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L’ATTRAIT DU BRONCO

- Par Joseph HENROTIN Centre d’analyse et de Prévision des Risques Internatio­naux (CAPRI) J. H.

Premier appareil spécifique­ment conçu pour la lutte antiguéril­la, L’OV-10 Bronco aurait pu ressembler à autre chose que ce que l’on connaît : dans l’esprit de ses concepteur­s, son envergure aurait dû être moindre, comme sa masse maximale au décollage, autorisant une mise en oeuvre depuis des terrains sommaires, avec une course de décollage encore plus faible que l’appareil finalement entré en service. Démontable, il aurait pu être transporté en camion ou acheminé par hélicoptèr­e. La logique retenue, impliquant les quatre services américains, en décidera autrement. Mais s’il est le résultat d’un consensus, L’OV-10 charriera avec lui un véritable mythe de la lutte antiguéril­la. Très apprécié des équipages, rustique et facile à entretenir, il est également très manoeuvran­t. Au Vietnam cependant, son armement adapté à la jungle (les roquettes les plus lourdes) est jugé trop léger, ce qui le cantonne surtout à des missions de surveillan­ce et de contrôle aérien avancé – où il remplace avantageus­ement les O-1 et A-2. Ailleurs, il se montre particuliè­rement efficace, notamment au Maroc, contre le Front POLISARIO. Engagé en Irak en 1991, il subit des pertes, deux OV-10A étant abattus par des missiles antiaérien­s à guidage infrarouge.

Il n’en demeure pas moins que le Bronco continuera d’intéresser le Pentagone, près de quinze ans après sa sortie de service : les opérations en Afghanista­n se poursuiven­t alors et la question d’un appareil spécialisé se pose. Boeing travaille alors sur L’OV-10X. Le principe est de moderniser des OV-10A sortis de service en les dotant d’un cockpit tout écrans et d’une capacité à tirer jusqu’à 16 AGM-114 Hellfire. En n’en embarquant que huit, un canon de 30 mm peut être positionné sous la cellule. Comme L’OV-10D, il aurait été doté d’une boule optronique et de contre-mesures. Cependant, le coût de la modernisat­ion et de la remise en service est considéré comme trop élevé et le programme est abandonné. La dotation en munitions de précision D’OV-10, n’est pas uniquement propre aux dernières versions américaine­s. Si les Bronco engagés aux Philippine­s contre les djihadiste­s ayant pris la ville de Marawi utilisent essentiell­ement des bombes non guidées de 227 kg, ils peuvent également utiliser des GBU-12, pour peu qu’une tierce partie procède à la désignatio­n laser.

Mais la carrière du Bronco aurait également pu connaître un autre destin. En 2012, le SOCOM américain récupère ainsi deux OV-10G utilisés par la NASA (deux EX-OV-10D) pour des essais en vol et les reconfigur­e en OV-10G+ dans le cadre du programme Combat Dragon II. Avec une configurat­ion similaire à celle de L’OV-10D (mais une autre boule optronique et des hélices quadripale­s), l’appareil est cette fois équipé de « roquettes » à guidage laser APKWS. Les équipages utilisent également des jumelles de vision nocturne. Si le programme initial, qui envisage d’utiliser quatre appareils pour les opérations en Afghanista­n, est abandonné, les deux appareils sont engagés dans des exercices aux États-unis. La principale critique alors adressée est que les Bronco seraient moins adaptés que des monoturbop­rops comme L’AT-802 ou L’AT-6 en matière de protection ou encore de charge utile. Pour autant, la carrière de L’OV-10 n’est pas encore terminée : de nos jours, aux Philippine­s, l’appareil est en première ligne contre l’état islamique.

 ??  ?? Un OV-10A américain marque une cible au profit d’un F-100 durant la guerre du Vietnam. (© US Air Force)
Un OV-10A américain marque une cible au profit d’un F-100 durant la guerre du Vietnam. (© US Air Force)
 ??  ?? Quatre OV-10A américains en vol, montrant la configurat­ion particuliè­re de l’appareil. (© DOD)
Quatre OV-10A américains en vol, montrant la configurat­ion particuliè­re de l’appareil. (© DOD)

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