants et très rigides en matière de gestion des frontières, explique-t-il. Or c’est justement là que s’enracinent de nombreuses situations de traite et d’exploitation et que se joue plus largement, selon lui, la question des nouveaux rapports sociaux, entre objets et sujets de la mondialisation.