L’ARCHÉTYPE DU HAPC

Au regard des retours d’expérience de la guerre des Six Jours de 1967, le général Tal est le premier à évoquer, dès 1989, la nécessité d’un transport de troupes lourd au sein de Tsahal. D’après cet illustre général, le futur véhicule doit être protégé comme un char afin d’amener sous blindage un groupe d’infanterie capable de tenir une zone définie, d’engager l’infanterie ennemie, des véhicules légers et même des hélicoptères. Pour des raisons budgétaires, le programme ne cesse d’être repoussé et il faut attendre 2004 pour qu’un premier démonstrateur soit présenté par le consortium Mantak (Merkava Project Administration). En effet, le nouveau véhicule est basé sur le châssis du char Merkava I et est baptisé NAMERA (« léopard ») tout en étant l’abréviation de Nagmash MERKAVA (« transporteur blindé Merkava »). Les essais, tant techniques que tactiques, sont menés à partir de 2005 par la brigade d’infanterie « Golani » dans la bande de Gaza. Ces derniers sont encourageants et un premier prototype est présenté en 2005. En 2006, à l’issue de la seconde guerre du Liban, le programme est accéléré. Le projet prend en effet toute son importance, car, lors de ce conflit, deux M-113 Zelda ont été détruits par des armes antichars bon marché, tuant équipages et fantassins. Pis encore, le Hezbollah a utilisé des moyens antichars performants comme les AT-14 Kornet, AT-7 Saxhorn et RPG-29 russes et le Toophan, copie iranienne du TOW.

Pour faire face à cette menace, l’installation du nouveau système APS-A Trophy développé par Rafael, d’un coût unitaire de 300 000 dollars, est envisagée dès 2007 sur les chars Merkava III BAZ et Merkava IV. Mais à cause de problèmes de mise au point, Tsahal doit attendre 2016 pour voir ses premiers blindés en être équipés. Entre-temps, le Merkava I est abandonné et avantageusement remplacé par le Merkava IV. Le Namer est né. La production est lancée en 2008 avec 15 exemplaires, dont le premier est remis le 2 mars à Tsahal. Les deux suivants sont immédiatement affectés à la brigade « Golani », avec laquelle ils subiront leur baptême du feu. La construction de 390 Namer est planifiée sur cinq ans afin d’équiper cinq brigades d’infanterie, une cible ensuite revue à 170. Depuis la construction du prototype, le Namer n’a cessé d’être amélioré avec pas moins de 500 modifications. Outre l’adoption du Trophy, l’autre amélioration majeure est l’adoption sur les exemplaires de production du GMP du Merkava III BAZ installé dans la caisse du Merkava IV. À partir de janvier 2012, il est décidé que 386 seront construits avec quelques autres composants aux États-unis, sur le site de production de chars M-1 de General Dynamics, à Lima Ohio ; en réalité, seuls 110 le seront à cause de restrictions budgétaires. Fin 2013, les sept premières caisses sont expédiées en Israël dans les ateliers de maintenance et de rénovation de Tel-hashomer pour l’assemblage final.

Le 31 juillet 2017, le ministère de la Défense révèle une nouvelle version dotée d’une tourelle téléopérée produite par Rafael, également installée sur l’eitan et très proche de la tourelle Samson. Son armement principal se compose du canon Orbital ATK Mk 44 de 30 mm alimenté à 400 coups, de deux missiles antichars Spike LR-2 en nuque de tourelle et d’une mitrailleuse lourde de 12,7 mm ou d'une mitrailleuse légère de 7,62 mm en coaxial. De plus, cette tourelle intègre d’origine le Trophy. Afin d’améliorer la mobilité du Namer, une nouvelle motorisation est envisagée. Israël se tourne vers les États-unis qui donnent leur accord pour la livraison à Israël de 270 moteurs L3 MT 883, sans transmission, pour un montant de 250 millions de dollars, en février 2019. La puissance du Namer passe ainsi de 1 200 ch à 1 497 ch, augmentant de manière significative la mobilité du véhicule. Les essais ont débuté en août dernier au sein de la 603e brigade d’infanterie et semblent avoir donné entière satisfaction. Pour l’heure, aucune précision n’a été donnée concernant sa prochaine mise en production. En parallèle de la production du Namer a été développée une version de génie d'assaut dénommée Puma, et une version de dépannage qui utilise les caisses des premiers NAMERA sur Merkava I et celles des Merkava III.