Les conséquences de la COVID-19
Si bon nombre d’analystes s’attendent à une réduction des budgets de défense en Europe afin de compenser les efforts consentis dans le cadre de la pandémie de COVID-19, l’asie est également touchée. La Corée du Sud a ainsi indiqué en avril que le budget allait être réduit de 733 millions de dollars, qui seront affectés au soutien aux entreprises. En l’occurrence, la plus grande partie de cette somme sera prélevée sur les budgets d’équipement, et le reste sur ceux consacrés aux exercices, annulés en raison de la pandémie. Pour ce qui est des matériels, il s’agira essentiellement d’étaler les échéances de paiement, notamment des F-35, ou de retarder des commandes de missiles antiaériens pour la marine. D’autres programmes pourraient être concernés, comme les armements de précision des forces terrestres ou encore les patrouilleurs de la marine. En juin, un nouveau train de réductions a été adopté, d’environ 245 millions de dollars, là aussi pour financer des actions économiques. Ces réductions restent cependant relatives : le budget de défense sud-coréen, d’environ 41,3 milliards de dollars pour 2020, était en augmentation de 7,4 % comparativement à celui de 2019.
En Thaïlande, il est également question de réallocation des budgets nationaux, avec cette fois des conséquences plus marquées pour les programmes. En l’occurrence, l’achat de deux des trois sous-marins S-26T commandés à la Chine a été suspendu. Le contrat, d’une valeur de 1,1 milliard de dollars pour trois bâtiments, n’est pas annulé, mais les 17 versements prévus sur 11 ans vont être retardés, pour ne reprendre qu’en 2021. La première unité, dont la quille avait été posée en septembre 2019… à Wuhan, devrait être livrée en 2023. De même, la force aérienne doit suspendre son achat de deux T-50 Golden Eagle pour 75 millions de dollars. La commande de M-1126 Styker aux États-unis a également été réduite de moitié. La crise touche plus ici que dans le cas sud-coréen : les forces vont perdre 555 millions de dollars sur un budget pour 2020 qui devait être de 7,14 milliards de dollars.
En Chine, le budget continue de croître, mais d’une manière moins soutenue que les années précédentes. Pratiquement, il va progresser de 6,6 % en 2020 comparativement à 2019, pour se situer officiellement à 178,6 milliards de dollars. Si ce taux est le plus faible de la décennie, il montre aussi que Beijing anticipe les effets de la pandémie de COVID-19 sur son économie, dont la croissance va être affectée. Concrètement, le nouveau budget chinois représente, comme en 2019, 5,1 % des dépenses publiques chinoises. Du reste, il est également partiellement trompeur, du fait de l’inflation. Le CSIS note ainsi qu’en dollars 2010, il est de 140,5 milliards en 2020… pour 143,8 en 2019, et aurait donc baissé en valeur absolue. Reste cependant la traditionnelle difficulté à l’évaluer avec certitude : pour le SIPRI, il serait ainsi de plus de 260 milliards de dollars.
Jusqu’à récemment, les États faisaient la guerre. La paix était surtout définie de manière négative, par défaut, comme l’absence de conflit. Il faut attendre le XXE siècle pour que la paix devienne un objectif en soi avec la création de la Société des Nations, puis de L’ONU. Sa charte prohibe la guerre comme moyen de règlement des différends, ce qui constitue un renversement de valeur dans les relations internationales. Le Conseil de sécurité a d’ailleurs pour mission première de maintenir ou de restaurer la paix.
La paix peut être considérée comme un bien commun de l’humanité, car elle possède les deux caractéristiques économiques des biens collectifs (ou biens publics). La paix n’est pas rivale, puisque son bénéfice pour une personne ne prive pas d’autres personnes du même bénéfice. Sa consommation est même illimitée et indivisible. La paix n’est pas non plus exclusive, car il est impossible de priver quelqu’un de la paix une fois qu’elle est en place. La paix devrait donc être un objectif partagé par tous. Pour autant, le monde reste en guerre. En dépit de la fin de la guerre froide, il existe encore beaucoup de conflits entraînant chaque année la mort de nombreuses personnes [voir graphique p. 27], sans compter les victimes des guerres civiles qui pourraient être stoppées.
Cela est d’autant plus paradoxal que le monde n’a jamais dépensé d’argent pour la défense, donc pour la sécurité internationale, depuis la Deuxième Guerre mondiale : 1917 milliards de dollars en 2019, soit 249 dollars par habitant sur Terre ou 2,2% du PIB mondial selon le SIPRI. Cet effort contribue certainement à se prémunir de la guerre, mais il ne parvient pas à produire de la paix.
PAR LES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX
Militaires Civils Total
Italie 3% Canada 3% Russie 3%
Corée du Sud 2%