SUCCÈS AUSTRALIEN POUR NAVANTIA
La pertinence des choix opérés par Canberra pour les successeurs de ses Adelaide (type Perry) continue de faire couler beaucoup d’encre, eu égard aux retards et aux surcoûts liés à la solution industrielle retenue (fourniture des plans par Navantia, construction des blocs par BAE Systems, intégration par AWD Alliance). C’est d’autant plus paradoxal que l’autre option initialement en lice, le type Arleigh Burke, avait en son temps été jugée comme trop coûteuse et trop risquée, tout en étant plus endurante et en offrant des capacités supérieures. Il n’en demeure pas moins que l’australie dispose à présent de navires nettement plus évolués que les Adelaide qu’ils remplacent – et qui peuvent de facto être considérés comme les vrais remplaçants des Perth, une évolution des vieux Charles F. Adams américains qui ont quitté le service entre 1999 et 2001. Leur potentiel d’évolution est important : actuellement, leur déplacement t.p.c est de 6 200 t, de l’espace étant réservé aux équipements, qui pourront le porter à 7 000 t.p.c.
Ces évolutions ont elles-mêmes déjà été sujettes à débat. Ainsi, il a été question, vers la fin des années 2000, d’intégrer une capacité antibalistique, mais aussi des missiles de croisière Tomahawk. Ces deux options n’ont été rejetées que pour des raisons budgétaires pour la première, et par crainte d’apparaître comme trop belliqueux pour la seconde. Aussi, l’évolution de la situation sécuritaire en Asiepacifique pourrait-elle déboucher sur une reconsidération de la position australienne. C’est d’autant plus le cas que les fonctions des Hobart ne sont pas cantonnées à la lutte antiaérienne ou anti-sous-marine. Les choix effectués en matière de radar et d’artillerie principale montrent l’attention portée à l’appui-feu naval en zone littorale, en appui des capacités amphibies que l’australie acquerrait avec ses deux grands LHD de classe Canberra et du Choules, un LSD de type Bay acheté d’occasion au Royaumeuni. Le canon Mk45 Mod.4 peut ainsi tirer 20 coups en une minute à environ 25 km, la cadence étant plus réduite durant les tirs prolongés.
Au-delà, le véritable atout de ces bâtiments est qu’ils sont pratiquement aux standards américains, Washington demeurant le premier partenaire sécuritaire de Canberra. Ils sont ainsi dotés de la Cooperative Engagement Capacity, clé de voûte du réseaucentrage avec les Étatsunis. Rien n’empêche ainsi un Hobart de déclencher le lancement d’un missile depuis un navire américain, ou inversement. In fine, trois Aegis supplémentaires intègrent donc l’équation stratégique en Asiepacifique. Reste cependant à voir comment ils pourront être combinés aux neuf futures frégates destinées au remplacement des actuelles ANZAC (programme SEA 5000), dont le système de combat sera construit autour du radar national CEAFAR et du système 9LV suédois ; une combinaison qui laisse augurer des difficultés d’intégration. Le paradoxe serait de voir une marine en défaut de cohérence capacitaire au motif d’une intégration avec une alliée…