Doolittle

MALO, 11 ANS

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chevrotant­e. Mais déroule son texte, sans buter sur les mots et tient bon, malgré la difficulté de faire rire le public de sexagénair­es. “Bon, on va faire comme si c’était terminé”, lance-t-il à la fin de son sketch, le visage barré d’un grand sourire. Pour Manuel, l’affaire est plus compliquée. Très vite, il perd le fil de son texte. Dans sa main droite, le micro se met à trembler. “L’autre jour, je faisais les courses avec ma mère et elle me dit : ‘Eh maman !’ commence-t-il avant de se reprendre et de bafouiller. Non pardon, c’est pas ça. Euh, comme je suis grand, j’ai toujours été à l’arrière sur les photos de classe, toujours.” Là encore, il s’arrête. Un moment pénible pour lui. Il finit par descendre de la scène, écrase une larme et lâche, fier d’être allé au charbon : “Je suis quand même content d’être monté sur scène !” Au tour de Malo, nerveux comme jamais. Il commence par un tonitruant : “Comment ça va ce soir ?” La foule lui répond. “J’entends rien, comment ça va ce soir ?” Nouveau tintamarre du public qui l’encourage. “C’était juste pour l’ingénieur du son, il voulait savoir si tout allait bien au niveau du son.” Quelques rires étonnés font redescendr­e la pression. Lui est maintenant parfait à l’aise. Cramponné au micro, il parle en faisant mine de s’adresser à chacun plutôt qu’à tous en général. “Je m’appelle Malo et le jour de la rentrée, comme tous les enfants du monde, je pisse dans mon froc !” Rien à voir avec le gamin timoré du début d’après-midi. “J’ai sauté une classe, mais j’étais en classe double alors le maître m’a dit, Malo félicitati­ons tu as sauté une classe, donc tu peux t’asseoir juste là”, raconte-t-il en se décalant d’un pas sur la scène, pour bien mimer la situation. Il termine : “Finalement, la seule classe que j’ai ratée, c’est la classe du style.” Le public l’accompagne d’un gémissemen­t attendri. Il garde un sourire figé. “J’aimerais bien en refaire !” confie-t-il, sur un nuage. Un “vrai” humoriste prend le relais après Malo qui a bien chauffé la salle. Il démarre par une vanne sur les consanguin­s. Puis interpelle le public : “Oh, Lille, vous êtes tous frères et soeurs ou quoi ?” Ambiance.

“Je m’appelle Malo et le jour de la rentrée, comme tous les enfants du monde, je pisse dans mon froc ! ”

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