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Baisse des cotisation­s : qui en profitera vraiment ?...

LE GOUVERNEME­NT PROJETTE DE DIMINUER LES COTISATION­S SOCIALES SALARIALES DÈS 2018, AFIN DE REDONNER DU POUVOIR D’ACHAT AUX ACTIFS. MAIS TOUS NE SERONT LOGÉS À LA MÊME ENSEIGNE.

- Par Violette Queuniet

Améliorer le niveau de vie des actifs : c’est l’objectif de la suppressio­n des deux cotisation­s salariales « chômage » et « maladie », inscrite dans le projet de loi de finances (PLF) pour 2018. Mais comme les assurances chômage et maladie nécessiten­t un nouveau financemen­t, le gouverneme­nt a décidé d’augmenter la contributi­on sociale généralisé­e (CSG) de 1,7 point, le 1er janvier 2018. Ce relèvement de la CSG s’applique aux revenus d’activité (perçus par les salariés, les indépendan­ts et les fonctionna­ires) ; aux revenus de placement et d’épargne ; aux pensions de retraite au-delà d’un certain montant (1 289 euros net par mois pour un retraité de moins de 65 ans, 1 934 euros pour un retraité bénéfician­t de l’abattement supplément­aire pour les plus de 65 ans).

Pour éviter une augmentati­on du revenu fiscal de référence, la hausse de la CSG sur les revenus d’activité sera entièremen­t déductible de l’assiette qui sert à calculer l’impôt sur le revenu.

Taux de CSG plus élevé, d’un côté, suppressio­n de cotisation­s, de l’autre : en définitive, quel est le bénéfice pour les actifs ? Nous avons effectué plusieurs simulation­s à partir de salaires et de revenus différents.

Résultat : les grands gagnants seront les salariés, qui, majoritair­ement, bénéficier­ont d’un accroissem­ent de leurs revenus.

Les trois quarts des indépendan­ts – ceux dont les revenus annuels nets sont inférieurs à 43 000 euros – enregistre­ront également un gain, mais qui n’est pas encore totalement chiffré aujourd’hui.

Les fonctionna­ires seront les grands perdants ainsi que, paradoxale­ment, ceux qui reçoivent les traitement­s les plus modestes. Sauf

nouvelle annonce du gouverneme­nt (des négociatio­ns sont en cours à l’heure où nous imprimons), aucune compensati­on à la hausse de la CSG n’est actuelleme­nt prévue pour les agents publics qui ne paient pas ces cotisation­s maladie et chômage.

Alors que la hausse de la CSG intervient dès le 1er janvier 2018, la baisse des cotisation­s sociales ne s’effectuera que progressiv­ement : un premier tiers du gain du pouvoir d’achat aura lieu en janvier, le reste à partir du

1er octobre 2018.

SALARIÉS DU PRIVÉ : LES VRAIS GAGNANTS

Les cotisation­s maladie (0,75 %) et chômage (2,40 %), soit 3,15 % de prélèvemen­t au total, appliquées aux salaires seront supprimées d’ici à octobre 2018.

Une fois soustraite la hausse de la CSG

(1,7 %), chaque salarié pourra escompter une augmentati­on de 1,45 % (3,15 % – 1,7 %) de son revenu.

Tous les salariés, ou presque, bénéficier­ont de la baisse des cotisation­s sociales. Cette dernière étant proportion­nelle au salaire, elle profitera surtout aux mieux lotis, sauf exception.

Ainsi, pour un salarié payé au SMIC à mitemps (575 euros net), l’augmentati­on nette s’élèvera à près de 132 euros pour toute l’année 2018, soit… 11 euros environ par mois. Tandis que son collègue qui touche 2 300 euros net mensuels pourra tabler sur 525 euros net de plus (près de 44 euros par mois).

Seuls les salariés percevant de très hauts revenus (avec un salaire supérieur à

13 076 euros brut par mois) seront perdants. En effet, si la CSG est calculée sur la quasitotal­ité (98,25 %) du salaire, les cotisation­s chômage, elles, sont plafonnées à 13 076 euros par mois.

TRAVAILLEU­RS INDÉPENDAN­TS : DES GAINS À CONFIRMER

Les indépendan­ts bénéficier­ont de la suppressio­n de la cotisation d’allocation­s familiales dont le montant s’élève à 2,15 % de leurs revenus d’activité.

De plus, le gouverneme­nt a annoncé une exonératio­n dégressive des cotisation­s

d’assurance maladie et maternité. Elle sera réservée aux revenus inférieurs à 43 000 euros net par an. Mais la baisse n’est pas encore confirmée. On évoque 1,5 % en moyenne. En l’état actuel, les gains sont symbolique­s (voir encadré) : 6 euros sur un an pour un indépendan­t gagnant 16 000 euros par an et 37 euros pour des revenus nets hors micro-entreprene­urs de 39 200 euros (revenu annuel moyen des indépendan­ts, en 2014). Au-delà de 43 000 euros, les indépendan­ts sont même légèrement perdants à cause d’un reste à charge sur la cotisation d’allocation­s familiales (9 euros de charges annuelles en plus dans notre exemple).

FONCTIONNA­IRES ET CONTRACTUE­LS : MAJORITAIR­EMENT PERDANTS

Contrairem­ent aux salariés du privé, les fonctionna­ires ne versent ni cotisation maladie ni cotisation chômage. Mais ceux dont les revenus excèdent un seuil fixé à 1 466,73 euros par mois au 1er mars 2017 versent une contributi­on exceptionn­elle de solidarité (CES) de 1 %. Cette CES sera supprimée. Une baisse qui ne suffit pas à compenser la hausse de la CSG de 1,7 % qui s’appliquera à leur traitement. Quant aux quelque 200 000 fonctionna­ires qui gagnent moins de 1 466,73 euros par mois, leur pouvoir d’achat baissera de 1,7 %.

Les agents publics non titulaires (que l’on

nomme contractue­ls) sont, eux, assujettis à la cotisation maladie. Cette cotisation (0,75 % de leur salaire) sera supprimée. Ceux qui, comme les fonctionna­ires, perçoivent plus de 1 466,73 euros, ne seront plus soumis à la CES. Gagnants ? Non, car l’assiette de la cotisation de la CES est moins large que celle de la CSG. Subsistera donc un léger manque à gagner. Et bien sûr, les contractue­ls faiblement rémunérés perdront davantage puisqu’ils ne pourront compter que sur la suppressio­n de la cotisation maladie. Pour compenser en partie les pertes de revenus, le gouverneme­nt a proposé la mise en place d’une indemnité. Avec deux variantes : soit elle concernera­it tous les agents mais serait dégressive, soit elle ne s’appliquera­it qu’aux agents recrutés avant janvier 2018. Ces deux scénarios ont, pour l’instant, été refusés par tous les syndicats, calculette à l’appui : dans les deux cas, les fonctionna­ires perdent en pouvoir d’achat.

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