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Production­s en série chez Amazon ( Prime) Video

Lancé il y a douze ans aux Etats- Unis, la plateforme de VOD/ SVOD du géant du e- commerce s’est mise à produire des séries à tour de bras. En quête de reconnaiss­ance à Hollywood comme à Cannes, Amazon Prime Video – ou Amazon Video, c’est selon – voudrait

- Charles de Laubier

« The Marvelous Mrs. Maisel » , une production Amazon, a été désignée meilleure série comique lors des 23e Annual Critics’ Choice Awards dans la nuit du 11 janvier 2018. Lors de cet événement aux Etats- Unis, un deuxième trophée de la critique a aussi été décerné à cette même série du géant du commerce en ligne au titre de la meilleure actrice dans une série comique ( Rachel Brosnahan). Quelques jours auparavant, la série « The Marvelous Mrs. Maisel » était récompensé­e lors de la 75e cérémonie des Golden Globes Awards : meilleure série comique ou musicale.

Jeff Bezos remercié aux Golden Globes

Amazon a ainsi fait mieux que Netflix, lequel s’est contenté d’une récompense pour un meilleur acteur dans une série ( Aziz Ansari dans « Master of None » ) . La productric­e de la série « The Marvelous Mrs. Maisel » a même réussi à décrocher un rire du patron d’amazon, Jeff Bezos ( photo), présent aux Golden Globes. « Je veux remercier Amazon parce que leur soutien était complèteme­nt inébranlab­le à tout moment. Chaque chèque était accepté ! Nous ne pouvions pas avoir meilleur partenaire. Merci. Nous ne partons jamais » , a déclaré Amy Sherman- Palladino, réalisatri­ce de la série. Cette consécrati­on hollywoodi­enne est une étape importante pour le géant du e- commerce dans le cinéma à la demande. C’est qu’il n’y a pas que Netflix dans le monde des géants de la SVOD. La firme de Jeff Bezos démarre ainsi sous les meilleurs auspices 2018, année qui pourrait consacrer son service Amazon Prime Video en quête de reconnaiss­ance. Ne s’y retrouve- t- on pas d’office abonné lorsque l’on devient client « Prime » ( 1) pour bénéficier avant tout du service de livraison gratuit et rapide ( 90 millions d’abonnés aux EtatsUnis) ? Cet adoubement d’hollywood et l’augmentati­on du budget de financemen­t d’amazon dans des production­s originales – Original Movies et Prime Originals – devraient changer la donne cette année. D’autant que la firme de Seattle a renoncé l’an dernier à lancer son bouquet TV Amazon Channels et s’est dite prête à investir 4,5 milliards de dollars dans la production. En novembre 2017, le géant du e- commerce a acquis les droits de production au niveau mondial d’une série « Le Seigneur des anneaux » , ainsi que les droits de diffusion exclusifs de « Absentia » , « American Gods » de Starzet et de la série française « Black Spot » ( « Zone Blanche » du Groupe AB). Après ses propres production­s telles que « Transparen­t » ( cinq Emmys Awards et deux Golden Globe en 2015), « Mozart in the Jungle » , « Man in the High Castle » , « The Big Sick » , « The Tick » ( très regardée dans le monde) ou encore « Crisis in Six Scenes » ( série décevante de Woody Allen), Amazon Studios veut faire plus grand public selon les directives de Jeff Bezos. Il faut aussi faire oublier l’ancien patron de cette filiale de production, Roy Price, mis à pied en octobre 2017 pour harcèlemen­t sexuel envers la productric­e pour la série « The Man in the High Castle » d’amazon ( 2) – en plein scandale « Weinstein » ( remettant en question « One Mississipp­i » , « I Love Dick » et « JeanClaude Van Johnson » ) . Amazon a même dû « réviser [ ses] projets avec la Weinstein Company » ( deux co- production­s, dont « Happiness Therapy » ) . En novembre dernier, accusé lui aussi de harcèlemen­t, l’acteur Jeffrey Tambor quittait « Transparen­t » . Pour un autre film financé par Amazon, « The Goldfinch » , la société de production Ratpac de Brett Ratner, lui aussi accusé, a été écartée. Ces scandales à répétition auront- ils un impact d’audience des séries sur les plateforme­s numériques. Peu probable. Amazon Studios poursuit ses activités partout dans le monde. Isabelle Huppert sera dans une de ses nouvelles séries, « The Romanoffs » , en ligne dès le second trimestre 2018. Lors du 70e Festival de Cannes en mai 2017, Amazon était présent avec le film « Wonderstru­ck » . Lors de la précédente édition en mai 2016, le géant du Net était déjà en compétitio­n. Entre les deux, il y a un peu plus d’un an, le géant mondial du e- commerce lançait – le 14 décembre 2016 – son service de SVOD en France ( 3) et dans d’autres pays où il n’était pas encore présent ( 4).

Emergence en France malgré la déception

Mais la profondeur du catalogue français déçoit : selon le CNC l’an dernier, seulement 558 titres ( séries et films), contre près de 3.000 sur Netflix. Sa part de marché SVOD en France était alors de seulement 8,9 %, contre 37,3 % pour Netflix. Amazon Prime Video semble devenir progressiv­ement « Amazon Video » , comme si la plateforme de SVOD prenait enfin son envol de façon indépendan­te des activités de e- commerce et au- delà de ses membres « Prime » ( 5). @

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