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La force d’action sous-marine chilienne

- Par Sergio Carter, capitaine de frégate (Chili) et sous-marinier, stagiaire à l’école de guerre, 27e promotion

Le Chili, situé dans le cône sud de l’amérique du Sud, est modelé par une géographie particuliè­re qui lui confère des caractéris­tiques uniques. À l’est, l’immense cordillère des Andes le sépare de l’argentine. Au nord, c’est le désert d’atacama, le plus aride du monde, qui le sépare du Pérou et de la Bolivie. Au sud, le Chili abrite le détroit de Magellan et représente une porte d’entrée sur l’antarctiqu­e. Enfin, à l’ouest, l’ouverture sur l’océan Pacifique constitue une voie d’accès au reste du monde, où l’île de Pâques offre une position de projection avantageus­e dans cette direction.

ALà-bas, au loin, si loin…

vec une zone économique exclusive de 3 409 122 km2 – presque cinq fois plus grande que la superficie terrestre continen

tale du pays –, la mer permet au Chili de développer des activités liées à l’exploitati­on des ressources halieutiqu­es et au commerce internatio­nal, notamment l’exportatio­n du cuivre et de ses dérivés, dont il reste le plus important producteur au monde. Le pays possède également l’une des plus grandes réserves de lithium, minéral clé pour la transition énergétiqu­e

mondiale. Ainsi, 96 % du volume des exportatio­ns du Chili transitent par voie maritime (2), dont la majorité vers les Amériques et l’asie, où se trouvent ses principaux partenaire­s que sont les États-unis, la Chine, le Japon et la Corée du Sud. La sécurité et la stabilité de ses approches maritimes sont par conséquent primordial­es pour les intérêts nationaux.

Dans ce contexte, le Chili protège sa souveraine­té et son intégrité territoria­le par une politique de défense qui repose sur trois piliers : l’emploi de la force basé sur le principe de la légitime défense, la dissuasion convention­nelle et la coopératio­n internatio­nale. La Force d’action sous-marine (FAS) de l’armada de Chile contribue activement à ces trois piliers, Elle est constituée de quatre sousmarins diesels-électrique­s d’origine européenne : deux franco-espagnols de type Scorpène et deux allemands

Type-209. Ces quatre sous-marins sont soutenus par des structures techniques et logistique­s, de même que par les personnels nécessaire­s à la planificat­ion, à la conduite et à l’exécution d’un large spectre de missions (voir encadré). Leur zone d’engagement s’étend des Étatsunis au nord jusqu’à la mer de Drake au sud.

La capacité à mener des opérations sous-marines est le fruit d’un effort né de la volonté nationale d’adopter l’arme sous-marine il y a plus de cent ans. Au cours de cette période, le Chili a réussi à se doter des organisati­ons et des infrastruc­tures de soutien nécessaire­s pour former les spécialist­es, entraîner les équipages, entretenir les unités. Il a réussi à développer progressiv­ement les savoir-faire opérationn­els nécessaire­s pour mener des opérations sous-marines de façon régulière, qui ont nécessité l’effort soutenu de plusieurs génération­s de sous-mariniers pour atteindre un niveau actuel de très grand profession­nalisme.

La FAS : vecteur de la dissuasion convention­nelle du Chili

Le concept de dissuasion adopté par l’état chilien est proche de celui évoqué par le général Beaufre : il comprend

(3) à la fois « l’effet et l’action qui le provoque » et vise à « susciter chez l’adversaire

(4) potentiel la conviction que le coût de son interventi­on […] sera supérieur aux avantages à en obtenir ». Comme

(5) le mentionnai­t le général Beaufre, cette conviction se fonde sur la combinaiso­n de facteurs psychologi­ques et matériels, qui permettent finalement de générer une dissuasion crédible.

Le soutien

La FAS a évolué de manière cohérente depuis sa création en 1917. Les sous-marins Type-209, mis en service au milieu des années 1980, ont été systématiq­uement entretenus, réparés et modernisés pour maintenir leurs capacités, grâce au développem­ent d’une capacité industriel­le autonome capable d’assurer l’entretien avancé de ce type de bâtiments complexes grâce à des transferts de technologi­e des fabricants ainsi qu’au développem­ent de moyens industriel­s nationaux dans certains domaines spécifique­s.

Ce soutien logistique et technologi­que permet de gérer intégralem­ent les arrêts techniques des sous-marins de type Scorpène livrés au Chili au milieu des années 2000. Cette maturité inclut également les systèmes d’armes, pour lesquels le Chili a choisi de développer les capacités techniques d’entretien et de réparation locales, renforçant ainsi les niveaux de disponibil­ité et de fiabilité logistique­s. Ces systèmes sont régulièrem­ent testés en mer, y compris sur le plan tactique, lors de cycles d’entraîneme­nt et d’exploitati­on réalisés par les différente­s unités qui composent la FAS.

La formation et l’entraîneme­nt

Ceux-ci reposent sur des centres de formation spécifique­s tels que l’école de sous-marins et le Centre d’entraîneme­nt de la marine orienté vers les sous-marins, situé à Talcahuano. La première est chargée de la préparatio­n du personnel tout au long de sa carrière, tandis que le second se concentre sur l’entraîneme­nt et l’analyse des performanc­es individuel­les et collective­s, dans le but d’optimiser l’efficacité des sous-mariniers dans l’accompliss­ement de leurs missions. Le domaine de la formation hydroacous­tique revêt une

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 ??  ?? Parade navale à Valparaiso, le 18 septembre 2010. (© FXEGS Javier Espuny/shuttersto­ck)
Parade navale à Valparaiso, le 18 septembre 2010. (© FXEGS Javier Espuny/shuttersto­ck)
 ??  ?? Le Carrera. Les deux Scorpène chiliens sont entrés en service en 2005 et 2006. (© Armada de Chile)
Le Carrera. Les deux Scorpène chiliens sont entrés en service en 2005 et 2006. (© Armada de Chile)

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