Bibliothèque stratégique
Junior Partners in Coalition Warfare
Olivier SCHMITT
Georgetown University Press, Washington, 2018, 239 p.
Les logiques organiques des opérations militaires contemporaines sont indéfectiblement liées aux coalitions : rares sont les États encore techniquement aptes – ou politiquement désireux – de s’engager seuls dans des opérations dont la complexité tend à augmenter. Or la coalition ne va pas de soi, en particulier lorsqu’elle est emmenée par les États-unis et que des États forcément moins militairement imposants se retrouvent engagés à leurs côtés. Se posent plusieurs questions : quels sont leurs apports militaires réels ? Comment sont-ils intégrés aux coalitions ? Quelles contraintes politiques pèsent sur eux, alors que « partenaires
juniors », ils sont politiquement dans une position de « suiveurs » ? Olivier Schmitt, que nos lecteurs connaissent bien, nous livre ici la version publiée de sa thèse de doctorat. Il répond à la question de savoir si des coalisés sont vraiment, pour reprendre le terme de Colin Gray, « une malédiction et une bénédiction ». Pour ce faire, il prend en compte trois opérations : l’irak en 1991, le Kosovo en 1999 et l’afghanistan à partir de 2001, en utilisant une grille d’évaluation politique et militaire. En leur sein, plusieurs variables importent, y compris le comportement des forces sur place, l’aptitude à exécuter des actions militairement complexes ou l’adaptation aux technologies. Sans surprise, la réponse apportée à Gray est nuancée : rien ne va de soi et le fait d’être politiquement proche, militairement interopérable et de vouloir effectivement participer aux opérations n’est pas en soi la garantie d’un apport utile. La démonstration réalisée par l’auteur, de ce point de vue, est convaincante et permet également de mettre à bas un certain nombre de perceptions autour de la légitimité des opérations, qui n’est pas nécessairement liée au nombre de participants. Bien écrit, l’ouvrage permet de faire un point de situation qui manquait dans la littérature ; mais il va aussi au-delà en analysant le positionnement français ou en offrant une « histoire des coalitions » dans trois opérations. S’il est parfois dense, il est aussi indispensable : plus encore que par le passé, les coalitions sont une norme organique.