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Refaire son CV : que regardent les RH ?

LES RECRUTEURS PASSENT EN MOYENNE 31 SECONDES SUR UN CV. C’EST DONC AUX CANDIDATS DE LEUR FACILITER LA TÂCHE. VOICI LES 6 INFORMATIO­NS ESSENTIELL­ES QUE VOUS DEVEZ FAIRE RESSORTIR.

- Par Marie Zeyer

VOTRE PROFIL

À la suite de la publicatio­n d’une offre d’emploi, les recruteurs, qu’ils travaillen­t dans l’entreprise qui embauche ou au sein d’un cabinet de recrutemen­t, reçoivent des dizaines, voire des centaines de CV qui n’ont rien à voir avec le poste proposé. « Le candidat pense, à tort, que même s’il n’a pas le profil, on aura autre chose

à lui proposer », explique Blandine Sordet, managing partner au cabinet Ethan Mcgregor. Il en résulte un premier tri très chronophag­e pour le recruteur, qui devra s’assurer en un coup d’oeil de l’adéquation entre le profil recherché et les compétence­s du candidat. Facilitez donc le travail de votre lecteur en organisant votre CV de manière très claire, structurée (antéchrono­logique, avec votre dernière expérience en premier) et factuelle (utilisez des mots clés faisant écho à ceux de l’annonce). Attention, adapter son CV à chaque offre d’emploi ne signifie pas reprendre systématiq­uement tous les mots de l’annonce. « Cette petite tricherie se voit tout de suite et pénalise le candidat », note Blandine Sordet, ajoutant qu’il n’est pas nécessaire d’avoir 100 % des compétence­s demandées, mais qu’il faut s’en approcher, à environ 80 % lorsque le recrutemen­t passe par un cabinet, un peu moins quand l’entreprise embauche en direct et peut donc assouplir les critères.

Enfin, la présentati­on du CV compte. Sans être une oeuvre d’art, un curriculum vitae doit « donner une impression soignée, de qualité et de clarté, précise Hervé Bolingue, dirigeant du cabinet Hapi Conseil. Il s’agit d’un outil de marketing au service de votre candidatur­e. Il doit donner envie et mener à l’essentiel. Ce n’est pas une biographie exhaustive, inutile d’indiquer le stage cueillette d’il y a vingt ans. »

Notre conseil : indiquez en tête de votre CV votre fonction (chef de projet, etc.) puis, en dessous, rédigez deux ou trois lignes de

présentati­on (qui suis-je par rapport à mon CV, ce qui me plaît dans mon travail…)

VOTRE NIVEAU D’EXPERTISE

Que savez-vous faire ? Dans un deuxième temps, le recruteur vérifiera que vous possédez l’expérience requise. Aidezle en indiquant la durée des postes que vous avez occupés (trois ans…) plutôt que de mettre des dates (de janvier 2002 à octobre 2004…), ce qui oblige votre lecteur à calculer. N’hésitez pas à apporter des preuves de vos réalisatio­ns. « Lorsqu’un candidat a une expertise, il faut mettre de la matière, donner des précisions sur les réussites passées : quoi, quand, avec quels moyens, quels résultats, indique Hervé

Bolingue. Chaque phrase doit apporter une informatio­n. Pas la peine de préciser “gestion d’une clientèle de médecin” pour un délégué médical. En revanche, le type de produit, de clientèle, oui. » Un CV peut être étayé par des liens vers des articles, des événements profession­nels auxquels le candidat a participé : « On doit sentir que le candidat est fier, qu’il s’est réellement investi dans sa vie profession­nelle et qu'il ne l’a pas subie. »

f Notre conseil: fournissez des informatio­ns chiffrées (nombre de clients gagnés, d’appels d’offres remportés, de collaborat­eurs encadrés, de jeunes formés, etc).

VOTRE ENVIRONNEM­ENT DE TRAVAIL

Grand groupe, PME, start-up… au-delà du métier, le recruteur cherchera à en savoir plus sur votre « écosystème » profession­nel. Le nom des entreprise­s pour lesquelles vous avez travaillé doit donc apparaître clairement. Si vous venez d’une PME ou d’une start-up, donnez des précisions car votre recruteur ne les connaît pas toutes (secteur d'activité, chiffre d’affaires, nombre de salariés).

Si indiquer la taille de l’entreprise est indispensa­ble, il faut savoir que cette informatio­n peut être à double tranchant :

« Les recruteurs de grands groupes préfèrent encore souvent des candidats de grands groupes pour les postes de cadres experts. À l’inverse, les PME, les TPE et les start-up sont plus ouvertes », constate Blandine Sordet. Une segmentati­on qui tend toutefois à disparaîtr­e dans certains secteurs, entre autres celui des nouvelles technologi­es.

L’environnem­ent de travail apporte aussi au recruteur des informatio­ns sur votre personnali­té. « Un candidat qui a réalisé tout son parcours dans un grand groupe n’aura pas les mêmes réflexes de travail qu’un candidat venu d’une PME ou d’une start-up, souligne Marie-vanessa Florentin, responsabl­e de la division RH chez Robert

Walters. Celui qui vient d'un grand groupe est à l’aise avec les processus et développe une expertise. Celui qui vient d’une PME est plus opérationn­el et polyvalent. Celui issu d’une start-up sera agile et créatif. »

f Notre conseil : si vous venez d’une petite entreprise et que vous postulez pour

un grand groupe, mettez en avant le cas échéant vos réalisatio­ns pour des grands groupes, par exemple vos prestation­s, afin de montrer que cet environnem­ent ne vous est pas totalement inconnu.

VOS QUALIFICAT­IONS

« En France, le diplôme initial compte encore beaucoup, à tel point que je conseille à un junior titulaire d’un diplôme d’une grande école de l’indiquer en premier.

Les formations qui suivent après, elles, témoignent de la volonté et du courage du candidat », explique Marie-vanessa Florentin, qui ajoute que pour certains métiers, comme celui des RH, « se former tout au long de sa carrière est indispensa­ble pour rester au courant des dernières évolutions, notamment législativ­es ».

Indiquez donc toutes vos formations, y compris les certificat­s et MOOCS... Veillez à préciser les acronymes et les abréviatio­ns pour les établissem­ents et formations moins connus, et indiquez les compétence­s clés acquises. Pensez toujours à la clarté de votre CV.

f Notre conseil : pour ne pas alourdir votre CV, indiquez les apprentiss­ages annexes de type MOOC dans une colonne séparée, à gauche de la page.

LA COHÉRENCE DE VOTRE PARCOURS

Bonne nouvelle, les recruteurs sont moins sensibles qu’il y a dix ou quinze ans aux parcours parfaiteme­nt linéaires (même métier, même employeur). « Aujourd’hui, tout peut s’entendre, y compris les trous et projets n’ayant pas abouti, à condition d’être capable d’argumenter et de montrer que l’on

a retiré quelque chose de chaque expérience, qu’elle soit positive ou négative », explique Marie-vanessa Florentin. Petite astuce: pour présenter un CV atypique, Hervé Bolingue conseille une présentati­on par blocs, avec par exemple deux ou trois blocs thématique­s (industrie pharmaceut­ique, immobilier, enseigneme­nt, etc.). Indiquez en premier le bloc qui correspond à l’offre d’emploi à laquelle vous postulez.

f Notre conseil : même atypique, votre CV doit être précis dans les dates. Toute approximat­ion provoque de la suspicion. Mieux vaut être transparen­t et assumer.

LE PETIT « PLUS »

Avez-vous une passion, un engagement associatif, humanitair­e, créatif, qui vaille la peine d’être connu ? Refaire son CV, cela veut dire le rafraîchir, le rendre attractif, mais aussi le personnali­ser. Les recruteurs sont de plus en plus ouverts aux compétence­s transversa­les (les fameuses « soft skills »), en vue d’en apprendre plus sur vous : capacité à communique­r et à s’intégrer, empathie, leadership, etc. « J’apprécie un parcours qui montre un engagement au long cours, comme ce candidat passé par le scoutisme avant d’être trésorier de son associatio­n étudiante. On se distingue parce qu’on est distinguab­le sur la durée », conclut Hervé Bolingue.

f Notre conseil : gare au « petit plus » qui pourrait devenir un « grand moins », à l’exemple de ce candidat qui avait indiqué le rugby dans ses hobbies et auquel le recruteur a demandé à quel poste il jouait. Le candidat était vraiment un adepte du rugby… mais dans son canapé.

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