L’ATTRAIT DU BRONCO
Premier appareil spécifiquement conçu pour la lutte antiguérilla, L’OV-10 Bronco aurait pu ressembler à autre chose que ce que l’on connaît : dans l’esprit de ses concepteurs, son envergure aurait dû être moindre, comme sa masse maximale au décollage, autorisant une mise en oeuvre depuis des terrains sommaires, avec une course de décollage encore plus faible que l’appareil finalement entré en service. Démontable, il aurait pu être transporté en camion ou acheminé par hélicoptère. La logique retenue, impliquant les quatre services américains, en décidera autrement. Mais s’il est le résultat d’un consensus, L’OV-10 charriera avec lui un véritable mythe de la lutte antiguérilla. Très apprécié des équipages, rustique et facile à entretenir, il est également très manoeuvrant. Au Vietnam cependant, son armement adapté à la jungle (les roquettes les plus lourdes) est jugé trop léger, ce qui le cantonne surtout à des missions de surveillance et de contrôle aérien avancé – où il remplace avantageusement les O-1 et A-2. Ailleurs, il se montre particulièrement efficace, notamment au Maroc, contre le Front POLISARIO. Engagé en Irak en 1991, il subit des pertes, deux OV-10A étant abattus par des missiles antiaériens à guidage infrarouge.
Il n’en demeure pas moins que le Bronco continuera d’intéresser le Pentagone, près de quinze ans après sa sortie de service : les opérations en Afghanistan se poursuivent alors et la question d’un appareil spécialisé se pose. Boeing travaille alors sur L’OV-10X. Le principe est de moderniser des OV-10A sortis de service en les dotant d’un cockpit tout écrans et d’une capacité à tirer jusqu’à 16 AGM-114 Hellfire. En n’en embarquant que huit, un canon de 30 mm peut être positionné sous la cellule. Comme L’OV-10D, il aurait été doté d’une boule optronique et de contre-mesures. Cependant, le coût de la modernisation et de la remise en service est considéré comme trop élevé et le programme est abandonné. La dotation en munitions de précision D’OV-10, n’est pas uniquement propre aux dernières versions américaines. Si les Bronco engagés aux Philippines contre les djihadistes ayant pris la ville de Marawi utilisent essentiellement des bombes non guidées de 227 kg, ils peuvent également utiliser des GBU-12, pour peu qu’une tierce partie procède à la désignation laser.
Mais la carrière du Bronco aurait également pu connaître un autre destin. En 2012, le SOCOM américain récupère ainsi deux OV-10G utilisés par la NASA (deux EX-OV-10D) pour des essais en vol et les reconfigure en OV-10G+ dans le cadre du programme Combat Dragon II. Avec une configuration similaire à celle de L’OV-10D (mais une autre boule optronique et des hélices quadripales), l’appareil est cette fois équipé de « roquettes » à guidage laser APKWS. Les équipages utilisent également des jumelles de vision nocturne. Si le programme initial, qui envisage d’utiliser quatre appareils pour les opérations en Afghanistan, est abandonné, les deux appareils sont engagés dans des exercices aux États-unis. La principale critique alors adressée est que les Bronco seraient moins adaptés que des monoturboprops comme L’AT-802 ou L’AT-6 en matière de protection ou encore de charge utile. Pour autant, la carrière de L’OV-10 n’est pas encore terminée : de nos jours, aux Philippines, l’appareil est en première ligne contre l’état islamique.