Lynx survitaminé
BH AtomX Carbon Lynx 6 Pro-S
22,5 kg - 6999 € (Mesures EBIKE sans pédales)
Avec sa large gamme électrique,
BH affirme sa volonté de couvrir toutes les pratiques du vélo. L’AtomX Carbon prend le relais de son frangin en construction aluminium, et s’appuie sur des données éloquentes pour promettre une meilleure légèreté, avec un comportement général plus performant. Les chiffres, c’est bien, mais ce qu’on préfère, c’est le ressenti sur le terrain!
L’originalité surprend, interroge et peut parfois entraîner de la réticence. Il convient néanmoins de ne pas juger trop vite et prendre le temps d’apprivoiser la nouveauté. C’est le cas de l’AtomX Carbon à l’esthétique si particulière qui fait le pari d’adopter des lignes singulières. L’enjeu dépasse la notion simplement stylistique pour atteindre des objectifs plus fonctionnels. Huit modèles sont proposés par BH, s’étalant de 5 999 à 8 499 euros. Pour cette version 6 Pro-S, trois tailles sont disponibles pour une seule couleur. La finition est de qualité avec le sens des détails. L’asymétrie du cadre au niveau de l’amortisseur permet le passage aisé de la gaine reliant la tige de selle télescopique. Le carbone est le matériau de choix présent sur le cadre, les haubans et même la biellette. Pour le développement de ce châssis atypique, BH a fait appel à la structure Item Design Works. Cette collaboration a permis de mettre au point la construction X System. L’objectif était de proposer un VTTAE avec une batterie de 720 Wh, sans que le comportement ne soit détérioré. La source d’énergie est donc proche de la verticale et la plus éloignée possible de la roue avant, afin d’équilibrer la répartition des masses et abaisser le centre de gravité. Cette forme distinctive entraîne toutefois quelques complications pour l’usage d’un porte-bidon. On ne peut utiliser que la gourde X Bottle et son système magnétique. Destiné à un usage enduro, l’AtomX Carbon dispose d’un équipement paré pour ce genre d’excursion avec des suspensions Fox 36 Performance et Fox Float DPS Performance ainsi qu’une transmission Shimano SLX et XT. Côté motorisation, la firme espagnole a choisi un moteur Brose S Mag assemblé en magnésium pour afficher seulement 2,9 kg sur la balance, selon la marque. En faisant appel à ce constructeur, BH a ainsi la possibilité de disposer de sa propre interface et de moduler comme elle le souhaite la gestion de l’assistance électrique. Le display est compatible Ant+ et Bluetooth et nous donne accès à une multitude de paramétrages, ainsi qu’à une grande quantité d’informations, notamment les différents niveaux d’assistance dont on dispose. Ils sont au nombre de quatre et fournissent 75 %, 150%, 250% et 410 % d’assistance. Côté sécurité, la batterie est cadenassée dans le cadre et ne peut être délogée que via l’usage du bracelet fourni avec le vélo. Cet accessoire peut également servir à verrouiller le démarrage de l’AtomX.
Premier abord
Le régime opéré sur cette version carbone semble avoir porté ses fruits. Les kilos en moins sont bénéfiques pour son comportement, qui révèle une monture assez facile à prendre en main. La position est agréable pour pédaler grâce à un angle de tube de selle redressé qui affiche 74,5° et nous place convenablement sur la selle Proxim spécialement conçue pour l’e-bike. Jonchée sur une tige télescopique Kind Shock
Ragei sans défauts de fonctionnement, le confort est de mise et on se sent prêt à effectuer des sorties de grande ampleur. En revanche, le cadre nous paraît long et peu maniable. Pour un taille L, les cotes confirment notre ressenti avec des bases de 446 mm et un tube horizontal de 628 mm. Pour autant, le choix d’un angle de direction de 66,5° semble judicieux, permettant de bons franchissements mais procurant suffisamment de maniabilité. La prise en main est également facilitée par des poignées Ergon confortables et de bon diamètre. Le display s’intègre bien au sein du poste de pilotage, et sa position le rend peu exposé aux accrocs, même en cas de chute. Le sélecteur est quant à lui simple et épuré, ne surchargeant pas l’ensemble. Le choix des roues Alexrims nous a quelque peu refroidis au premier abord surtout pour une monture à près de 7 000 euros, mais la version EM35 TR ne nous a pas déçus. D’autant que le choix des pneus est cohérent avec des Maxxis Minion en 2,5 de section, tout comme l’adoption
Sereins au guidon de l’AtomX, son gabarit imposant nous surprend tant il s’avère facile à manier.
Moteur Brose S Mag Batterie Brose 720 Wh Console BH X-Display Cadre BH AtomX Carbon Lynx 6, 160 mm Fourche Fox 36 Float Performance, 160 mm Amortisseur Fox Float DPS Performance Dérailleur AR Shimano XT Commande Shimano SLX Pédalier FSA, 32 dents Cassette Shimano CSM7100, 12v (10-51) Chaîne Shimano HG701 Freins AV/ AR Shimano SLX 4 pistons (200/200 mm) Roues Alexrims EM35 TR Pneus AV/AR Maxxis Minion 29x2.5 / Maxxis Minion 29x2.4 Potence Raceface Cintre Raceface Aeffect Riser 35, 780 mm Tige de selle Kind Shock RAGEI Selle Prologo Proxim Tailles M, L, XL
Le design X System est particulier et peut diviser. Cependant, ce parti pris n’est pas sans intérêt et fait ses preuves
sur le terrain.
de freins 4 pistons avec les Shimano SLX en disques de 200 mm. À noter que l’AtomX Carbon est compatible avec le 27,5+. Cependant, quelques incohérences demeurent. La première est à mettre sur le compte du pédalier FSA. Probablement dans une optique de réduction de coûts, les manivelles mesurent 190 mm et sont ensuite percées aux cotes de 165, 170 et 175 mm. Mais il n’y a que des inconvénients à cela pour l’utilisateur puisque les manivelles sont constamment en contact avec le sol jusqu’à parfois nous déstabiliser. Autre choix contestable, le plateau de 32 dents. Sur un musculaire, pourquoi pas, mais quand on dispose d’un VTT électrique, la question ne se pose pas de savoir si les jambes seront suffisantes et autant opter pour un 34, voire un 36, et exploiter davantage la cassette Shimano en 10-51.
À l’usage
Testé dans les reliefs vençois, avec ses 90 Nm de couple, le Brose S Mag ne manque pas de répondant et s’est toujours montré présent face à des relances raides
auxquelles on ne s’attendait pas. Avec un punch conséquent, il s’avère silencieux. On se laisse griser et on en souhaite encore plus. Toutefois, face à un moteur Bosch, il aurait tendance à s’éteindre un peu lorsque l’effort devient linéaire, mais rien de rédhibitoire ! D’autant plus que le comportement général du vélo a de bons atouts. BH emploie la même technologie de cadre que sur ses musculaires avec le Split Pivot. On bénéficie alors d’un vélo dont le débattement est linéaire et qui ne se durcit qu’en fin de course, sans que le freinage ou le pédalage ne vienne interférer avec le travail de l’organe de suspension. Les bases arrière très longues prodiguent une excellente adhérence dans la pente et nous permettent même de rouler avec la suspension bloquée. Le triangle avant est long et maintient la roue avant plaquée au sol. Verrouiller l’amortisseur évite également que le vélo pompe trop. En effet, dans les montées caillouteuses avec parfois quelques franchissements de marches, la grosse batterie de 720 Wh positionnée à la verticale, appuie sur le boîtier de pédalier et a tendance à l’enfoncer. Le carter va fréquemment à l’encontre des pierres et on craint pour sa longévité. L’amortisseur se retend alors, nous faisant faire des montagnes russes qui ne facilitent guère le pilotage dans les pourcentages les plus conséquents. À noter que rapidement, le clapet servant à maintenir la batterie en place dans son logement a pris du jeu. Cela n’empêche en aucun cas le bon fonctionnement mais, lors de secousses, un bruit constant nous accompagne et provoque un léger agacement dont on se serait passé. Dans les portions sinueuses, malgré une construction carbone, l’ensemble se montre souple et facile à manier. Étonnant quand on sait la géométrie du cadre ! Il n’y a donc pas besoin de beaucoup d’engagement pour mener l’AtomX là où on le désire, et cela se vérifie dans les descentes. Baptisé Lynx 6 pour notifier des 160 mm de débattement (et Lynx 5 pour 140 mm), on a l’impression d’en avoir davantage. Réputé pour son omniprésence de cailloux acérés et cassants, l’arrière-pays niçois ne laissait aucun répit à ce BH qui ne s’est pas laissé intimider. On reste serein à son guidon, et son gabarit imposant nous surprend tant il est facile à manier. On perçoit bien la masse du bloc-moteur et de la batterie entre nos jambes ce qui contribue à bien les placer dans les trajectoires. Dans les courbes, le vélo se déforme juste ce qu’il faut pour apporter de la tolérance et du confort, sans perdre en dynamisme. Le côté joueur s’en trouve alors exacerbé. Par conséquent, malgré les passages techniques, on ne s’est jamais senti poussé dans nos retranchements à ses commandes. Il ne faut cependant pas oublier de vérifier l’état de la batterie dont l’autonomie s’est retrouvée rapidement diminuée. Il semblerait que le Brose et ses puissants modes Sport et Boost soient énergivores. La gestion de la batterie est donc de mise avec l’AtomX malgré la batterie de 720 Wh. Pas le plus à l’aise dans les montées mais disposant de bonnes capacités à la descente, le BH AtomX Carbon Lynx 6 s’intègre tout à fait dans une pratique enduro.