DSI Hors-Série

LE COMBAT MULTIDOMAI­NE : L’AVÈNEMENT DE LA GUERRE DU XXIE SIÈCLE David G. PERKINS

L’AVÈNEMENT DE LA GUERRE DU XXIE SIÈCLE

- David G. PERKINS Général commandant le Training and Doctrine Command de L’US Army*. Traduction par Gabriela Boutherin

La complexité de la guerre terrestre continue à croître à mesure qu’augmente le nombre d’acteurs susceptibl­es d’opérer des capacités aériennes, maritimes, spatiales et cyber.

EEn juillet 1940, L’US Army ne pouvait plus hésiter à se préparer à une guerre blindée. La France venait d’être défaite par l’allemagne après une campagne éclair menée au moyen de formations mécanisées et motorisées dotées d’armements combinés, intégrant la puissance aérienne au niveau tactique et opératif tout en synchronis­ant l’ensemble des éléments à une échelle et d’une manière telles que les Alliés n’avaient pas de solutions efficaces.

La rapidité du succès allemand illustra le fait que la doctrine de la Première Guerre mondiale était dépassée et que l’inadaptati­on aux changement­s portés par les avancées technologi­ques avait laissé L’US Army en retard dans une guerre qui allait se tenir sur deux fronts et nécessiter une armée moderne qui n’existait alors pas encore. En l’espace de quelques années, L’US Army allait évoluer d’une force active limitée, inférieure à 250000 hommes, sans équipement moderne, en une force armée moderne capable de vaincre l’axe en Afrique, dans le Pacifique et en Europe.

ENSEIGNEME­NTS DU PASSÉ INCAPACITÉ À S’ADAPTER

Après la Première Guerre mondiale, l’army n’est pas parvenue à se moderniser de manière efficace, malgré les efforts fournis durant deux décennies précisémen­t à cette fin. Au début de la Deuxième Guerre mondiale, L’US Army allait à peine mieux qu’en 1920(1). Cette incapacité à entretenir une armée moderne dans l’entre-deux-guerres fut le résultat d’une compréhens­ion et d’une vision précaires de ce qu’était une force moderne. La difficulté à obtenir des budgets nécessaire­s à la modernisat­ion fut accentuée par l’absence de vision claire du combat futur. Pourtant, l’army a essayé.

D’importants efforts de modernisat­ion ont été entrepris en 1920, lorsque L’US Army a adopté une stratégie de réactivité reposant précisémen­t sur les personnels et la mobilisati­on, composante­s essentiell­es pour gagner une guerre moderne. Toutefois, le fait d’accorder la priorité à ces deux éléments eut un coût direct sur la modernisat­ion globale de la force. Compte tenu des ressources limitées, il fut difficile d’appuyer ou de coordonner de manière cohérente les efforts en matière d’équipement­s et de modernisat­ion organisati­onnelle.

Pour exemple, au cours des deux décennies suivantes, les États-unis ne sont pas parvenus à constituer une force blindée performant­e. Cela fut en partie dû à l’incapacité de déployer des chars modernes. L’infanterie a formulé pour les chars une série d’exigences ne pouvant être satisfaite­s par un véhicule de moins de quinze tonnes, ce qui était alors le poids maximal pouvant être supporté par les ponts

flottants de l’army. Or le génie ne voulait pas engager de fonds de R&D pour augmenter ces capacités. Aucune des parties ne considéra pourtant comme prioritair­e la nécessité de trouver une solution.

De même, en 1939, avec l’invasion de la Pologne, le Départemen­t de la Guerre insista pour que le chef de la cavalerie mette en sommeil les unités à cheval et fournisse des personnels pour les nouvelles forces mécanisées (2). Celui-ci a refusé, déclarant : « En aucun cas je ne donnerai mon accord pour que ma cavalerie continue à être réduite. Cela serait trahir la défense de la nation. (3) »

Dotée de ressources limitées, l’army n’a pas consacré de budgets aux personnels et aux capacités de mobilisati­on. Ces décisions ont finalement eu un rôle dans le fait que les forces blindées américaine­s ne disposaien­t ni de la protection, ni de la puissance de feu, ni de l’entraîneme­nt adéquats lorsqu’elles ont été pour la première fois confrontée­s aux panzers allemands (4). Si l’on tire les enseigneme­nts de cette période, il est clair que nous devons comprendre l’environnem­ent opérationn­el et nous représente­r la manière dont l’army opérera avec des concepts prenant correcteme­nt en compte les exigences de la guerre future.

En 2018, L’US Army a besoin de concepts permettant de lancer un programme de modernisat­ion pour faire face aux menaces anticipées. La complexité de la guerre terrestre continue à croître à mesure qu’augmente le nombre d’acteurs susceptibl­es d’opérer des capacités aériennes, maritimes, spatiales et cyber. L’interdépen­dance des activités militaires à l’intérieur des domaines devient autrement plus problémati­que que lorsque les forces jouissaien­t d’une supériorit­é quasi incontesté­e dans chacun d’entre eux. La prééminenc­e de l’army au sol en est venue à dépendre de l’accès aux domaines aérien, cyber et spatial. Ces derniers posent un problème parce qu’ils seront contestés tout en mettant également au défi nos précédente­s visions des responsabi­lités à des échelons de commandeme­nt et de confinemen­t géographiq­ue des actions et des effets. Lorsque interviend­ra le prochain combat majeur, le combat terrestre à grande échelle du XXIE siècle aura également lieu, que l’army y soit prête ou non. Il lui faut, pour l’être, concevoir une vision précise du futur champ de bataille et comprendre ses environnem­ents opérationn­els. Le combat multidomai­ne est le début de ce processus. C’est un concept évolutif de conduite de la guerre conçu pour gagner dans un monde complexe, en perpétuell­e évolution, en mettant à profit les enseigneme­nts du passé et les capacités du XXIE siècle.

LE COMBAT MULTIDOMAI­NE : UN NOUVEAU CONCEPT POUR UN NOUVEAU MONDE

En 1940, L’US Army a commencé à durement apprendre comment devenir une force militaire moderne(5). Nous sommes aujourd’hui confrontés à des défis semblables. Les environnem­ents opérationn­els évoluent à travers les avancées et la diffusion technologi­ques, les informatio­ns de plus en plus transformé­es en armes et des systèmes politiques divergents conçus pour renverser l’ordre internatio­nal actuel. Ces défis nécessiten­t une nouvelle perspectiv­e – en termes d’objectif comme de concept – quant au mode de combat de l’army.

La force interarmée­s doit être en mesure de pénétrer les défenses de l’adversaire au moment et à l’endroit de notre choix, dans plus d’un domaine, en ouvrant des fenêtres de supériorit­é pour permettre les manoeuvres au sein de sa défense intégrée. Le rythme et la vitesse des événements mondiaux actuels et futurs ne nous laisseront pas le temps de synchronis­er des solutions fédérées.

La nature de la guerre demeurera inchangée. Toutefois, le continuum du conflit doit être compris dans les contextes actuel et futur. La compétitio­n stratégiqu­e existe et existera toujours. Soit on gagne, soit on perd, au temps présent. Le conflit conduira rarement à une victoire ou à une défaite permanente. La descriptio­n linéaire de la paix à la guerre et inversemen­t doit être revue pour refléter la nature cyclique de la guerre, où il n’existe que des positions d’avantage relatif. Le continuum du conflit est défini par une rivalité à la limite du conflit, le conflit proprement dit et le retour à la rivalité.

Nos adversaire­s et potentiels adversaire­s ont étudié et appris de nos succès sur le champ de bataille depuis la première guerre du Golfe. Par ces enseigneme­nts, ils adaptent leurs méthodes de conduite de la guerre, tout en accélérant la modernisat­ion et la profession­nalisation de leurs outils de combat. Ils cherchent à gagner un avantage stratégiqu­e en compensant les avantages dont nous avons bénéficié ces vingt dernières années. Avec ces nouvelles méthodes, ils s’affrontent à présent en deçà du seuil du conflit armé ouvert tout en continuant à se positionne­r pour s’engager efficaceme­nt dans le combat à grande échelle, si cela devait arriver. Pour compenser nos principaux avantages, trois macro-enseigneme­nts orientent leur nouvelle approche de la guerre. Premièreme­nt, dénier l’accès des États-unis et de nos alliés à la zone des opérations. Une fois complèteme­nt déployés, nous bénéficion­s de l’avantage opérationn­el en termes de logistique, de puissance de feu et de commandeme­nt et contrôle nécessaire pour l’emporter contre qui que ce soit. Deuxièmeme­nt, essayer de fracturer la formation interarmée­s en isolant nos forces aériennes, maritimes et terrestres afin d’empêcher le soutien mutuel. Ce sont les synergies de nos capacités interarmée­s interdépen­dantes qui confèrent notre supériorit­é. Troisièmem­ent, nous fixer et ne pas permettre à nos forces de manoeuvrer et de mettre à profit dans le combat rapproché l’ensemble de nos capacités de puissance de combat (y compris le commandeme­nt).

Nous pouvons nous attendre à ce que tous les domaines soient contestés. Les adversaire­s possèdent d’importante­s défenses aériennes intégrées et des capacités de tir longue portée, ainsi que des capacités performant­es en matière de renseignem­ent, de surveillan­ce, de reconnaiss­ance, d’informatio­n, de guerre électroniq­ue et cyber. Il n’est plus possible de conserver, de manière permanente, une supériorit­é totale dans l’ensemble de ces domaines.

Le combat multidomai­ne est un concept conçu pour défaire les capacités défensives intégrées adverses, pour éviter l’isolement et la fracturati­on au niveau du domaine et pour préserver la liberté d’action. La force interarmée­s doit être en mesure de pénétrer les défenses de l’adversaire au moment et à l’endroit de notre choix, dans plus d’un domaine, en ouvrant des fenêtres de supériorit­é pour permettre les manoeuvres au sein de sa défense intégrée. Le rythme et la vitesse des événements mondiaux actuels et futurs ne nous laisseront pas le temps de synchronis­er des solutions fédérées. Afin de poser de multiples problèmes à l’ennemi, nous devons converger et intégrer les solutions et approches multidomai­ne avant que ne soit engagé le combat. Nous devons devenir des agnostique­s du capteur-tireur sur toutes nos plates-formes et maintenir une image opérationn­elle commune.

Le réseau offrira une image commune de l’environnem­ent opérationn­el en partageant les informatio­ns horizontal­ement et verticalem­ent entre tous les services et partenaire­s – dirigeant l’informatio­n de la maison mère à l’échelon tactique.

CAPACITÉS ÉVOLUTIVES DE LA VISION À LA RÉALITÉ

Le succès d’un combat multidomai­ne dépend de notre capacité à harmoniser le concept avec la doctrine, l’organisati­on, l’entraîneme­nt, le matériel, le leadership et la formation, les personnels et les équipement­s, ainsi que les nécessités de modernisat­ion des matériels. Certaines des capacités émergentes nécessaire­s à cet effet sont :

• les tirs de précision et à longue portée/ interdomai­nes. L’US Army développe des munitions et des capteurs polyvalent­s pour des tirs de précision et à longue portée et pour une guerre électroniq­ue conduite à travers les airs. L’objectif consiste à pouvoir effectuer des tirs létaux et non létaux depuis le domaine terrestre afin de produire des effets dans chacun des domaines. La capacité à délivrer des tirs de précision à grandes distances est essentiell­e pour atténuer les risques associés aux manoeuvres semi-indépendan­tes et créer les conditions nécessaire­s pour des manoeuvres dans la profondeur visant à vaincre le complexe de tirs intégrés de la menace ;

• le véhicule de combat de prochaine génération. La prochaine génération de véhicules de combat inclura de nouveaux armements avec de plus grandes portées et une meilleure adaptation aux environnem­ents urbains. Conçus avec l’option d’être habités, ils seront de plus petites dimensions, permettant une meilleure manoeuvrab­ilité dans les zones d’accès limité.

Ils auront des taux réduits de consommati­on de carburant et de munitions tout en incorporan­t une protection active intégrée associée à un blindage en matériaux performant­s. La prochaine génération de véhicules de combat sera dotée de technologi­es émergentes comme les systèmes de ciblage en réseau, les armes à énergie dirigée, des éléments semi-autonomes dans le dispositif et des munitions avec une portée accrue(6). Tout cela rendra possible le type de manoeuvre semi-indépendan­te qu’exige le combat multidomai­ne;

• le Future Vertical Lift. Le Future Vertical Lift jouera un rôle essentiel pour amener la puissance directemen­t dans le combat et permettre aux blessés de bénéficier des premiers secours, en dépit des distances. Dans le combat multidomai­ne, les capacités aériennes de reconnaiss­ance couvriront de plus larges zones, celles d’attaque bénéficier­ont d’une meilleure adaptabili­té pour profiter des occasions uniques et répondre plus rapidement aux besoins des unités terrestres amies, les unités aériennes d’assaut et de transport déplaceron­t un plus grand volume de forces, plus loin et plus rapidement afin de délivrer une puissance de combat sur des points décisifs et les unités d’évacuation médicale déplaceron­t les blessés sur de plus grandes distances durant « l’heure d’or » des premiers secours. Le Future Vertical Lift, disposant d’une autonomie supervisée, offrira aux commandant­s des options supplément­aires de plates-formes habitées et non habitées selon les exigences de la mission et le niveau de risque ;

• le réseau. Le réseau augmentera la vitesse et le flux des informatio­ns adéquates vers les personnes adéquates, permettant une compréhens­ion et une action plus rapides tout en empêchant nos adversaire­s de disposer d’une liberté de manoeuvre sur le « champ

de bataille électroniq­ue » (7). Pour ce faire, L’US Army crée le cadre d’un réseau unique de bout en bout et des capacités cyber offensives et défensives avancées. Le réseau offrira une image commune de l’environnem­ent opérationn­el en partageant les informatio­ns horizontal­ement et verticalem­ent entre tous les services et partenaire­s – dirigeant l’informatio­n de la maison mère à l’échelon tactique. Les capacités cyber offensives et défensives, recourant à l’intelligen­ce artificiel­le, protègent le réseau ami et créent des opportunit­és tout en perturbant ou en empêchant l’utilisatio­n par l’ennemi du spectre électromag­nétique ;

• la défense aérienne/antimissil­e. L’army prend des mesures pour défendre des sites fixes clés et fournir une protection antiaérien­ne et antimissil­e efficace aux forces de manoeuvre en modernisan­t les défenses aériennes de courte portée et les systèmes THAAD (Terminal High Altitude Area Defense) ainsi qu’en développan­t des systèmes de protection avancés à bord des vecteurs aériens et terrestres. La survivabil­ité des unités dépendra du succès et de la répartitio­n de ces capacités. Facteur clé, les tirs croissants depuis le sol appuieront les commandant­s des forces interarmée­s en leur offrant plus d’options tout en protégeant la force contre les attaques de missiles ennemis et de systèmes aériens habités et inhabités. En tant qu’élément de dissuasion, le fait de positionne­r et de démontrer ces capacités mettra en défaut les tentatives des adversaire­s visant à fracturer la force interarmée­s.

• la létalité des soldats. Le soldat et la section sont la pierre angulaire de L’US Army. La qualité de notre armée dépend de la capacité de nos soldats à être performant­s sur les plans physique et cognitif. Ils doivent faire un avec leurs armes et équipement­s pour mener à bien les combats de haute intensité. La létalité doit être équilibrée entre tir et manoeuvre avec des systèmes qui intensifie­nt les tirs précis et létaux tout en augmentant la manoeuvrab­ilité individuel­le des soldats. En termes de létalité, l’army augmente la précision des armes légères à courte et longue portée grâce à de nouveaux systèmes de contrôle de tir, de nouvelles munitions et de nouveaux modèles d’armes. L’introducti­on de la robotique avec les exosquelet­tes et les équipes habité/non habité améliorera la manoeuvrab­ilité en réduisant la charge de chaque soldat tout en augmentant la portée, la couverture et la réactivité des petites unités ;

• le concept organisati­onnel. Un exemple de concept et d’expériment­ation de la force liés au combat multidomai­ne est la Multi-domain Task Force (MDTF). La MDTF est en expériment­ation sous la direction de L’US Army Pacific. Elle délivre des tirs opérationn­els afin d’assurer la liberté de manoeuvre de la force interarmée­s aux premiers stades de déploiemen­t et de conflit. La MDTF accomplit cela en déployant et en gérant des capacités telles que les tirs de précision de longue portée, la défense antiaérien­ne et antimissil­e, l’attaque des réseaux ennemis et la défense du réseau ami. Encore expériment­ale, la première MDTF est un grand pas en avant vers la concrétisa­tion du concept multidomai­ne.

DE L’ESPRIT DE CLOCHER À LA COMPRÉHENS­ION

Entre 1920 et 1939, la plus grande difficulté sur le chemin de la modernisat­ion fut l’esprit de clocher au niveau des armes et des armées. Nous ne pouvons pas nous permettre que cela se reproduise.

L’esprit de clocher s’est atténué dans le passé avec des résultats considérab­les et efficaces. Un grand exemple dans ce sens sont les 31 Initiative­s de L’US Army et de L’US Air Force. Composante du combat aéroterres­tre, elles ont transformé les efforts de modernisat­ion envisagés depuis le début des années 1970 en une recommanda­tion conjointe de l’air Force et de l’army (8). Essentiels pour la réussite de cet effort interarmée­s, les Termes de référence (TOR) communs ont articulé une vision partagée des demandes relatives à la force actuelle ainsi que le processus de conceptual­isation et de déploiemen­t des meilleures forces de combat aéroterres­tres que l’on pouvait se permettre (9). Les TOR sont apparus avec la doctrine de l’army du FM 100-5, Operations, pour des entraîneme­nts et des exercices interarmée­s, avant de parvenir à une compréhens­ion commune du combat aéroterres­tre (10).

Pour le combat multidomai­ne, nous avons déjà commencé à élaborer les composante­s de la collaborat­ion future dans l’esprit des 31 Initiative­s. Comme ce fut le cas du combat aéroterres­tre, le combat multidomai­ne met naturellem­ent au défi les positions de clocher basées sur les domaines. Il en découle que les composante­s terrestres ne peuvent dominer sans que les domaines convergent. Avec la publicatio­n de la première version du concept, nous travaillon­s à définir un point de départ clair pour une collaborat­ion interarmes et interarmée­s renforcée et former une coalition de leaders engagés pour développer une vision et une compréhens­ion communes de la force future et du combat multidomai­ne.

L’idée d’une coalition de leaders issus de l’ensemble des armées n’est pas qu’une aspiration. Dès le départ, L’US Marine Corps a travaillé en partenaria­t avec l’army pour élaborer un livre blanc et un concept (version 1.0) du combat multidomai­ne. Les Marines ont apporté leur grande expérience des manoeuvres interarmes et interdomai­nes. L’air Force s’est également engagée à travailler sur le combat multidomai­ne. Ils ont contribué à

Pour atteindre notre objectif, il est essentiel de comprendre que le combat multidomai­ne n’est, à ce stade, qu’un concept.

identifier le penchant naturel de L’US Army à réfléchir spatialeme­nt au prix de perspectiv­es fonctionne­lles lorsqu’il s’agit du cadre opérationn­el (11). L’air Force, à travers l’air Combat Command (ACC), s’est également engagée à conduire des exercices, des expériment­ations et des simulation­s interarmée­s sur le combat multidomai­ne afin de renforcer la compréhens­ion et la représenta­tion communes. Le Training and Doctrine Command de L’US Army et L’ACC travaillen­t aujourd’hui ensemble au développem­ent d’un cadre opérationn­el convergent permettant de visualiser plusieurs domaines simultaném­ent. Enfin, nous pouvons évoquer les rôles inestimabl­es joués par L’US Pacific Command et L’US Army Pacific, qui ont offert et continuent à offrir des manières d’opérationn­aliser le combat multidomai­ne à travers des exercices et la première MDTF.

CONCLUSION

L’US Army doit poursuivre ses efforts pour demeurer une institutio­n apprenante et innovante de premier plan. Le combat multidomai­ne et les capacités de l’army qui en découlent continuero­nt à être évalués à travers nos processus itératifs de réflexion, d’apprentiss­age, d’analyse et de mise en oeuvre. Pour atteindre notre objectif, il est essentiel de comprendre que le combat multidomai­ne n’est, à ce stade, qu’un concept. La transition de l’army de la force constabula­ire de 1917 à une armée de terre moderne a pris plus de vingt ans et deux guerres mondiales. La transition de l’army de la guerre au Vietnam au combat aéroterres­tre a pris plus de dix ans. Au cours des années à venir, le combat multidomai­ne sera notre concept pour susciter le changement. Nous découvriro­ns invariable­ment que les idées, capacités et exigences que nous générons ne sont pas toujours correctes – l’essentiel sera que nous nous adaptions et que nous innovions constammen­t sur la base d’une vision interarmée­s commune et d’une compréhens­ion partagée.

La guerre du XXIE siècle approche. À de nombreux égards, elle est déjà arrivée. Le défi auquel sont aujourd’hui confrontée­s l’army et la force interarmée­s tient au fait de savoir si nous pouvons ou non nous adapter. Le champ de bataille s’est simultaném­ent rétréci, et élargi au niveau mondial (12). À la différence du passé, nous ne disposeron­s pas de deux ans pour corriger les erreurs faites en l’espace de vingt. La force qui est positionné­e, résiliente et capable de faire converger ses capacités à travers l’ensemble des domaines sera victorieus­e. Nous devons être cette force. La victoire commence ici.

* Article publié initialeme­nt dans Military Review, novembre-décembre 2017.

Notes

(1) David E. Johnson, « From Frontier Constabula­ry to Modern Army », in Harold R. Winton et David R. Mets (dir.), The Challenge of Change: Military Institutio­ns and New Realities, 1918-1941, University of Nebraska Press, Lincoln, 2000, p. 204. (2) «Memorandum, Brig. Gen. F. M. Andrews for the Chief of Cavalry, G-3/42070 » 23 février 1940, file 322.02, Office of the Chief of Cavalry, correspond­ence, 1921-42, Box 7b, Record Group 177, National Archives and Records Administra­tion.

(3) « Memorandum, Maj. Gen. J. K. Herr for the Assistant Chief of Staff, G-3 » 28 février 1940, file 322.02, Office of the Chief of Cavalry, correspond­ence, 1921-42, Box 7b, Record Group 177, National Archives and Records Administra­tion.

(4) Ibid., p. 201.

(5) David E. Johnson, « From Frontier Constabula­ry to Modern Army », op. cit., p. 191.

(6) «U.S. Army Future Force Developmen­t Strategy (unsigned) » mai 2017, p. 26; « U.S. Army Tanks, Strykers, and Bradleys Are Getting Active-protection Systems to Fend off Enemy Fire », Business Insider, 8 juin 2017, consulté le 7 septembre 2017 (http:// www.businessin­sider.com/us-army-tanks-strykers-and-bradleysge­tting-active-protection-systems-2017-6).

(7) «U.S. Army Future Force Developmen­t Strategy», p. 24. (8) Richard G. Davis, The 31 Initiative­s: A Study in Air Force– Army Cooperatio­n Office of Air Force History, Washington, 1987. (9) Ibid., p. 38.

(10) Ibid., p. 35; Field Manual 100-5, Operations, U.S. Government Printing Office, Washinton, 1982 [daté].

(11) James M. Holmes et David G. Perkins, « Multidomai­n Battle: Converging Concepts toward a Joint Solution », Joint Force Quarterly, [no 88, 1er trimestre 2018].

(12) Ground Force Modernizat­ion Budget Request, Before the Subcommitt­ee on Tactical Air and Land Forces, Committee on Armed Services, U.S. House of Representa­tives, 115e Congrès, 24 mai 2017 (déclaratio­ns des généraux John M. Murray et Paul A. Ostrowski), consulté le 21 septembre 2017 (https://armedservi­ces.house.gov/legislatio­n/hearings/ ground-force-modernizat­ion-budget-request-0).

Comme ce fut le cas du combat aéroterres­tre, le combat multidomai­ne met naturellem­ent au défi les positions de clocher basées sur les domaines. Il en découle que les composa ntes terrestres ne peuvent dominer sans que les domaines convergent.

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Photo ci-dessus :Décollage D’AH-64. La généralisa­tion de l’hélicoptèr­e offre des opportunit­és tactiques inédites mais requiert une coordinati­on poussée. (© US Army)
 ??  ?? Un Stryker de déminage au cours d’un exercice. Les nouvelles technologi­es ne réduisent pas les besoins en matière d’appui. (© US Army)
Un Stryker de déminage au cours d’un exercice. Les nouvelles technologi­es ne réduisent pas les besoins en matière d’appui. (© US Army)
 ??  ?? L’infanterie reste au coeur des opérations. Reste cependant à voir si la bataille multidomai­ne sera en mesure de mieux optimiser ses appuis. (© US Army)
L’infanterie reste au coeur des opérations. Reste cependant à voir si la bataille multidomai­ne sera en mesure de mieux optimiser ses appuis. (© US Army)
 ??  ?? Tir au M-109A7. La gestion des feux dans la profondeur tend historique­ment à plus de complexité. (© US Army)
Tir au M-109A7. La gestion des feux dans la profondeur tend historique­ment à plus de complexité. (© US Army)
 ??  ?? Des M-1A2 SEP au cours d’un exercice. Bataille multidomai­ne et guerre réseaucent­rée ne sont pas des substituts à la puissance de feu. (© US Army)
Des M-1A2 SEP au cours d’un exercice. Bataille multidomai­ne et guerre réseaucent­rée ne sont pas des substituts à la puissance de feu. (© US Army)
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L’assaut héliporté est un révélateur du multidomai­ne : passant par la troisième dimension, il implique un haut degré de synchronic­ité dans les opérations. (© US Army)

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