Santa Cruz Bullit
Santa Cruz Bullit CC XT MX 21,98 kg - 9 699 € (Mesures constructeur en taille L)
Avec ce Bullit, Santa Cruz investit un peu plus le segment du VTT électrique. Ce modèle à gros débattements qui colle parfaitement à l’image Gravity de la marque américaine nous a réservé de belles surprises sur le terrain.
Pour coller à son image « gravity », Santa Cruz se devait de proposer un modèle électrique à gros débattement. Le genre de vélo qui permet d’aller chercher les traces enduro les plus exigeantes à la montée comme à la descente, et même capable de rayonner en bike-park. L’endroit où la marque américaine a choisi de présenter ce Bullit n’est donc pas un hasard. Car si Morzine représente le QG de Santa Cruz en France, le spot reste surtout connu pour les lignes exigeantes qu’il offre. On est en très bonne compagnie de bon matin pour découvrir cette nouveauté, puisque l’équipe officielle de DH composée de Greg Minnaar, de Luca Shaw, de Loris Vergier et de la légende Steve Peat nous accompagne pour ces premiers coups de pédale. C’est d’ailleurs dans les ateliers du team que l’on découvre les bijoux. À première vue, ils ne laissent pas entrevoir de grosses différences par rapport au modèle Heckler, le premier VTTAE Santa qui a été mis sur le marché l’année dernière et qui offre 150 mm de débattement. Les lignes sont similaires et les deux modèles reçoivent désormais le nouveau système d’assistance Shimano EP8. Mais la comparaison s’arrête là. Le Bullit dispose déjà d’une plus grande réserve d’énergie avec une batterie de 630 Wh, alors que le petit vélo conserve l’option en 500 Wh. Les roues passent en mulet (29 à l’avant et 27,5 à l’arrière), alors que l’Heckler reste en 27,5 sur les deux montes. Le débattement a été évidemment largement revu à la hausse avec 170 mm à l’avant et à l’arrière. Et c’est aussi toute la géométrie qui se retrouve modifiée. L’angle de direction se ferme avec l’augmentation de la course de la fourche pour passer de 65,5° à 64°. Celui de la selle se redresse également et passe de 76° à 77,1° en taille L. L’empattement prend également 30 mm et les 1 268 mm du Hecker en taille XL se révèlent être précisément la mesure annoncée par Santa pour le Bullit dans la taille L. Bref, on est bel et bien en présence d’un vélo bien plus gros ! Ce Bullit se décline en plusieurs versions mais, même pour le modèle « entrée de gamme », il faudra casser sa tirelire avec une fourchette de prix qui s’étend de 7 699 à 11 699 euros. Le tarif est élevé mais l’équipement s’avère soigné. Sur le modèle XT testé ici, on retrouve comme le nom le laisse imaginer, un équipement Shimano XT intégral allant de la transmission aux freins. On remarque un combo judicieux au niveau des suspensions, avec un amortisseur RockShox Super Deluxe Select + et une fourche Fox 38 Performance Elite. Sur ce modèle, les roues restent en alu. Il faut passer à la gamme supérieure pour disposer des mythiques Reserve DH en carbone « Made In Santa Cruz ».
« Dévaleur » de folie
Le roulage commence par une boucle de mise en jambes. Le poste de pilotage offre des caractéristiques classiques et l’on ne met pas longtemps à se sentir chez soi au guidon de ce Bullit. Le guidon en carbone ne laisse pas entrevoir une rigidité extrême et, couplé aux roues en alu, le compromis de confort et de précision semble plutôt bon. La première petite montée nous laisse entrevoir une première facette de la personnalité du bloc Shimano EP8. Le silence et la douceur de ce dernier sont vraiment appréciables et, sur le mode Trail, on franchit ces premiers mètres de dénivelé positif avec facilité. Une partie bien plus raide et technique oblige à passer sur le mode Boost. La douceur reste de mise et la puissance facilement domptable. On apprécie déjà dans cette section de franchissement le tube de selle assez droit, qui permet une bonne répartition des masses sur le vélo. La roue arrière tracte correctement et l’avant ne se cabre pas. Même sur le mode d’assistance max, il faut en revanche appuyer pas mal sur les pédales pour passer sur le vélo les derniers mètres particulièrement inclinés.
Avec de telles caractéristiques de débattement et de géométrie, on était évidemment impatient de se retrouver à la descente. Cette première d’une longue série nous permet de dévaler sur un alpage roulant pas trop pentu où l’on peut lâcher les freins. Le Bullit se montre tout de suite parfaitement rivé au sol. Les suspensions travaillent sur les moindres irrégularités du terrain, et cet ensemble des plus sécurisants invite à prendre encore plus de vitesse. Quand la pente s’accentue un peu, on apprécie aussi l’assiette du vélo offerte par l’option « mulet » . L’ensemble ne plonge pas trop et les freins XT, à la fois
Ce Santa Cruz Bullit se montre immédiatement et parfaitement rivé au sol.
puissants et gérables, permettent de contrôler la vitesse avec une grande précision. En revanche, pour négocier les premières épingles à la descente, il ne faut pas hésiter à bien élargir les traces en entrée. Les dimensions du Bullit qui lui permettent d’être particulièrement à l’aise dans les bouts droits semblent se payer quelque peu en termes de maniabilité, logique !
Du dénivelé en veux-tu…
La suite du parcours nous permet de mettre à rude épreuve ce Bullit dans des sections de franchissement assez techniques à la montée. Et là encore, le nouveau Santa Cruz se montre à l’aise. Malgré la roue plus petite à l’arrière, l’assiette du vélo reste bonne, même dans les
Dans les sections typées DH, le Bullit révèle sa personnalité profonde.
montées les plus raides. Pour éviter à la roue avant de se cabrer, il est néanmoins préférable de descendre un peu la tige de selle télescopique pour abaisser le centre de gravité. Sur le mode Boost, le système ne délivre pas son assistance avec une trop grande agressivité. L’impression de puissance laisse place à une belle efficacité. Certes, dans les passages les plus inclinés, il ne faut parfois pas ménager ses efforts sur les pédales, mais sur ce sol pourtant humide, glissant et gavé de racines, la motricité offerte par ce système aide incontestablement à passer ces parties exigeantes. Comme à la descente, on retrouve pour monter un ensemble collé au sol, mais pas forcément des plus véloces dans les changements de direction. En revanche, dans la section typée DH qui va suivre, le Bullit va révéler sa personnalité profonde. La première partie bien défoncée permet d’apprécier les 170 mm de débattement. On peut rentrer dans les trous de freinage sans arrière-pensées. L’ensemble encaisse sans broncher. Sur les sauts, on apprécie également l’équilibre du châssis qui met parfaitement en confiance. Une vraie machine pour avaler du dénivelé positif et négatif dans les stations et pour aller les chercher les bonnes sections shapées. Et puis, bien que le Bullit ne soit pas le roi des espaces réduits, on avait le sourire jusqu’aux oreilles lors d’une dernière descente bien fun truffée de virages serrés dans les feuilles. En effet, s’il demande un peu d’effort pour virer à allure réduite, à son guidon, on n’hésite justement pas à prendre de la vitesse pour enchaîner les épingles en glisse de la roue arrière. Et sur ce dernier run, on a été gâté. Les longues journées de roulage de ce lancement à Morzine nous ont également permis d’apprécier le confort de ce vélo. Sa position est propice aux longues virées et les éléments de suspension en 170 mm, à même d’encaisser les plus gros chocs, offrent également un maximum de confort. L’autonomie de la réserve Shimano en 630 Wh permet d’envisager les longs itinéraires alpins avec du dénivelé. Bref, comme souvent, avec le Bullit, Santa Cruz n’a pas sorti un vélo bon marché, mais un outil parfaitement abouti.