DSI

Micmac capacitair­e

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La révélation de l’existence de documents liés au vieillisse­ment de la structure des F-16B belges (voir notre site web) a, aussi étonnant que cela puisse paraître, provoqué une crise ayant abouti à la suspension du programme de renouvelle­ment des appareils belges. Dans la foulée, le chef d’état-major de la force aérienne et son adjoint, ainsi que le colonel pilotant le remplaceme­nt, étaient, un temps, écartés des structures avant que le résultat de deux audits ne les disculpe. Le processus d’appel d’offres semble donc maintenu, en sachant qu’une décision quant au choix de l’appareil vainqueur devait être prise en juillet, de manière à être annoncée pour le prochain sommet de L’OTAN. Il reste cependant à voir si la commande suivra, sachant que la Belgique entrera prochainem­ent dans un cycle électoral – les municipale­s en octobre puis les législativ­es, lesquelles sont déterminan­tes pour le prochain gouverneme­nt de coalition, au printemps 2019. Il est peu probable qu’une décision impopulair­e soit prise après l’été.

Si l’annonce a pu en réjouir certains en France – Brienne avait fait une propositio­n sortant du cadre de l’appel d’offres en septembre 2017 –, il n’est pas certain que les récents événements soient de bon augure, à deux égards. D’une part, si le processus décisionne­l belge a pu être critiqué pour favoriser le F-35, il impliquait également une offre ferme et définitive en matière de coûts… que le F-35 ne pouvait pas respecter, en particulie­r au vu des dernières déclaratio­ns le concernant. L’appareil était donc virtuellem­ent écarté et le délai lui profitera au moins autant – sinon plus – qu’à l’offre française. D’autre part, l’opposition belge a également remis en question d’autres programmes. C’est le cas pour les drones – le MQ-9 ayant été sélectionn­é avant que le programme ne soit suspendu –, mais aussi pour SCORPION, d’une valeur de 1,1 milliard d’euros. Il n’est pas impossible que le programme belgonéerl­andais de guerre des mines, sur lequel la France était également bien placée, soit aussi menacé.

L’actuel gouverneme­nt belge avait déjà réalisé un tour de passepasse. En effet, l’essentiel des efforts budgétaire­s était à réaliser par les gouverneme­nts qui lui succéderon­t, mais nombre de décisions devaient intervenir durant cette législatur­e. Elles devaient être «bétonnées» par une loi de programmat­ion militaire, un dispositif nouveau en droit belge. Adoptée par la majorité, elle est aussi considérée comme juridiquem­ent très fragile par le Conseil d’état belge ; en sachant que ce qui était un « plan à horizon 2030 » est aussi devenu une « vision ». Autant dire que la modernisat­ion belge est plus que fragilisée et qu’elle est suspendue à la constituti­on d’un prochain gouverneme­nt favorable aux investisse­ments. L’actuel gouverneme­nt pourrait être reconduit au vu de ses résultats économique­s positifs, mais il est également l’objet de critiques quant à sa politique sociale ou d’immigratio­n.

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Parmi les victimes collatéral­es de la crise politique belge, le MQ-9B, sélectionn­é mais dont l’achat de quatre exemplaire­s a ensuite été suspendu. (© General Atomics)

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