Le F-35, convaincant ?
Avec une première présentation en France, le F-35 a-t-il tenu les promesses d’une démonstration «éclatante» ou, à suivre le commentateur le présentant, qui montrerait sa «supermanoeuvrabilité»? D’emblée, il faut admettre que si l’appareil semble puissant – son bruit est mémorable –, il ne soutient guère la comparaison avec le Rafale en ce qui concerne la manoeuvrabilité. Évoluant quasi systématiquement avec sa postcombustion, il paraît pataud, dans les manoeuvres classiques comme dans des approches plus originales. À deux reprises, il s’est ainsi présenté en montrant de hautes incidences, une approche censée démontrer ses capacités en closeair support, ce qui est en soi difficilement compréhensible vu son attitude générale à ce moment. Surtout, ces évolutions ont entraîné une telle dégradation de son énergie que sa récupération a été extrêmement laborieuse. Or, l’appareil était, lors de cette exhibition, presque à vide : il n’emportait évidemment pas de munitions et l’on peut supposer que l’emport en carburant était minimal. On l’imagine donc mal réaliser de telles manoeuvres au combat. De plus, la lenteur de la récupération d’énergie est telle que l’on peut s’interroger sur les effets d’une baisse de régime moteur ou de l’engagement d’un adversaire plus manoeuvrant. Bien sûr, l’argument principal de Lockheed n’est pas la plate-forme, mais bien ses systèmes, qui doivent lui assurer une supériorité informationnelle. Reste qu’un avion, même de cinquième génération, a besoin de voler correctement pour être engagé au combat : on ne peut troquer la plateforme contre les systèmes. Or le Lightning II a eu bien du mal à tenir ses promesses : c’est le «spare» (avion de rechange) qui semble avoir assuré une partie des démonstrations.