Annonces en cascade
Le discours de Vladimir Poutine sur l’état de la Russie, le 1er mars, a été l’occasion de faire plusieurs annonces fracassantes quant à la modernisation des capacités russes. Il a ainsi évoqué plusieurs programmes en cours de développement, comme L’ICBM lourd RS-28 Sarmat (SS-30 Satan II pour L’OTAN), successeur du SS-18 Satan et dont le déploiement semble commencer, le planeur hypersonique Yu-71 Avantguard ou encore le drone sousmarin d’attaque nucléaire Status-6/kanyon (voir DSI, hors-série no 59). Un autre programme, de missile de croisière à propulsion nucléaire, suscite en revanche le scepticisme des analystes. La propulsion nucléaire aérienne est évoquée depuis la fin des années 1940, mais n’a jamais véritablement débouché sur un programme de R&D en bonne et due forme. L’avantage d’un tel missile serait de permettre des patrouilles aériennes continues et de réduire les possibilités d’attaque-surprise sur les bases russes. Reste cependant que, contrairement au Status-6, ce système ne serait guère furtif, en raison de sa taille comme de ses émissions. Il n’est cependant pas impossible que des essais en bonne et due forme aient été conduits.
Un autre système, concret cette fois, a également été évoqué. Le Kinzhal est ainsi un engin balistique – et présenté comme un « missile hypersonique » – tiré depuis un MIG-31 modifié, dont les images d’un tir d’essai ont été diffusées publiquement le 11 mars. Pratiquement, il s’agirait d’un missile Iskander, dont il n’a pas été précisé s’il était à charge conventionnelle ou nucléaire. En phase terminale, il serait capable d’atteindre Mach 10 (ce qui le rend, à l’instar de pratiquement tous les missiles balistiques, hypersonique), sa portée étant évaluée à 2000 km. Compte tenu de la portée propre de l’appareil lanceur, le système apparaît ainsi comme une manière de contourner le Traité sur les forces nucléaires intermédiaires, qui interdit le déploiement de tout missile lancé du sol d’une portée comprise entre 500 et 5500 km. L’engin serait déployé dans le district militaire sud depuis le 1er décembre.