La force d’action sous-marine chilienne
Le Chili, situé dans le cône sud de l’amérique du Sud, est modelé par une géographie particulière qui lui confère des caractéristiques uniques. À l’est, l’immense cordillère des Andes le sépare de l’argentine. Au nord, c’est le désert d’atacama, le plus aride du monde, qui le sépare du Pérou et de la Bolivie. Au sud, le Chili abrite le détroit de Magellan et représente une porte d’entrée sur l’antarctique. Enfin, à l’ouest, l’ouverture sur l’océan Pacifique constitue une voie d’accès au reste du monde, où l’île de Pâques offre une position de projection avantageuse dans cette direction.
ALà-bas, au loin, si loin…
vec une zone économique exclusive de 3 409 122 km2 – presque cinq fois plus grande que la superficie terrestre continen
tale du pays –, la mer permet au Chili de développer des activités liées à l’exploitation des ressources halieutiques et au commerce international, notamment l’exportation du cuivre et de ses dérivés, dont il reste le plus important producteur au monde. Le pays possède également l’une des plus grandes réserves de lithium, minéral clé pour la transition énergétique
mondiale. Ainsi, 96 % du volume des exportations du Chili transitent par voie maritime (2), dont la majorité vers les Amériques et l’asie, où se trouvent ses principaux partenaires que sont les États-unis, la Chine, le Japon et la Corée du Sud. La sécurité et la stabilité de ses approches maritimes sont par conséquent primordiales pour les intérêts nationaux.
Dans ce contexte, le Chili protège sa souveraineté et son intégrité territoriale par une politique de défense qui repose sur trois piliers : l’emploi de la force basé sur le principe de la légitime défense, la dissuasion conventionnelle et la coopération internationale. La Force d’action sous-marine (FAS) de l’armada de Chile contribue activement à ces trois piliers, Elle est constituée de quatre sousmarins diesels-électriques d’origine européenne : deux franco-espagnols de type Scorpène et deux allemands
Type-209. Ces quatre sous-marins sont soutenus par des structures techniques et logistiques, de même que par les personnels nécessaires à la planification, à la conduite et à l’exécution d’un large spectre de missions (voir encadré). Leur zone d’engagement s’étend des Étatsunis au nord jusqu’à la mer de Drake au sud.
La capacité à mener des opérations sous-marines est le fruit d’un effort né de la volonté nationale d’adopter l’arme sous-marine il y a plus de cent ans. Au cours de cette période, le Chili a réussi à se doter des organisations et des infrastructures de soutien nécessaires pour former les spécialistes, entraîner les équipages, entretenir les unités. Il a réussi à développer progressivement les savoir-faire opérationnels nécessaires pour mener des opérations sous-marines de façon régulière, qui ont nécessité l’effort soutenu de plusieurs générations de sous-mariniers pour atteindre un niveau actuel de très grand professionnalisme.
La FAS : vecteur de la dissuasion conventionnelle du Chili
Le concept de dissuasion adopté par l’état chilien est proche de celui évoqué par le général Beaufre : il comprend
(3) à la fois « l’effet et l’action qui le provoque » et vise à « susciter chez l’adversaire
(4) potentiel la conviction que le coût de son intervention […] sera supérieur aux avantages à en obtenir ». Comme
(5) le mentionnait le général Beaufre, cette conviction se fonde sur la combinaison de facteurs psychologiques et matériels, qui permettent finalement de générer une dissuasion crédible.
Le soutien
La FAS a évolué de manière cohérente depuis sa création en 1917. Les sous-marins Type-209, mis en service au milieu des années 1980, ont été systématiquement entretenus, réparés et modernisés pour maintenir leurs capacités, grâce au développement d’une capacité industrielle autonome capable d’assurer l’entretien avancé de ce type de bâtiments complexes grâce à des transferts de technologie des fabricants ainsi qu’au développement de moyens industriels nationaux dans certains domaines spécifiques.
Ce soutien logistique et technologique permet de gérer intégralement les arrêts techniques des sous-marins de type Scorpène livrés au Chili au milieu des années 2000. Cette maturité inclut également les systèmes d’armes, pour lesquels le Chili a choisi de développer les capacités techniques d’entretien et de réparation locales, renforçant ainsi les niveaux de disponibilité et de fiabilité logistiques. Ces systèmes sont régulièrement testés en mer, y compris sur le plan tactique, lors de cycles d’entraînement et d’exploitation réalisés par les différentes unités qui composent la FAS.
La formation et l’entraînement
Ceux-ci reposent sur des centres de formation spécifiques tels que l’école de sous-marins et le Centre d’entraînement de la marine orienté vers les sous-marins, situé à Talcahuano. La première est chargée de la préparation du personnel tout au long de sa carrière, tandis que le second se concentre sur l’entraînement et l’analyse des performances individuelles et collectives, dans le but d’optimiser l’efficacité des sous-mariniers dans l’accomplissement de leurs missions. Le domaine de la formation hydroacoustique revêt une