De nouvelles capacités
En Italie, de nouveaux programmes sont lancés dans la foulée de la publication du Documento Programmatico Pluriennale 2017-2019, qui tient compte de la mise en place d’un fonds d’investissement, décidé en juillet de cette année, d’un montant de 12,8 milliards d’euros. Il s’agit en premier lieu du programme Ariete 2, dont le développement ne devra pas dépasser le milliard d’euros et le coût de modernisation unitaire, cinq millions d’euros (un prix guère éloigné… de celui d’un char neuf, mais que personne en Europe ne construit plus). À terme, l’armée de terre italienne devrait aligner 200 chars modernisés en 2028. Une autre modernisation porte sur le Lince 2 «NEC», avec pour objectif de disposer de 2 000 véhicules en 2034 pour un coût de développement d’un milliard d’euros, et un coût unitaire de 500 000 euros. Par ailleurs, le lancement des programmes de modernisation des 8 × 8 Centauro et des hélicoptères A-129 Mangusta était intervenu en 2016. L’armée de terre compte également sur le développement d’un Dardo 2 (255 unités du véhicule de combat d’infanterie à terme), dans le courant de l’année prochaine.
Le processus d’intégration des forces néerlandaises et allemandes se poursuit. Comme nous l’indiquions en 2013, c’est cette fois au tour de la défense aérienne des deux pays, tous deux équipés de batteries de missiles Patriot. Le projet « Apollo », officiellement lancé le 30 août, vise ainsi à une plus grande intégration des deux pays en matière d’entraînement, d’exercices et de missions conjointes. Concrètement, Apollo recouvre six sous-projets, déterminés chacun par une couleur : Green Apollo porte sur la subordination du Flugabwehrraketengruppe 61 allemand au commandement néerlandais, situé à Vredepeel ; Purple Apollo, sur une capacité binationale de commandement ; Black Apollo, sur la standardisation de la doctrine et des concepts ; Red Apollo, sur une académie binationale ; Blue Apollo, sur des acquisitions et des projets communs, notamment en matière C-RAM (Contre-roquettes, Artillerie, Mortiers) ; Yellow Apollo, enfin, sur la task-force commune pouvant être mise au service de L’OTAN.
En France, les Universités d’été de la défense ont été l’occasion d’une « prise de marques » de la part des acteurs – en particulier après la crise de cet été –, mais également d’une annonce portant sur l’armement des drones MALE Reaper. Longtemps attendue, cette capacité fait déjà l’objet de débats quant à la nature de l’armement utilisé : le tandem GBU-12/AGM-114 déjà à l’oeuvre en France (respectivement dans l’armée de l’air et sur les Tigre de l’armée de Terre) ou les futurs missiles de MBDA… qu’il reste à développer ? La ministre des Armées a aussi indiqué que le futur EUROMALE pourrait être armé.
La question capacitaire n’est par ailleurs jamais intégralement résolue, et Londres va en faire les frais. Alors qu’il s’agit toujours de rattraper les effets des abandons capacitaires des années 2010, d’autres se présentent. La Royal Navy ne disposera ainsi plus de missiles antinavires Harpoon à partir de 2018. Il faudra attendre les années 2030 pour qu’une capacité de combat antinavire transhorizon soit à nouveau disponible, avec le FC/ASW (Future Cruise/ Anti-ship Weapon) franco-britannique. Certes, Londres a toujours des sous-marins nucléaires d’attaque équipés de torpilles et des hélicoptères embarqués mettant en oeuvre des missiles antinavires légers. Mais, dans la doctrine britannique, ces derniers ne sont guère là que pour « achever » un bâtiment préalablement touché par des missiles plus lourds. Qu’une frégate d’une marine de deuxième rang ne dispose plus que de canons pour conduire des frappes antinavires pose question…