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Nouvelle stratégie pour l’afghanista­n

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Si elles font l’objet d’une attention médiatique moindre que par le passé, les opérations se poursuiven­t en Afghanista­n, le Pentagone ayant reconnu que 11000 soldats américains y étaient toujours présents. La situation sécuritair­e sur place, 16 ans après le lancement des opérations, reste difficile – avec plus de 20 organisati­ons opérant depuis son sol – et le président américain, Donald Trump, a annoncé une nouvelle stratégie pour l’asie du Sud, Pakistan, Inde et États d’asie centrale compris. Il a ainsi souligné le risque représenté par l’instabilit­é du Pakistan, qui « doit changer », et le fait que cet État laisse opérer un certain nombre de groupes depuis son territoire. S’il n’est évidemment pas question d’action militaire contre le Pakistan, les relations avec Washington sont clairement mises dans la balance, de sorte qu’islamabad « a plus à perdre qu’à gagner » à poursuivre sur la voie actuelle. La nouvelle approche est multidimen­sionnelle et s’appuie sur les aspects aussi bien civils que militaires, mais, surtout, repose plus sur une définition d’objectifs que sur des logiques, très critiquées, de calendrier­s de retrait.

Les objectifs sont ambitieux, mais ont le mérite d’être clairs : il ne s’agit de rien de moins que d’anéantir Al-qaïda et l’état islamique dans le pays, tout en empêchant une prise de pouvoir par les talibans, et d’interdire des attentats visant les États-unis avant qu’ils ne se produisent. Si le président américain n’a pas donné plus de précisions quant aux voies et moyens utilisés pour ce faire, il a cependant également mis en évidence le rôle que doivent jouer les autorités afghanes. Pratiqueme­nt toutefois, l’approche adoptée change radicaleme­nt : « Nous ne faisons plus de state building. Nous tuons des terroriste­s. » L’approche centrée sur le state et le nation building, adoptée dès 2002 sous la pression des membres européens de L’OTAN comme condition de leur engagement sur place, est donc abandonnée. De facto, en dépit d’investisse­ments colossaux, la concentrat­ion des moyens nécessaire­s à sa concrétisa­tion n’a jamais été atteinte.

Un peu plus tard, le secrétaire américain à la Défense, James Mattis, indiquait qu’il était question d’envoyer sur place plus de 3000 hommes, portant le volume de forces américaine­s à plus de 14 000 soldats. Washington continue également de chercher le soutien de plusieurs États. Cependant, si l’australie paraît intéressée, peu d’états européens semblent prêts à engager à nouveau des forces sur place. Reste qu’entre la poursuite de la formation – lente et pénible – des forces afghanes et la conduite d’opérations à proprement parler, la question de la viabilité stratégiqu­e, mais aussi politique de la nouvelle posture américaine se pose. Si ses fondements sont nettement plus pertinents que ceux des stratégies mises en oeuvre par le passé, elle pourrait se traduire par « trop peu, trop tard ». Le retour aux opérations de combat implique des taux de pertes plus élevés dont il n’est pas certain qu’ils seront facilement acceptés par les opinions publiques des États engagés sur place.

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