VIE DONNER YvesVille
On a fait sa découverte, il y a quelques mois, dans un article du Monde. Son pantalon taille haute, sa mèche, son sourire amusé, son noeud papillon et cette peluche accrochée à sa main droite… À première vue, tout semblait indiquer que cet homme faisait profession d’amuser. Trop âgé pour faire du stand-up, était-il auteur, chansonnier ou réalisateur de comédies pince-sans-rire ? Et pupuis nous avons commencé à lire. Yves Ville, 54 ans, exerce un métier on ne peut plus sérieux, qui lui vaut souvent d’être appelé “professeur”. Il est chirurgien obstétricien. À l’hôpital Necker, à Paris, il dirige même, depuis 2009, le service de gynécologie-obstétrique. Au quotidien, Yves Ville
“En médecine foetale, rien n’est standardisé. C’est une accumulation de cas singuliers.”
et son équipe opèrent in utero des foetus atteints de malformations graves. Chaque année, 200 cas se présentent au professeur. Chacun est unique. “En médecine foetale, rien n’est standardisé, dit-il. C’est une accumulation de cas singuliers, une discipline en perpétuelle mutation.” Ainsi, le quotidien d’Yves Ville est fait d’une suite de dilemmes techniques, scientifiques, bien sûr, mais surtout humains. Comment annoncer à une femme, et son compagnon, que son bébé développe une malformation ? Comment l’aider à trancher parmi les trois choix qui s’offrent à elle : avorter, ne rien faire ou accepter une opération in utero ? Souvent, les mamans demandent à Yves Ville ce qu’il ferait à leur place. Il ne sait pas. Comment savoir ? Il n’y a pas pire question que celle-là. “J’essaie juste de présenter les différents parcours possibles.” Avec humanité, empathie. Mais aussi avec cette énergie qui l’habite, et le pousse toujours à chercher, inventer, innover. En quête du prochain miracle. “Ce qui me fait le plus peur, c’est de m’ennuyer…” dit le professeur Yves Ville. A priori, le risque n’est pas énorme.