Véronique Decker
Véronique Decker vient de publier son deuxième livre. Dans L’école du peuple, aux éditions Libertalia, elle raconte, au travers de 64 anecdotes vécues, son quotidien de directrice d’école à Bobigny, en Seine-Saint-Denis. Véronique parle des gamins de la cité Karl-Marx, de leurs problèmes scolaires et familiaux, des enfants des bidonvilles. Dans son ouvrage, Véronique Decker raconte aussi l’histoire de ce gamin de quatrième atteint d’une maladie qui le rend aveugle, mais qu’aucun membre de sa famille n’amène consulter. Au cours de sa carrière, longue de plus de 30 ans, elle a vu défiler un grand nombre d’élèves en difficulté. Mais elle a constaté que la situation générale ne s’améliorait pas. “J’ai de plus en plus d’élèves pour qui on appelle le 115 – et dans toutes les catégories et de toutes origines géographiques, plus seulement des élèves roms. On a cassé des tours à Bobigny, elles étaient moches d’accord, mais où doivent aller les gens ? C’est nous à l’école qui récupérons les cas d’enfants mal logés. Comment apprendre dans de telles conditions ?” confie-t-elle dans son livre. Véronique Decker connaît le coupable. Le système. Pas de moyens, pas de profs, pas de livres. Sur le plan opérationnel de lutte contre la difficulté scolaire, lancé en 2011, elle dit : “On nous dit qu’on va ‘recevoir des préconisations’, mais on en a tout le temps, des préconisations, et souvent elles sont contradictoires au point d’avoir le tournis... Il faut. Il faut. Il faut. Je suis d’accord avec une bonne partie des préconisations que l’on nous fait... Mais je suis saturée de préconisations qui ne sont assorties d’aucun autre chemin que celui d’obéir à des ordres infaisables.” Véronique en a marre des préconisations. Désormais, elle demande les moyens de pouvoir les appliquer. En vrai, Véronique Decker, 58 ans, fera une formidable ministre de l’Éducation.
“C’est nous à l’école qui récupérons les cas d’enfants mal logés. Comment apprendre dans de telles conditions ?”