Doolittle

I NSTITUTRIC­E EN MATERNELLE

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Ils sont six, ils sont en CE1 et se fréquenten­t depuis la petite section. Ils ont grandi, ont parfois changé de classe, se sont brouillés, réconcilié­s, des filles sont venues s’interposer entre eux, mais ils sont toujours ensemble. Gaston et ses potes, c’est une bande, une vraie. Laurence, sa mère, raconte : “Tout a commencé chez la nounou, avant l’école. Elle gardait mon fils et un autre petit garçon, qu’il considère comme son frère. Les quatre autres sont venus se greffer au duo en entrant à la maternelle. Et depuis, le groupe est indissolub­le. Il y a une ou deux amitiés en dehors de la bande maintenant, mais ils ne les mélangent absolument pas. C’est fou, et même inquiétant. Je me demande s’ils ne sont pas en train de s’engrainer dans un truc de cancres du fond de la classe. D’ailleurs, les instits les séparent systématiq­uement, ils mettent le bronx…” Comme beaucoup de parents, cette amitié aussi intense que primitive, née avant même que les enfants ne maîtrisent complèteme­nt le langage, Laurence ne sait pas vraiment à quoi elle tient. Ni pourquoi elle dure. “Je sais qu’elle évolue, qu’elle se nuance un peu, que Gaston considère maintenant que tous ne sont pas aussi cools que ça, mais ils font en sorte que ça tienne.” Quitte, parfois, à nier certaines particular­ités pour entrer dans le moule : “Il y a une fille. Mais tout le monde considère qu’elle n’en est pas une. Que c’est un garçon, point final.” Et ses interrogat­ions, Laurence les partage avec les autres parents de la horde des six mercenaire­s : “On se connaît, évidemment. On se croise le weekend, aux anniversai­res, aux départs en colo, puisqu’ils veulent partir ensemble, on trouve ça mignon. D’ailleurs, je me demande

“À partir de quatre ans, ils sont capables de faire des compromis, de se forcer à faire des choses qu’ils n’ont pas envie de faire pour être avec l’autre. L’amitié, ça s’apprend.”

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