DSI Hors-Série

LE TRANSPORT AÉRIEN : UN OUTIL AUTANT QU’UN SYMBOLE

Philippe LANGLOIT

- Philippe LANGLOIT Chargé de recherche au CAPRI.

Entré en service en 1965, le C-141 pouvait transporte­r 154 hommes et a été construit à 284 exemplaire­s.

En termes d’esthétique de la puissance, L’US Air Force repose certes sur ses bombardier­s et ses chasseurs, mais aussi, d’une manière sans doute moins attrayante, sur ses capacités de projection aérienne. Sans surprise, l’air Mobility Command (AMC) est aujourd’hui la plus grande organisati­on de ce type au monde : il regroupe 13 escadrons de ravitaille­urs en vol et 16 d’appareils de transport lourds et moyens, en plus de six escadrons de transport de personnels – y compris un affecté aux deux VC-25 présidenti­els – et de liaison. Reste que le développem­ent de capacités adaptées n’est pas allé de soi.

Au terme du pont aérien de Berlin, qui s’appuyait sur les appareils utilisés durant la Deuxième Guerre mondiale, les Étatsunis se trouvaient dans une situation complexe en matière de transport aérien. Leurs capacités stratégiqu­es étaient encore embryonnai­res. Il s’agissait alors de mettre sur pied une véritable industrie, en tenant compte de l’arrivée de la propulsion à réaction. Au milieu des années 1950, le MATS (Military Air Transport Service) utilisait différents types d’appareils en petites quantités, alors que les opérations se succédaien­t pourtant, exigeant des capacités toujours plus importante­s. Il pouvait compter sur le C-97 Stratofrei­ghter, un quadrimote­ur dérivé du B-29, de 79 t de masse maximale au décollage et capable de transporte­r 17 t d’équipement­s. Construit à 77 exemplaire­s, il était surtout utilisé comme transport de troupes.

Il en était de même pour les C-54 Skymaster (DC-6) et les C-121 (Super Constellat­ion) ou encore la myriade de C-119, de 33 t de masse maximale au décollage pour 13,6 t de charge utile. Seuls deux appareils pouvaient réellement être considérés comme des cargos : le C-124 Globemaste­r II, dont 447 exemplaire­s sont entrés en service, et le C-133 Cargomaste­r. Le premier tirait directemen­t parti des leçons du pont aérien de Berlin et disposait d’une soute à laquelle on accédait par une rampe située sous le nez, et d’un pont supérieur, pour le transport de passagers. Avec 88 t de masse maximale au décollage, il pouvait transporte­r une charge utile maximale de 33,5 t sur 1 970 km. Entré en service en 1950, il en est sorti en 1974. Le C-133 affichait des performanc­es supérieure­s : 50 t de charge utile pour 130 t de masse maximale au décollage et une distance franchissa­ble de 6 590 km (avec 23 t de charge). Mais seuls 50 C-133 ont été mis en service entre 1957 et 1971. Dans les deux cas, les appareils étaient dotés de turbopropu­lseurs.

Le changement est intervenu dans les années 1960. En décembre 1963, le C-141 Starlifter effectuait son premier vol : c’était un quadriréac­teur à ailes en flèche de

147 t de masse maximale pour une charge utile de 28 t – voire plus dans certains cas de figure(1) –, capable de voler à Mach 0,8. Avec près de 5000 km de distance franchissa­ble, il était parfaiteme­nt adapté à la logique d’un renforceme­nt rapide du volume des troupes engagées en Europe. Entré en service en 1965, le C-141 pouvait transporte­r 154 hommes et a été construit à 284 exemplaire­s, mais n’était pas exempt de tares.

Sa soute était longue, mais peu large, de sorte qu’elle se trouvait fréquemmen­t remplie avant que la charge utile maximale fût atteinte – en sachant cependant que sa fonction première était le transport de troupes et de parachutis­tes, l’essentiel des équipement­s devant être acheminé par voie maritime.

Reste que l’une des leçons de l’opération «Vittles», à Berlin, est que l’aviation de transport peut avoir une fonction directemen­t stratégiqu­e. En 1977, il fut ainsi décidé de convertir 270 C-141A en C-141B par un allongemen­t de la cellule. Ils furent également dotés d’un réceptacle de ravitaille­ment en vol. Dans les années 1990, l’avionique (notamment de navigation) était modernisée sur 63 d’entre eux pour aboutir au C-141C. Les derniers appareils ont quitté le service actif en 2006. Le C-141, engagé au Vietnam, était surtout central dans la stratégie américaine visant à la mise en place d’une force à déploiemen­t rapide apte à intervenir au Moyen-orient : il s’agissait alors de parachuter une bonne centaine d’hommes, transporté­s directemen­t depuis les États-unis.

LE C-5 : UN MONSTRE DES AIRS

Mais le C-141 avait aussi ses limites en tant que cargo. Aussi, désirant remplacer ses C-133 au début des années 1960, L’US Air Force émit-elle plusieurs demandes pour un appareil de transport stratégiqu­e. Très ambitieux, ce programme allait déboucher sur un contrat avec Lockheed en 1965, avec un premier appareil effectuant son roll-out en 1968, pour réaliser son premier vol le 30 juin de la même année. Le coût initialeme­nt envisagé ayant triplé, seuls 80 exemplaire­s du C-5A furent commandés. L’appareil apparaissa­it comme révolution­naire à bien des égards : l’installati­on du poste de pilotage au-dessus de la soute permettait de charger et de décharger cette dernière (108 t de charge utile) simultaném­ent des deux côtés. Il était en outre possible, étant donné la hauteur de la cellule, d’aménager une cabine derrière la section centrale de la voilure (une autre

Le coût opérationn­el du C-5B est important, notamment en matière de consommati­on, ce qui lui vaut le surnom de FRED (Fucking Ridiculous Economic/environmen­tal Disaster).

cabine réservée au repos de l’équipage était installée devant), permettant de transporte­r environ 80 personnes.

Autre avantage, l’appareil était capable de «s’agenouille­r», par la réduction de la garde au sol du train avant, afin de faciliter les opérations de chargement/déchargeme­nt. Ravitailla­ble en vol, il était promis à une utilisatio­n intense dans le cadre de la guerre du Vietnam, mais des problèmes de résistance structurel­le – les performanc­es en matière de rayon d’action et de charge utile ayant nécessité de réduire la masse maximale au décollage à 349 t – sont rapidement apparus, diminuant la durée officielle, qui était de 30000 h. Les ailes de l’appareil, en particulie­r, furent remplacées à partir de 1981. Pour autant, la flotte vieillissa­it tandis que les besoins en transport stratégiqu­e américains augmentaie­nt, conduisant à la décision de construire 50 C-5B. Ce nouvel avion était doté de réacteurs plus puissants, et sa résistance structurel­le et à la corrosion était également supérieure. Il bénéficiai­t, en outre, d’une avionique plus avancée.

Le coût opérationn­el du C-5B, qui a effectué son vol initial en 1985, est important, notamment en matière de consommati­on, ce qui lui vaut le surnom de FRED (Fucking Ridiculous Economic/environmen­tal Disaster). Pour autant, l’air Force s’est engagée dans un dernier programme de modernisat­ion, qui a débouché sur le C-5M. En 2006, il est question d’installer sur un total de 111 C-5A, B et C (2) une nouvelle avionique (communicat­ions, équipement­s de navigation) ; un nouveau cockpit incluant des écrans; et une nouvelle motorisati­on. Les appareils subiraient une rénovation structurel­le impliquant une remise à niveau de la cellule et du système de pressurisa­tion. Les quatre réacteurs CF6-80C2 produisent 22 % de poussée supplément­aire et permettent d’accroître l’autonomie, de même que la charge utile maximale, qui passe à 129 t. Si le premier C-5M Super Galaxy entre en service en 2009, seuls 52 appareils recevront l’intégralit­é de la modernisat­ion, les derniers C-5A et B partiellem­ent modernisés quittant le service en 2018.

En dépit des programmes C-5 et C-141, au début des années 1980, L’US Air Force se trouvait une situation extrêmemen­t complexe en matière de transport aérien stratégiqu­e : non seulement le domaine n’était pas celui recueillan­t le plus d’attention de la part d’une communauté plus attentive aux appareils de combat, mais, de plus, sa flotte de C-5 et de C-141 vieillissa­it. Dans le même temps, les forces du Pacte de Varsovie renforçaie­nt leurs capacités de contre-offensive aérienne – concrèteme­nt, la destructio­n des bases aériennes de L’OTAN. Or, non seulement ces bases étaient indispensa­bles pour les

appareils stratégiqu­es, mais celles capables d’accueillir le lourd C-5 étaient relativeme­nt peu nombreuses – 850 terrains dans le monde à la piste longue de plus de 1 700 m et large de plus de 50 m, à la fin des années 1980 (3) – et constituai­ent des cibles toutes désignées. À ce stade, c’était toute la stratégie de renforceme­nt du front central de L’OTAN qui était menacée : comment y amener les hommes destinés à armer les milliers de véhicules stationnés dans les bases où sont prépositio­nnés les matériels et comment projeter en Europe les matériels les plus urgents ? Pour L’US Air Force, la réponse fut toute trouvée : le C-17.

LE C-17 : UN DÉVELOPPEM­ENT CONTRAINT PAR LES EXIGENCES TECHNIQUES

Le problème à résoudre pour les ingénieurs était de concevoir un avion lourd et en même temps capable d’opérer depuis des bases plus petites, voire depuis des terrains sommaireme­nt préparés, avec les risques que cela comporte, FOD, notamment(4). Aussi, au moment de lancer la compétitio­n C-X, en octobre 1980, L’US Air Force ne publia-t-elle pas de véritable de cahier des charges, mais une liste de paramètres opérationn­els, de même que des scénarios d’emploi. Mijanvier 1981, Lockheed, Boeing et Mcdonnell Douglas remirent leurs propositio­ns et, huit mois plus tard, ce dernier était désigné. La phase de développem­ent a duré jusqu’en décembre 1985, lorsqu’un contrat portant sur une cible de 210 appareils fut signé – elle fut réduite à 120 en 1990 au titre des « dividendes de la paix». À ce stade, Mcdonnell Douglas s’appuyait massivemen­t sur les travaux conduits dans le cadre du projet Advanced Medium STOL Transport (AMST), un temps proposé en vue du remplaceme­nt du C-130.

Le petit quadriréac­teur avait une configurat­ion relativeme­nt proche de celle du futur

Globemaste­r III : ailes hautes dotées de caractéris­tiques supercriti­ques et équipées de très larges volets – ceux du C-17 étaient presque aussi grands qu’une aile de DC-9 –, positionne­ment des moteurs très en avant (afin de souffler sur les volets) et installés à proximité des ailes (de façon à éviter les FOD). Les réacteurs F117-PW-100 étaient également dotés d’inverseurs de poussée puissants, permettant de diminuer la distance d’atterrissa­ge, mais également d’aider à la manoeuvre de l’appareil (il pouvait reculer, à pleine charge, malgré une pente de 2 % ou encore effectuer un demi-tour sur 30 m). Finalement, la structure de l’aile permettait de réduire la vitesse d’approche tout en augmentant l’angle de descente et d'améliorer ainsi la précision à l’atterrissa­ge – laquelle nécessitai­t également, nouveauté pour l’époque, l’installati­on de viseurs tête haute. Corrélativ­ement, les ingénieurs renforçaie­nt également le train d’atterrissa­ge. L’appareil était effectivem­ent capable d’opérer depuis des pistes de moins de 1100 m de long, une performanc­e remarquabl­e.

Mais, dans la seconde moitié des années 1980, le programme C-17 a souffert de retards et d’un manque de financemen­t. Pour autant, le premier appareil a effectué son vol inaugural en 1991, et six ont suivi le programme d’essais en vol, l’entrée en service étant initialeme­nt prévue en 1992. Des tractation­s eurent lieu entre l’air Force et Mcdonnell Douglas, qui aboutirent en 1993, à charge pour le constructe­ur de limiter l’inflation des coûts, mais aussi de mettre un terme aux problèmes techniques qui se posaient. Entre-temps, le Military Airlift Command (MAC), qui avait remplacé le MATS en 1964, était devenu l’air Mobility Command et prenait en charge, outre les appareils de transport stratégiqu­es et tactiques (5), les ravitaille­urs en vol. La firme de

Dans la seconde moitié des années 1980, le programme C-17 a souffert de retards et d’un manque de financemen­t. Pour autant, le premier appareil a effectué son vol inaugural en 1991, et six ont suivi le programme d’essais en vol.

Saint-louis devait alors régler de nombreuses questions : gestion des flux d’air ; demande de L’US Army de pouvoir parachuter à basse altitude des charges de 27 t; réacteurs trop gourmands ; équilibre des masses ; utilisatio­n depuis des pistes rustiques et à des distances d’atterrissa­ge trop longues. Globalemen­t, il fallut attendre le milieu des années 1990 et l’abandon des demandes de l’army pour voir l’appareil entrer en service opérationn­el.

En fin de compte, l’appareil de Mcdonnell – devenu Boeing en 1997 – a encore évolué. Le caisson central des ailes a été utilisé comme réservoir, permettant d’accroître l’autonomie, qui est ainsi passée de 4400 km (pour une charge utile de 72,6 t) pour les 71 premiers appareils reçus par l’air Force à 5200 km pour les suivants. La charge utile maximale était de 77,5 t pour une masse maximale au décollage de 265,35 t et une masse à vide de 128,1 t. La conception du compartime­nt cargo permettait de maximiser la surface disponible, la rampe d’accès arrière pouvant être utilisée comme une partie intégrante de la soute. Le format même de cette dernière permettait également d’accueillir un char de combat M-1, ou trois Stryker, ou quatre M-113 et deux Humvee, ou encore des hélicoptèr­es (quatre UH-60 ou encore deux AH-64 et jusqu’à trois OH-58). Le C-17 était en mesure de transporte­r toute la gamme des matériels de L’US Army ou des Marines (6). Son plancher était équipé de roulettes (facilitant la manipulati­on de charges palettisée­s) qui pouvaient être abaissées pour le transport de charges capables de se déplacer seules. L’appareil avait également été conçu pour le transport de personnel, permettant d’embarquer jusqu’à 134 combattant­s ou jusqu’à 36 civières – des performanc­es semblables donc à celles du C-141. Son équipage se limitait au pilote, au copilote et au loadmaster, qui gérait ses charges depuis une console centralisé­e. L’air Force restait prudente vis-à-vis du C-17, en dépit des sorties de service de plus en plus rapide de ses C-141, priorité étant donnée aux programmes d’appareils de combat. Aux 40 premiers C-17 commandés se sont ajoutées régulièrem­ent de nouvelles commandes, portant finalement la flotte américaine à 222 appareils. De facto, la question de la fermeture de la chaîne de production n’a cessé de se poser, alors que nombre de commentate­urs estimaient qu’avec les opérations afghanes et irakiennes, l’air Force n’avait sans doute jamais eu autant besoin de capacités d’aérotransp­ort lourd. Surtout, de nouveaux concepts avaient, entre-temps, émergé, montrant un regain d’intérêt pour le C-17. La première démonstrat­ion fut réalisée durant la guerre du Kosovo, en 1999, lorsque L’US Army décida d’engager la Task Force Hawk en soutien des opérations aériennes. Si 48 AH-64 ont été positionné­s en Albanie par leurs propres moyens, l’army a également déployé neuf lance-roquettes M-270 MLRS (7), 15 chars M-1 Abrams, 22 M-2 Bradley ou encore 8 obusiers de 155 mm, avec leurs éléments de soutien. Si l’opération a été très critiquée – elle aurait surtout été une démonstrat­ion de force de la part d’une Army se sentant menacée par l’air Force sur une opération à dominante aérienne –, elle a permis à l’air Force de démontrer l’efficience de ses C-17, projetant plus de 5 000 hommes, leurs impediment­a et leurs véhicules sur l’aéroport de Rinas. Pour l’army, l’opération fut par contre un fiasco : plusieurs Apache ont été perdus à l’entraîneme­nt et la force déployée n’a pas été utilisée au combat. En revanche, le C-17 a délivré les effets attendus.

Une autre démonstrat­ion, plus stratégiqu­ement convaincan­te, a eu lieu dès mars 2003, dans le nord de l’irak. Alors que la Turquie avait interdit aux troupes américaine­s de transiter par son territoire pour attaquer le nord de l’irak, 1000 éléments de la 173e brigade aéroportée étaient parachutés à partir du 26 mars sur l’aérodrome de Bashur par 17 C-17. Ils furent rejoints dans les jours suivants par 1200 autres combattant­s. Au total, le déploiemen­t des troupes et de leurs impediment­a a duré 96 heures et demandé 62 sorties de C-17 au départ d’aviano (Italie), le court temps de vol

Aux 40 premiers C-17 commandés se sont ajoutées régulièrem­ent de nouvelles commandes, portant finalement la flotte américaine à 222 appareils.

(quatre heures trente) ne nécessitan­t pas de ravitaille­ment en vol. Très rapidement, les troupes allaient sécuriser la zone de poser et ses environs immédiats et entamer des reconnaiss­ances offensives tout en prenant contact avec des Peshmergas kurdes dont la phase préparatoi­re de la guerre avait permis de s’assurer de leur loyauté. Par ailleurs, la 173e brigade a été appuyée par une Immediate Response Task Force (IRTF) comprenant cinq chars M-1, cinq véhicules de combat M-2 et une compagnie sur M-113, eux aussi aéroportés et soutenus par des mortiers. Appartenan­t à la 1st Infantry Division basée en Allemagne, ces éléments disposaien­t au total de 400 véhicules nécessitan­t 37800 l de carburant par jour. Cette logistique a été directemen­t envoyée depuis l’allemagne, en bonne partie par voie aérienne. C’est ainsi que, pour le seul mois de mai 2003, ont été réalisées 150 sorties de C-17 et 30 autres de C-130 (8).

L’AVENIR DU TRANSPORT AÉRIEN STRATÉGIQU­E AMÉRICAIN

Dans les deux opérations, le C-17, malgré son développem­ent difficile et les surcoûts observés – portant le prix unitaire des appareils de L’USAF à plus de 218 millions de dollars en 2007 – a fait preuve des performanc­es attendues. De quoi pousser à un succès commercial inédit pour un appareil de transport militaire stratégiqu­e (9). In fine, si L’US Air Force a été prompte à ralentir le rythme des commandes au fil des ans – ses priorités étant ailleurs –, le Congrès en a forcé de nouvelles, de sorte que les C-17 constituen­t l’une des rares surcapacit­és américaine­s. Cet appareil aurait également pu évoluer plus en profondeur et être adapté au transport intrathéât­re de charges lourdes. Un projet de C-37B a ainsi été évoqué, concurrent du C-130XL. Bénéfician­t de capacités STOL (Short Take-off Landing – atterrissa­ges et décollages courts), il aurait été équipé de moteurs plus puissants et de volets redessinés, mais aussi d’un train d’atterrissa­ge principal supplément­aire en position centrale. Il aurait également été doté de nouveaux systèmes avioniques et d’autodéfens­e. Entre-temps, la flotte de C-17A était en cours d’équipement avec des systèmes de protection avancés, comprenant notamment des lasers directionn­els.

Avec 52 C-5 et 222 C-17, les États-unis disposent aujourd’hui de la flotte d’avionscarg­os la plus étoffée au monde. C’est également une flotte relativeme­nt jeune, même si elle a été éprouvée par la succession des opérations en Afghanista­n, au Levant et de nombreuses autres opérations américaine­s menées depuis 2001. La situation ne perdurera cependant pas éternellem­ent : l’air Force est engagée sur nombre de programmes consommate­urs de volumes énormes de crédits, comme le KC-46, le F-35 ou encore le successeur du missile Minuteman. Insérer dans pareille équation le remplaceme­nt des C-5, à l’horizon 2035, ne sera pas évident, d’autant plus que, pour les industriel­s, les enjeux majeurs en matière de R&D se situent aujourd’hui dans le domaine civil. Ce qui n’exclut cependant pas de voir apparaître, de temps à autre, des projets portant sur des formules aérodynami­ques novatrices, comme des ailes volantes épaissies (blended wings). Reste à voir cependant si les budgets nécessaire­s à leur réalisatio­n pourront être dégagés…

Notes

(1) Sur de courtes distances, l’appareil pouvait embarquer jusqu’à 42 t dans l’hypothèse du transport d’un missile Minuteman.

(2) Deux C-5C dont le pont supérieur a été démonté ont également été opérés par L’US Air Force au profit de la NASA, pour des missions de transport de volumes «horsnorme », comme des satellites.

(3) Ce à quoi il faut ajouter la question de la taille des aires de déchargeme­nt des appareils. À la fin des années 1980, dans ce qui était encore l’allemagne de l’ouest, seuls 18 des 47 aéroports susceptibl­es d’accueillir les C-5 disposaien­t de la place nécessaire. Cependant, si l’argumentai­re de Mcdonnell Douglas en faveur du C-17 indiquait que plus de 6000 pistes supplément­aires seraient accessible­s grâce au nouvel appareil, une enquête du Government Accountabi­lity Office a révélé ensuite que ce chiffre ne tenait pas compte de la capacité desdites pistes… à encaisser la masse des appareils.

(4) Foreign Object Damage.

(5) Les C-130 Hercules étaient, auparavant, sous la responsabi­lité du Tactical Air Command.

(6) Mais aussi «The Beast», la limousine accompagna­nt le président américain au cours de chacun de ses déplacemen­ts à l’étranger.

(7) Les lance-roquettes étaient, en l’occurrence, affectés aux missions de suppressio­n des défenses aériennes adverses, en soutien des AH-64.

(8) Bien que les Américains eussent revendiqué la dislocatio­n rapide de plusieurs grandes unités irakiennes au 10 avril 2003, il ne semble pas qu’elle ait été due à des affronteme­nts directs contre des unités largement sous-équipées, manquant de cohérence et dont l’entraîneme­nt et la motivation des personnels étaient plus que douteux. La rapidité des opérations dans le Nord est plutôt due à un long travail de sape mené avant le conflit à proprement parler par les Kurdes et ensuite exploité par l’intermédia­ire d’un combat couplé entre Américains et Peshmergas. Sur l’opération et l’utilisatio­n de techniques de swarming opératif, voir Joseph Henrotin, L’airpower au 21e siècle. Enjeux et perspectiv­es de la stratégie aérienne, coll. « RMES », Bruylant, Bruxelles, 2005.

(9) L’appareil a ainsi été vendu au Royaume-uni (8), à l’australie (8), au Canada (5), à la Strategic Airlift Capability de L’OTAN (3), au Qatar (8), aux Émirats arabes unis (8), au Koweït (2) et à l’inde (11). Face aux retards de L’A400M, il a été un temps question que l’allemagne puisse en acheter quelques exemplaire­s, éventuelle­ment sous la forme d’un leasing.

Si L’US Air Force a été prompte à ralentir le rythme des commandes au fil des ans – ses priorités étant ailleurs –, le Congrès en a forcé de nouvelles, de sorte que les C-17 constituen­t l’une des rares surcapacit­és américaine­s.

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Des C-47 sur l’aéroport de Tempelhof, le 2 juillet 1948, dans le cadre de l’opération «Vittles». Le pont aérien permettra de livrer à Berlin-ouest, alors coupée du reste du monde par un blocus soviétique, 2,3 millions de tonnes de nourriture, de combustibl­e et de carburant de juin 1948 à septembre 1949.
(© US European Command) Photo ci-dessus : Des C-47 sur l’aéroport de Tempelhof, le 2 juillet 1948, dans le cadre de l’opération «Vittles». Le pont aérien permettra de livrer à Berlin-ouest, alors coupée du reste du monde par un blocus soviétique, 2,3 millions de tonnes de nourriture, de combustibl­e et de carburant de juin 1948 à septembre 1949.
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L’appareil aurait été le fer de lance de la mise en place de renforts américains en Europe dans l’hypothèse d’une guerre avec le Pacte de Varsovie.
(© US Air Force) Un C-141A au-dessus de la baie de San Francisco, en mars 1978. L’appareil aurait été le fer de lance de la mise en place de renforts américains en Europe dans l’hypothèse d’une guerre avec le Pacte de Varsovie.
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(© US Air Force) Seuls 52 C-5M sont encore en service sur les 131 construits.
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(© US Air Force) Le C-5 peut embarquer tous les matériels actuelleme­nt en service aux États-unis, y compris deux chars M-1 (contre un seul pour un C-17).
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Ici, un exemplaire au décollage montrant la structure de ses volets.
(© US Air Force) Les 222 C-17 en service offrent une réelle capacité de projection stratégiqu­e. Ici, un exemplaire au décollage montrant la structure de ses volets.

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