Aurélien Fouillet
Pourquoi renoncer au jeu en grandissant? Amateur d'Amstrad CPC 664 à cassettes dans sa jeunesse, Aurélien Fouillet a décidé, adulte, de faire du jeu son terrain d'études. Mais n'allez pas croire qu'il s'amuse : Aurélien est docteur en sociologie, auteur de la thèse L’esprit du jeu dans les sociétés postmodernes. Son constat ? Aujourd'hui, le jeu est partout, omniscient, des consoles de salon aux séminaires de bureau, en passant par Tinder. Alors, faut-il y voir un signe du déclin de l'humanité ? Justement, non. Ces divertissements ne seraient, selon Aurélien Fouillet, qu'une mise à jour de formes plus archaïques – comprendre par-là, les histoires de super-héros ne sont que mythes antiques drapés dans des capes rouges. Avec la fin des grands récits idéologiques, religieux ou politiques, l'homme réenchanterait ainsi le monde grâce au jeu, pour mieux échapper à l'ennui et à l'angoisse. Voilà pourquoi nous nous plaisons à multiplier les identités, via un profil Facebook, un avatar des Sims et pourquoi pas un déguisement cosplay. De quoi introduire le frisson de l'aventure et de l'improvisation dans un quotidien réglé comme du papier à musique. Enfin, Aurélien Fouillet se plaît à couper le sifflet à ceux qui accusent la société des loisirs d'être individualiste, car le jeu, affirme-t-il, crée du lien social. Et lui sait de quoi il parle. Car il continue à jouer, notamment aux jeux vidéo. “Même si je suis devenu beaucoup plus exigeant en terme de contenu...”
Et si l'homme réinventait le monde par le jeu ?