Doolittle

BÉATRICE MILLÊTRE, PÉDOPSY

-

“Aujourd’hui, un adulte sur deux a peur de finir SDF. C’est la peur de la précarité. Et c’est instillé dans la tête des enfants depuis très jeune.”

un typique “emploi du temps de ministre”. Pourtant, des parents restent complèteme­nt hermétique­s aux signaux d’alerte. Certains ne veulent rien entendre. “Ils vont vous dire qu’il n’y a pas de pression, pas de burn out, que ça n’existe pas. Ils sont dans le déni complet”, regrette-t-elle. Personne ne faisait vraiment attention à Victoria*. Son premier burn out est survenu à l’âge de neuf ans. Il est rapidement devenu chronique. “Mes difficulté­s, mes douleurs, mes larmes n’ont pas été entendues du tout”, confie-t-elle d’une voix sourde. Atteinte d’un handicap non diagnostiq­ué affectant ses capacités cognitives, l’école était pour elle une longue épreuve. “Enfant dans la lune”, “génie cancre”, on lui lançait souvent ces quelques mots à la figure. Mais jamais “victime d’un burn out”. Ses parents l’ont bien traînée de cabinets de psychiatre en consultati­ons de psychologu­e. Rien. Personne n’a su dire ce qui la rongeait. Et tout le monde a bientôt arrêté de chercher, volontaire­ment. Victoria raconte, amère : “Les gens autour ont longtemps essayé de faire croire à mes parents que c’était dans ma tête.” S’ensuivent de longues heures à pleurer constammen­t. Et au bout de quelques années, elle ne pleure plus, mais elle arrête de se nourrir, de boire. Elle manque même de mourir d’une anorexie mentale. Maintenant qu’elle a remonté la pente, à vingt-cinq ans, mariée, elle pense savoir pourquoi tout le monde l’a laissée dériver ainsi. “Je pense que c’est difficile pour un adulte d’imaginer qu’une enfant puisse être en burn out. Parce qu’ils pensent qu’il n’y a pas de raison. Une

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France