Le Warrior, monture de l’infanterie mécanisée britannique
Pilier du combat interarmes moderne, l’association chars de bataillevéhicules de combat d’infanterie a été réalisée de manière inégale au sein des différentes armées mécanisées. Durant le second conflit mondial, seuls les Allemands et les Américains ont saisi l’importance de protéger correctement leur infanterie en produisant des véhicules semi-chenillés adaptés. Au début de la guerre froide, les développements sont timides. Il faut attendre l’apparition du BMP-1 soviétique dans les années 1960 pour assister à une prise de conscience des armées occidentales sur la nécessité impérieuse de se doter d’un vrai véhicule de combat d’infanterie.
Au Royaume-uni, au début des années 1950, apparaît l’alvis Saracen. Il succède alors au vénérable Brencarrier, bien peu protégé, et au Ram, peu adapté au transport de personnels. Il est suivi au cours de la décennie sui-
vante par le FV432 Trojan, clone du M-113 américain, qui s’apparente plus à un véhicule de transport de troupes chenillé qu’à un véhicule de combat d’infanterie proprement dit. Au milieu des années 1960, le constat est amer pour l’état-major britannique : le Saracen et le Trojan sont dans l’incapacité de rivaliser avec la puissance de feu du nouveau véhicule soviétique
surarmé. Il est temps pour le Royaumeuni, comme pour bon nombre de pays occidentaux, de se doter d’un véritable véhicule de combat d’infanterie.
Un développement long
C’est en 1967 qu’est émise la demande de l’armée britannique concernant le besoin du futur véhicule. Elle est immédiatement suivie par une étude
de faisabilité diligentée par le MOD (Ministry of Defence), qui va courir de 1968 à 1971 et donner naissance au projet industriel dénommé «Project Definition 1 ». Ce projet est mené à bien de 1972 à 1976 par le Military Vehicles and Engineering Establishment de Chetersy, intégré de nos jours à la Defence Research Agency. Le concept issu de ces recherches n’a rien de commun avec les Saracen et Trojan. Les ingénieurs de Chetersy construisent un premier démonstrateur roulant de 30 t, mû par un moteur Diesel de 750 ch. Il est protégé par un blindage composite de nouvelle génération de type Chobham et armé du canon de 30 mm RARDEN (Royal Armament, Research and Development Establishment and Enfield) installé dans une tourelle biplace.
En 1976, les clauses du cahier des charges sont arrêtées et les appels d’offres lancés auprès de différentes firmes, dont le britannique GKN Sankey qui va remporter le marché. Entre 1977 et 1979 débute la phase «Project Definition 2» au cours de laquelle le futur véhicule est dénommé MCV-80 (Mechanized Combat Vehicle). Trois prototypes sont construits, qui sortiront vainqueurs de la confrontation avec le M-2 Bradley américain. Quatorze autres sont alors produits en coopération avec Alvis, qui vont parcourir au total 200 000 km lors d’essais divers. L’un d’entre eux prend part en novembre 1984 à l’exercice « Lionheart » qui se tient en Allemagne, où il va démontrer d’excellentes capacités en tout-terrain.
Adopté en 1985, le MCV-80 prend la dénomination officielle de FV510 Warrior. La production est lancée en janvier 1986 chez GKN, sur le tout nouveau site de Telford, dans le Shropshire, où elle s’y poursuivra jusqu’en 1995. En 1988, GKN, chargé de la construction des caisses, est absorbé par Alvis, qui lui-même rejoindra en septembre 2004 BAE Systems Land Systems, créé au même moment. Les tourelles sont produites par Vickers Defence Systems, à Newcastle-upontyne, et la motorisation est fournie par Perkins Engines.
La commande initiale du MOD est de 1 053 exemplaires, toutes versions confondues, destinés à remplacer les FV432 en dotation au sein des 13 bataillons d’infanterie mécanisée et du BATUS (British Army Training Unit Suffield), au Canada. La première tranche comprend 290 engins, dont 170 en version combat d’infanterie. Le premier Warrior est remis de manière officielle en mai 1987 et, un an plus tard, le 1st Bn Grenadier Guards appartenant à la BAOR (British Army Of the Rhine), alors déployé en Allemagne du Nord, est la première unité opérationnelle à percevoir le nouveau véhicule. En 1993, des coupes budgétaires entraînent la dissolution de cinq régiments, faisant chuter la commande à 791 exemplaires, soit le nombre définitif de Warrior produits pour les Britanniques.
Les versions du Warrior
La flotte de Warrior est actuellement constituée de six versions principales. Le FV510, destiné au combat d’infanterie, représente l’essentiel de la production avec 492 véhicules, parmi lesquels 105 exemplaires en version antichar ou TRIGAT MR (Third Generation Anti Tank Medium Range) armés du missile américain Javelin. Son train de roulement se compose de six galets en aluminium, d’un barbotin à l’avant, d’une poulie de tension à l’arrière et de trois rouleaux porteurs. Le système de suspensions comprend des barres
de torsion et deux amortisseurs hydrauliques sur les premier et sixième galets. Les chenilles TR 30, produites par Astrum, ont une largeur de 46 cm. La caisse est constituée de plaques de blindage mécanosoudées en aluminium. Ses dimensions sont de 6,34 m de long, 3 m de large, 1,99 m de hauteur pour une garde au sol de 0,49 m. Le pilote, à l’avant gauche, accède à son poste par un volet équipé d’un épiscope unique, remplacé par un intensificateur de lumière pour la conduite nocturne. À sa droite est implanté le groupe motopropulseur (GMP) qui s’articule autour d’un moteur V8 Diesel Perkins Condor CV-8 TCA de 550 ch couplé à une boîte de vitesses automatique Allison X-300-4B à quatre vitesses avant et deux arrière.
Il permet aux 28 t du Warrior en ordre de combat d’atteindre la vitesse de 75 km/h en marche avant et 48 km/h en arrière, vitesse atteinte en 16 s. Les 770 l de gasoil embarqués autorisent une autonomie de 600 km. Les capacités de franchissement du Warrior sont de 2,5 m pour une tranchée, 60 % pour une pente, 40 % pour un dévers, 1,30 m pour un gué et 0,75 m pour un obstacle vertical. Au centre, la tourelle biplace abrite le chef de bord à droite et le tireur à gauche. À l’origine, ils disposent chacun d’une lunette de tir avec intensification de lumière Thales Raven dont le grossissement est de 8 en voie jour et de 6 en voie nuit. Le canon de 30 mm RARDEN alimenté à 250 coups est implanté au centre et une mitrailleuse légère de 7,62 mm L9A1 Chain Gun alimentée à 2000 coups est montée en coaxiale. Huit pots fumigènes de 66 mm complètent l’armement défensif. Dans le compartiment arrière, surmonté par deux trappes de toit et de deux épiscopes rotatifs, prennent place sept fantassins équipés, quatre à droite et trois à gauche. Ils y accèdent par une porte motorisée munie d’une petite fenêtre blindée. Vivres et munitions sont embarqués pour 48 h de combat. Le FV510 est de plus doté d’un système de surpression NBC. Le FV511 de commandement, livré à 84 exemplaires, est destiné aux états-majors de régiment et de compagnie. À part des équipements radio spécifiques, le FV511 est semblable extérieurement au FV510. Seules les quatre embases d’antenne sur la tourelle et la porte d’accès du compartiment arrière à deux battants permettent de les différencier. L’équipage se compose d’un pilote, d’un tireur, d’un chef de bord et de trois opérateurs radio.
Les105exemplairesdefv512mcrv (Mechanized Combat Repair Vehicle) sont destinés aux équipes du REME (Royal Electrical and Mechanical Engineers). Ils sont au nombre de sept dans chaque régiment, dont un dans chaque compagnie. Le FV512 se caractérise par l’absence de tourelle. Une grue hydraulique d’une capacité de levage de 6,5 t est montée l’arrière gauche de la caisse. Elle sert à retirer un GMP de Challenger ou de Warrior, ou tout autre élément d’un véhicule. Lors de son utilisation, le FV512 dispose d’un système de verrouillage des suspensions et d’un stabilisateur télescopique placé à l’arrière gauche afin d’équilibrer l’ensemble. Dans le compartiment arrière se trouve un moteur auxiliaire à trois cylindres fournissant l’énergie nécessaire à la grue et à un compresseur hydropneumatique qui alimente une vaste palette d’outils : marteau, tournevis, scie et meuleuse. L’armement est constitué d’une mitrailleuse légère de 7,62 mm L9A1 alimentée à 4 000 coups installée dans une tourelle monoplace, à droite sur le toit. L’équipage se compose d’un pilote, d’un chef de bord et de trois mécaniciens qui embarquent grâce à une porte unique dont la partie supérieure est indépendante de la partie inférieure. Le FV512 est équipé d’un système de surpression NBC collective et de la climatisation.
Très proche du FV512, le FV513 a été produit jusqu’en 1990 à 39 exemplaires. Opérant en tandem avec le FV512 au sein des unités de maintenance, il est destiné aux missions de remorquage. Le FV513 comporte deux treuils : un à l’avant de la caisse, doté d’un câble de 100 m, avec une puissance de traction de 20 t (38 t avec l’emploi de poulies de mouflage) et un autre à l’arrière, d’une force de traction de 12,5 t et doté d’un câble de 200 m. Extérieurement, le
FV513 est aisément identifiable grâce à sa proéminente bêche d’ancrage montée à la poupe de la caisse. Elle est déployée lors des manoeuvres de force, effectuées grâce au treuil arrière. En 1995, une commande de 2,84 millions d’euros est passée auprès de la firme Reynolds Boughton concernant l’achat de 45 remorques T4 HMT (High Mobility Trailer) à deux essieux. Tractée par les FV512 et les FV513, la capacité d’emport de la T4 HMT est de 8,25 t, autorisant le transport de deux GMP de Warrior ou un seul de Challenger 2.
Les versions d’artillerie comprennent deux modèles distincts : le FV514 destiné à l’observation et le FV515 pour le commandement. Le premier prototype du FV514, désigné aussi MAOV (Mechanized Artillery Observation Vehicle), est terminé en 1988 et les livraisons débutent en 1991. Les 52 exemplaires produits sont destinés aux Forward Observation Officers (FOO) des régiments d’artillerie, à raison de trois véhicules par batterie. Le FV514 embarque dans son compartiment arrière des moyens de transmission performants ainsi que des équipements spécifiques comme le terminal de transmission de données BATES (Battlefield Artillery Target Engagement System), un système GPS, et le radar MSTAR (Manportable Surveillance and Target Acquisition Radar) Racal. Capable de détecter des objectifs au-delà de 20 km, le Racal est un radar à impulsion doppler utilisé soit au sommet d’un mât érectile de 2 m, monté à l’arrière gauche de la caisse, soit au sol sur un affût tripode. L’équipage se compose d’un pilote, de trois transmetteurs dans le compartiment arrière, et de deux FOO en tourelle, dont l’un fait office de chef de bord. Ces deux personnels utilisent des moyens de détection optique performants comme la lunette voie jour/nuit avec télémètre laser intégrée Raven d’un grossissement de 8 et la lunette d’observation thermique Osprey. Le canon de 30 mm RARDEN est remplacé par un canon factice en bois afin de libérer un maximum d’espace dans la tourelle pour les équipements. L’armement d’autodéfense est constitué d’une mitrailleuse légère de 7,62 mm L9A1 et d’un lance-roquettes antichar LAW de 94 mm.
Produit à 19 exemplaires à partir de 1990, le FV515 BCV (Battery Command Vehicle) est destiné aux batteries D’AS90 Braveheart. Quatre FV 515 sont affectés dans chaque régiment, à raison d’un véhicule par batterie, secondé par trois FV514. Extérieurement similaire à ce dernier, le FV515 est dépourvu de systèmes d’acquisition et de détection. Seuls demeurent les équipements de transmission et la mitrailleuse légère de 7,62 mm L9A1 ainsi que deux lunettes Raven pour l’observation. D’autres versions ont été testées, mais n’ont pas été retenues, comme celle d’appui armée d’un mortier de 81 mm et la version sanitaire, dont cinq exemplaires ont été réalisés à partir de FV514 et envoyés sur les théâtres irakien et afghan. Ces missions d’appui et de logistique doivent être assurées par les FV432 Trojan jusqu’en 2025.
À l’export, seul le Koweït s’est porté acquéreur du Warrior, dénommé «Desert Warrior». En août 1993, un contrat est signé avec BAE Systems portant sur l’achat de 254 engins déclinés en quatre versions, dont la principale est la FV510, suivie des 511, 512 et 513. Le Desert Warrior est équipé d’une tourelle américaine Delco similaire à celle du LAV-25. Elle est armée du canon de 25 mm ATK M-242 stabilisé
et de deux rampes de missiles TOW à guidage thermique montées de part et d’autre. La protection est renforcée par l’ajout d’un blindage additionnel, développé par la firme canadienne Alcan, vissé sur le blindage structurel de l’avant et des flancs de la caisse. Il est donné pour résister aux munitions perforantes de 14,5 mm.
D’autres modifications sont apportées comme l’installation d’un volet pilote doté de trois épiscopes, d’un GPS, de l’air conditionné et d’un système de protection NBC collectif. En novembre 1994, les huit premiers exemplaires sont livrés afin de commencer l’instruction au Royaume-uni. Il faudra attendre juin 1995 pour voir les véhicules de la première tranche affectés en unité. En mars 2009, un contrat de 314 millions de dollars est signé avec l’agence de coopération américaine pour adapter une nouvelle conduite de tir sur les Desert Warrior. En février 2013, LMUK est mandaté pour entamer un programme de modernisation de la flotte.
La modernisation
De nos jours, dans le cadre de la réorganisation de l’armée britannique «modèle 2020», il ne reste plus que 482 Warrior, toutes versions confondues. Ils sont principalement affectés au sein des six régiments d’infanterie mécanisée répartis par paire dans les trois brigades blindées de la 3rd Division. Chaque régiment comprend 45 Warrior, à raison de 14 pour chacune des trois compagnies de « Rifle ». Chaque compagnie, d’un effectif de 100 personnels, se divise en trois sections de quatre Warrior, et d’une section de maintenance avec un Warrior de dépannage et un de réparation. Deux Warrior de commandement sont destinés au commandant d’unité et à l’officier adjoint. Le reliquat régimentaire est affecté à la compagnie de commandement ainsi qu’à celle d’appui. Les six régiments d’infanterie mécanisée actuellement dotés de Warrior sont le 1st Mercian Rgt (Bulford) et le 1st Royal Rgt of Fusilisers (Tidworth) appartenant à la 1st Armoured Inf Brigade (Tidworth) ; les 1st Yorkshire Rgt (Warminster) et 1st Royal Welsh (Tidworth) pour la 12nd Armoured Inf.brigade (Bulford) ; et les 1st Princess of Wale’s Rgt (Bulford) et 5th « The Rifles » (Bulford) de la 20th Amoured Inf.brigade (Bulford).
Au cours de sa carrière, le Warrior va faire l’objet de différents programmes de modernisation afin de prolonger sa mise en service au sein des forces britanniques jusqu’en 2035. Ces programmes vont principalement s’appuyer sur les retours d’expérience des théâtres d’opérations sur lesquels le Warrior a été engagé : guerre du Golfe 1991 (opération « Granby » pour les Britanniques, au cours de laquelle trois ont été détruits par des tirs fratricides) ; ex-yougoslavie (Croatie 1992, Bosnie 1995, et Kosovo en 1999) ; opération « Telic » en Irak à partir de 2003 ; opération « Herrick » en Afghanistan entre 2002 et 2014. Les premières modifications sont réalisées en 1991 lors de la première guerre du Golfe, où 250 à 300 Warrior démontrent une très grande fiabilité en milieu désertique en parcourant un total de 330 000 km avec un taux de disponibilité proche de 95%. La modification la plus importante concerne la protection avec la signature le 19 octobre 1990 d’un contrat avec Vickers Defence System portant sur l’achat de kits additionnels de blindage composite de type Chobham qui seront installés pour le 24 février 1991, début de l’offensive générale. D’autres adaptations moins spectaculaires vont être apportées comme l’installation d’un GPS sur les véhicules des chefs de section ainsi que sur les FV512 de dépannage, améliorant grandement les délais d’intervention. Un système de climatisation va être développé et testé, mais arrivera trop tard pour être installé sur les Warrior engagés dans le désert irakien.
En 2001, Thales est contacté par la Defence Procurement Agency (DPA) dans le cadre du programme BGIT (Battle Group Thermal Imaging) dont le but est d’équiper un certain nombre de véhicules de caméras thermiques couplées à la nouvelle lunette tireur stabilisée Thales Stag DA. Un contrat de 237 millions d’euros porte sur la livraison de deux tranches
distinctes de véhicules. La première, ou « Group 1 », concerne la modernisation de 361 Warrior FV510 et 146 véhicules de reconnaissance Scimitar. La seconde, ou «Group 2», comprend uniquement les Warrior de dépannage et de maintenance FV512 et FV513. En juin 2004, l’integrated Product Team, bureau dépendant de la DPA, mandate le consortium franco-britannique CTA International (BAE Systems, Nexter) afin de mettre au point pour décembre 2006 un Warrior équipé d’une tourelle biplace MTIP 1 (Manned Turret Integration Programme) armée du canon de 40 mm Case Telescoped Armament System (CTAS). En 2005 est lancé le programme de modernisation WLIP (Warrior Lethaly Improvement Programme) pour un montant de 947 millions d’euros. Le WLIP vise à équiper 449 FV510 et à en transformer 125 autres en Armoured Battle-group Support Vehicle (ABSV). Le WLIP prend en compte les retours d’expérience de l’invasion de l’irak en 2003, qui mettent en lumière certaines faiblesses, comme une insuffisance de protection et une dotation en armement non stabilisé.
En juin 2010, BAE Systems présente le kit de blindage TES (H) – pour Theatre Entry Standard (Herrick) –, destiné aux Warrior engagés en Afghanistan. Ce kit comprend une protection de type bar armour conjugué à des éléments de blindage réactif modulaires ainsi qu’un renforcement du plancher de la caisse, plus particulièrement au niveau du poste de pilotage. Le poids supplémentaire engendré par le TES (H) nécessite l’installation de nouvelles suspensions et barres de torsion ainsi que des freins en carbone refroidis par bain d’huile issus de la compétition automobile. Soixante-dix Warrior ont été équipés de ce kit pour un montant de 56 millions d’euros.
Au début de l’année 2010, BAE Systems et Lockheed Martin UK INSYS (LMUK) entrent en lice afin de satisfaire un nouveau programme qui regroupe ceux déjà cités : le WCSP (Warrior Capability Sustainment Programme). Il a pour but de moderniser la flotte de Warrior afin que ces derniers puissent détruire un BMP-3 russe à une distance de 2 000 m. Le WCSP englobe le WLIP, renommé WFLIP (Warrior Fightability & Lethality Improvement), le WEEA (Warrior Enhanced Electronic Architecture), le WMPS (Warrior Modular Protection System) et L’ABSV évoqué précédemment. Les deux concurrents ne partent pas d’une feuille blanche. En effet, la filiale britannique de Lockheed Martin a entamé depuis novembre 2007 des essais avec un premier prototype armé du canon ATK Mk 44 de 30 mm couplé à une caméra thermique Catherine MP de troisième génération. BAE Systems a de son côté présenté en 2008 à Eurosatory sa tourelle MTIP 2 (Manned Turret Integration Programme) armée du canon de 40 mm CTAS sélectionné pour l’ambitieux programme FRES (Future Rapid Effect System – de nos jours Ajax Scout) visant à remplacer la famille des CVRT (Scorpion, Scimitar, Spartan, Sultan, etc.) à bout de souffle.
Si la tourelle proposée par LMUK est sélectionnée dès 2009, la préférence de l’armement va au canon francobritannique CTAS. L’intégration de celui-ci dans la tourelle est un véritable défi pour les ingénieurs de LMUK qui travaillent déjà sur celle de l’ajax, produite par General Dynamics et armée du même canon. Outre le fait que le système de double alimentation de l’arme doit être revu, les ingénieurs doivent faire face à des problèmes importants de fissures de la caisse en aluminium, engendrées par l’augmentation du poids de la tourelle et un plus grand recul du canon. Il faut entièrement repenser la tourelle. La mise en production du Warrior WCSP, qui devait initialement débuter en 2016 pour une entrée en service prévue en 2018, est repoussée à octobre 2020, car la priorité est donnée au programme Ajax Scout. Ce délai de quatre ans devrait permettre aux ingénieurs de LMUK de résoudre les problèmes évoqués, qui contribuent à faire exploser les budgets : au 31 mars 2016, un peu plus de 400 millions d’euros avaient déjà été engloutis dans le programme WCSP. En septembre 2016, une première tranche constituée de 12 Warrior WCSP (7 FV510, 2 FV511, 1 FV512, 1 FV513 et 1 FV514) est terminée. Les essais débutent en janvier 2017, mais la nouvelle lunette proposée par Thales ne semble pas faire l’unanimité. Elle devrait être remplacée sous peu par une lunette israélienne produite par Elbit pour équiper les 380 Warrior concernés par le programme WCSP.