Les trois niveaux d’exploitation des « incidents Engins Explosifs Improvisés » (EEI)
Toute explosion ou neutralisation d’un engin explosif improvisé (incident EEI) donne lieu à une exploitation qui suit trois niveaux. Elle constitue le moteur de l’adaptation du génie sur le théâtre d’opérations ainsi que sa capacité à lutter contre les réseaux.
Le premier niveau s’effectue sur le terrain, dans toute la zone d’opérations. Il peut être réalisé par les sapeurs de combat du génie ou par les équipes D’EOD (Explosive Ordnance Disposal). Toutefois, les véritables unités affectées exclusivement à cette exploitation de niveau 1 sont les équipes de Fouille Opérationnelle Spécialisée (FOS) et les Weapon Intelligence Teams (WIT). Composées d’un officier du génie, d’un EOD, d’un gendarme qualifié « technicien d’identification criminelle » et d’un opérateur du renseignement militaire, ces équipes ont pour mission de collecter les ressources physiques liées à un incident EEI (débris de l’engin, prélèvements de sol, recherches d’empreintes digitales, etc.), mais également les éléments de contexte permettant une analyse approfondie des techniques et procédures ennemies. Cette exploitation de niveau 1 étant réalisée directement sur les lieux de l’incident, les ressources collectées sont ensuite transmises pour une analyse de niveau 2.
Dans le cadre de l’opération « Barkhane », la seule et unique cellule d’exploitation de niveau 2 est le laboratoire d’exploitation C-IED (ou labo CIEL, Counteried Exploitation Laboratory) situé à Gao au Mali. Les personnels sont fournis par les régiments d’appui divisionnaires (19e RG et 31e RG). Composée d’un officier du génie, d’un démineur spécialisé (EOD), d’un gendarme, d’un expert chimiste et d’un expert électrotechnicien, cette équipe a pour mission d’analyser avec des moyens nettement plus importants les ressources collectées (empreintes digitales, ADN, type d’explosif, fréquence utilisée pour la mise à feu, etc.). Le laboratoire contribue à l’attaque des réseaux responsables de la confection et de la pose des EEI en fournissant du renseignement.
Les laboratoires d’exploitation de niveau 3 demeurent en métropole et permettent de fournir des analyses plus poussées. La lutte contre les EEI au Sahel n’est pas un domaine réservé au seul génie. Elle a nécessité une action interarmées, interministérielle et interalliée.