INDISPENSABLE HÉLICOPTÈRE LOURD
Le CH-53K devrait devenir l’hélicoptère le plus lourd du monde occidental, mais le programme a rapidement été critiqué pour son coût : les premières machines devraient ainsi coûter, à l’unité, la bagatelle de 122 millions de dollars, que les Marines espèrent pouvoir ensuite ramener à 89 millions. De facto, avec une production limitée à 200 exemplaires, la série est courte, même au regard des standards américains. Pour autant, les Marines ne peuvent pas se permettre de faire l’impasse sur le King Stallion : outre que les CH-53E actuellement en service sont à bout de souffle, le modèle amphibie de Washington continue de reposer autant sur l’enveloppement vertical que sur l’usage de barges sur coussins d’air et de chalands classiques. Or, impératif de protection des véhicules faisant, les masses devant être débarquées ont évolué à la hausse : les Humvee de 2,67 t vont ainsi être remplacés par des JLTV… de 6,4 t. Autrement dit, la pression sur les capacités de transport lourdes des Marines ne fera que s’accroître. Le MV-22B, avec 6,8 t sous élingue, représente certes une évolution majeure par rapport au CH-46 (4,5 t), mais les besoins sont exponentiels. L’alourdissement des véhicules est aussi celui de leur logistique, qui bien souvent passe également par la voie aérienne…
La question, au demeurant, se pose aussi pour les autres forces armées : l’hélicoptère lourd connaît une réelle prolifération, mais le CH-53K apparaît pour le moment comme un outsider comparativement au CH-47, utilisé par 19 pays. Et ce, quand bien même les objectifs de charge utile en conditions hot and high du CH-47F ne sont pas atteints, ce que doit pallier le Block 2 de l’appareil à partir de 2023. C’est dès lors en Russie que l’alternative se situe, qu’il s’agisse du Mi-26 ou du futur Advanced Heavy Lift (AHL) coproduit avec la Chine. En Europe, le projet d’hélicoptère lourd franco-allemand, annoncé depuis 2007, n’est plus évoqué qu’épisodiquement. De fait, si le besoin est fréquemment souligné en France, aucun financement n’a été débloqué. Ailleurs (Pays-bas, Royaume-uni, Italie, Espagne, Grèce), c’est le CH-47 qui a remporté les marchés. Quant à l’allemagne, utilisatrice historique du CH-53, elle compte bien les remplacer par un nouveau type, modernisant d’abord ses machines afin de conserver cette capacité. Mais elle s’intéresse surtout au Chinook et au CH-53K. Airbus Helicopters a certes fait part de son intérêt pour une machine lourde qui compléterait sa gamme. Mais les États sont-ils prêts à payer ?