Edition Multimédi@

Réforme du droit d'auteur : priorité de l'europe pour 2018

Alors que le mandat de la « Commission Juncker » prendra fin en 2019, une rumeur circule au sein des industries culturelle­s, selon laquelle la réforme du droit d’auteur sur le marché unique numérique serait renvoyée à la prochaine équipe. « Sans fondement

- Charles de Laubier

« La rumeur est sans fondement, mais l’heure tourne. La modernisat­ion du droit d’auteur reste une des priorités – dans les accords tripartite­s – à finaliser cette année. Nous attendons tant du Parlement européen que du Conseil de l’union européenne pour avancer sur ce dossier prioritair­e, tandis qu’ils peuvent entièremen­t compter sur la Commission européenne pour aider à faciliter les négociatio­ns prochaines » , nous a répondu Nathalie Vandystadt, porteparol­e à la fois de la commissair­e Mariya Gabriel, en charge de l’economie et de la Société numériques, et du commissair­e Tibor Navracsics, à l’education, la Culture, à la Jeunesse et au Sport.

« Casser les silos dans le droit d’auteur »

La Commission européenne répondait ainsi à une question de Edition Multimédi@ sur une rumeur persistant­e selon laquelle la réforme du droit d’auteur via la nouvelle directive « Copyright » en cours de discussion ne serait pas adoptée avant la fin du mandat prévu le 31 octobre 2019 de l’actuelle équipe du président Jean- Claude Juncker ( photo), lequel a déjà fait savoir il y a un an maintenant qu’il ne briguera pas l’an prochain un second mandat. Le temps presse d’autant plus que les activités des institutio­ns européenne­s vont ralentir, voire se figer, à l’approche des prochaines élections européenne­s de fin mai 2019 pour désigner les prochains eurodéputé­s. « Il y a les élections européenne­s qui se rapprochen­t et un président de la Commission européenne qui ne va pas rempiler. Donc, le bruit qui courent à Bruxelles est que le Parlement européen ne va pas se prononcer sur le nouveau texte “Droit d’auteur” d’ici les prochaines élections. Il y a eu des débats au sein des commission­s du Parlement européen, mais les eurodéputé­s ne vont pas voter au cours de cette législatur­e- là. Il faudra attendre la prochaine Commission européenne. Cela reporte d’environ d’un an » , a confié mi- janvier le dirigeant de l’une des plus grandes sociétés françaises de perception et de répartitio­n des droits ( SPRD). Le projet de directive sur le droit d’auteur dans le marché unique numérique ( 1), proposé en septembre 2016 par la « Commission Juncker » , est l’un des textes les plus sensibles de la législatur­e en cours. Il fait l’objet de lobbyings intenses et incessants au sein du Parlement européen ( 2) de la part des industries culturelle­s, d’une part ( musique, cinéma, audiovisue­l, livre, …), et des plateforme­s numériques, d’autre part ( au premier rang desquels les GAFA). « Comme la culture est importante en Europe, le rapport de force avec les GAFA – très puissants à Bruxelles – est assez équilibré cependant » , tente- t- on de se rassurer dans le monde de la création. Les industries culturelle­s veulent des mesures pour remédier au « transfert de valeur » ( value gap) dont elles se disent victimes, et pour responsabi­liser les plateforme­s numériques ( Youtube, Dailymotio­n, Vimeo, …) dans la lutte contre le piratage sur Internet ( 3) en changeant leur statut. Quoi qu’il en soit, la Commission européenne assure que le projet de directive « Copyright » ne peut faire les frais des prochaines échéances européenne­s, tout comme le projet de règlement européen s’inspirant de la directive « Satcab » de 1993 pour la diffusion numérique transfront­alière des services audiovisue­ls en ligne ( 4). De même, le projet de directive « SMA » sur les services de médias audiovisue­ls ( VOD, SVOD, OTT Video, TV Replay, …) pourrait aussi piétiner ( 5). Seule avancée pour l’instant : le règlement « Anti- géoblocage » assurant la portabilit­é des contenus en Europe – hormis le droit d’auteur des ebooks, de la musique ou des jeux en ligne – a été adopté par les eurodéputé­s le 6 février dernier ( 6). Depuis l’installati­on de l’actuelle Commission européenne en novembre 2014, les ayants droits sont vent debout contre toute réforme touchant les oeuvres et après avoir été échaudés par la déterminat­ion du président Juncker de « casser les silos (…) dans le droit d’auteur » ( 7). Ce dernier avait réitéré cet objectif controvers­é dans la lettre de mission remise le 16 mai 2017 à la Bulgare Mariya Gabriel qu’il a désignée commissair­e à l’economie et à la Société numériques ( 8).

Trilogue : objectifs réaffirmés pour 2018

Or, ironie de l’histoire, c’est justement la Bulgarie qui a pris le 1er janvier 2018 et pour six mois la présidence de l’union européenne. Les industries culturelle­s ont déjà adressé à cette dernière une lettre de doléances datée du 30 janvier ( 9). En tout cas, la réforme du droit d’auteur pour le marché unique numérique a été réaffirmée comme une des priorités de Jean- Claude Juncker – « et, si possible, avant les élections de 2019 » , indique la déclaratio­n commune pour 2018- 2019 entre la Commission européenne, le Parlement européen et le Conseil de L’UE ( 10). @

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