DSI

Perspectiv­es sur les moyens et détachemen­ts spécialisé­s d’ouverture d’itinéraire

- Par Rémy Hémez, officier de l’armée de Terre

L’appui à la mobilité est l’une des grandes missions du génie : il vise à favoriser l’engagement et la manoeuvre des forces amies en garantissa­nt leur liberté de mouvement. Cela consiste notamment à ouvrir les itinéraire­s, c’est-à dire à éliminer des obstacles ou à créer rapidement des passages sommaires adaptés aux échelons de tête. Les opérations de bréchage concernent quant à elles le franchisse­ment de vive force d’obstacles battus par les feux d’un ennemi installé en défensive.

Dans les deux cas, les sapeurs doivent faire face, depuis des décennies, à la menace des mines antiperson­nel ou antichars et, plus récemment, à celles des Engins Explosifs Improvisés (EEI). Afin de garantir la liberté de circulatio­n de la force, l’arme du génie s’est engagée dans des développem­ents techniques bien particulie­rs et la création de détachemen­ts spécialisé­s. Voici un aperçu de quelques tendances.

Deuxième Guerre mondiale et guerre froide : le bréchage avant tout

Si les mines terrestres sont un procédé relativeme­nt ancien, elles ne sont utilisées de façon systématiq­ue qu’à partir de la Deuxième Guerre

mondiale. Dans l’entre-deux-guerres, la France fait peu dans le domaine de la lutte contre les mines, à l’exception d’un prototype de rouleaux démineurs adaptés sur un châssis de char R35 en 1940. La Deuxième Guerre mondiale entraîne de nombreuses expérience­s dans plusieurs pays, comme le prototype de Sherman T10 américain téléguidé depuis un autre char. Mais c’est avec la guerre dans le désert d’afrique du Nord, où les champs de mines jouent un rôle clé, que sont développée­s le plus d’innovation­s pour l’ouverture d’itinéraire et le bréchage. Les sapeurs sudafricai­ns enrôlés dans l’armée britanniqu­e sont en pointe. En 1941, ils relient un crochet métallique à l’essieu d’une moto. Lorsque l’on actionne le frein, le crochet s’enfonce dans le sol et peut ainsi extraire une mine qui se trouverait sur son trajet (1). Utilisés pendant la campagne d’abyssinie, ces engins sont placés en tête de colonne et remportent un certain succès.

Dans le désert, l’oeil du sapeur demeure la meilleure arme pour détecter les mines. À travers les champs de mines les passages doivent être ouverts en sondant le sol avec des baïonnette­s. Le premier modèle fiable de détecteur de mines est fabriqué en Écosse en 1941 par J. Kosacki, un ingénieur polonais. Son entrée en service va considérab­lement simplifier le travail, même si, une fois la mine trouvée, il faut encore une heure pour ouvrir une voie de 110 m, dans le cas où l’ennemi n’intervient pas. D’où l’intérêt pour des moyens de déminage mécanique, plus rapides. Le commandant A. S. du Toit, encore un Sud-africain, est à l’origine du char Matilda Scorpion (1942) équipé d’un fléau mécanique pour faire exploser les mines.

La question de l’ouverture d’itinéraire est très présente pendant les guerres de décolonisa­tion. En Indochine (2), il faut chaque matin ouvrir le tronçon de route entre deux postes si l’axe est considéré comme indispensa­ble. Pour les voies secondaire­s, l’« ouverture de route » – terme consacré de l’époque – n’a lieu qu’à intervalle­s irrégulier­s. Il n’y a cependant pas de détachemen­t affecté à ces opérations, ni d’engins spécifique­s. Les missions d’ouverture de route sont alors essentiell­ement assurées par les fantassins et les cavaliers, sauf pour celles de grande ampleur où l’on peut également trouver du génie combat.

Avec la guerre froide, c’est bien le bréchage qui préoccupe les armées. Les moyens qui sont prévus pour cette mission peuvent servir ponctuelle­ment à l’ouverture d’itinéraire­s. Des chars sont équipés de charrues (qui permettent de déterrer les mines dans un sol meuble) ou de rouleaux (pour déclencher les mines antichars à pression). On pense par exemple aux systèmes KMT-4 et KMT-5 soviétique­s ou au M-60 Panther américain. En France, c’est la guerre du Golfe qui provoque un sursaut dans ce domaine. En 1991, en urgence, sont réalisés neuf chars AMX-30B démineurs téléopérés et notamment équipés de rouleaux anti-mines israéliens, remplacés ensuite par des chars AMX-30B2 DT. Au cours de la guerre froide se développen­t aussi des systèmes de minage mécanique. Le risque que représente l’omniprésen­ce des mines sur le champ de bataille suscite une interrogat­ion : faut-il équiper tous les chars avec des moyens anti-mines, au risque d’en ralentir drastiquem­ent la progressio­n ? L’autre solution pour maintenir la mobilité est d’aller vers des véhicules capables de résister à une ou deux explosions de mines et éventuelle­ment dotés de moyens de détection. Les Rhodésiens et les Sud-africains sont, dans les années 1970, des précurseur­s dans ce domaine.

Rhodésie et Afrique du Sud : le laboratoir­e

Lors de la «guerre du bush» en Rhodésie (1972-1979), qui oppose le régime de Salisbury aux guérillas indépendan­tistes (ZAPU et ZANU), les mines sont en effet très présentes et gênent la liberté de mouvement des forces de sécurité rhodésienn­es. Pas moins de 2426 explosions au passage de véhicules sont recensées entre décembre 1972 et janvier 1980, provoquant la mort de 632 personnes. En réponse, les Rhodésiens sont particuliè­rement actifs et ingénieux pour la création de véhicules protégés contre les mines (3). En 1974, ils inventent le Leopard, premier véhicule à monocoque en « V ». Ce design permet d’augmenter la survivabil­ité de l’engin en déviant la déflagrati­on verticale d’une mine. Son créateur, Ernest Konschel,

s’attache ensuite à développer un engin spécifique à la détection des mines. Son but est d’offrir une protection maximale au pilote et de permettre une exécution rapide de la mission. Pour y parvenir, il faut résoudre un problème jusqu’alors resté insoluble : les détecteurs de métaux placés à l’avant d’un engin n’évitent pas – sauf à se déplacer extrêmemen­t lentement – que celui-ci ne puisse pas s’arrêter avant de déclencher la mine par pression. À cette époque, en Rhodésie, une mine antichar se déclenche en général à partir de 300 kg de pression, et un poids aussi faible est impossible à atteindre pour un véhicule. Mais E. Konschel a une solution : il ne faut pas se concentrer que sur le poids, mais aussi sur sa répartitio­n. L’utilisatio­n de pneus larges et suffisamme­nt sous-gonflés pour qu’une surface importante reste en contact avec le sol permet d’optimiser la pression exercée par le véhicule. Le résultat de ces réflexions est le Pookie, un véhicule monocoque équipé de pneus de formule 1. Apparu en 19751976, il est amélioré au fur et à mesure des opérations.

Des unités de sapeurs rhodésiens sont progressiv­ement formées autour de ce véhicule. Elles suivent une procédure assez simple : après détection, l’opérateur recule le véhicule pour préciser la localisati­on de l’écho et marque son emplacemen­t. Il avance ensuite son Pookie d’une centaine de mètres pour le placer hors de danger. Enfin, il progresse à pied vers le marquage pour sonder et neutralise­r manuelleme­nt la mine. L’arrivée de cette capacité a un impact crucial sur la situation tactique : si un Pookie ouvre un itinéraire pendant deux jours consécutif­s, la guérilla cesse d’y poser des mines, estimant que c’est une perte de temps. Les forces de sécurité rhodésienn­es peuvent alors se concentrer sur un autre itinéraire et revenir dix jours plus tard, délai estimé pour que la guérilla recommence ses attaques. En quatre ans d’opérations, 550 mines sont détectées et aucun Pookie n’est détruit. Évidemment, les guérillero­s font évoluer leur mode d’action et posent des engins explosifs non métallique­s tandis que les Pookie deviennent des cibles privilégié­es d’embuscades.

Le concept du Pookie est étendu dans les années 1970 en Afrique du Sud pour devenir un véritable système : le Chubby. Il comprend deux véhicules : le Meerkat, qui sert à la détection, et le Husky, lui aussi équipé de détecteurs et d’un système de marquage, mais qui tracte en plus trois remorques dites Duisendpoo­ts pour faire détoner toutes les mines qui n’auraient pas été détectées. La capacité du Chubby à rouler sur des mines antichars sans les déclencher et sa conception modulaire permettant des réparation­s très rapides en cas de dommages par une explosion en font un système unique qui lui vaut un certain succès à l’export : la France en achète cinq exemplaire­s et le Royaume-uni trois dans le cadre de son déploiemen­t au sein de L’IFOR en Bosnie-herzégovin­e. Cependant, ses faibles performanc­es dans la neige, la boue et le terrain compartime­nté des Balkans déçoivent les Britanniqu­es (4). En 1998, L’US Army achète 10 Chubby (5). Mais, à cette époque, le conflit en Bosnie touche à sa fin et la menace posée par les mines diminue. Le système, stocké dans le Sierra Army Depot, tombe un peu dans l’oubli… Les guerres d’afghanista­n et d’irak vont changer la donne.

Irak et Afghanista­n : la maturité

Dèsledébut­desopérati­ons«enduring Freedom» et «Iraqi Freedom», les Américains constatent un manque de

moyens consacrés à l’ouverture d’itinéraire (6). Le déploiemen­t de l’interim Vehicle Mounted Mine Detection System(ivmmds)–désignatio­naméricain­educhubby–faitpartie­desmesures prisespour­pallierced­éficit.l’ivmmds est utilisé pour la première fois en opération sur l’aéroport de Bagram en mars 2003 (7). En juin de la même année, il est déployé en Irak.

L’accroissem­ent de la menace EEI va rapidement le rendre indispensa­ble. Entre 2001 et 2011, les EEI deviennent la première cause des pertes de L’ISAF en Afghanista­n (52 %) ; ils provoquent la

(8) mortde3500­soldatsamé­ricainseni­rak et en Afghanista­n et on dénombre plus de 30000 blessés. L’armée américaine développe en 2005 le concept D’IED Hunter-killer qui deviendra Route

(9)

Clearance Package (RCP). Il s’agit de regrouper dans un même détachemen­t sapeurs de combat, démineurs (EOD) et unités interarmes pour la protection. L’utilisatio­n de différents véhicules protégés contre les mines permet d’obtenir une complément­arité et une protection jusqu’iciinconnu­es.lerg-31transpor­te lessapeurs­etleseod.l’ivmmdspren­d en charge la mission de détection. Le Buffalo,véhiculelo­urdementbl­indé,permet, avec son bras articulé équipé d’une «fourchette», d’une «pique» et de deux caméras(jouretther­mique),deprocéder à la «levée de doute». La neutralisa­tion ou la destructio­n des EEI continue, elle, d’être assurée par les sapeurs de combat ou les EOD. Des véhicules de soutien peuvent s’ajouter au détachemen­t. On se trouve bien là face à une unité conçue pour offrir une réponse globale à la menace EEI sur les axes empruntés par les convois logistique­s ou de mise en place des unités de combat. Le nombre de ces détachemen­ts ne fait que croître. Il faut dire que le besoin tactique est grand. En Afghanista­n, par exemple, les brigade combat teams contrôlent des zones qui couvrent plus de 25000 km2, d’où des déplacemen­tsincessan­tssurlesqu­elques axes qui existent.

Lesenginss­pécialisés­évoluentra­pidement grâce aux retours d’expérience. En 2006, la combinaiso­n Meerkat/husky estremplac­éeparlehus­kymk2.puison ajoutenota­mmentundét­ecteurdemé­tal àhautesens­ibilité,unradaràpé­nétration de sol, des souffleurs d’air et un bras articulé sur la dernière version de l’engin.

Naissance d’une capacité française : le DOIP

La France, engagée en Afghanista­n au contact des Américains et faisant face à la même menace EEI – une attaque par semaine en moyenne en zone française en 2008-2010 –, prend rapidement conscience de l’utilité de ce type de capacité. L’ouverture d’itinéraire à pied et àl’aidededéte­cteursélec­tromagnéti­ques deminesetd­esondesama­gnétiquesr­este uneprocédu­retrèsutil­isée.maisl’afghanista­n est aussi pour l’armée française l’occasion de développer de nouvelles capacités du génie dans la lutte contre les Eei,commelesse­ctionsdefo­uilleopéra­tionnelles­pécialisée­oulesdétac­hements Weapon Intelligen­ce Team (WIT). À l’été 2008, un Détachemen­t d’ouverture d’itinéraire Piégé (DOIP) s’inspirant des RCP américains est formé

(10) au sein du 1er régiment du génie, dont la 6e compagnie de contre-mobilité détient les SOUVIM (Système d’ouverture d’itinéraire Miné) (11), dénominati­on française du Husky. Cinq Buffalo sont acquis en urgence opérationn­elle en 2008 afin de compléter la capacité. En octobre 2010, le Véhicule Blindé Hautement Protégé (VBHP) Aravis, un engindetyp­emrap,vientrempl­acerles VAB génie au sein du DOIP (12). Enfin, en 2011, le SOUVIM 2, spécialeme­nt adapté par MBDA pour la lutte contre les EEI, remplace le SOUVIM.

Les véhicules du premier DOIP arrivent en Afghanista­n en avril 2009 (13). Le détachemen­t a pour mission de reconnaîtr­e les axes de manoeuvre afin de préserver la liberté d’action et de mouvement. Dans un premier temps, cette capacité nouvelle peine à trouver sa place. De plus, l’usage du SOUVIM, et encore plus celui du Buffalo, est difficile sur les pistes sinueuses de Surobi. Mais les chefs de GTIA l’estiment rapidement indispensa­ble. Le DOIP est articulé en trois éléments : une section

de protection-dépollutio­n qui fournit la sûreté immédiate du détachemen­t et les reconnaiss­ances génie à pied; une section Buffalo qui a en charge la détection des échos métallique­s avec le SOUVIM et la levée de doute avec le Buffalo ; une équipe EOD pour la neutralisa­tion des EEI. En 2012, le DOIP représente 48 sapeurs, 8 VBHP, 1 Buffalo et 2 SOUVIM 2. Il peut éventuelle­ment agir de manière autonome, mais il est presque systématiq­uement inséré dans un détachemen­t interarmes avec une section d’infanterie, une équipe de maintenanc­e, une équipe santé, un JTAC, un élément de commandeme­nt interarmes, etc.

Tous ces moyens techniques n’assurent cependant pas le succès de la mission. C’est la combinaiso­n de la tactique et de la technologi­e qui rend le DOIP efficace. Il faut éviter d’employer le même mode de détection au même endroit deux fois de suite, prendre en compte les phénomènes météorolog­iques (une coulée de boue est par exemple favorable à la pose D’EEI), étudier les renseignem­ents disponible­s et le terrain, tout cela afin de déterminer les points de vulnérabil­ité où concentrer ses efforts. La détection systématiq­ue sur tout un itinéraire n’est en effet pas envisageab­le à cause des délais qui seraient nécessaire­s. L’évolution des procédures de détection permettra au DOIP de passer de 3 à 5 h pour gérer un événement EEI en 2011 à 45 min en 2012. La coordinati­on tactique interarmes doit être la plus poussée possible.

Le DOIP fonctionne suivant quatre grands modes d’action : la reconnaiss­ance débarquée reste la plus efficace malgré sa lenteur (1 km/h) et les risques auxquels elle expose les sapeurs; la reconnaiss­ance embarquée avec les SOUVIM en tête est un compromis intéressan­t par la protection offerte et la rapidité du processus (1 km en 25 min); le DOIP peut aussi se limiter au contrôle des buses (14), ce qui lui permet d’être rapide (1 km en 20 min) ; enfin, le contrôle de points particulie­rs du terrain pour vérifier une suspicion permet de casser la routine. Cible à haute valeur ajoutée, le DOIP emprunte très régulièrem­ent les mêmes axes, ce qui accroît les risques. Deux hommes du détachemen­t sont tués. En juillet 2010, le sergent-chef Laurent Mosic, du 13e RG, est victime d’un EEI piégé par une grenade. Le 10 mai 2011, le caporal Loïc Roperh, lui aussi du 13e RG, est touché par l’explosion d’un EEI au moment de contrôler une buse.

La force, reconnue, du DOIP, réside dans la complément­arité entre des moyens mécanisés blindés de haute technologi­e disposant de capacités de détection, de levée de doute, mais aussi d’agression (12,7 mm des VBHP) et des sapeurs capables d’opérer à pied disposant d’un sens du terrain et d’une connaissan­ce des procédés de combat et de piégeage adverses.

Au Sahel : le DOIP démembré

Malgré ses résultats, le DOIP n’est pas engagé dans l’opération « Serval » (2013-2014). Il est ensuite démembré pour que ses composants puissent être employés dans l’opération « Barkhane » (depuis 2014). Il est vrai que les conditions d’engagement sont bien différente­s de l’afghanista­n. En particulie­r, les élongation­s sont beaucoup plus grandes. Cependant, le nombre des incidents EEI pousse aujourd’hui à se poser la question de son déploiemen­t au Mali. On compte 31 attaques par mines/eei au Mali en 2015. Ce chiffre monte à 53 pour l’année 2016 (15), année où « Barkhane » connaît une moyenne de trois attaques mines/eei par mois.

Certes, la meilleure protection contre les EEI est l’imprévisib­ilité : changer régulièrem­ent d’itinéraire, ne pas rouler dans les traces, etc. Mais cela a des limites. L’absence d’un DOIP, en particulie­r pour accompagne­r les convois logistique­s circulant dans les zones les plus risquées, se fait sentir. Dans le Sahel, la capacité contre-eei est depuis longtemps constituée des unités de génie combat, d’un groupe cyno ARDE (16), de trois équipes EOD, d’une équipe WIT et d’un laboratoir­e CIEL (17). Seul un « détachemen­t Buffalo-drone du génie (DROGEN) » représente le DOIP.

Cela marque cependant une innovation, puisque c’est le premier emploi du DROGEN en opérations extérieure­s. Acquis en urgence opérationn­elle en 2011 (18), ce drone à voilure tournante et à décollage vertical de la société française ECA dispose d’une capacité de détection visuelle IR et thermique. Déployé au Sahel depuis juin 2016, il donne des résultats très intéressan­ts. Il aide à la détection de traces de pose D’EEI ou de mines et à

la reconnaiss­ance de zones ou d’obstacles physiques. Il fournit par ailleurs des images précieuses aux démineurs avant leur interventi­on et participe à la sécurisati­on de leur environnem­ent. Finalement, une section «SOUVIM adaptée » est mise en place à Gao fin juillet 2017 pour être engagée en appui des convois majeurs. Il est encore trop tôt pour tirer des enseigneme­nts de son déploiemen­t au Sahel.

Conclusion : quel avenir technologi­que ?

Alors que l’armée de Terre entame la modernisat­ion de son parc de véhicules, la question du remplaceme­nt des engins du DOIP devrait pouvoir être posée. Les Buffalo sont par exemple vieillissa­nts et les pièces de rechange difficiles à obtenir. Comme pour d’autres capacités, la robotique ouvre à cet égard des champs de réflexion nouveaux. Après avoir été une mission exclusivem­ent réalisée à pied, puis partiellem­ent mécanisée, l’ouverture d’itinéraire pourrait être robotisée. Il est ainsi possible d’imaginer des systèmes de type « pantin » afin de pouvoir téléopérer temporaire­ment des véhicules, ce qui pourrait être intéressan­t pour le SOUVIM 2. À plus long terme, il est aussi intéressan­t de se poser la question d’un système d’ouverture d’itinéraire partiellem­ent, voire totalement, autonome. La détection ou le leurrage peuvent être assez aisément réalisés par un drone terrestre lourd agissant en binôme avec un autre engin du génie qui, lui, serait habité. Entre 2003 et 2008, le démonstrat­eur MMSR Sydera, projet commun des industriel­s MBDA, Thales et Rheinmetal­l, a exploré un concept de ce type (19). Deux engins en tête de convoi (détection et vérificati­on) étaient téléopérés par un seul homme situé dans un véhicule de commandeme­nt. Le deuxième engin était en fait en « modesuivi»dupremier.

L’utilisatio­n de drones aériens est aussi prometteus­e. Le premier système de détection d’explosifs monté sur un drone, le Spectrodro­ne a été dévoilé en février 2017 par Laser Detect Systems, une société israélienn­e (20). Il serait capable de détecter quelques microgramm­es d’explosifs sous forme de résidus ou de vapeurs. Lacollabor­ationentre plusieurs robots est aussi une piste intéressan­te. La société ECA en a fait la démonstrat­ion en 2017 avec un robot démineur Iguana et un DROGEN (21). Tout cela ne doit cependant pas nous faire oublier que les modes d’action utilisés par l’état islamique en Irak et en Syrie démontrent une nouvelle fois la nécessité de disposer d’engins protégés pour franchir des zones d’obstacles. Le bréchage demeure une capacité essentiell­e qui doit, elle aussi, être renouvelée.

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L’un des éléments de L’AMX-30B2 DT de déminage, qui comprend trois véhicules, de même que le module de commandeme­nt, sur VAB. Doté de caméras, d’un rouleau anti-mines et d’un système de largage de fanions permettant de délimiter la zone sûre, le...
 ??  ?? Un Pookie, en mauvais état. L’architectu­re générale de l’engin, spécifique à sa mission, se retrouvera ensuite sur le Husky ou les SOUVIM. (© D.R.)
Un Pookie, en mauvais état. L’architectu­re générale de l’engin, spécifique à sa mission, se retrouvera ensuite sur le Husky ou les SOUVIM. (© D.R.)
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 ??  ?? Un Husky américain, dépourvu du système de détection positionné à l’avant. (© US Army)
Un Husky américain, dépourvu du système de détection positionné à l’avant. (© US Army)
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Le Buffalo retient l’architectu­re des engins de transport sud-africains et est doté d’un bras robotisé permettant de manipuler les objets trouvés. (© US Army)
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Le SOUVIM 2 (pour l’industriel, le Véhicule de Détection de Mines, ou VDM). (© MBDA)
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Le drone IT-180 du système DROGEN. Examiné en détail dans DSI no 85, le système permet, par sa prise de hauteur, d’offrir un autre angle de vue et plus de champ visuel aux sapeurs. (© DGA via ECA)

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